Auriez-vous des informations au sujet du café du Caveau à Lyon ?
Question d'origine :
Bonjour,
auriez-vous des informations au sujet du café du Caveau, qui semble être le premier théâtre de Guignol créée à Lyon ?
Y a-t-il un rapport avec le "Caveau de Lyon", qui m'a semblé être une société ou une association d'artistes ou d'amateurs de chansons ?
Merci pour ces précisions.
Réponse du Guichet

Le café du Caveau, dit le « Caveau des Célestins», est le premier café-théâtre permanent où se joue Guignol à Lyon. Il était situé à l’angle de la Place des Célestins et de la rue St-Louis (actuelle rue Montcharmont). Ce castelet dirigé par le fils de Laurent Mourguet de 1837 à 1848, et qui fermera ses portes en 1867, n’a pas de rapport avec le Caveau lyonnais, qui était le nom porté par une succession de sociétés chansonnières créées en référence à la célèbre société chantante parisienne du Caveau.
L’histoire du Café-Caveau, n’a pas, à notre connaissance, fait l’objet d’article spécifique. Il en est cependant fait mention dans plusieurs ouvrages sur Guignol. Nous citerons notamment les publications suivantes
Légendes et diableries du Rhône
C’est Josserand, gendre de Mourguet, qui, avec son beau-frère, Etienne Mourguet, fils de Laurent, fonda le premier théâtre permanent de marionnettes, dans la rue Saint-Louis, à deux pas de notre actuel théâtre des Célestins.
C’est ce qu’on appelait le Café-Caveau. Comme l’ont été très longtemps tous les théâtres de Guignol, c'était essentiellement un café dans lequel, les artistes de marionnettes étaient engagés comme des numéros de café-concert pour la distraction du public. Ils étaient au service du patron du café, et le public payait sa place en payant sa consommation (…) Il y avait des tables; on consommait et on payait sa place pour le prix de sa consommation, même à une époque où les acteurs étaient devenus les propriétaires de l’établissement.
Lyon légendaire et imaginaire. On peut lire cette description du Caveau des Célestins par un journaliste de l’époque
Une cave oblongue, avec le théâtre au fond et son rideau qui représente le quai des Célestins. La bière mousse sur toutes les tables. La fumée des pipes monte en spirales et vous couronne de ses nuages blanchâtres. Dans les entractes, une musique bizarre, qui n’est pas sans harmonie, domine les lazzis de buveurs. Si quelquefois vous avez passé une soirée d’hiver seul dans un grand fauteuil, vous retrouverez chez Mourguet les scènes de brasserie qui lui inspirèrent tant de merveilleuses histoires. Quant aux habitués du lieu, ils ne portent pas de gants, ni de bottes vernies. Ce sont d’honnêtes travailleurs qui, le soir, viennent oublier les labeurs de la journée avec leur tabac, leurs chopes de bière, et les pointes de Guignol…
En 1850 (…) la salle n’a pas changé, c’est toujours cet espèce de long corridor mal-commode et inconfortable. Le succès aidant, elle est devenue si petite que les accidents se multiplient. En période de crue, la Saône entre à l’intérieur, les spectateurs se mouillent les pieds et les marionnettistes jouent sur des planches posées au-dessus de l’eau.
Entre 1850 et 1867, le caveau connait d’autres difficultés. Le café Condamin, rival n°1, retient les meilleurs artistes et le public boude un peu (…) après un dernier sursaut de gloire, le caveau sombre peu à peu pour finir en beauté dans une originale escroquerie: "Le propriétaire a fait une blague: Il usait quantité de gaz, et on l’a surpris, détournant le gaz de la compagnie, il y a eu procès, il a été condamné à la prison et ça a été la fin du caveau.».
Au sujet des sociétés chansonnières les "Caveaux lyonnais". Il en existe quatre successivement à Lyon entre 1812 et 1907. Lire à ce sujet l’article de Wikipédia.
Dans l’Almanach du Caveau Lyonnais de 1890 nous lisons à propos de l’origine de ces sociétés chansonnières
La province, qui conserve avec soin cultes et traditions, a ouvert, elle aussi, à la chanson de modestes cénacles. A Lyon fleurissent deux sociétés lyriques, les "Amis de la chanson" et, le "Caveau lyonnais" (…)
La première réunion du Caveau lyonnais (précurseur du Caveau lyonnais actuel), eu lieu le 17 janvier 1827. Les auteurs lyonnais se faisaient une guerre sanglante dans les journaux de l’époque; cette réunion fut comme un congrès pacifique et littéraire, et, le champagne aidant, les rancunes de la «race irritable» finirent en chanson. Littérateurs et artistes vinrent les uns après les autres dans la nouvelle Société, et la plupart ont laissé un nom parmi "les lyonnais dignes de mémoire". Les fondateurs furent les débris de l’ancienne Société d’Epicure.
Eugène de Lamerlière était président; Alexis Montandon vice-président; autour d’eux se pressaient Léon Boitel, imprimeur et directeur de la "Revue du Lyonnais"; Kauffman, Auguste Desportes; François Coignet, Valmore père, Claudius Billiet, César Bertholon, le futur député, poète et chansonnier à ses heures. En 1828 et 1829, cette société publia deux petits volumes, réservés aux membres qui la composaient, avec ce titre: "Caveau lyonnais ou recueil de chansons et de poésies". Si quelques fin diseur voulait revenir sur le passé, il y trouverait de forts jolis couplets pleins de cette douce malice dont nos pères avaient le secret…
Bonne journée
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