Je cherche des romans dont l'action se passe à New York ou Washington
Question d'origine :
Bonjour
Je cherche plusieurs romans dont le scénario se passe
A New York
A Washington
Entre 1900 à nos jours.
L'idée est la découverte d'une ville ou un lieu de ces villes par un roman avant j'espère la découvrir.
Lecteur éclectique, vos goûts seront les miens ! Faites moi découvrir leurs secrets et arpenter leurs rues
Réponse du Guichet

La littérature a grandement contribué à façonner notre imaginaire du territoire américain. En effet, qui ne s’est pas construit son Montana à travers les descriptions de Jim Harrison ? La ville tentaculaire de Los Angeles serait-elle la même pour nous si nous n’avions pas plongé dans l’œuvre tourmentée de James Ellroy ? New York et, à un degré moindre, Washington n’échappe pas à ce prisme littéraire.
Washington, l'envers du décor de George Pelecanos
Est-ce parce que Washington est une ville principalement administrative, dans laquelle siègent les principales institutions du pays? Toujours est-il qu’elle ne semble pas exercer le même pouvoir d’attraction romanesque que New York. Il est vrai qu’il est difficile de lutter, dans ce domaine, avec la Grosse Pomme.
Toutefois, si nous devions citer un auteur emblématique, ce serait George Pelecanos. Cet immigré grec, qui a grandi dans les quartiers noirs et ouvriers de Washington, nous entraîne, au fil de son œuvre (une vingtaine de romans), très marquée par le roman noir, dans les quartiers interlopes de SA ville. Au menu, trafics en tout genre, argot, références musicales savamment distillées et ambiance poisseuse.
Nous vous recommandons vivement sa tétralogie, Washington DC.
Un nommé Peter Karras
King Suckerman
Suave comme l’éternité
Funky guns.
ainsi que cette anthologie de polars sur Washington, dans laquelle Pelecanos occupe bien sûr une place de choix :
Washington noir.
« Washington D.C. est la ville américaine où les différences de classe, de race et de culture sont les plus évidentes. Et les conflits ne se cachent pas sous la surface – cette expérience américaine est disséquée et discutée chaque jour, en plein dans votre gueule ». George Pelecanos
Vous voilà prévenu.e …
Nous citerons également un auteur que nous aimons beaucoup, Dinaw Mengestu, obligé de fuir le régime dictatorial de son pays, l’Ethiopie et de s'exiler aux Etats-Unis. Dans son œuvre très autobiographique, il nous raconte les affres de la condition d’exilé et nous plonge dans la communauté éthiopienne de Washington.
Les belles choses que porte le ciel.
New York : une ville tout autant imaginaire que réelle
Avec New York, nous rencontrons un peu le problème inverse. Comment ne pas vous noyer sous les références tant la ville a inspiré les écrivains ?
New York, c’est une machine à fantasmes, une ville tout autant imaginaire que réelle. Car, il existe tant de représentations qui se percutent que l’on peut se demander si la ville est bien réelle.
Voici donc quelques coups de cœur, certains évidents et d’autres qui sortent davantage des circuits touristiques :
La trilogie New-Yorkaise de Paul Auster. Une déambulation doublée d’une quête d’identité toute en ambiguïté et en faux-semblants, dans les rues de la ville.
Last exit to Brooklyn d'Hubert Selby Jr. La langue crue, orale, célinienne de Selby se fait l’écho de la violence des rues de Brooklyn. Une vraie plongée en enfer.
Outremonde de Don DeLillo. L’auteur de Cosmopolis, déconstruit une nouvelle fois, le récit. Le théâtre de ses expérimentations formelles se trouve être ici le stade du Bronx, dans laquelle, nous assistons à travers la multiplication des points de vue, à l’effervescence collective autour de la rencontre mythique de deux équipes de base-ball, les Dodgers et les Giants, le 3 octobre 1951. Parmi les spectateurs, des anonymes mais aussi Sinatra ou le terrifiant John Edgar Hoover.
La traversée de l’été de Truman Capote. Moins connu que Petit déjeuner chez Tiffany, cette évocation poétique et sensuelle du NY des années 50 est sublime. Le temps d’un été, caniculaire, dans un NY déserté par ses habitants et plus particulièrement par ses parents, une jeune fille de 17 ans, issue des beaux quartiers tombe amoureuse d’un gardien de parking à Broadway.
Please kill me de Leggs McNeill & Gillian McCain. Il ne s’agit pas d’un roman, c’est vrai, mais jamais vous n’approcherez d'aussi près l’essence du NY des années 70 qu’avec ce récit haut en couleurs du punk américain, dont beaucoup de pages sont localisées à NY, épicentre du mouvement. Car, du Velvet, Underground en passant par Television, les NY Dolls ou encore les Ramones, NY c’est avant tout un son. Véritable épopée, ce livre se lit d’une traite, au gré des souvenirs et anecdotes des acteurs de cette époque disparue: musiciens, managers, roadies, groupies ...
Bright lights big city de Jay McInerney. L’un des plus fins observateurs de NY et de sa faune. Son sujet d’étude de prédilection ? Ces jeunes gens plein d’assurance, à qui tout semblait réussir, dans les années 80, qu’ils dépeints avec ironie et mélancolie. Car, attention aux redescentes des lendemains de cocaïne...
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Mais aussi …
New York trilogie de Will Eisner
La cité des marges de William Boyle
Manhattan transfer de John Dos Passos
Just kids de Patti Smith
Chez les heureux du monde d’Edith Wharton
Ombres sur l’Hudson / Isaac Bashevis Singer
Le script / Rick Moody
JR / William Gaddis
V / Thomas Pynchon
Guerre et guerre / Lazlo Krasnahorkai
le bûcher des vanités / Tom Wolfe
Souvenez-vous de moi / Richard Price
Bonnes lectures !