Comment l'immeuble du 45 avenue Foch a-t-il pu être construit en 1879 alors que son commanditaire est mort en 1854 ?
Question d'origine :
Cher Guichet, voici de quoi aiguiser ta sagacité naturelle.
Je prépare la 3eme édition de l'indispensable "Secrets des rues de Lyon", et une question me taraude.
Le bel immeuble du 45, avenue Foch, a été construit par l'architecte Leo dans un joli style orientaliste en 1879, ça on en est sûr.
Les initiales sur la facades sont celles Charles Henri Bolot, commanditaire de l'immeuble, ça aussi on en est sûr.
Ce que je ne comprends pas, c'est que les dates de ce brave Charles Henri sont 1805-1854; soit 25 ans avant la construction de l'immeuble. Donc ca colle plus du tout.
Pouvez vous m'éclairer s'il vous plait ?
PS/Question subsidiaire : Charles Henri Bolot était parait-il maire de Givors, mais ca semble vraiment peu probable...
Merci :-)
Réponse du Guichet

Nos recherches nous ont menées sur la piste des Bolot d’Ancier et Dufournel par un jeu d’alliance : Césarine-Thérèse-Clémentine Dufournel épouse Charles-Henri Bolot d’Ancier issu d’une famille de gentihommes-verriers de la Haute-Saône établi maître-verrier à Givors, dont les enfants de ce ménage au nombre de 5, notamment les 2 fils Charles César et Henri, joueront un rôle important dans la transmission de la Maison Dufournel qui accumula une des plus importantes fortunes du XIXe siècle lyonnais.
La consultation du site de recherche généalogique Geneanet nous a permis de trouver la famille Charles-Henri Bolot d’Ancier qui confirme les informations que vous nous avez transmises à son sujet :
Charles Catherine Henri BOLOT D'ANCIER – 1805-1854
- Né le 2 décembre1805 - Faucogny (70)
- Décédé le 7octobre 1854 - Givors (69), à l'âge de 48ans
- Inhumé
- Maitre de forges; verrier
- Maire de Givors Maire de Givors; il fit reconstruire l'église de Givors.
- Marié à Césarine Thérèse Clémentine Dufournel 1807-1887
- 5 enfants dont 2 fils : Charles Bolot d'Ancier 1844-1892 et Henri Bolot d'Ancier 1844-1900
Il est le fils de Nicolas Joseph Henri BOLOT d'ANCIER – 1775-1826
- Né le 11 juin 1775 (dimanche) - Miellin, 70440, Haute Saône, Franche-Comté, France
- Décédé le 28 novembre 1826 (mardi) - Givors, 69091, Rhône, Rhône-Alpes, France, à l'âge de 51ans
- Propriétaire de verreries à Givors
- Maire de Givors de 1813 à 1826
D’autre part, dans un numéro spécial du magazine Lyon People sur l’avenue Foch consacré aux secrets de l'avenue Foch, un article présente le n°45 de l’avenue Foch en titrant : «Le chef d’œuvre de Christian-Whilheim Léo» avec les informations suivantes: "Dans les années 1870, Charles-Henri Bolot acquiert un terrain au 45 de l’avenue de Noailles, à côté de l’église de la Rédemption pour y faire construire son hôtel particulier en 1879. M. Bolot confia son projet à l’architecte Christian-Wilheim Léo. Charles-Henri Bolot sera le premier occupant de l’immeuble avant l’arrivée du suivant habitant, Francisque Tronel en 1907."
Toutefois, puisque les dates de Charles-Henri Bolot de Givors (1805-1854 ) ne correspondent pas à la période de construction de l’immeuble (1879), nous nous orientons davantage vers sa filiation. Ainsi sa femme, Thérèse est issue de la famille Dufournel, marchand de fer de Francheville. Elle est la fille de la sœur de Charles-César Dufournel (1791-1871) pour lequel nous avons trouvé des informations dans l’ouvrage Les patrons du second Empire. 09 : Lyon et le Lyonnais / Pierre Cayez et Serge Chassagne, p.118-121 : "Charles-César Dufournel est à l’origine de la société Descours-Cabaud et Bolot adoptée après son retrait de la direction en 1866. Parmi ses successeurs, il y a son petit-neveu, Charles-César Bolot. Charles-César Dufournel n’ayant pas d’héritier direct rédige son testament au profils de sofit des membres de sa famille. Et notamment, il attribue à son neveu Charles Bolot la plein propriété de sa maison de campagne de Francheville et tout son mobilier de l’appartement du quai des Célestins; à sa nièce la veuve Bolot, ses 3 immeubles de la presqu’ile". Ainsi nous comprenons que la famille Bolot aurait perçu au début des années 1870 un bel héritage immobilier et financier. Aussi Charles Bolot, avec peut-être l’aide de son frère Henri (d’où les initiales du commanditaire Charles-Henri Bolot) aurait pu s’offrir la construction d’un immeuble avenue de Noailles sachant que nous avons trouvé qu’Henri était lui-même domicilié au 27 avenue de Noailles sur le recensement de population de 1876.
D’autre part, ce même Henri Bolot, rentier, investit également dans l’immobilier car il a par exemple acquit en 1881 une maison au 83 Rue Molière. Source : La Construction Lyonnaise, mars 1881
Quant au fonds de permis de construire sur Lyon disponible aux Archives municipales, il n’est pas exploitable pour ces recherches puisqu’il est postérieur à la date de construction de l’immeuble étudié: 1891-2010
Nous espérons avoir contribué à l’éclaircissement de vos recherches. En vous souhaitant une bonne continuation pour percer tous les «Secrets des rues de Lyon».