Comment nomme-t-on les personnes commençant par la lecture de la fin du livre ?
Question d'origine :
Bonjour,
Je suis une grande lectrice depuis mon enfance mais j'ai un besoin irrépressible (j'ai maintes fois essayé de ne pas succomber) de lire la fin du livre avant de me décider à le prendre.
Si la fin ne me plaît pas je ne le lis pas. Or j'ai appris que je ne suis pas la seule à avoir cette manie, je voudrais savoir si elle a un nom à l'instar des rongeurs d'ongles par exemple.
Merci
Réponse du Guichet
Le lecteur ou la lectrice commençant la lecture de livres par la fin pourrait être dénommé·e artilect ou bien, à l'image du "récit commençant par la fin" : début in ultima res, nous pourrions imaginer le terme lecteur in ultima res.
Bonjour,
Vous n'êtes effectivement pas le ou la seul·e à "commencer un livre par la fin" comme l'atteste nos recherches dans Google livres où l'expression est reconnue dans plusieurs ouvrages. Le buveur d'encre d'Eric Sanvoisin en explique même l'utilité :
Quand vous buvez un livre à l'endroit, vous découvrez l'histoire petit à petit. Quand vous le buvez à l'envers, votre cerveau stocke les chapitres dans votre mémoire et l'histoire vous explose à la figure alors que vous finissez d'absorber le début... C'est un peu comme un bonbon qui pétille. Ça ne plaît pas à tout le monde mais ça oblige votre tête à travailler !
Selon un article de l'Express, Aimez-vous connaître la fin d'un livre avant de le lire ? et une étude menée à l'université de San Diego, en Californie, relayée par BBC news, un livre pourrait être d'autant plus apprécié que la fin de son histoire serait connue par son lecteur. S'appuyant sur cette même étude, Buzz littéraire précise que :
connaître la fin d’une histoire ne nuirait non seulement pas au plaisir de lecture mais serait même très bénéfique ! Délivrée de la « tension » induite par le suspense d’une lecture, le lecteur pourrait ainsi mieux se concentrer sur les aventures des héros et mieux en profiter, [...].
Il est également assez fréquent que les écrivain·es commencent à écrire leur livre par la fin car, comme l'indique Claude Lapointe dans Commencer par la fin publié sur Ricochet :
la fin d’une histoire est rarement neutre.
Surtout pas en fiction. Elle imprègne, elle qualifie le récit.
Elle est le dernier instant passé avec l’œuvre, juste avant de la quitter.
Nous avons aussi cherché sur Google livres l'expression "lire un livre à l'envers" et avons trouvé d'autres pistes.
D'après le Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Volume 16, la terminologie mio-tseu (langue monosyllabique, tonique ayant emprunté des mots au chinois (Dictionnaire miao-tseu-français)), say ndóu táo, désigne cette action. L'article est plus lisible p.13 du Dictionnaire miao-tseu-français de Savina F. M. à l'entrée chi, première colonne (haut gauche).
Dans l'ouvrage Le protocole de Landerman, l'un des protagonistes dit "Il n'y a qu'un artilect pour être capable de lire un livre à l'envers".
Nous avons cherché ce mot dans le Dictionnaire culturel en langue française d'Alain Rey, Le Grand Robert de la langue française, Le Larousse des noms communs, Le grand Larousse encyclopédique, Le Littré,Le Dictionnaire universel de Furetière mais il n'y est pas répertorié. En outre, les définitions du terme lecteur données dans ces différents dictionnaires ne l'associe pas à un terme désignant celui-celle qui commence la lecture de son livre par la fin.
Toutefois, il existe une dénomination pour un "récit commençant par la fin" : début in ultima res, lit-on sur A propos d'écriture.
In medias res (du latin signifiant littéralement « au milieu des choses ») étant "un procédé littéraire qui consiste à placer le lecteur, ou le spectateur, sans beaucoup de préalables au milieu de l'action, les évènements qui précèdent n'étant relatés qu'après coup" selon Wikipédia.
Un lecteur commençant par la fin de son livre pourrait-il alors être dénommé lecteur in ultima res ?
Sans plus de réponses à votre question, nous vous invitons à consulter la bibliographie de Sens critique des livres dont il ne faut pas lire la fin (trop décevante).
Bonne journée.