Comment analyser cette image de Max Jacob ?

Au cœur de l’avant-garde montmartroise du début du siècle dernier, Max Jacob est l’un des représentants de l'art et de la poésie moderne qui émergeaient alors sous la bannière du cubisme. Il est considéré comme un poète incontournable de l'époque créant un lien important entre symbolistes et surréalistes comme en témoignent ses poèmes en prose. La chanson de Marianne s’empare de la forme de la ballade et la retricote à sa façon avec une certaine nonchalance. Max Jacob donne à son poème une légèreté et un rythme. Il souhaite ici retrouver le temps fabuleux des chansons et retourner aux comptines, à la simplicité enfantine du langage.

Les premières strophes de la chanson concernent la description physique de l'animal :

"Marianne avait un cheval blanc,
Marianne avait un cheval blanc.
Noir par derrière rouge devant,
Noir par derrière rouge devant.

Il avait une crinière,
Comme une crémaillère.
Il avait une étoile au front,
Du crin sur les boulons.

Il avait des sabots grenat,
Il avait des sabots grenat,
De la même couleur que vos bas,
De la même couleur que vos bas."

La seconde strophe étant consacrée plus spécifiquement à la description de la tête de l'animal, nous supposons que ces fameux boulons correspondent à un élément que l'on trouve de manière symétrique sur sa tête.

Le cheval est un des mammifères terrestres qui possède les plus grands yeux. Leur diamètre atteint deux fois celui des hommes. Grâce au positionnement latéral de ceux-ci et à sa pupille allongée, il bénéficie d'un champ de vision particulièrement étendu (environ 340° contre 180° chez l'homme). Essentiels à sa survie, ses yeux volumineux placés latéralement et saillants sur sa tête lui confèrent donc une vue panoramique. Pendant longtemps, on a cru que les chevaux ne pouvaient pas changer la forme de la lentille de leurs yeux pour les ajuster afin de voir les différentes distances. Cependant, de récentes recherches ont montré que la rétine n'est pas enflée et que les chevaux ont une capacité limitée d'accommoder leur vision en changeant l'épaisseur de leurs lentilles.

Ces deux yeux proéminents semblent être les fameux boulons dont parle Max Jacob dans cette chanson.