Question d'origine :
je cherche a savoir où ont été emmenées deux amies qui ont été prises dans un réseau de traite des blanches puis-je avoir des sources d'information pour continuer mes recherches
Réponse du Guichet

Pour que nous puissions vous aider dans vos recherches, il nous faut plus d'informations. Toutefois votre question nous rend perplexes, la notion de "traite des blanches" renvoyant à un trafic d'êtres humains censé s'être déroulé entre la fin du XIXè siècle et l'entre-deux guerres... et qui pourrait bien être largement fictif.
Bonjour,
Nous ne saisissons pas bien votre question. Parlez-vous de deux amies à vous, ou de deux amies (entre elles) dont cette caractéristique a pu être assez remarquée pour être, par exemple, publiée dans la presse ? Plus vous nous donnerez d'informations sur l'histoire qui vous intéresse, plus nous pourrons trouver des sources pertinentes.
Rappelons que lorsqu'on parle de "traite des blanches", on pense essentiellement au trafic humain à des fins d'exploitation sexuelle qui aurait connu son apogée entre la fin du XIXè siècle et l'entre-deux guerres et qui a été farouchement combattu à partir des années 1920. Voici à ce sujet un extrait de l'entrée "Prostitution" de l'Encyclopaedia universalis (consultable en ligne avec votre abonnement BmL) :
L’entre-deux-guerres est marqué par la lutte concomitante contre le French system et la traite des Blanches ; celle-ci s’accentue avec la fondation, en 1926, par la féministe française Marcelle Legrand-Falco de l’Union temporaire contre la prostitution réglementée et la traite des femmes. Puis, en 1927, la publication par le journaliste français Albert Londres de l’ouvrage Le Chemin de Buenos Aires démontre et condamne la logique financière de la traite des Blanches, l’acceptation tacite de tous et l’existence de filières entre l’Europe et le continent américain.
[...]Enfin, en 1949, les Nations unies, dans la Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui, déclarent que « la prostitution et le mal qui l’accompagne, à savoir la traite des êtres humains en vue de la prostitution, sont incompatibles avec la dignité et la valeur de la personne humaine ». Toutefois, tous les États membres ne ratifient pas immédiatement ce texte : la France ne le fera qu’en 1960.
Les archives départementales du Rhône conservent à ce sujet Le chemin de Buenos-Aires : la traite des blanches d'Albert Londres ou encore des documents diplomatiques relatifs à une Conférence internationale pour la répression de la traite des blanches (1902). Cependant, l'ampleur, sinon carrément la réalité même d'une traite de femmes blanches à destination de l'Amérique latine ou des colonies françaises d'Afrique du nord est aujourd'hui remise en cause. Le sociologue Jean-Michel Chaumont a publié en 2009 Le mythe de la traite des blanches : enquête sur la fabrication d'un fléau, que nous n'avons pu consulter mais dont voici le quatrième de couverture :
Enlèvement et séquestration de jeunes innocentes, prostitution et esclavage sexuel, réseaux criminels internationaux : depuis plus d'un siècle, la " traite des blanches " est considérée comme un véritable fléau. Le " Comité spécial d'experts " de la Société des Nations est crédité d'avoir scientifiquement prouvé l'existence de ce phénomène - les militants antitraite et les historiens contemporains font toujours référence à son oeuvre fondatrice (1924-1927). Jean-Michel Chaumont a analysé les 20 000 pages d'archives de ce comité. Elles révèlent une réalité plus effroyable encore, mais pas celle qu'on croyait. En effet, son livre analyse les opérations intellectuelles auxquelles les experts ont procédé pour fabriquer de toutes pièces un fléau en travestissant les résultats de leur propre enquête. Il examine minutieusement comment, portés par leur croisade morale, ils ont manipulé données, documents et chiffres pour parvenir à leurs fins : prouver l'existence de la traite de femmes étrangères et la responsabilité de la réglementation de la prostitution dans cet état de fait, et obtenir la mise en place de politiques liberticides de répression et de surveillance. Ce faisant, ils ont durablement occulté et aggravé les conditions de vie déjà très difficiles des prostituées candidates à l'émigration, aujourd'hui comme hier. Sans même parler de l'amalgame qu'ils ont validé entre traite des Noirs et traite des Blanches, qui ouvrait la voie à une véritable banalisation des traites négrières et de l'esclavage. Plus généralement, Jean-Michel Chaumont interroge la question - politique et scientifique - des mécanismes d'élaboration de l'expertise sociale et de la responsabilité des sociologues dans la " construction sociale de la réalité ".
Vous trouverez des commentaires plus détaillés sur ce livre dans un entretien de l'auteur avec la revue Sciences humaines et une recension de l'ouvrage par Lilian Mathieu (Lilian Mathieu, « Jean-Michel Chaumont, Le mythe de la traite des blanches. Enquête sur la fabrication d'un fléau », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, mis en ligne le 31 décembre 2009, consulté le 01 août 2022).
Bonne journée.
Complément(s) de réponse

Bonjour,
Suite à notre première réponse, voici ce que vous nous postez en commentaire :
Les deux amies qui ont été enlevées ont le malheur de se présenter en tant que serveuses au bar "Le Diplomate " sauf erreur sur le nom de l'établissement; qui était au 55, route de Strasbourg à Caluire 69300. Cet établissement a été fermé pour cause de proxénétisme (tentative de recherche de l'article dans le Progrès environ années 2000) . Je ne me rappelle plus la date exacte c'est seulement après quelques mois à l'époque que j'ai compris que mes deux amies avaient été enlevées; je possède d'autres informations dont le caractère confidentiel et dangereux qu'elles présentent font que je ne peux les transcrire ici. Pour avoir pu être enlevées mes deux amies ont été droguées et battues, je peux l'affirmer à 1000/100 ! Pouvez vous me donner plus d'information sur cet établissement dont je vous parle et qui a été fermé par voie judiciaire; quoi qu'il en soit je continue mes recherches et je ne suis pas d'un tempérament à renoncer....
Vous avez hélas raison, le trafic humain reste une réalité présente dans notre pays, un affaire de proxénétisme international entre le Nigeria et Lyon ayant encore été jugée en 2019, selon un article de RFI.
Concernant l'affaire du Diplomate, nous en avons retrouvé la trace dans une dépêche de l'AFP consultable via le service Europresse compris dans votre abonnement BmL :
LYON (AFP) - Le propriétaire et gérant du bar Le Diplomate à Caluire et Cuire (Rhône), à la périphérie de Lyon, a été mis en examen pour "proxénétisme aggravé" et placé en détention provisoire, a-t-on appris mardi auprès de la brigade des moeurs de la surêté départementale du Rhône.
L'établissement, un bar à hôtesses, faisait l'objet d'une surveillance policière depuis plusieurs mois. Une procédure a pu être établie après l'audition d'une hôtesse et d'un client, pris en flagrant délit.
Elle a débouché sur l'interpellation d'Angelo Stasi, âgé de 65 ans, propriétaire et gérant en nom.
La police a également interpellé une ancienne gérante de l'établissement, Yvette Kraszewski, âgée de 68 ans, considérée comme gérante de fait. Le bar employait deux à quatre hôtesses qui étaient payées "au bouchon", en fonction de la consommation d'alcool du client.
Les jeunes femmes étaient recrutées par des annonces, pour un travail de serveuse, dans les journaux gratuits. Elles changeaient très souvent, selon la police.
Mme Kraszewski a également été mise en examen pour "proxénétisme aggravé" et placée sous contrôle judiciaire. Elle avait déjà fait l'objet d'une procédure pour le même établissement et elle avait été condamnée à deux ans de prison avec sursis en 1997, ainsi qu'à l'interdiction d'assurer une gérance.
Sur le même support, un article du Progrès du 28 mai 2003 nous apprend que c'est le 19 mai de cette année-là qu'Angelo Stasi a été arrêté :
Le responsable de l'établissement le Diplomat's situé route de Strasbourg à Caluire a été mis en examen pour proxénétisme aggravé puis écroué.
Au bar à hôtesses le Diplomat's, route de Strasbourg à Caluire, on est censé ne consommer que des boissons. Mais la brigade des moeurs émettait quelque doute sur la question depuis plusieurs mois, des clients habituels ayant bien voulu admettre devant les enquêteurs qu'ils n'y assouvissaient pas que leur soif.
Lundi 19 mai, aux alentours de 23 heures, deux policiers en civil pénètrent dans le bar, demandant à parler au responsable, Angelo Stasi. Ce dernier, âgé de 65 ans, les rejoint, et tous auraient alors constaté que l'hôtesse sexagénaire en petite tenue qui tenait compagnie à un client, ne le séduisait pas qu'avec sa seule conversation.
Les enquêteurs seraient alors parvenus à déterminer que les charmes se monnayent à coup de bouteilles de champagne dont le prix s'élève à environ 220 euros (1 500 francs). Peu importe, semble-t-il, que le breuvage soit ou non réellement bu. Certains clients auraient dépensé jusqu'à 1 200 euros, voire 2 300 euros en une seule soirée. Angelo Stasi, son amie (ancienne gérante de l'établissement, Yvette Kraszewski, 68 ans), présente dans les lieux et soupçonnée de gérer l'établissement, ainsi que l'hôtesse ont été placées en garde à vue le soir même.
Aucun des trois n'a reconnu une quelconque activité de prostitution au sein du Diplomat's. Une information judiciaire a été ouverte pour proxénétisme aggravé à l'encontre du couple, plusieurs hôtesses officiant dans l'établissement. Le bar employait en effet deux à quatre hôtesses qui étaient payées «au bouchon», en fonction de la consommation d'alcool du client.
Les jeunes femmes étaient recrutées par des annonces, pour un travail de serveuse, dans les journaux gratuits. Elles changeaient très souvent, selon la police. Angelo Stasi a été écroué mercredi. Son amie a été mise en examen pour «proxénétisme aggravé» mais a été laissée en liberté sous contrôle judiciaire. Elle avait déjà fait l'objet d'une procédure pour le même établissement et elle avait été condamnée à deux ans de prison avec sursis en 1997, ainsi qu'à l'interdiction d'assurer une gérance.
Nous n'avons guère trouvé d'autres sources intéressantes, ni dans la presse ni dans les sites d'archives que nous avons consultés. Mais selon archives-judiciaires.justice.gouv.fr, ce dernier point ne semble pas anormal puisque "Les jugements (ou arrêts) sont versés aux Archives départementales au bout de 30 ans. Avant ce délai, il faut s'adresser à la juridiction compétente."
Nous vous conseillons dans un premier temps de vous adresser à la Cour d'assises du Rhône si, comme nous le pensons, celle-ci a jugé l'affaire.
Bon courage pour vos recherches.
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