La pollution des végétaux a-t-elle des conséquence sur la qualité du miel ?
Question d'origine :
Bonjour, est-ce que du miel produit par des abeilles qui butinent des plantes situées sur un terrain pollué est propre à la consommation humaine ? Merci :-)
Réponse du Guichet

Il est difficile de répondre de manière générale, il faudrait étudier chaque ruche et son environnement proche pour dégager une tendance. Cependant, le Ministère de l'Agriculture publie régulièrement des rapports sur la qualité des miels récoltés en France et les résultats de son dernier rapport de 2020 sont rassurants, à part pour une exception développée ci-dessous.
Bonjour,
La direction générale de l’Alimentation (DGAL) du ministère de l’Agriculture a rendu en 2014 un rapport-bilan de la campagne des plans de surveillance et de contrôle des produits alimentaires.
Il apparaît que 0,7% des prélèvements de miels présentent un résultat non conforme à celui attendu à savoir une absence de résidus chimiques (voir p. 10 du rapport). Il n’y a pas de précisions sur la nature des polluants relevés en trace dans les produits non conformes.
La DGAL a rendu en 2020 un nouveau rapport-bilan d’un plan de surveillance sanitaire des denrées animales et végétales et des aliments pour animaux.
Nous avons parcouru l’ensemble du rapport et concernant le miel, le bilan des prélèvements effectués sur les miels conclut à leur conformité par rapport à une absence de produits polluants organiques recherchés dans cette étude (voir tableau p. 28 du rapport).
A noter une exception notable : les prélèvements effectués dans la zone des retombées des suies consécutives à l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen en septembre 2019 qui indiquent des traces de polluants (se reporter à la p.48 du rapport pour plus de précision).
Dans le même rapport il a été recherché des traces métalliques dans les denrées alimentaires d'origine animale.
Concernant le miel, il a été relevé un taux de non-conformité de 0% pour l’ensemble des 23 échantillons prélevés (tableau en p. 51).
Enfin il a été recherché des éléments radioactifs, en zones dites «de rémanence» (qui avaient eu des retombées suite à la catastrophe de Tchernobyl, le «nuage» ayant eu le mauvais goût de ne pas s’arrêter à la frontière, notamment dans le Sud-Est). Le tableau p.165 fait état de prélèvements où les traces d’éléments radioactifs sont non quantifiables.
Voilà qui semble rassurant.
Cependant, ces études sont nationales, et, si elles reposent sur de nombreux prélèvements, tous les ruchers de France et de Navarre ne sont pas passés au peigne fin.
Le cas particulier des ruchers situés dans la zone des retombées de suies de l’incendie des usines Lubrizol de Rouen peut être une indication en soi. Même s’il manque des éléments de comparaison entre une catastrophe industrielle grave et des sols pollués lambda (en quelle quantité, avec quels produits nocifs, quel lessivage des sols, etc…).
L’ouvrage Un avenir pour nos abeilles et nos apiculteurs (éd. Quæ, 2020) fait un bilan très mitigé du rôle des pesticides sur les populations d’abeilles. Mais s’il s’appuie sur des études sérieuses et reconnues, il manque au chapitre le volet qui nous intéresse par rapport à votre question: quelles conséquences sur la qualité, sur l’éventuelle nocivité du miel récolté ?
Par ailleurs, l'ouvrage Une ruche en ville, c'est possible (éd. Rustica, 2017) souligne un point intéressant concernant les ruchers urbains.
On y lit pp.35-36 : "[...] Voilà ce qu'on peut toutefois dire du miel récolté en ville : grâce aux politiques zéro phyto engagées dans toutes les communes, le miel ne contient pas de pesticide. Mais il est en revanche impacté par certains rejets atmosphériques ou certaines pollutions des villes : ne nous leurrons pas, les produits de la ruche sont forcément affectés par la qualité de l'air. On peut donc retrouver à l'état de trace la présence de métaux lourds dans les miels urbains. Il semble que la plus forte source de contamination ne soit pas l'air, mais plutôt l'eau de ruissellement des toitures. Celles-ci peuvent être chargées en plomb et en zinc, et sont attractives pour les abeilles quand elles ne disposent pas d'une réserve d'eau à proximité".
Ce point est intéressant à relever, il est dommage cependant que les auteurs ne citent pas leurs sources indiquant une telle contamination, et dans quelle mesure.
Si votre question est motivée par une recherche de produits sains, vous pouvez éventuellement vous tourner vers des miels biologiques par précaution.
En effet, la réglementation en terme de production introduit entre autres une notion de périmètre sain à respecter (3 km autour de la ruche). De quoi limiter le risque de voir les abeilles revenir les pattes pleines de produits nocifs.
Cette réglementation est exposée dans cette plaquette informative de l’Agence française pour le Développement et la Promotion de l'Agriculture Biologique.
Cordialement.