Question d'origine :
Est-ce que ça marche quand on essaie de ressembler à un de nos héros personnel ou bien ne réussit on jamais vraiment à être quelqu'un d'autre que qui nous sommes et y-a-t-il des dangers ou des problèmes à chercher à ressembler à un de nos héros personnel?
Réponse du Guichet
Tout dépend du héro que vous prenez comme modèle. Il nous parait difficile de devenir complètement la personne que nous prenons pour modèle, et surtout, se pose la question de l'intérêt d'une telle manœuvre ? Certains dangers peuvent effectivement survenir, sur plusieurs pans, moral, éthique, voire même physique.
Bonjour,
Le processus d'identification est commun à la quasi-totalité des humains vivant en société. De leur développement à la petite enfance aux groupes sociaux plus tard, il s'avère omniprésent. Les héros n'échappent pas à la règle et servent d'item auxquels s'identifient les individus. Nous avons exploré cette aspect de la question dans une précédente réponse du guichet que voici : Pourquoi est-ce que les super-héros nous obsèdent et existeront-ils un jour ?
La potentielle réussite dans la tentative de ressembler à quelqu'un va se heurter à des réalités liées à l'individualité. Vous pouvez naturellement calquer vos agissements et manières de penser sur un modèle, si ces derniers possèdent des valeurs qui vous paraissent convenables ou bien vous plaisent.
Ce thème a été exploré dans votre précédente question : Nos héros préférés sont-ils le reflet de nos valeurs personnelles ?. Ou encore celle-ci : Comment savoir ce que nous voulons être ?
Vous disposez d'un panel de valeurs qui vous sont propres, qu'elles soient conscientes ou non. Si vous tentez d'adopter un nouvel ensemble de valeurs sans les confronter et les comparer aux vôtres, certaines risques parfois d'entrer en conflit. Ces conflits peuvent se traduire par des doutes, des incertitudes, de l'anxiété voire plus encore. Il nous paraît plus plausible de moduler ses propres valeurs en les adaptant à un modèle de conduite que nous souhaitons adopter, plutôt que remplacer toutes ces premières par un carcan moral qui ne nous appartient pas.
Se pose aussi la question de la figure héroïque en elle-même. Les héros ne sont pas des figures simples comme on pourrait être tentés de le croire. La souffrance fait partie du héro, de sa naissance jusqu'aux combats. Pour des figures plus personnelles et qui ne seraient pas globalement qualifiées de héros lorsque prises de manière individuelles, prendre de grandes précautions nous semble aussi extrêmement important : les personnes que nous admirons ne sont pas dépourvues de défauts. Si ces dernières apparaissent moralement parfaites dans un contexte, l'apparente irréprochabilité de leur système de valeur peut tout à fait s'éroder quand elles sortent de ce même contexte. Ces contextes peuvent être une époque, une situation géographique, un groupe social etc... Attention aux héros ! Ces problématiques sont explorées dans le très pertinent ouvrage de Marie-France Patti, Le héros : un mythe, une fiction, un idéal (Editions In press, 2020) mais aussi dans le tout aussi éclairant livre de Joseph Campbell : Le héros aux milles et un visages (Oxus, 2010)
Essayer d'être quelqu'un, c'est tenter d'additionner son "moi" à celui qu'on perçoit de la figure d'identification. La subjectivité reste énorme ne serait-ce que dans la transcription et la réception que vous avez du héro, et il vous restera un socle solide de qui vous êtes, et cela nous parait très bien comme ça ! La singularité des personnes nous semble être une richesse plutôt qu'une aspérité qu'il faudrait gommer en faveur d'une uniformisation qui nous rapprocherait de figures dites "héroïques".
Bonne journée,