A quoi ressemblaient les tenues et uniformes des militaires anglais au moyen âge ?
Question d'origine :
Bonjour cher guichet,
A quoi ressemblaient les tenues et uniformes des militaires anglais au moyen âge, plus spécifiquement lors de la guerre de cent ans ? Utilisaient-ils la couleur rouge - et étaient-ils les seuls à le faire ?
Merci de votre réponse !
Réponse du Guichet
Les uniformes militaires des armées royales ou nationales tels que nous les connaissons n’existaient pas encore au Moyen Age et au moment de la guerre de Cent ans. Si les Anglais utilisaient la couleur rouge sur leurs bannières, la France aussi l’utilisait, notamment sur l’oriflamme de Saint Denis jusqu’à la bataille d’Azincourt. A partir de ce moment, le rouge semble progressivement devenir la couleur des uniformes de l’Angleterre sur les champs de bataille de l’époque moderne.
Bonjour,
A l’époque de la guerre de Cent ans (1337-1453), les uniformes militaires distinctifs d’une armée royale n’existaient pas encore, les combattants portaient une armure ou harnois blanc et ce qui distinguait les armées était les drapeaux ou bannières aux armes des chevaliers, ou les fanions ou pennons pour les plus modestes (La guerre de Cent ans, Philippe Contamine), ainsi que les boucliers ou surcots sur lesquels apparaissaient aussi les emblèmes héraldiques.
«Il faut imaginer sur les champs de bataille et encore davantage dans les lices, «une omniprésence de la couleur» qui permet surtout aux combattants nobles de se distinguer et que les chroniqueurs se plaisent à décrire.» dans le chapitre Univers sonore et visuel de la guerre de Guerre et société, 1270-1480. Ce passage cite Michel Pastoureau et son article Combattre en couleur dans L'homme armé en Europe (XIVe siècle-XVIe siècle). Nous n’avons malheureusement pas pu trouver de version en ligne de cet article.
Michel Pastoureau nous explique d’ailleurs dans son livre Rouge, histoire d’une couleur que le rouge est la couleur préférée des aristocrates au Moyen Age et au-delà, couleur symbolisant le courage, la puissance, et la gloire : «Le rouge est une couleur virile, qui se porte à la guerre, au tournoi, à la chasse, trois terrains où il faut paraître, être vu, reconnu, craint, admiré. De fait dans la longue durée, cette couleur – qui est déjà celle du dieu Mars chez les romains - a habillé de très nombreux soldats, reconnaissables de loin et parfois victimes de leur tenue trop voyante, tels les soldats français et leur désastreux pantalon «rouge garance» à l’automne 1914.»
Une exception à l'époque à propos de l'absence d'uniforme : Georges Minois cite "les fantassins gallois de l’armée anglaise qui eux ont un uniforme vert et blanc et dont la principale tâche est de finir au couteau les ennemis sans valeur marchande." dans La guerre de cent ans. Voir aussi ce document Le costume miliaire qui considère les surcots comme une sorte de premier uniforme.
L’ouvrage Guerre et société (cité plus haut) continue ainsi : «A la fin du Moyen Age, les bannières seigneuriales disparaissent aux profits des couleurs, des devises et des armes royales –fleurs de lis français contre lions anglais- qui saturent le champ de bataille et matérialise le monopole militaire du prince. Une emblématique collective s’impose aux individus. Les princes dotent leurs partisans de signes de reconnaissance spécifiques, à la fois symboles de ralliement et proclamations d’obédience : croix blanche des français, croix rouge de saint Georges pour les anglais…»
Selon la même idée, voici ce que nous dit aussi Mondes en guerre : De la préhistoire au Moyen Age : "A partir du XIIe siècle, les armoiries permettent de repérer les chevaliers, qui portent sur leur tunique, leur bouclier, voire la robe de leur cheval, l’animal ou les signes et figures qui les distinguent… Les seuls combattants à avoir adopté un véritable uniforme sont les membres des ordres militaires (chevaliers du Temple, Hospitaliers, Teutoniques)"… Richard II (huitième roi d’Angleterre de la dynastie des Plantagenêt) aurait à la fin du XIVe siècle, «imposé à tous ceux qui le servent de porter la croix rouge, celle de Saint Georges et des premiers croisés, pourtant majoritairement d’origine française, tandis que les Français eux-mêmes adoptent la croix blanche, et les Bretons, la croix noire.»
Pourtant, «du côté capétien, l’oriflamme, cette longue bannière de couleur rouge, est conservée à l’abbaye Saint Denis» et est sortie quand le roi part en campagne. Ainsi, «sur les représentations des grandes batailles de la guerre de Cent ans, l’oriflamme est toujours montrée en bonne place, et parfois d’une taille démesurée», mais son utilisation par la royauté française disparaît après la bataille d’Azincourt (1415) qui s’est soldée par une défaite contre les anglais.
C’est à partir du XVIIe siècle et surtout au XVIIIe siècle que se généralisent les uniformes dans les armées européennes. «Les fantassins portent un manteau aux couleurs nationales -bleu pour la Prusse, vert pour les Russes et rouge pour les Britanniques.» Voir la partie Les armées en uniforme au XVIIIe siècle dans l’ouvrage Histoire militaire de la hache de pierre à la guerre électronique. Il raconte notamment la bataille de Yorktown : «La dernière grande bataille de la guerre d’Indépendance américaine, en 1781, opposa les troupes américaines et leurs alliés français aux tuniques rouges britanniques. Si les Américains se moquèrent au début du formalisme des Anglais, ils créèrent aussi leur propre armée disciplinée et en uniforme pour faire la guerre.»
"L’uniforme naît au XVIIe siècle d’une nécessité économique. Le roi paie des officiers afin qu’ils mettent à sa disposition une troupe armée, et équipée. Ils utilisent cette somme pour payer, armer et habiller leurs hommes. L’État a donc intérêt à contrôler le type et la qualité de ces fournitures, tout en vérifiant leur fonctionnalité afin de s’assurer que les troupes sont adéquatement équipées tout en ménageant les finances du royaume… Le choix du rouge pour les uniformes de la New model Army britannique ou du gris-blanc français est économique et non symbolique – l’Autriche alors ennemie de la France, utilise aussi le gris-blanc pour ses uniformes. Néanmoins, les couleurs adoptées constituent bientôt un code qui crée un esprit de corps au niveau de l’unité." Dans la rubrique Uniforme de l'ouvrage Dans la peau d’un soldat : de la Rome antique à nos jours.
Quant aux couleurs de la France, voir cette page Couleurs nationales du drapeau : étendards et oriflammes jadis ou ce compte rendu d’ouvrage.
Autres sources : Soldats de l’antiquité à nos jours
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Quelle marque de vêtements a réalisé une vidéo pornographique...