Avez-vous des informations sur la forteresse de Mornas ?
Question d'origine :
Bonjour !
En remontant du sud par l autoroute, j ai croisé la forteresse de Mornas. Il semblerait qu il y ait des sortes de salles directement dans la roche de la falaise, on distingue des ouvertures dans la roche, avec des fenêtres. Je n'ai pas trouvé trace de ces éléments troglodytes sur Internet, pourtant ces constructions ne me paraissent pas communes. Auriez vous des éléments la dessus, sur l origine et sur l usage ? merci !
Réponse du Guichet
Une fouille réalisée dans les années 1980 a révélé l'existence d'une crypte murée derrière la chapelle de la forteresse de Mornas, qui eut un usage funéraire puis militaire. Son utilisation semble s'échelonner du XVè au XVIIIè siècle. Peut-être s'agit-il de la salle "troglodyte" qui vous intéresse ? L'escalier en tout cas en est creusé directement dans la roche.
Bonjour,
La forteresse de Mornas, située dans le Vaucluse, n'a pas livré tous ses mystères. Voici ce que dit Wikipédia de cet édifice :
La forteresse est bâtie sur un plateau rocheux de près de 200m de long sur 70 de large, dominant le cours du fleuve. Elle est de forme plus ou moins trapézoïdale, dont le grand côté se trouve tourné vers l'ouest et le Rhône. Les différentes parties sont difficilement datables, du fait du style militaire assez uniforme relativement homogène employé dans la construction. Les courtines qui forment le parapet ne mesurent pas moins de deux kilomètres.
La partie nord est occupée par la forteresse, reconstruite au XIIe siècle, proprement dite : l'accès est protégé par une barbacane suivie d'une chicane, ouvrages pouvant être datés du XIVe siècle. Ce dispositif est complété par une casemate datant du XVe siècle.
L'intérieur de la partie nord s'organise autour d'une esplanade, bordée à l'est par la porte d'accès, les citernes et les anciens logis, restaurés. Au sud s'élève le donjon (XIIIe siècle ?), tour quadrangulaire de 20 mètres de haut et 3,50×5,60mètres de côté. Son sommet offre un panorama sur la vallée du Rhône et les environs. Au sud-est de l'ensemble nord se dresse la chapelle, à nef unique de trois travées voûtée en plein cintre sur doubleaux et terminée par une abside en cul-de-four. L'édifice, remontant vraisemblablement à l'époque romane, a été grandement restauré dans les années 1980 (reconstruction de la voûte, déblaiement des gravats). L'abside a été incluse dans le rempart défensif au XIVe siècle.
L'ensemble est nord est séparé de la partie sud, ou basse-cour, par deux douves sèches successives. Il s'agit d'une vaste étendue, correspondant à la partie méridionale du promontoire, cernée par une enceinte remontant au XIVe siècle et qui se raccordait au système de défense du village proprement dit, en contrebas. La raison d'être d'une telle superficie fortifiée n'est pas connue.
Mystère également signalé dans le compte-rendu par Francis Salet du livre d'Henri-Paul Eydoux Châteaux fantastiques, paru en 1969 dans Bulletin monumental et consultable sur Persée, qui évoque un "monde curieusement dédaigné, laissé à l'abandon"... de fait, il semble que rien ne permette d'en savoir beaucoup sur ses cryptes. Le site Monumentum nous apprend que le château a été inscrit aux monuments historiques par arrêté du 20 mai 1927 et... pas grand-chose de plus.
La découverte même d'une crypte cachée à même la roche est relativement récente. Selon Mornas (Vaucluse). Chapelle de la forteresse de Jacques Goury, paru dans Archéologie médiévale en 1983 et consultable sur Persée, c'est en 1980 que des fouilles ont révélé la présence d'une crypte murée près de la chapelle de la forteresse. Peut-être s'agit-il de la construction à laquelle vous faites allusion :
MORNAS (Vaucluse). Chapelle de la forteresse. — Entre Montélimar et Orange se trouve l'imposante falaise de Mornas, surmontée de la tour carrée, vestige de l'ancienne forteresse. Située sur l'important itinéraire antique de la vallée du Rhône, cette terrasse calcaire, jadis oppidum protohistorique, servit de cadre au XIe s. à la construction de la forteresse.
Depuis 1978, l'association des Amis de Mornas essaie avec persévérance et détermination de sauver les quelques vestiges encore existants, c'est le cas notamment de la magnifique chapelle du XIe s., construite dans la pure tradition de l'art roman provençal, avec cul de four et arcs plein cintre. La crypte, placée sous le chœur, a su utiliser avec à propos la dénivellation importante du sol à cet endroit.
Les fouilles archéologiques, rendues nécessaires par la découverte en 1980 d'un squelette humain dont l'inhumation remonterait au XVIIe s. permirent de mettre en évidence la présence d'une deuxième crypte accolée à la première. L'entrée avait été murée et un escalier latéral creusé dans la roche desservait celle-ci. La différence de construction, tant sur le point des matériaux utilisés que dans le soin apporté à leur mise en œuvre, souligne le caractère non contemporain des deux cryptes.
La fouille en stratigraphie a montré la présence d'un dépôt funéraire composé de restes pêle-mêle et très incomplets de six squelettes. Le mobilier archéologique consiste en matériel militaire : morceaux de boulet, carreaux d'arbalète, pierre à fusil, grenailles de plomb, couteau ; en objets de parure : croix, boucle de ceinture, épingles, ferrets et en de nombreux tessons de céramique, dont quelques-uns proviennent de Valence en Espagne. Quelques 30 monnaies médiévales, certaines en billon de gulio, proviennent des ateliers monétaires du Comtat Venaissin et du Dauphiné, leurs émissions s'échelonnent du début XVe au début XVIIIe s.
Lorsqu'au XVIe s., dans un souci d'amélioration du système défensif, il fallut y inclure la chapelle, la crypte principale située dans le chœur fut percée afin de permettre le passage pour accéder à la casemate, défendant la douve sud. Elle fut, semble-t-il, vidée de son contenu, en l'occurrence les squelettes qui s'y trouvaient. La deuxième crypte fut alors construite pour servir d'ossuaire. Sa dernière utilisation remonte au XVIIe s., où son entrée fut définitivement murée. (Responsable de la fouille : Jacques Goury).
La chapelle a cependant pu servir à une confrérie laïque basée à Montpellier appelée les Pénitents blancs. C'est du moins ce qu'affirme Adolphe Joanne dans son livre Itinéraire général de la France De Paris à la Mediterranée · Volume 2 (1865), consultable sur Google livres :
Au milieu des ruines du château, on remarque une petite chapelle romane avec une crypte. - L'ancienne chapelle des pénitents blancs, qui renfermait un curieux monument du moyen âge (IXè s.), décrit par Caylus d'après Calvet, a été détruit par des ingénieurs du chemin de fer. Recueillis et transportés à Avignon en 1853, par les soins de M. Deloye, administrateur du musée Calvet, ces débris, malheureusement mutilés, ont servi à sa reconstruction dans un état primitif.
Pour aller plus loin, le site Grand sud insolite résume l'histoire tragique de la forteresse et ajoute qu'une association s'est formée en 1978 pour la faire connaître :
Citée dès le IXe siècle sous le nom de «Rupea Morenata», la forteresse de Mornas, probablement construite en bois, avait pour fonction de protéger le village du même nom.
Propriété des Comtes de Toulouse puis de la papauté, catholiques et protestants se la disputèrent avec acharnement pendant les guerres de religion. En 1562, les troupes protestantes du féroce baron des Adrets, après avoir massacré femmes, enfants et vieillards dans la chapelle, forcèrent la garnison catholique à se précipiter du haut des murailles. On appelle cet épisode tristement célèbre «Sauto Barri» ou saute-muraille. Les huguenots subirent le même sort lorsque la forteresse fut reprise par les Catholiques en 1568. Après la Révolution, la forteresse tomba dans l'oubli et en ruines
Aujourd’hui derrière ses hauts remparts,la forteresse de Mornas entraîne le promeneur à l'intérieur de ses fortifications pour un voyage extraordinaire.
Perchée sur une falaise abrupte de 137 mètres de hauteur, elle propose un dépaysement total avec un retour au Moyen-âge et des animations médiévales étonnantes.
En effet, depuis 1978 la dynamique association «les amis de la forteresse» la restaure et la fait revivre à l'heure médiévale, organisant des visites animées et ludiques où le visiteur est accueilli par des chevaliers et seigneurs en grande tenue.
Peut-être pouvez-vous vous mettre en contact avec l'Association des amis de Mornas, qui oeuvre à la promotion de l'édifice pour en apprendre plus.
Bonne journée.
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