La chapelle dédiée au curé d'ars dans la cathédrale Saint Jean a-t-elle été modifiée ?
Question d'origine :
Bonjour, à la cathédrale St Jean,la chapelle dédiée au curé d'Ars semble avoir subi des modifications au cours du temps, les arcades du plafond ont été coupées, le mur du fond a été en partie occulté afin de construire, soit un mur de soutainement, soit un escalier (qui mène où ?). La partie supérieur semble être du 19°, en dessous on croirait du gothique flamboyant et au dessus de la porte on troube le blason d'Anne de Bretagne.
Avez-vous la possibilité de savoir ce qu'il en est ?
D'avance merci. Cordialement. Pierre Gremilly
Réponse du Guichet
La chapelle de la cathédrale Saint-Jean actuellement dédiée au curé d'Ars a été construite en 1496 à l'initiative du custode Pierre de Semur. Après une période d'abandon elle est restaurée et consacrée au curé d'Ars en 1905. Le retable est un vestige de la première chapelle (l'autel a quant à lui disparu) et la porte basse donne accès à la montée du clocher.
Voici ce qu'écrit Jean-Baptiste Martin dans Histoire des églises et chapelles de Lyon, 1908, p. 11 :
«(…) La chapelle voisine, dite de l’Annonciade, a été construite, en 1496, par le custode Pierre de Semur; ses armes se voient au centre du retable qui orne la paroi orientale et qui couronnait l’autel. Ce retable est un curieux ouvrage à trois compartiments où se mêlent l’ornementation ogivale dans la partie inférieure et les formes de la Renaissance dans le haut. Cette chapelle, qui donne accès à la montée du clocher, est restée longtemps dans un état complet d’abandon. Elle vient d’être affectée au culte du curé d’Ars, bienheureux Jean-Marie-Baptiste-Vianney.»
On peut lire dans Lyon primatiale des Gaules, 2011, p. 66 :
Les premiers monuments Renaissance
«(...) Dans la chapelle de l’Annonciade (1496), il ne reste de l’autel qu’un retable constitué d’un premier niveau flamboyant très ajouré, d’un second niveau de niches à coquilles Renaissance et d’un haut tympan polychromé où est figuré Dieu le père au milieu d’une cour d’anges. (…)»
La Semaine religieuse de Lyon, 1905, tome 1, 21 avril 1905, p. 624 consacre cinq pages à La chapelle du bienheureux J-M-B Vianney à la primatiale Saint-Jean. Nous ne pouvons en retranscrire l'intégralité mais en voici quelques extraits :
«Dans un communiqué publié il y a quinze jours, la Semaine religieuse (p. 565) a annoncé qu’une chapelle de la Primatiale allait être affectée désormais au culte de Bienheureux Jean-Marie-Baptiste Vianney, Curé d’Ars, et qu’un appel était fait à la générosité des fidèles qui voudraient bien contribuer, par leurs offrandes, à cette pieuse restauration. L’heure semble donc propice pour retracer l’histoire de cette ancienne chapelle et esquisser le plan décoratif qu’on se propose d’y appliquer».
Comme l'indique l'auteur, «ces chapelles se sont épanouies elles-mêmes lentement, en se surajoutant peu à peu au plan primitif (…)». La chapelle de l’Annonciade, qui date de 1496, est la onzième chapelle à être construite. «Elle est sous le vocable de l’Annonciation de la B. V. Marie.»
«A l’angle sud-est, la surface de la Chapelle se trouve sensiblement échancrée par la présence malencontreuse d’un contrefort du «pinacle» (…) Le haut de la muraille, au nord, s’épanouit en verrière; et, à l’ouest, et presque à leur intersection, le mur voisin s’ajoura à son tour, sous le ciseau délicat des sculpteurs, et s’enrichit pareillement d’une belle fenêtre ogivale pendant que, tout en face, l’architecte rivalisait avec eux de talent pour, entre le contrefort et la verrière, couronner l’autel d’un retable vraiment digne de la Reine du lieu et de la munificence du donateur.
La verrière a disparu, de même que l’autel. Mais le retable existe toujours (…) L’ensemble est un très curieux spécimen de la transition de l’ogive à la Renaissance, d’autant plus curieux et même intéressant à étudier que les exemples en sont plus rares à Lyon.».
L’auteur voit une parenté entre l’étage supérieur du retable et la chapelle Saint-Lazare réalisée à Marseille par Francesco Laurano.
«Au fond de ces niches, on distingue encore très bien aujourd’hui les élégants rinceaux de végétation qui s’y épanouissent, à droite et à gauche, et qui encadrent les armes du fondateur: bandé de 7, argent et gueules (note: les armes de Pierre de Semur), accusées en relief dans la niche centrale (…) Détail plus triste, toutes les figures ont disparu, mutilées odieusement par la main barbare des iconoclastes du XVIe siècle.»
La chapelle abrita les sépultures de Jacques de Semur (frère de Pierre de Sémur), du chanoine Guillaume de Veyre, prévôt de Saint-Jean, du sous-maitre Alexandre Desgouttes, et du perpétuel Caillet.
«(...) l’ancienne chapelle de l’Annonciade se nomme communément aujourd’hui «chapelle du clocher»: c’est un transparent euphémisme pour laisser entendre qu’elle a été provisoirement convertie en passage, et, le cas échéant, en débarras.».
La restauration de 1905 est confiée à l’Abbé Cheminal. Le projet comporte une statue du bienheureux en marbre de Carrare, un autel à installer sous le retable, et une verrière mettant en évidence «outre le Bienheureux et sa chère Sainte Philomène, quelques unes des scènes les plus saillantes de la vie du Curé d’Ars». «il va sans dire que la porte surbaissée qui ménage présentement l’accès du clocher sera murée aussitôt, puisque, un peu plus loin, il existe une porte similaire qui fait aujourd’hui double emploi.». Le projet comprend aussi le déplacement de la «toile estimable qui occupe aujourd’hui près des deux tiers du panneau mural de l’ouest [qui] laissera réapparaître, dans son intégrité ogivale, l’élégante fenêtre dont ce tableau dissimule en partie la vue. C’est vraisemblablement en cet angle de la chapelle que se dressera, dans sa magistrale architecture religieuse, le très artistique et très précieux Reliquaire exécuté par M. Armand-Calliat».