Peut-on utiliser de l'eau de mer pour dégeler les trottoirs et les routes ?
Question d'origine :
Bonjour !
J'ai une question (peut-être insolite, mais de saison) sur laquelle j'ai du mal à trouver une réponse. On utilise souvent un mélange de sel + sable pour prévenir ou dégeler les trottoirs et les routes. Pourrait-on imaginer d'utiliser plutôt de l'eau de mer (réputée très salée) afin de dégeler de la même façon ? Est-ce envisageable d'un point de vue chimique ?
Un grand merci d'avance au GdS !
Réponse du Guichet
L'eau de mer n'est pas assez concentrée en sel pour éviter le gel ou l'enneigement des sols.
Bonjour,
Si l’on en croit cet article de Wikipédia et ce blog automobile, le salage pour déneiger et dégeler les surfaces est aujourd’hui privilégié en France. Le sablage, technique plus ancienne, n’est utilisé que dans certaines conditions :
Sablage (route)
(…) Histoire
Il s’agit de la technique la plus ancienne d’entretien hivernal qui a perduré dans les régions où les hivers sont rigoureux avec de longues périodes de fortes chutes de neige, par exemple dans le Nord de la Scandinavie ou dans les Alpes. Le salage a depuis longtemps largement supplanté cette technique mais cette dernière est remise en vigueur depuis les années 1980.
(…)
Utilisation
Le sablage ne restituant pas le revêtement au noir intégral comme peut le faire le salage, cette technique n’est en fait employée que dans les zones urbaines ou les régions fortement enneigées et où les pneus à clous sont proscrits.
Les dosages d’épandage varient de 70 à 300g/m2.
Les mélanges d’abrasifs et de sels sont essentiellement utilisés sur les trottoirs. Ils sont appliqués dans des proportions comprises entre 10 pour 1 et 4 pour1.
Ou encore :
Du sel ou du sable sur la route ?
Durant des années, les engins de déneigement ont procédé à l’épandage de sable dans leur sillage. Il s’agit d’un terme générique regroupant du sable mais aussi des éléments comme des gravillons (gris) ou du pouzzolane (roche d’origine volcanique basaltique plus ou moins rouge). Cet épandage n’avait pas pour mission de faire fondre neige et verglas mais de favoriser une meilleure adhérence. Sauf que le sablage cumule les inconvénients : Il nécessite un balayage après coup et constitue autant de projectiles pouvant abimer carrosserie et pare-brise. Pire, l’accumulation est source de pollution aux particules fines en plus de potentiellement boucher les canalisations lors de son évacuation. C’est pourquoi on retrouve davantage du sablage sur les trottoirs ou les quais de gare.
Le sel est plus efficace.
Depuis des années, c’est désormais du sel (chlorure de sodium NaCl) qui est dispersé sur les routes verglacées et/ou enneigées. Ce dernier grignote l’humidité au sol permettant d’abaisser la température à laquelle l’eau se transforme en glace (verglas). Les propriétés exothermiques (dégagement de chaleur) permettent la fonte. L’efficacité est optimale jusqu’à une température de -8°. La règlementation en France permet un épandage de 10 à 30 g/m² pour un total d’un million de tonnes par hiver en moyenne (avec d’importantes variations). Cela dit, il vaut mieux saler avant que pendant. Sauf que les aléas météo et les moyens humains comme matériels ne permettent de saler partout en même temps.
D’où vient la confusion alors ?
Vous l’avez compris, désormais nos routes blanchies ne sont que salées. Alors pour pourquoi la confusion a-t-elle la peau dure ? Tout simplement parce que certains camions d’épandage et déneigeuses d’un certain âge ont toujours une plaque « sablage en cours » à l’arrière. Dans tous les cas, une fois l’épisode neigeux passé, n’oubliez pas de nettoyer la carrosserie de votre auto, le sel est corrosif pour les parties métalliques mal protégées.
Source blog autosphère
Pour en revenir plus précisément à votre question, nous n’avons trouvé nulle part mention de l’usage d’eau de mer pour dégeler ou déneiger les routes. Même pas en simple évocation.
Le site Océan connectés rappelle la salinité moyenne des Océans :
Trouver en moyenne 34.7 grammes de sel par litre d’eau de mer, ce n’est pas un mystère : depuis la nuit des temps, la mer est une large étendue d’eau salée !
Ou encore :
Aujourd’hui, l’eau de mer est composée à 96,5% d’eau pure et à 3,5% d’autres substances, dont les sels. La quantité de sel dans l’océan repose sur un équilibre, celui entre l’évaporation d’eau douce (provoquée par le vent en surface) et l’apport d’eau douce (par les pluies ou ruissellements). Les sels et minéraux, trop lourds pour s’évaporer, restent dans l’océan.
D’après l’explication donnée par Daniel Hennequin physicien et chercheur au CNRS dans cet article de Ouest-France, on peut déduire que l’eau de mer n’est en moyenne pas assez concentrée en sel pour faciliter le déneigement ou le dégel des sols. Pire, en de ça de - 1,8 °C, elle pourrait geler :
«Il faut d’abord rappeler que l’eau se transforme en glace à partir de 0°C, explique Daniel Hennequin, physicien et chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Mais son passage à l’état solide varie si l’eau n’est pas pure. Par exemple, l’eau boueuse ne se transformera en glace qu’à des températures plus basses. Et cela se passe de la même façon lorsqu’on met du sel dans l’eau.»
En fait, quand on mélange du sel à l’eau, les deux atomes qui composent les cristaux de sel (un atome de sodium et un atome de chlore) vont se séparer. Cela va changer les propriétés de l’eau. Elle ne gèlera alors qu’à des températures inférieures à 0°C.
Plus il y a de sel, moins ça gèle.
Et plus on ajoute de sel, plus la température de congélation va baisser: «Avec 3% de sel, comme dans la mer, l’eau gèle vers -1,8°C. Avec 20% de sel, elle gèle à -16,2°C, détaille le physicien. La température de congélation la plus basse est de -21°C avec 23% de sel.»
Il semble donc évident pour éviter le gel ou l’enneigement des sols, d’utiliser directement l’élément qui en empêchera le processus, en l’occurrence ici, le sel, et de ne pas rajouter un élément qui limiterait sa concentration et donc son efficacité.
Bonne journée