Je cherche des informations sur l'ancien port des Cordeliers.
Question d'origine :
Bonjour,
Auriez-vous des informations sur l'ancien port des Cordeliers ? Si celui-ci approvisionnait les halles aux blés puis plus tard les halles des Cordeliers ?
Bien Cordialement
Réponse du Guichet
Un certain nombre de documents attestent de l’existence du port des Cordeliers à Lyon sur la rive droite du Rhône.
Le premier ouvrage consulté qui mentionne le port des Cordeliers est Le Lyon de nos pères / par Emmanuel Vingtrinier, illustré de 20 eaux-fortes et 300 dessins à la plume et au crayon par J. Drevet :
- p.147: il s’agit d’un croquis illustrant La porte des Cordeliers (anciennement appelé Portail vieil des Frères Mineurs) située entre les Cordeliers et l’ancien fossé des Terreaux d’après le plan de Simon Maupin vers 1625)
- p.150 : avec le descriptif de la porte des Cordeliers: « un escalier intérieur conduit au pied de la tour et communique par des portes latérales à l’ancien port des Cordeliers; là se trouve un chantier où l’on décharge les bois de construction et les bois à bruler amenés du haut Rhône; en face sur le courant tournent les roues de 7 ou 8 moulins, réunis côte à côte. A la suite de la porte des Cordeliers viennent trois tours de rondes. C’est ensuite la porte de rue neuve, ancien portail de rue neuve, situé au débouché de cette rue et donnant accès au port du même nom."
Ensuite ce sont les cartes et plans de Lyon qui nous permettent de confirmer l’existence du port des Cordeliers, qui ont fait l’objet de ce livre: Plans de Lyon : 1350-2030, portraits d'une ville / Charles Delfante, Jean Pelletier. Nous le trouvons également indiqué sur les plans suivants :
On repère bien le port des Cordeliers sur le quai de Retz, entre le port de l’hôpital devant l’Hôtel-Dieu et le port du Grand Collège de la Trinité, au niveau de la place des Cordeliers
On voit encore le port au niveau des Cordeliers
On identifie encore le quai et port des Cordeliers en aval du pont Lafayette
Nous avons également trouvé sur Google Books une description du port des Cordeliers dans le Code de police municipale de la ville de Lyon de 1840 , avec un arrêté municipal faisant acte du changement de destination de ce port en 1839 : "ce port qui être destiné depuis 1817 au déchargement des pierres de taille el des sables pour les constructions est désormais spécialement affecté au stationnement des paquebots à vapeur en activité de service de la Compagnie Lyonnaise."
Voici la description des quais à ce niveau: un escalier double est situé au milieu du quai en aval du port des Cordeliers et en amont du quai Bon Rencontre.
Un autre document en ligne édité par le Service Arbres et Paysage de la Voierie du Grand Lyon en 2012, intitulé La rénovation des plantations des quais du Rhône à Lyon rappelle les différents aménagements des quais du Rhône et de la Saone par le passé : « le premier quai en tant que tel sera créé, en 1740 : le quai de Retz, actuel Jean Moulin. Il fut, avec le quai Jules Courmont, construit après la destruction de la muraille au début du XVIIIème siècle. A cette époque, le Rhône migrait naturellement vers l’est (rive gauche) laissant place à une large zone de grève (environs 30m) en rive droite. C’est pourquoi on ne construisit pas un quai vertical mais plusieurs petits ports en gradins. Le port des Cordeliers, le port Bon Rencontre, ou bien le port du Collège, permettent le déchargement de produits venant des territoires situés en amont de la ville et le démontage des bateaux qui ne peuvent remonter le courant.»
Suite aux grandes inondations de la fin 19e, les quais sont rehaussés. La végétation est de plus en plus mise en avant dans les aménagements de l’époque. Les quais lyonnais deviennent de grandes promenades ombragées où la fréquentation sera très importante jusqu’au XXème siècle.Les quais de la rive droite du Rhône seront tous terminés en 1860. En effet, sur le Plan topographique de la Ville de Lyon et de ses environs par Dignoscyo de 1863, on distingue les alignements d’arbres sur les quais, comme le montre également la photo de l’inondation de 1856 prise par Jules Sylvestre sur laquelle on voit également les bateaux- bains amarrés : Inondations de Lyon (1856) : vue du quai de Retz et de la place Tolozan.
Aussi, à partir de la fin 19e, avec les aménagements des quais, les ports urbains le long du Rhône disparaissent progressivement.
Cependant, la proximité du port des Cordeliers avec la halle aux grains baptisée La Grenette située quartier Jacobins au 8 rueGrenette, 21 rue deBrest, 9 rueTupin et qui a servi du XVe au XVIe siècle d´entrepôt aux grains pour les paysans et les marchands de blé nous laisse penser que des sacs de blé ont bien pu circuler de l’un à l’autre par la voie fluviale.
Une illustration de la place des Cordeliers vers 1780 présente au 1er plan un porteur d’eau et proche de lui, on voit également un lourd chariot véhiculant des tonneaux de vin provenant sans doute du port des Cordeliers sur le Rhône masqué par la salle du Concert dans le haut du dessin. Source: Places de Lyon, portraits d’une ville , page 66-67: Place des Cordeliers
Quant à la Halle des Cordeliers construite face à l’église Saint-Bonaventure en 1859 (qui sera en activité jusqu’en 1971), son marché de détail n’a pas pu bénéficier de l’activité de ce port qui à cette période n’existait vraisemblablement déjà plus.