Je m'interroge à propos de la rue Thomassin et des laboratoires Boiron
Question d'origine :
Je m'interresse à la rue Thomassin. J'ai lu un certain nombre d'articles qui ne disent pas tous la même chose.
1° Claude Thomassin et ses descendants ont perçu une rente noble. Qu'est-ce que la rente noble? jusqu'à quand a-telle été perçue pour cette rue?
2° Guigonne Thomassin a-telle été la maîtresse de Louis XI?
3° je n'arrive pas à suivre la création des labos Boiron.
Baudry était un pharmacien lyonnais homéopathe appelé par Vannier a Paris pour créer un premier laboratoire. Il n'y a plus rien à Lyon? Puis je retrouve Baudry à Lyon au 38 rue Thomassin mais les frères Boiron entrent dans le jeu l'un à Paris l'autre à Lyon. Deux entités juridiques distinctes? Avec ou sans Baudry? puisque c'est en 1967 seulement que tout va être fusionné pour créer les laboratoires Boiron.
Merci pour votre aide
Cordialement
Alberto R.
Réponse du Guichet
Si vos trois questions concernent de loin la famille Thomassin, elles n'ont pas grand-chose à voir l’une avec l’autre, et s'adressent à des départements différents au sein de nos services ; pour la lisibilité du Guichet du Savoir, il est donc préférable dans ces cas-là de poser trois questions distinctes. Notre réponse s'articule en trois parties reprenant chacune en en-tête l'une de vos questions.
Bonjour,
1. Qu'est-ce que la rente noble ? Jusqu’à quand a-t-elle été perçue pour cette rue ?
Nous n’avons trouvé pour toute définition de la rente noble que celle donnée par Wikipedia : « La rente noble ou sa directe est une partie ou la totalité d’un domaine vendu par un seigneur afin de percevoir un versement immédiat appelé «l’introge» ainsi que la perception des droits demeurent attachés à la terre. »
Quant à Claude Thomassin, rien ne mentionne qu’il aurait perçu cette rente dans nos lectures.
Le Dictionnaire historique de Lyon propose une entrée «Thomassin Claude» :
THOMASSIN Claude
Lyon ?, 1450 - Lyon ?, 1516
Une des grandes familles lyonnaises, qui est identifiée au 14° siècle et a fait alors fortune dans le commerce du cuir, des draps et du fer, ce qui permet à la génération suivante de s'élever socialement. Entre le début du 15° siècle et la fin du 16° siècle, plusieurs générations de Thomassin sont dignes de mémoire. Le premier est Mathieu (1391-1465), plus grenoblois que lyonnais, car après des études de droit à l’Université d'Orléans (Loiret) et un retour à Lyon en 1417, il s’installe à Grenoble (Isère), où il est conseiller delphinal auprès du dauphin. Il l’aide à faire l'inventaire de ses droits, mais opte pour son père, Charles VII (1403-1461) quand celui-ci vient mener une expédition punitive en Dauphiné. Mathieu Thomassin perd toutes ses fonctions, ce qui paraît normal, à l’avènement de Louis XI ! Il meurt à Grenoble. Pierre (1424-1482), marchand et notaire, est un neveu de Thomas. Cette branche est plus porteuse pour l’histoire lyonnaise. Consul à Lyon, ce qui dénote une réelle fortune, il occupe la charge de lieutenant du sénéchal, se marie bien et a quatre enfants, dont un fils, Claude, et une fille, Guigonne, maîtresse de *Louis XI. Son fils Claude (1450-1516), est celui qui pèse le plus dans la mémoire lyonnaise. Consul plusieurs fois, juge-conservateur des foires, il fait ouvrir une rue dans un tènement qui lui appartient et qui porte son nom depuis cette époque. Il restaure la maison familiale, toujours visible au n°2, place du Change. Lui aussi suit les conseils de son père et se marie bien à une riche fille de marchands drapiers. Il devient, ce qui est conforme à l’enrichissement bourgeois, propriétaire terrien et «excuier du roi», ce qui lui permet, la noblesse acquise, de revendiquer une lignée et de posséder un blason. Bonaventure (1470-v. 1538) est le fils du précédent. Il est docteur en droit, consul de Lyon en 1519, succède à son père comme juge-conservateur des foires, mais Lyon étant désormais trop petit pour son ambition, il est conseiller au Parlement de Paris, puis premier président du Parlement de Grenoble en 1533, année qui le voit mourir sans enfant. Son frère, Jacques, maître des eaux et forêts du Dauphiné, a un fils, René, qui hérite les charges de son père, est consul en 1594 et est le premier *prévôt des marchands de Lyon en 1595 après l’édit de Chauny.
B.B.
L’article qui est consacré à la rue Thomassin dans le site Les Rues de Lyon n’apporte rien de plus quant à vos questions. Nous vous le signalons cependant pour l’histoire de cette rue.
2. Guigonne Thomassin a-t-elle été la maîtresse de Louis XI ?
Dans Lyon et ses environs (p.88), on lit bien : « Louis XI [...] avait des raisons personnelles d'aimer Lyon, puisque deux de ses riches dames retinrent ce qu'il avait de cœur : l'une d'elles portait l'admirable nom bourgeois de Guigonne Thomassin.»
Mais qui est à l'origine de cette rumeur ? On en trouve l’évocation dans le Journal de Jean de Roye, connu sous le nom de Chronique scandaleuse : 1460-1483, publié en 1894 par la Société de l'histoire de France. C’est la source probable de cette anecdote. Jean de Roye est notaire du Châtelet de Paris et secrétaire du duc Jean II de Bourbon : « Ce journal qui couvre les années 1460-1483 offre un témoignage remarquable sur la vie parisienne sous le règne de Louis XI. »
Voilà ce qu'on peut y lire au sujet des relations entre Guigonne Thomassin et Louis XI :
Et en soy retournant dudit Lion, [Louis XI] fist venir après lui deux damoiselles de Lion jusques à Orleans dont l'une estoit nommée la Gigonne, qui autrefoiz avoit esté mariée à ung marchant dudit Lyon et l'autre estoit nommée la Passefillon, femme aussi d'un marchant dudit Lion, nommé Anthoine Boursier. Et pour l'onnesteté desdictes deux femmes leur fist et donna de grans biens, car il maria ladicte Gigonne à ung jeune filz natif de Paris nommé Geoffroy de Canlers, et pour ledit mariage donna argent et des offices audit Geoffroy. Et au mary d'icelle Passefillon donna l'office de conseiller en sa Chambre des comptes à Paris au lieu de maistre Jehan de Reilhac auquel pour ceste cause elle fut ostée. Et puis laissa la conduicte des dictes deux femmes à les amener à Paris dudit lieu d'Orleans à damoiselle Ysabeau de Canlers, femme de maistre Phelippe le Begue correcteur en la Chambre des comptes à Paris.
On constate que le Roi était très généreux à l'égard de ses maitresses, voire de leur époux.
Au sujet de Guigonne, Bernard de Mandrot, annotant le journal de Jean de Roye, précise :
Gigonne, ou Guigonne Thomassin, femme de Geoffroy de Chevrieu, épousa en secondes noces Geoffroy de Canlers, clerc des Comptes et contrôleur de l'écurie du roi. De sa première union, elle eut un fils, Jean de Chevrieu, qui fut notaire et secrétaire du roi Charles VIII, et une fille, Sidoine, qui devint (contrat du 8 juillet 1496) la femme de Jacques Erlant, secrétaire du roi et receveur de sa cour de Parlement.
3. la création des laboratoires Boiron.
Léon Vannier et René Baudry lancent en 1911 la Pharmacie Générale Homéopathique Française à Paris, introduisant les premières méthodes de fabrication de médicaments homéopathiques. Leur collaboration cesse quelques années plus tard, Vannier fondant les Laboratoires Homéopathiques de France seul. En 1930, Baudry ouvre le Laboratoire Général Homéopathique Rhodanien à Lyon, suite à la sollicitation de médecins homéopathes lyonnais. En 1932, Baudry et les pharmaciens Henri et Jean Boiron, avec André Lévy, créent les Laboratoires Homéopathiques Modernes à Paris.
La plaquette L’avenir en héritage publiée par les laboratoires Boiron revient sur la création de ces laboratoires. Notez que cette plaquette est destinée à promouvoir les laboratoires, et que les informations qui y sont divulguées vont dans ce sens (par exemple, elle insiste lourdement sur l'affiliation scientifique de l'homéopathie qui, jusqu'à aujourd'hui, n'a pourtant jamais été soumise à aucune validation scientifique).
René Baudry, une volonté de rigueur
En 1911, cette attente est en partie comblée par l'ouverture de la Pharmacie Générale Homéopathique de France, créée à Paris par le pharmacien René Baudry. Cet établissement, préfiguration des futurs laboratoires homéopathiques de Lyon et de Paris, va servir de transition entre une fabrication artisanale du médicament et son industrialisation.
Avec sa connaissance du médicament et sa maîtrise des techniques, René Baudry va mettre au point les premiers appareils servant à automatiser la fabrication des préparations.
Juin 1932. La rencontre de Henri et Jean Boiron avec René Baudry est décisive. Ensemble, ils vont partager leur passion de l’homéopathie. En 1932, ils créent le Laboratoire Central Homéopathique de France à Paris. En 1933, l’entreprise dirigée par Henri Boiron et René Baudry, devient le Laboratoire Homéopathique Moderne (LHM).
La même année, Jean Boiron reprend le laboratoire lyonnais de Baudry qu’il appelle la Pharmacie Homéopathique Rhodanienne (PHR). En 1941, cette pharmacie devient les Laboratoires Homéopathiques Jean Boiron.
La connaissance et la technique du médicament
1945, Henri Boiron quitte LHM pour créer, à Paris, la Pharmacie Homéopathique Henri Boiron qui deviendra en 1951 les Laboratoires Homéopathiques Henri Boiron.
Dans les années 1950, Jean Boiron entreprend et développe de nombreuses recherches sur le médicament homéopathique et met au point des techniques pour améliorer des procédés de fabrication.
Les années 1960 : les Laboratoires Boiron
1965 voit l’officialisation de l’homéopathie par son introduction dans la Pharmacopée Française. 1967 est l’année de naissance des Laboratoires Boiron qui, sous la Présidence de Jean Boiron, réunissent dans une seule entité la compétence et la force de trois laboratoires : les Laboratoires Homéopathiques Jean Boiron (PHR), les Laboratoires Homéopathiques Henri Boiron et le Laboratoire Homéopathique Moderne (LHM).
En 1968, le premier établissement de distribution est créé à Toulouse. L'année suivante, les Laboratoires déménagent pour des locaux plus vastes, 9, rue Florent, à Lyon.
Les années 1970 : Ste Foy-lès-Lyon... Milan.
En 1974, le siège social et l'unité de production s'installent en zone verte à Ste Foy-lès-Lyon.
Des centres de distribution sont créés à Lille, Belfort, Nantes, Avignon, Grenoble... et 1979 verra la mise en place en Italie, à Milan, de la première filiale internationale qui marque l’ouverture du développement international de Boiron.
Les années 1980 : Boiron
Les Laboratoires Boiron poursuivent leur action en faveur du développement de l’homéopathie. Plusieurs établissements et filiales sont ouverts pour parfaire le maillage du réseau de distribution. En 1983, Christian Boiron succède à Jean Boiron à la Présidence du groupe. Dès cette époque, aidé de collaborateurs internes et externes, Jean Boiron consacre son temps à développer la recherche scientifique. L'Institut Boiron, créé en 1985, accentue cet engagement et l’élargit au sein de la communauté médicale et scientifique internationale.
En 1987, Boiron est introduit en Bourse. 1988 marque la fusion des Laboratoires Homéopathiques de France (LHF) avec Boiron.
Au début des années 1990, la fusion avec le laboratoire marseillais Sibourg parachève la couverture nationale de Boiron.
Les années 1990 : la nature au centre de la médecine
Boiron renforce son savoir-faire en créant de nouvelles gammes de médicaments phytothérapiques, oligothérapiques, de compléments nutritionnels et une gamme de dermopharmacie. Cette période marque l'accroissement des publications scientifiques internationales.
Le nouveau site de production de Messimy (près de Lyon) accueille sur 11 600 m² la fabrication des spécialités.
Espérant avoir répondu à vos questions, nous vous souhaitons une poursuite fructueuse de vos recherches.