Comment apprendre à lire à un adulte dyslexique ?
Question d'origine :
comment faire apprendre à lire à un adulte dyslexie
Réponse du Guichet
La dyslexie est parfois diagnostiquée tardivement, surtout en cas de sévérité légère. Même s'il est souhaitable que le diagnostic soit posé le plus tôt possible, il est possible de démarrer une rééducation à tout âge.
Bonjour,
Rappelons brièvement ce qu’est la dyslexie :
La dyslexie est un trouble des apprentissages, c’est un trouble dys, concernant spécifiquement l’acquisition de la lecture. La dyslexie dont on parle couramment est la dyslexie dite «développementale», c’est-à-dire qu’elle n’est pas consécutive à une maladie ou à un traumatisme. Elle est donc à distinguer de la dyslexie acquise appelée aussi alexie.
La dyslexie est une difficulté à identifier les mots écrits, se traduisant par une lecture lente, non fluide et comportant de nombreuses erreurs.
(…)
Il faut souligner également que ces difficultés sont durables (ne s’agit pas d’un retard simple d’acquisition de la lecture) et qu’elles ont des conséquences la plupart du temps significatives sur la réussite scolaire, et sur les activités de la vie quotidienne qui nécessitent de savoir lire.
Source : La dyslexie: 100 questions / réponses, Jeanne Marie Kochel, éditions Ellipses
Toujours dans ce même ouvrage voici la réponse donnée à la question «Peut-on démarrer une remédiation à l’âge adulte ?» :
Même s’il est souhaitable de démarrer une rééducation de la dyslexie le plus tôt possible, il est tout à fait possible de démarrer une remédiation à l’âge adulte, car la plasticité cérébrale, même si elle est moins à l’œuvre que chez les enfants, permet encore la mise en place de réseaux neuronaux compensatoires.
L’efficacité de la rééducation dépendra néanmoins de la sévérité de la dyslexie, du soutien familial et de la motivation du patient qui est généralement importante car l’adulte qui démarre une rééducation a souvent un objectif en termes de résultats. Cependant il est important qu’il ait aussi conscience de l’importance du travail à mener et de l’investissement nécessaire car les progrès peuvent prendre du temps à se manifester et des difficultés perdurer, et des moments de découragement peuvent avoir lieu.
Comme pour les enfants, la rééducation sera personnalisée en fonction des difficultés et des points forts identifiés lors du bilan, et des objectifs seront fixés en fonction de la demande du patient. Il est souhaitable que la rééducation soit menée suivant une conception pragmatique, avec des activités concrètes et sur les thématiques intéressant le patient. Par ailleurs, la gestion mentale peut être un apport dans ce travail avec les adultes.
Concernant les méthodes préconisées pour l’aide de l’apprentissage de la lecture, voici ce qu’il est écrit à la page 96 :
Dans la dyslexie, le traitement de référence est la rééducation orthophonique. Elle est réalisée par un orthophoniste, sur prescription médicale. Les séances de rééducation durent 30 minutes, leur fréquence dans le cadre d’une prise en charge de la dyslexie et de 2 ou 3 fois par semaine. Cette rééducation est généralement longue, sur plusieurs années, même si des pauses peuvent être envisagées, et/ou un changement de rééducateur afin d’éviter que la prise en charge ne s’essouffle. La structuration et le contenu des séances sont personnalisés, et doivent prendre en compte les éléments recueillis au cours des différents bilans qui ont pu être réalisés. […]
Dans certains cas, une rééducation orthoptique doit également être envisagée, lorsque des troubles de la motricité oculaire et/ ou des troubles de nature visuo-attentionnelle ont été identifiés.
Enfin, il faut mentionner que des méthodes de rééducation alternatives existent mais ne sont pas à ce jour validées par des études publiées dans la littérature scientifique ; il s’agit de la méthode Tomatis, de la méthode Davis, de la sémiophonie ou méthode Lexiphone (méthode de stimulation auditive et d’exposition à de la parole et à de la lecture guidée). Des rééducations visuelles avec lunettes teintées ont également été envisagées pour les personnes dyslexiques, mais il semble que cette méthode soit seulement efficace (modérément) pour les personnes souffrant de stress visuel. Une rééducation de la proprioception a également été évoquée pour la dyslexie.
D’autre part, sachez qu’il existe des logiciels d’aide à l’écriture et à la lecture pour les personnes dys (dyslexiques, dysorthographiques et dyspraxiques). C’est notamment le cas du logiciel gratuit ADELE-TEAM que vous pouvez télécharger sur le site de la fédération française des dys.
Ce logiciel est spécialement conçu pour faciliter la lecture de documents longs dont le lecteur doit extraire les parties utiles pour lui. Visuellement, il respecte les principales fonctionnalités actuellement connues pour aider la lecture oculaire du texte par des personnes dys.
Il existe également des éditeurs de livres spécialisés dans les publics dys. C’est notamment le cas des éditions Terre Rouge avec la collection Facilidys qui publie des livres pour enfants, adolescents et adultes.
La codification FaciliDYS© est conçue pour aider le lecteur à fluidifier sa lecture grâce aux syllabes colorées phonétiquement, c’est-à-dire comme elles se prononcent et non comme elles s’écrivent. C’est pourquoi le lecteur lit sans se soucier de la grammaire et des lettres muettes et prend plaisir à lire car il lit aussi vite qu’un lecteur expert. Ainsi la taille du livre n’est plus un frein à l’achat.
Enfin, le groupe de travail breton Bibliodys propose une sélection de livres adultes adaptés aux lecteurs dyslexiques.
Bonne journée
Pour aller plus loin
- La dyslexie à l'âge adulte : approche neuropsychologique
- La dyslexie de l'enfant et de l'adulte
Bonne journée.