Je cherche à trouver un extrait d'un roman de René Belletto.
Question d'origine :
Je cherche à retrouver un extrait d'un roman de René Belletto. Le héros de ce roman se trouve dans une boucherie et essaie d'obtenir du boucher qu'il ne lui délivre que la juste quantité voulue. Il souffle au boucher que s'il acceptait de n'enlever qu'une fraction de ce qu'il a prévu, il lui resterait encore de quoi nourrir une armée pendant une campagne d'hiver.
Pouvez-vous m'aider à trouver ce texte, lu il y a au moins 30 ans ? Je pense que la scène se passait à Lyon, mais l'indice est faible s'agissant de Belleto.
Bien à vous.
Réponse du Guichet

L'extrait que vous recherchez est tiré du livre "Sur la terre comme au ciel" (1982) de René Belletto.
Bonjour,
Il s'agit du roman "Sur la terre comme au ciel" de René Belletto, dont voici le résumé de l'édition Le livre de Poche (Hachette, 1982) que nous avons utilisé :
L'action se passe en Rhône-Alpes (Lyon). David Auphret promène sa désillusion aux quatre coins de Lyon. Professeur de guitare, il se rend boulevard des Belges, dans la maison d'une riche famille lyonnaise qui borde le parc de la Tête d’Or. Il rencontre ainsi sa future élève, Viviane, fille de Graham, gros industriel lyonnais et Julia Thombstay, femme sensuelle et mystérieuse qui ne tardera pas à s’offrir à lui. C’est le début des problèmes mais aussi de jours qu’il va vivre à cent à l’heure. À côté de cette maison emménage Edwige Ledieu, une splendide créature elle aussi, mais dont la moitié du visage a été terriblement abîmée. Aussi passionnée de cinéma que David, elle le retrouve dans les salles de projection, et son magnétoscope filmera de curieuses scènes dans le jardin voisin
Nous retrouvons l'extrait (très drôle, merci !) qui vous intéresse à la page 64-65 de cette même édition. Nous vous en retranscrivons une partie :
Je m’arrêtai devant une grande boucherie à Saint-Priest où j’avais échoué après une heure de route. J’adore la viande, mais je déteste les bouchers. C’est pourquoi je mangeais tant de conserves et de surgelés depuis que je n’étais plus avec Cécile. Les bouchers sont les pires des commerçants. Je les ai en horreur. Ils le sentent et m’en font voir de toutes les couleurs. Une jeune fille était devant moi. Elle voulait un steak.
« Un steak pour madame! claironna le boucher, un grand poilu entre deux âges. Un bon steak bien tendre, ma petite dame ?
- Non, marmonnai-je à l'intention de la petite dame, un bien dégueulasse à couper à la scie circulaire. » Elle étouffa de la main un bref fou rire puis désigna une pièce de rumsteak :
« Oui, dans ce morceau. »
Pendant que le boucher lui en découpait une tranche, elle se tourna vers moi et se remit à rire. Elle était jeunette et mignonne.
« Et pour monsieur, ce sera? m’apostropha le voleur avec un sourire d’une sincérité criante.
— Un steak aussi, dans le même morceau. »
Il affecta de n’avoir pas entendu la fin de ma phrase, et, comme ils me font toujours, alla pêcher sous son étal une longue dentelle noirâtre sur laquelle aurait pissé un chien affamé sans soupçonner que ça se mangeait.
« Un joli steak, comme ça?
— Euh... non, je préférerais dans le même morceau, là... »
Une telle exigence le mit hors de lui. Son sou¬ rire éclatait d’une sincérité toujours plus intense. On s’attendait presque à le voir se fendiller et se répandre sur le sol dans un bruit de verre brisé.
« Mais bien sûr, monsieur, comme vous voulez! »
Il se vengea en me taillant un pavé sur lequel aurait pu vivre une armée durant une longue saison d’hiver.
« Comme grosseur, ça va ? » Je contre-attaquai sur le mode plaisant : s’il m’en supprimait les neuf dixièmes, lui dis-je, ce serait parfait, j’en aurais jusqu’au mois prochain, à condition certes de tenir table ouverte tous les soirs. Je finis par obtenir satisfaction
Si la nostalgie vous prend et que vous souhaitez relire ce livre, nous disposons de trois éditions différentes dans nos collections. L'intégralité, ou du moins une très grande partie de sa bibliographie, est aussi à retrouver dans le réseau BmL !
Bonne journée,