Je cherche des informations sur la naissance de l’École des Arts Déco en France
Question d'origine :
Bonjour,
Je cherche des informations sur la naissance de l’École des Arts Déco en France ?
A quelle période la distinction entre Art Décoratif et Beaux-Arts commence ?
Je vous remercie par avance pour vos précieuses recommandations.
Réponse du Guichet

L'école des Arts décoratifs en France a été fondée en 1766 et la division entre celle-ci et l'école des Beaux-Arts est le résultat d'une distinction historique entre la création au XVIIè siècle de l'Académie et l'émergence au XVIIIe siècle des écoles de dessin.
Bonjour,
Pour vous répondre avec maints détails, il aurait fallu consulter l'ouvrage Histoire de l'École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. 1766 – 1941 que nous ne possédons malheureusement pas et dont nous ne citerons ici qu'une brève présentation :
Fondée en 1766 sous le nom d’École royale gratuite de dessin par le peintre Jean-Jacques Bachelier, elle fut ouverte officiellement en 1767 par lettres patentes du roi Louis XV. Son but était de développer les métiers relatifs aux arts et d’accroître ainsi la qualité des produits de l’artisanat et de l’industrie.
Après plusieurs changements d’appellation, l’École devient en 1877 l’École nationale des arts décoratifs puis, en 1925, l’École nationale supérieure des arts décoratifs.
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Pour compléter ces premières informations, nous avons dû nous contenter de l'historique apporté par l’École des Arts décoratifs :
L'Ecole nationale supérieure des Arts Décoratifs fondée en 1766 occupe une place privilégiée dans l'histoire des arts décoratifs et du design en France. Héritière en 1945 de la grande tradition des arts décoratifs qu'incarnent André Arbus, Gilbert Poillerat ou Jacques Adnet, elle est aussi l'héritière des mouvements modernistes qu'illustrent des personnalités telles que Louis Sognot, René Gabriel ou Jacques Dumont. Dès le début des années soixante, Roger Talion et Jean Widmer introduisent des enseignements de design et de graphisme. Après 68, du profond remaniement pédagogique de l'Ecole vont émerger de nouvelles générations de créateurs, de Grapus à M/M, de Pierre Huyghe à Ronan Bouroullec. L'ouvrage retrace cette histoire récente et méconnue d'une école qui n'a cessé de jouer un rôle éminent dans la création contemporaine. (Un premier volume publié par l'école en 2004 retrace son histoire de 1766 à 1941). De nombreux encadrés ponctuent le propos et développent des points précis. Près de 300 notices biographiques de professeurs et d'anciens élèves composent un appareil documentaire extrêmement riche. Enfin, de nombreux documents iconographiques, inédits, complètent l'information.
Mais vous en saurez plus en regardant la conférence de René Lesné et Alexandra Fau ayant rédigé Histoire de l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs : 1941-2010.
La création de l'école des beaux-arts est plus tardive :
Officiellement instituée par une ordonnance de Louis-Philippe en date du 4 août 1819, l’École des beaux-arts existe de facto depuis la Révolution, laquelle supprima les anciennes académies royales, l’académie de peinture et de sculpture et celle d’architecture, créées sous le règne de Louis XIV.
L'article publié sur Wikipédia explique la différence entre ces deux écoles, héritières de systèmes distincts :
•Les héritières des académies. La plus célèbre est L'Académie royale de peinture et de sculpture (1648), où enseignaient les plus grands artistes de l'époque et dont le but était de maintenir la tradition académique par une hiérarchie des genres (histoire, portrait, paysage…) et par l'étude des maîtres anciens (voyage en Italie, prix de Rome). Cette institution existe toujours (École nationale supérieure des beaux-arts). Citons également l'Académie de dessin de Dijon, actuelle École nationale supérieure d'art de Dijon.
•Les héritières des écoles gratuites de dessin, fondées pour la plupart aux XVIIIe et XIXe siècles. Le but de ces écoles était de donner le goût du beau aux artisans, de leur apprendre la précision, la géométrie, et le refus de l'ornement et du pittoresque. Des amateurs d'art désireux d'apprendre à dessiner suivaient aussi ces cours. Dès les années 1880, l'administration des beaux-arts de l'État (aujourd'hui Délégation aux arts plastiques du ministère de la Culture) a obtenu un droit de regard sur leurs programmes et certaines ont été communalisées. La grande majorité des écoles d'art territoriales sont d'anciennes « écoles gratuites de dessin ». comme à Toulouse (1726), Rouen (1741), Lille (1755), Rennes (1757), Amiens (1758), Besançon (1773), etc. Certaines sont passées directement sous le contrôle de l'État comme les écoles d'arts décoratifs de Nice ou de Limoges. L'École gratuite de dessin de Paris, fondée en 1766, orientée vers les arts appliqués, est l'actuelle École nationale supérieure des arts décoratifs et l'École Duperré a été fondée en 1864 par Elisa Lemonnier.
•Les nouvelles écoles nationales d'art fondées dans les années 1970-80 comme la Villa Arson à Nice, l'école de photographie d'Arles, L'École nationale supérieure de création industrielle ou bien l'école d'art de Cergy-Pontoise. Conçues en fonction d'enjeux, de programmes et de pédagogies spécifiques, elles relèvent du ministère de la Culture.
•Les ateliers privés d'artistes. En effet, jusqu'au début du XXe siècle, les artistes un peu renommés (Prix de Rome…) tiraient un revenu non négligeable de l'enseignement qu'ils dispensaient dans leur propre atelier. Les modalités de cet enseignement varient beaucoup selon les époques. Les étudiants payaient souvent pour chaque séance d'atelier et non à l'année. Parfois ils avaient la charge d'amener le charbon pour le poêle de l'atelier. C'est souvent un étudiant, appelé le massier, qui se chargeait de la collecte de l'argent. Dans certains cas, les étudiants étaient des apprentis, c'est-à-dire qu'ils profitaient de l'enseignement de l'artiste en lui servant d'assistants, parfois seulement rémunérés sous forme d'hébergement et de nourriture. Certains de ces ateliers subsistent comme l'Académie de la Grande-Chaumière à Montparnasse et surtout l'Académie Julian à Saint-Germain-des-Prés.
Concernant l’École des beaux-arts Annie Jacques et Emmanuel Schwarz retracent son historique dans l’ouvrage Les Beaux-Arts, de l'Académie aux quat'z'arts : anthologie historique et littéraire et précisent pour ce qui est de sa création que :
L’Ecole des beaux-arts n’a pas fait l’objet d’un acte de création volontariste. L’Ordonnance royale de Louis XVIII, datée du 4 août 1819, en est traditionnellement le texte fondateur, mais cet acte entérine un fonctionnement déjà ancien, hérité des institutions de l’Ancien régime. En effet, d’après ce texte, l’Ecole est constituée de deux sections, l’une consacrée à la peinture et à la sculpture, et l’autre à l’architecture. La distinction est révélatrice de l’origine double de l’établissement issu de la fusion de l’ancienne Ecole de l’Académie royale de peinture et de sculpture et de celle de l’Ancienne académie royale d’architecture. Les deux Compagnies, comme l’Académie française ou comme l’Académie de France à Rome, avaient été créés à la fin du XVIIè siècle, sous le règne de Louis XIV.
Par ailleurs dans Les écoles de dessin au XVIIIe siècle. Entre arts libéraux et arts mécaniques, Agnès Lahalle (dont certains extraits sont en ligne) s’intéresse aux débats et spécificités des écoles de dessin, hésitant entre arts mécaniques et arts libéraux et à l’origine d'une complexité des relations avec l'Académie royale de peinture et de sculpture.
Nous vous laissons aussi parcourir L'école des beaux-Arts XIXème-XXème siècles par Monique Segre (1998) ainsi que l’ouvrage de Nathalie Heinich, Du peintre à l'artiste : artisans et académiciens à l'âge classique.
Bonne journée.