De qui cette statuette est-elle l'effigie ?
Question d'origine :
Bonjour! Auriez vous une idee de qui ce Lama represente t il svp?
merci a vous🙏🏻🙏🏻
Réponse du Guichet
Nous ne pouvons identifier votre statuette avec certitude, mais nous penchons pour la représentation d'un personnage féminin, peut-être la bodhisattva Guanyin, extrêmement populaire en Chine et au Japon.
Bonjour,
Nous n'avons pu identifier la figure représentée par votre statuette avec certitude, en partie du fait de son état d'usure, mais également à cause de la complexité de la symbolique bouddhique. Nous pouvons toutefois vous apporter quelques éléments, basés sur la posture et les vêtements du personnage.
Le site bouddhismes.net nous permet ainsi d'identifier la position des mains comme le "Geste de méditation ou de concentration dhyāna-mudrā ou samādhi-mudrā" :
Les deux mains sont posées l’une sur l’autre, paumes vers le haut, doigts allongés, elles reposent sur les jambes des personnages assis.
Ce geste est caractéristique de deux périodes de méditation durant la vie de Śākyamuni : pendant sa période de jeûne extrême, et sous l’arbre de la bodhi avant son Éveil ; ce geste est également attribué au buddha Amitābha et, occasionnellement, au bodhisattva Mañjuśrī ainsi qu’au buddha de médecine Bhaiṣajyaguru.
Dans Les dieux du bouddhisme [Livre] : guide iconographique, Louis Frédéric confirme que cette mudrâ est celle "de la concentration du Dharma (la Loi bouddhique), d'atteinte à la Bodhi, à la perfection" et qu'elle est "généralement réalisée à hauteur de l'estomac ou sur les cuisses, les mains superposées, paumes tournées vers le haut, doigts allongés et pouces se touchant par leur extrémité, formant ainsi un triangle mystique, symbolique du feu spirituel". Cela semble être le cas de votre statuette, à moins qu'il ne s'agisse de la Buddhapâtra-mudrâ, une main posée sur l'autre comme pour protéger un petit objet (joyau, bol...), ce que votre photo ne nous permet pas de décider...
La position des jambes, en lotus (Padmāsana), pose elle aussi problème : selon Louis Frédéric et bouddhismes.net toujours, les positions assises présentent de nombreuses nuances selon quel pied est du-dessus de l'autre, qu'un pied, l’autre ou les deux est/sont posé-s sur la cuisse opposée... ce que nous ne pouvons déterminer puisqu'ici les pieds sont couverts par le vêtement.
Difficile donc de nous prononcer. Au vu des éléments que nous avons rencontrés au cours de nos recherches, nous pensons toutefois qu'il doit s'agir d'une figure féminine, peut-être la bodhisattva de la compassion Guanyin.
Avant de nous aventurer plus avant sur ce terrain passablement complexe, précisons qu'un-e bodhisattva est, selon le Le Grand Robert de la langue française [Livre] : dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française , un-e "Sage ayant franchi tous les degrés de la perfection sauf le dernier qui fera de lui [ou d'elle] un[-e] bouddha", c'est-à-dire un personnage s'étant arrêté volontairement sur la voie de l'éveil pour aider aux autres d'y accéder. Parmi ces êtres exceptionnels, Guanyin, appelée au Japon Kannon, est une des divinités les plus populaires du bouddhisme. Là où l'affaire se complique, c'est que notre déesse connaît de multiples incarnations et représentations. Elle-même, comme nous le rappelle Louis Frédéric, étant une version de l'Avalokiteśvara indien :
Parmi les Bodhisattvas c'est Âryâvalokiteshvara qui possède le plus grand nombre de formes et qui est peut-être la divinité bouddhique la plus vénérée et la plus populaire. Son sexe, à l'origine masculin, est parfois considéré, en Chine ou au Japon, comme féminin, bien qu'aucun texte canonique ne puisse venir à l'appui d'une telle discrimination. On a cependant pris l'habitude, dans le peuple ou dans certaines congrégations religieuses, de qualifier de féminines certaines représentations de ce Bodhisattva [bien qu'] en théorie, un Bodhisattva ne [puisse] être ni masculin ni féminin [ce qui n'empêche que dans certains courants du bouddhisme] les hommes ont souvent été tentés d'attribuer une qualité féminine à toutes les divinités qui leur paraissaient douées de vertus essentiellement "féminines" comme la douceur, ma compassion, la mansuétude, la pureté, etc.
Bodhisattva "connu du bouddhisme indien très tôt", Avalokiteśvara a rapidement connu une grande popularité notamment en Chine, en Corée et au Japon, où il fut "très tôt représenté". Et c'est à des représentations japonaises que votre statuette nous fait le plus penser. Mais pas à n'importe lesquelles. Il faut en effet savoir qu'"En Chine et au Japon on dit que Guanyin (Kannon) possède trente-trois formes" qui "sont des émanations ou correspondances [...] qui seraient des "corps de métamorphose", certaines se rapportant à des légendes japonaises ou chinoises [...]." Parmi ces trente-trois formes, quatre au moins nous semblent pouvoir correspondre, en raison de la posture et du vêtement, à la vôtre : Ryûzu Kannon, Byakue Kannon, Iwato Kannon, Hae Kannon.
Encore une fois, nous n'avons aucune certitude. On trouve en effet des postures et vêtements semblables sur des représentations d'incarnations différentes de Guanyin/Kannon, comme sur ce tableau de Kano Motonobu peint au XVIè siècle et représentant un Kannon masculin :
(Source : page Wikipédia d'Avalokiteśvara)
D'autres fois, on trouve des représentations très semblables de personnages historiques, comme ce Portrait de la nonne Chujô-Hime assise (fin XVIIIè) conservé au musée Guimet de Paris ou le Gampopa (médecin et maître bouddhique tibétain des XI-XIIè siècle) proposé en photo sur la page Wikipédia associée.
Nous ne pouvons donc vous en dire plus. Nous allons cependant contacter le musée des Confluences, à Lyon, et le musée parisien du quai Branly pour leur demander leur avis. Nous vous transmettrons leur réponse éventuelle.
Bonne journée et bonne année.