Je recherche une déclaration de Montaigne sur l' "esprit primesautier" des femmes
Question d'origine :
Bonjour, je cherche l'ouvre et le passage précis où Montaigne aurait déclaré que les femmes ont "un esprit primesautier", mais si je trouve plusieurs fois cette citation de l'auteur en ligne, la source exacte n'est jamais déclaré. Pourriez-vous m'aider? Merci d'avance
Réponse du Guichet
C'est Pierre-Marie Quitard qui a écrit que les femmes avaient un esprit primesautier et non Michel de Montaigne.
Bonjour,
Dans les Essais Essais, II, X - des livres, Michel de Montaigne utilise effectivement l'expression "esprit primesautier" :
Les difficultés, si j’en rencontre en lisant, je n’en ronge pas mes ongles ; je les laisse là, après leur avoir fait une charge ou deux. Si je m’y plantais, je m’y perdrais, et le temps ; car j’ai un esprit primesautier ; ce que je ne vois de la première charge, je le vois moins en m’y obstinant.
Cette expression est reprise en 1842 par le grammairien Pierre-Marie Quitard dans son Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes et des locutions proverbiales de la langue française pour expliquer un proverbe :
Prends le premier conseil d’une femme et non le second.
Les femmes jugent mieux d’instinct que de réflexion : elles ont l’esprit primesautier, suivant l’expression de Montaigne ; elles savent pénétrer le secret des cœurs et saisir le nœud des intrigues et des affaires avec une merveilleuse sagacité, et les soudains conseils qu’elles donnent sont presque toujours préférables aux résultats d’une lente méditation. C’est pour cela sans doute que les peuples celtiques les regardaient comme des êtres inspirés, leur attribuaient le don des oracles, et leur accordaient une grande influence dans les délibérations politiques.
On la retrouve également dans son recueil de Proverbes sur les femmes, l'amitié, l'amour et le mariage.
C'est donc à propos de la lecture et non des femmes que Montaigne utilise l'expression "esprit primesautier". Pour lui, s'il ne comprends pas d’emblée la portée d'un livre, il ne s'obstine pas et change de lecture :
On doit tenir compte à Montaigne de la franchise avec laquelle il parle de ses lectures. «Si je rencontre, en lisant, des difficultés, je n’en ronge pas mes ongles, je les laisse là, après une charge ou deux. Si je m’y plantais, je m’y perdrais, et le temps. Ce que je ne vois de la première charge, je le vois moins en m’y obstinant». La raison qu’il en donne est qu’il avait un esprit primesautier, qui saisissait les objets de prime abord. Il ne faisait rien qu’en gaîté; la contention trop forte éblouissait son jugement, l’attristait et le lassait. Si un livre lui déplaisait, il en prenait un autre, et n’y revenait qu’aux heures où l’ennui de ne rien faire commençait à le saisir.
source : Montaigne étude littéraire et philologique sur Montaigne, ou la lecture des Essais de Montaigne rendue facile et attrayante / Théodore Vernier
Bonne journée.