Comment font les pauvres pour avoir accès à la culture et au divertissement ?

Bonjour, 

Pour répondre à votre question il convient de définir ce que signifie "être pauvre" aujourd'hui en France métropolitaine. Selon l'Institut national de la statistique et des études économiques, le seuil de pauvreté " est fixé par convention à 60 % du niveau de vie médian de la population", soit 1216 euros ou moins par mois, ce qui représentait alors 14,4% de la population.

Si le facteur économique n'est pas le seul à entrer dans l'équation (les pratiques culturelles évoluent selon l'âge/génération, le sexe, le territoire, le diplôme etc.) cela fait longtemps que les sociologues et observateurs des politiques culturelles en France alertent sur les répercussions de la hausse du coût des activités culturelles pour les Français. Alors que l'accès à la culture est un droit universel, on observe de nombreuses disparités selon les écarts de revenus entre les individus. Loin de nous l'idée de faire des généralités, une personne disposant de faibles revenus n'aura pas nécessairement des pratiques culturelles moins étendues qu'une autre plus à l'aise financièrement, mais les études d'envergure révèlent des tendances. D'autan qu'à ces écarts s'ajoutent aussi de fortes barrières symboliques, plus insidieuses, qui pèsent énormément sur la nature de ces pratiques. En effet, une éducation artistique et une acculturation précoce à des univers culturels variés entrainent nécessairement des habitudes à long terme. L'inverse est malheureusement tout aussi vrai. 

Si ces questions vous intéressent, nous vous suggérons la lecture de ces documents :

• Les pratiques culturelles des Français, sur le rapport d'Olivier Donnat, publié en 2019 qui s'intéresse aux pratiques culturelles à l'ère du numérique (rapport intégral à consulter sur le site du ministère de la culture) 

• Cinquante ans de pratiques culturelles en France, étude sur le temps long menée par Philippe Lombardi et Loup Wolff. 

• La culture pour tous, comment faire ?, avec les propositions du sociologue Philippe Coulangeon. 

Il existe toutefois de nombreuses solutions apportées tour à tour par l'Union européenne, l’État français ou les collectives locales et qui permettent aux plus démunis d'accéder sans se ruiner à une offre culturelle variée. Voici certaines d'entre elles : 

• Les bibliothèques et notamment la BmL proposent le plus souvent des tarifs adaptés à la situation de chacun. A Lyon notamment, les abonnements sont gratuits pour les demandeurs d'emplois, les bénéficiaires du RSA ou de l'ADA, les réfugiés et plus largement à toute personne exonérée d'impôts. Il donne accès à l'ensemble des collections mais aussi à des abonnements numériques (service VOD, musique, presse, formations etc.). L'abonnement "culture" permet un accès sans restrictions aux collections permanentes et temporaires de 6 musées de la ville et offre des tarifs réduits ou préférentiels à d’autres institutions muséales ainsi que dans certains cinémas. Bien évidemment la bibliothèque travaille aussi activement à offrir des contenus culturels de qualité toute l'année avec des conférences, des concerts, des projections, des ateliers ou des expositions, sans exiger d'abonnement. En ligne les plateformes l'Influx ou Numelyo facilitent la circulation des savoirs sans restrictions géographiques. 

• En France, les autres institutions culturelles publiques pratiquent des tarifs réduits et les musées sont gratuits tous les premiers dimanche du mois. En plus de cela, divers événements gratuits européens ou nationaux jalonnent l'agenda culturel du pays. Les Journées européennes du Patrimoine, la Nuit européenne des musées, la Nuit de la lecture ou la Fête de la Science en font partie. 

• Les plus jeunes, statistiquement confrontés à une plus grande vulnérabilité économique ont accès au pass Culture, à savoir un crédit de 300 euros obtenu à 18 ans et utilisable via une application pendant 24 mois. Il est possible de le dépenser dans n'importe quelles sorties culturelles ou pour acheter différents types de biens (livres, cours de musique, abonnements numériques, concerts etc.). Pour les jeunes de 12 à 30 ans, la carte jeune européenne, proposée au prix de 10 euros, permet de profiter de réductions et de bons plans pour tous types d'activités culturelles, sportives ou commerciales dans presque tous les pays du continent européen. Nous rappelons que les jeunes citoyens ou résidents de l'Union européenne (de 18 à 25 ans) peuvent accéder gratuitement à des musées. Cette gratuité concerne une cinquantaine de musées et une centaine de monuments nationaux. Enfin, concernant les avantages culturels des étudiants, la page Se cultiver sans se ruiner sur le site du gouvernement recense l'ensemble des nombreuses possibilités offertes à un public souvent précaire. 

• Les personnes les plus pauvres peuvent aussi obtenir des tarifs sociaux au cinéma et particulièrement dans les cinémas indépendants. Voir par exemple l'initiative "tarif solidaire" entreprise l'association des cinémas indépendants de Paris. 

• Pour l'achat de biens culturels à prix réduits, mais aussi dans une démarche écologique, le marché de l'occasion est un incontournable. Pour le marché du livre par exemple, Recyclive, Emmaüs, Momox et les librairies d'occasion aident à faire de bonnes affaires ! 

• L'audiovisuel public français et européen met à disposition gratuitement sur ses plateformes des contenus de qualité : films, séries, émissions, documentaires, podcasts. Voir Arte, Radio France, France Télévision. 

• Internet est une source illimitée de contenus culturels, le plus souvent gratuit. Impossible d'être exhaustif dans leur recensement, néanmoins la plateforme culturecheznous hébergée sur le site du ministère de la culture concentre plus de 1000 contenus culturels multimédias pour la famille, les plus jeunes comme les adultes. Un océan de possibilités à portée de connexion internet !  

• Enfin, le Secours populaire propose de nombreuses initiatives pour favoriser l'accès à la culture, aux sports et aux loisirs. 

Bonne journée,