Question d'origine :
Bonsoir à tous,
Je viens de lire dans une revue, que la tomate contenait une substance luttant contre certains cancers ......découverte par des chercheurs Américains.
Est ce vrai ? si oui qu'elle est cette substance.
MERCI POUR VOS REPONSES
jp
Réponse du Guichet
bml_san
- Département : Médiathèque du Bachut Santé
Le 18/01/2008 à 10h11
La substance dont vous cherchez le nom est le lycopène. Ses proriétés antioxydantes sont régulièrement évoquées.
L'implication potentielle de facteurs nutritionnels sur l'étiologie mais également le pronostic du cancer de la prostate sont des pistes intéressantes.
Une consommation importante de graisses saturées, de viande, de lait et de laitages sont des facteurs favorisants possibles. La consommation de poisson gras pourrait avoir un effet protecteur comme en témoignent plusieurs études prospectives associant la consommation régulière de poisson à un moindre risque de cancer de la prostate. Une relation significative inverse apparaît dans plusieurs études avec la consommation de lycopène, un antioxydant assez spécifique de la tomate, dont la biodisponibilité est augmentée lorsqu'elle est consommée cuite avec des graisses (sauces, concentrés, ketchup). D'autres composants des fruits et légumes, en particulier des crucifères, sont susceptibles de jouer un rôle protecteur, et une consommation d'au moins 400 à 600 g de fruits et légumes par jour est associée à une diminution significative du risque . Les phyto-oestrogènes alimentaires auraient un effet protecteur par l'intermédiaire de leur effet hormonal. Le sélénium jouerait également un rôle protecteur .
Il a été suggéré un effet délétère d'apports importants de calcium, car ceux-ci inhiberaient la conversion de la 25-hydroxy-D3 en 1,25-hydroxy-D3 (forme la plus active de la vitamine D), laquelle exercerait un effet protecteur . Un rôle néfaste de la sécrétion importante d'insuline est suspecté, comme dans d'autres cancers, du fait de récepteurs à l'IGF-3 sur les cellules prostatiques. Les aliments à index glycémique élevé et la charge glycémique élevée sont donc de possibles facteurs de risque de cancer de la prostate.
L'alimentation jouerait un rôle également sur la survie des cancers de prostate : une meilleure survie en cas de consommation importante de graisses mono-insaturées dans une étude, de poisson et de sauce tomate dans une autre. L'administration de suppléments de lycopène semble associée à un bénéfice en termes de survie des cancers avancés.
Source : article Nutrition et santé (2007), EMC-Consulte
L'Apifrel (agence fruits et légumes frais) propose en ligne quelques études menées sur les propriétés de la tomate :
Deux types d’argument soutiennent l’hypothèse du rôle du lycopène, dont les propriétés antioxydantes sont reconnues, dans la prévention de certaines pathologies et particulièrement dans le cancer de la prostate : 1) le premier est basé sur des études biologiques qui indiquent que de nombreux individus ont de fortes concentrations sériques de lycopène et que le stress oxydant joue un rôle dans la formation ou la progression de cancers ; 2) le second est basé sur les résultats d’enquêtes alimentaires : plusieurs études épidémiologiques montrent que les individus qui ont une alimentation riche en lycopène (la tomate) ont un risque inférieur de cancer de la prostate.
Néanmoins, l'association entre la tomate ou le lycopène et la diminution de risque de cancer de la prostate reste controversée, puisque quelques études ne soutiennent pas cette hypothèse. Cet article constitue une synthèse des études publiées jusqu’alors sur le sujet. Ces études ne permettent pas de conclure que l’effet protecteur observé est dû uniquement à la tomate.
L’auteur préconise que les futures études épidémiologiques
1) examinent l’association lycopène-cancer de la prostate dans des populations ayant une alimentation riche en tomate et ses dérivés ;
2) soient suffisamment importantes pour évaluer le risque relatif de développer un cancer de la prostate ;
3) déterminent les sources principales de lycopène ;
4) déterminent la biodisponibilité du lycopène ;
5) prennent en considération des modèles temporels de recherche, parce qu'une simple évaluation alimentaire ou sanguine peut être inadéquate, en particulier dans des études avec de longues périodes de suivi ; et
6) étudient si un effet protecteur de la tomate ou du lycopène serait modifié par des polymorphismes génétiques éventuels.
(Giovannucci, E. Tomato Products, Lycopene, and Prostate Cancer: A Review of the Epidemiological Literature. J. Nutr. 135: 2030S–2031S, 2005).
Cette étude avait pour but d'étudier le niveau de conservation des principales substances antioxydantes dans trois variétés de tomate. Ces variétés (l'Excell, la Tradiro et la Flavourine), cultivées sous serre en Nouvelle-Zélande, ont été partiellement séchées à 42°C.
Il s’est avéré que les tomates semi-séchées avaient une faible teneur en 5-hydroxymethyl-2-furfural. Le taux moyen de substances phénoliques dans les tomates semi-séchées était considérablement plus bas que celui des tomates fraîches. De plus, les taux moyens de flavonoïdes, de lycopène et d’acide ascorbique dans les tomates fraîches avaient aussi fortement diminués après le séchage partiel.
Les auteurs ont conclu que l'activité antioxydante totale des tomates semi-séchées était significativement moins élevée que celle des tomates fraîches. Cependant, parmi les trois variétés étudiées, la Tradiro semble être la plus appropriée au semi séchage : elle conserve le mieux les taux d’antioxydants (ainsi que sa couleur et taille de base) et son activité antioxydante est la moins modifiée par rapport aux autres variétés.
(Toor, RK, Savage, GP. Effect of semi-drying on the antioxidant components of tomatoes. Food Chemistry 94 (2006) 90–97.)
Cette étude avait comme objectif de mesurer l’efficacité de la pomme, la fraise et la tomate dans la diminution du stress oxydant.
Les porcs ont été choisis comme modèle expérimental pour les humains car leurs systèmes digestif et métabolique ressemblent aux nôtres, et ce sont des animaux omnivores qui peuvent consommer le même régime que nous.
Quarante-huit porcs ont été individuellement enfermés dans des cages métaboliques et divisés en six groupes. Chaque groupe a reçu quotidiennement un régime de base composé de portions isocaloriques complété par les aliments suivants :
• de l'amidon ou
• de l'huile de lin ou
• de l'huile de lin et des pommes ou
• de l'huile de lin et des fraises ou
• de l'huile de lin et des tomates ou
• de l'huile de lin, des pommes, des fraises et des tomates.
Le stress oxydant a été évalué en début et fin de période expérimentale (22 jours) et les indicateurs suivants ont été analysés : l’altération de l’ADN de cellules sanguines mononucléaires, la concentration de malondialdéhyde (MDA) plasmique, le taux d’excrétion urinaire de MDA, la concentration plasmique de tocophérol, le taux total d'antioxydant plasmique et la concentration de glutathione péroxidase dans les érythrocytes.
Les résultats ont confirmé que le régime d'huile de lin a significativement augmenté la formation de MDA dans le corps et l’altération de l’ADN dans les cellules sanguines mononucléaires. Bien que la concentration de MDA plasmique ait été significativement diminuée pour tous les groupes de fruits, le taux d'excrétion urinaire de MDA a diminué seulement pour les régimes ‘huile de lin & pomme’ et ‘huile de lin, pomme & fraise’.
Les auteurs concluent que ces résultats soutiennent l'hypothèse que de compléter un régime par la pomme, fraise, ou tomate diminue efficacement le stress oxydant en diminuant la formation de MDA dans le corps et en protégeant les cellules sanguines mononucléaires contre l’altération de l'ADN. Cet effet a été particulièrement prononcé dans le groupe complété avec un mélange de fruits. Parmi les fruits individuels, l'effet le plus avantageux a été obtenu avec la pomme.
(Pajk T et al. Efficiency of apples, strawberries and tomatoes for reduction of oxidative stress in pigs as a model for humans. Nutrition. 2006 Apr;22(4):376-84)
Le lycopène alimentaire, la tomate et ses dérivés, auraient le potentiel de réduire le risque du cancer de la prostate ; cependant cette association reste incertaine.
Cette analyse sort d’une enquête prospective américaine (The Prostate, Lung, Colorectal and Ovarian Cancer Screening Trial) ayant comme objectif d’étudier les cancers précoces et leurs déterminants étiologiques.
Ni la consommation de lycopène ni celle de tomates n'a été associée au risque de cancer de la prostate. Néanmoins, les auteurs ont constaté que le risque chez les participants ayant des antécédents familiaux de cancer de la prostate était légèrement réduit par la consommation élevée de produits alimentaires à base de tomates (par exemple, les pizzas et les lasagnes).
Cette étude ne soutient donc pas l'hypothèse d’un effet protecteur de la consommation de lycopène, tomate ou dérivés de tomate contre le cancer de la prostate. Les auteurs préconisent toutefois une recherche approfondie à ce sujet chez les individus ayant des antécédents familiaux de cancer de la prostate.
(Kirsh VA et al. A prospective study of lycopene and tomato product intake and risk of prostate cancer. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. 2006 Jan;15(1):92-8)
Pour en savoir plus :
- sur le lycopène, vous pouvez consulter l'article proposé par la fondation canadienne de recherche contre le cancer de la prostate et le site lycopene.org
- un article du 4 décembre 2007 du nouvel observateur est consacré aux effets anti-cancer de la tomate
- L'institut national contre le cancer a édité une brochure intitulée Alimentation, nutrition et cancer : vérités, hypothèses et idées fausses
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