Quelles sont les propositions pour diminuer la demande des patients ?
Question d'origine :
Pour un système médical en tension, quelles sont les propositions pour diminuer la demande des patients (et non pour augmenter l'offre de soins) ?
Réponse du Guichet
La diminution de la demande de soins passe par une meilleure information du public et l'optimisation du parcours de soins. Il apparait nécessaire de contribuer à éviter ou à réduire le nombre et la gravité des maladies ou des accidents de l’ensemble de la population. Une meilleure coordination des soins permet de limiter les examens superflus. Elle passe aussi par une régulation des prix afin de responsabiliser les patients et les inciter à un recours modéré aux soins.
Bonjour,
Pour réduire la demande de soins, il semble primordial d'optimiser les systèmes de santé via les parcours de soin et le développement de l'information du patient comme indiqué dans l'article intitulé Pour un système de santé plus efficace de Philippe ASKENAZY, Brigitte DORMONT, Pierre-Yves GEOFFARD et al., - Notes du conseil d’analyse économique, 2013/8 (n° 8), p. 1-12.
... il est urgent de favoriser la montée en puissance des systèmes d’information en santé. Un investissement décisif est nécessaire pour convaincre les acteurs du système de santé, et notamment les assurés sociaux, de développer le dossier médical personnel. Il est en effet crucial que tous les professionnels de santé produisent et partagent des données de santé, de manière sécurisée pour le patient, afin de coordonner les soins et de limiter les examens superflus.
Plus précisément, cet article du site www.infirmiers.com explique :
Le parcours de soins est la structure qui facilite la coordination d’actions. Il forme un circuit que les patients doivent suivre pour accéder aux soins. Il implique plusieurs paramètres : les acteurs du soin, la collaboration entre eux, la personnalisation des soins, le parcours du patient, l'éducation thérapeutique, la prévention, les soins primaires et éducatifs... Pour la Haute Autorité de la santé, il s’agit d’améliorer la qualité de la prise en charge clinique et thérapeutique pour accompagner des malades atteints de maladies chroniques. Ce qui implique des bonnes pratiques professionnelles, qui doivent également s’appuyer sur la promotion de parcours de soins qui comprennent, pour le patient, le juste enchaînement et au bon moment des différentes compétences professionnelles liées directement ou indirectement aux soins : consultations, actes techniques ou biologiques, traitements médicamenteux et non médicamenteux, prise en charge des épisodes aigus (décompensation, exacerbation), autres prises en charge (médico-sociales notamment, mais aussi sociales)…. La démarche ici consiste à développer une meilleure coordination des interventions professionnelles fondées sur de bonnes pratiques, que ce soit lors des phases aiguës de la maladie ou lors de l’accompagnement global du patient sur le long terme.
[...]
Dans le cadre de ce parcours de soins qui permet de coordonner des actions soignantes, c’est la prévention en santé qui détermine les enjeux des soins éducatifs … Mais qu’est-ce au juste la prévention en santé ? Elle constitue l’ensemble des mesures visant à éviter ou à réduire le nombre et la gravité des maladies ou des accidents de l’ensemble de la population.
On distingue trois niveaux de prévention :
- La prévention primaire se situe en amont de l’apparition des problèmes de santé. Elle vise à diminuer l’incidence d’une pathologie ou d’un accident dans une population donnée, et donc à réduire le risque d’apparition de nouveaux cas (empêcher l'apparition d'une maladie, lutter contre le tabagisme par exemple).
- La prévention secondaire se situe au tout début de la pathologie. Elle tente de diminuer sa prévalence dans une population donnée, et donc de réduire sa durée d’évolution. Elle comprend le dépistage et le traitement précoce de la maladie (diminuer les risques de gravité chez les patients par la mammographie, les frottis…)
- La prévention tertiaire a pour but d’éviter les récidives ou les complications d’une pathologie avérée. Il s’agit de réduire les invalidités fonctionnelles consécutives à la maladie. Elle prend en compte les actions du domaine de la réadaptation, de l’intégration et de la réinsertion professionnelle et sociale (empêcher les rechutes et diminuer les risques de récidives ; diminuer les déficiences ou handicaps par exemple).
L'Agence nationale Santé Publique France (Inpes, InVs, Eprus) est l'établissement public qui agit en premier lieu sur la prévention. Le schéma régional de prévention met ici en œuvre un plan stratégique régional de santé. Il inclut notamment des dispositions relatives à la prévention, à la promotion de la santé, à la santé environnementale et à la sécurité sanitaire. À ce titre, il comporte :
- Des actions médicales ou non, participant à la promotion de la santé de l'ensemble de la population, à la prévention sélective de certaines maladies, surtout chez des personnes exposées à des risques. Cela comprend aussi les actions de vaccination et de dépistage, ainsi que la prévention au bénéfice des patients et de leur entourage, notamment via l'éducation thérapeutique ;
- Une organisation des activités de veille, d'alerte, et de gestion des urgences sanitaires ;
- Des orientations permettant d'améliorer dans chaque territoire de santé, l'offre de services dans le domaine de la prévention individuelle et collective ;
- Les modalités de développement des métiers et des formations nécessaires à l'amélioration de la qualité des actions de prévention ;
- Les modalités de coopération des acteurs de l'offre sanitaire, sociale, et médico-sociale dans le domaine de la prévention.
Pour plus d'information sur la prévention :
- Prévention, éducation à la santé et ETP
- Prévenir et promouvoir la santé C'est quoi ?
et sur le Parcours de santé, de soins et de vie.
La régulation de la demande de soins peut aussi passer par d'autres moyens que la prévention et le parcours de soins :
La régulation de la demande globale de soins peut, en effet, dans une large mesure être mise en œuvre au moyen de mécanismes de prix, à condition de prévoir les adaptations nécessaires au contexte du secteur de la santé. Ce contexte est caractérisé, comme on l’a vu, par l’importance des dispositifs d’assurance maladie, publique ou privée, qui opèrent comme des mécanismes de pré-paiement. Une littérature économique abondante, développée plus loin à partir de la revue réalisée par Bardey, Couffinal et Grignon (2002), suggère qu’un niveau élevé d’assurance - et à la limite la prise en charge intégrale des dépenses par l’assureur - peut réduire les bénéfices sociaux de la mutualisation des dépenses de santé par l’assurance, en supprimant toute incitation monétaire des individus à un recours modéré aux soins. Du point de vue de l’optimum social, il y a alors à arbitrer entre le niveau de la couverture, dont certes le niveau le plus élevé doit être recherché, et les coûts de la santé qui doivent être maîtrisés afin de contenir le montant des primes appelées par les régimes d’assurance maladie.
soure : Caussat Laurent, Raynaud Denis. La régulation de la demande de soins : le rôle de l’assurance maladie dans la formation de la consommation de biens et services de santé. In: Revue d'économie financière, n°76, 2004. La régulation des dépenses de santé. pp. 129-151.
Lire aussi : Comment réguler la demande de soins ? / Vie publique
Bonne journée.