En franc-maçonnerie et dans le cas d'iram les outils ont-ils une importance symbolique ?
Question d'origine :
Bonjour à tous,
Après mon exaltation au grade de maitre, je me suis demandé si les outils utilisés par les compagnons pour assassiner le maitre Iram ont une importance symbolique dans ce meurtre ?
Merci beaucoup de vos réponses.
Réponse du Guichet

Dans l'assassinat du maître architecte Hiram, les outils de construction les plus simples et essentiels se transforment en armes. Alors qu'ils symbolisent, la rectitude, la résistance ou l'intelligence, la règle, le levier et le maillet retrouvent dans le meurtre leurs attributs les plus primitifs, occasionnant entre de mauvaises mains démolition et destruction.
Bonjour,
Oui, une symbolique particulière semble associée aux armes qui ont entrainé le meurtre de l'architecte Hiram par trois compagnons, alors qu'il procédait à la construction du temple de Salomon. Le site maçonnique de référence, l’Édifice, consacre une page aux 3 outils de ce meurtre qui sont la règle de fer, le levier et le maillet. 3 meurtriers, 3 outils, bloquant tour à tour les 3 portes de sortie du temple (Sud, Occident, Orient) à Hiram, pour un assassinat en 3 temps à forte charge symbolique. Alors que chaque ouvrier était sensé s'élever sur le chantier grâce à l'acquisition d'un savoir et de connaissances, les criminels symbolisent "les tares les plus condamnables de l'homme profane ou bien de l'initié qui a si mal ou si peu travaillé sa Pierre qu'il ne sait pas maîtriser ses instincts, ses envies, ses pulsions internes." Déçus de se voir refuser la maitrise, ils tentèrent de soustraire à Hiram les paroles mystérieuses des maitres qui leur faisaient défauts. Hiram préféra à la mort que de céder. Par leur impatience et leur traitrise ils représentent : "l’ignorance, le fanatisme et l’ambition." Vous retrouverez ci-dessous, une analyse symbolique de ces outils transformés en armes pour l'occasion :
La Règle :
Parce qu’elle sert à tracer des lignes droites, la règle est un symbole de rectitude.A l'origine, en effet, la règle est l'instrument primordial du Maître d'Oeuvre, qui conçoit l'ordonnance du Temple, en tant que structure terrestre, réplique d'un ordre céleste. La règle a ainsi non seulement une valeur symbolique, mais plus profondément une valeur spirituelle, en se définissant comme un trait d'union entre le ciel et la terre.
Son importance est soulignée lors des voyages de la postulante au grade de C.'., elle l’accompagne dans 4 des cinq voyages.La règle du Compagnon divisée en 24 sections incite, à chaque heure du jour, à chaque instant, la Franc-maçonne à se mettre à l'ouvrage dans la rectitude, dans l'application, dans la régularité.Outil symbolique actif, elle se combine aisément avec un certain nombre d'autres outils actifs ou passifs.Avec le Compas, elle donne la possibilité de construire presque toutes les figures géométriques. En association avec la Perpendiculaire et le Niveau, elle permet la mise en place correcte des pierres de l'édifice. Enfin, avec l’Équerre, elle est indispensable pour vérifier le travail accompli.
Instrument par excellence de l'Art du Trait, cette science secrète dont Hiram se servit pour l'édification du Temple de Salomon, elle sert non seulement à concevoir l'édifice, mais à le réaliser et à vérifier la justesse de la construction, de ses proportions. Principe créateur, la règle est présente à toutes les étapes, de l'idée à la concrétisation.Elle permet la précision dans l'exécution.
Pour la Maîtresse Maçonne la Règle permet la mesure parfaite de l'espace car ses proportions sont proches du nombre d’or. Mais elle lui donne aussi le sens de lamesure.Mesure dans le contrôle des pulsions et des attitudes.
Elle est aussi le symbole de l'Autorité. La Règle est le Sceptre du professeur, c'est d'elle qu'il va se servir en tant que pédagogue lorsqu'il frappera sa chaire afin d'obtenir, de ses élèves, le silence qui doit accueillir sa parole. Et il adviendra parfois qu'elle lui serve également d'instrument de correction en même temps que d'affirmation de son ascendance, de son pouvoir.
Qu'elle préside à l'édification d'un temple (art du trait), aux conventions (règle de jeu, règle de vie) ou aux statuts (règle religieuse), la règle propose des directions qui toutes visent à une construction, qu'elle soit d'ordre physique, moral ou spirituel.
Le Levier :
Au IIIe siècle avant JC, Archimède,Mathématicien grec,aurait affirmé être capable de soulever le monde à l’aide d’un levier. Cette image particulièrement frappante était destinée à démontrer la toute-puissance de l’un des plus anciens outils utilisés par l’homme pour déplacer les charges lourdes.
Le Levier sous sa forme la plus élémentaire est une barre rigide, mobile autour d’un axe ou d’un point fixe. Comme Archimède l’a démontré, deux forces sont alors en présence: d’une part la force motrice appelée «puissance» qui correspond à l’action de l’homme, d’autre part la force appelée résistance qui est le poids de la pierre.
Le Levier sous-entend l'effort maximum, et par là, il fait référence à la Force. La Force est cette vertu qui consiste tout aussi bien à pouvoir contenir les plus grandes craintes, qu'à modérer les mouvements d'audace les plus hardis, afin que l'Homme, à cette occasion, ne se détourne jamais de son devoir.Le levier est donc l'outil qui permet de multiplier les forces de la Maçonne.
Cette faculté, que l'ancienne scolastique médiévale dénommait le don de Force, est en fait le Courage.
Mais le levier est comme le Ciseau, un intermédiaire "passif". Il ne devient "actif" que par la puissance de celui qui l'utilise. Il se rapporte donc à la Connaissance accessible par l'initié. Le Levier devient alors Force féconde mais dangereuse si elle n'est pas contrôlée par la Règle, le Niveau et la Perpendiculaire.
Le Maillet :
Le maillet est un marteau de bois à deux têtes, dont se servent en Loge la Vénérable Maîtresse, et les deux Surveillantes pour faire exécuter les travaux, donner des signaux, provoquer des ondes sonores rythmiques et imposer le silence. Entre leurs mains, le Maillet symbolise le pouvoir.
Le maillet est l’arme de Thor, dieu nordique de l’orage, outil d’Haphaïstos, dieu de la forge. Étant assimilé à la foudre, il est à la fois créateur et destructeur, instrument de vie et de mort.
C’était également l’arme par les soldats au Moyen-Age et l’outil à un grand nombre d'ouvriers et d'artisans tel le menuisier, le tonnelier ou le tailleur de pierre.
Il est généralement en buis, bois choisi à cause de sa dureté et il symbolise la fermeté et la persévérance.
Le Maillet agit de façon discontinue. Ceci montre que l'effort ne peut être poursuivi sans interruption et qu'une pression continue sur le Ciseau lui enlèverait toute précision. Le maillet est alors le symbole de l’intelligence qui agit et persévère.
Dans certaines civilisations, on posait le maillet sur le front des agonisants pour leur faciliter le passage, l’envol de l’âme. Cette tradition se retrouve à Rome, le Doyen du Sacré Collège, frappe d’un coup de maillet en ivoire, le front du pape qui vient d’expirer, avant de proclamer sa mort.
La symbolique du Maillet révèle trois formes du puissance:
-la puissance brutale à caractère primitif de l’arme de combat terrestre,
-la puissance créatrice et ordonnatrice à caractère divin de l'activité céleste symbolisée par la foudre ou le tonnerre,
-et la puissance de connaissance avec un caractère relationnel de l'humain au divin.
Avant de conclure :
Ces trois outils au symbolisme profond font référence à un grand nombre de vertus :
La règle fait référence à l’Ordre, à travers la rectitude et la régularité,
Le Levier à la force, au courage, et à la résistance
Le maillet à l’intelligence, la persévérance,
Ce sont des outils de construction destinés à nous faire avancer dans la connaissance maçonnique et spirituelle grâce à leurs apports positifs.
Dans la mort de notre Respectable Maître Hiram, ils sont détournés de leurs aspects positifs pour se révéler être des armes redoutables au service de la violence brutale et de la mort. Mis dans les mains des mauvais compagnons aux pulsions incontrôlées, générée par le désir de puissance, la recherche du pouvoir, ces outils retrouvent leurs aspects primitifs de démolition et de destruction.
Pour poursuivre votre instruction sur le sujet, ne manquez pas de consulter ces ouvrages :
La Légende d'Hiram & les Initiations traditionnelles. [Livre] / Daniel Beresniak (Carqueiranne : D. Beresniak, 1976)
Ce que doit savoir un Maître Maçon [Livre] : les rites, l'origine des grades, Légende d'Hiram / Docteur Papus, Gérard Encausse (Télètes, 2000)
Imaginaire et psychanalyse des légendes maçonniques [Livre] : d'Hiram à Dark Vador / Jean-Luc Maxence, Frédéric Vincent (Dervy, 2015)
Bonne journée,
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