Question d'origine :
Bonjour,
En 1915, le navire de guerre français "Léon Gambetta", du type "croiseur cuirassé" me semble-t-il, fut coulé par un sous-marin autrichien ou allemand dans le golfe d'Otrante entre la botte italienne et ce qui était il y a vingt ans la Yougoslavie. Je crois que ce fut le premier grand navire de toute l'Histoire maritime coulé par un sous-marin.
Presque tout l'équipage périt. Mon arrière-grand-père fit partie des victimes.
J'aimerais lire des textes racontant l'histoire de ce bateau, de sa construction jusqu'à son naufrage. Je suis évidemment particulièrement intéressé par ce qui concerne le naufrage. Je suis ouvert à toutes sortes d'informations: textes, adresses Internet, noms de livres.
Mon arrière-grand-père était second maître cannonier sur ce bateau: je serais intéressé aussi par des informations sur la vie et la carrière des matelots et officiers mariniers de cette époque.
Je peux donner mes coordonnées réelles si nécessaire.
Je vous remercie,
Hippocampe
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 10/09/2008 à 14h49
Au préalable petite remise en contexte :
Au début de 1915, le G.Q.G. de l’armée navale est à Malte, d’où Boué de Lapeyrère dirige les divisions : d’Otrante, des Dardanelles et de Syrie. On ravitaille le Montenegro qui manque de tout. Nos bâtiments escortent les cargos. Le 24 février 1915, nous perdons le contre-torpilleur d’escadre Dague qui saute sur une mine à Antivari. Croiseurs et torpilleurs d’escadre assurent un strict blocus des ports autrichiens. Tâche surhumaine avec les opérations de patrouilles incessantes et les terribles corvées de charbonnage en pleine mer, à la merci de la première torpille.
Jusqu’ici, tout a été fait un peu sous l’inspiration du moment. Mais au début de mars, un plan de blocus est établi, précisant les points de ravitaillement et de rendez-vous pour la division d’Adriatique, ainsi que des routes de patrouille. Aux longs parcours nord-sud qui coûtent du charbon on substitue des routes en latitude à l’ouvert du canal d’Otrante. L’opération des Dardanelles a échoué et l’on prévoit qu’au lieu du rapide dénouement de la situation en Méditerranée, la guerre va être longue. Plus que jamais il faut aider l’armée serbe. Le canal d’Otrante grouille de sous-marins ennemis. Un entrefilet significatif d’un journal de mars 1915 nous apprend que « des difficultés s’élèvent pour le ravitaillement du Montenegro et de la Serbie par l’Adriatique. Les équipages des vapeurs refusent d’appareiller, par crainte des sous-marins, ou soudoyés par l’ennemi dont le service d’espionnage est des plus actifs ». Une ligne de croisière est établie entre le talon de la botte italienne (le cap Santa Maria di Leuca) et l’ile sainte-Maure à l’entrée nord du golfe de Patras. Quatre bâtiments font chacun un quart du trajet : Victor-Hugo, Jules-ferrry, Waldeck-Rousseau,
C’est sur son secteur de surveillance de 25 miles que le Gambetta est torpillé dans la nuit du 27 avril 1915 à 0 h 20, par l’U. 5, Commandant von Trapp à 14 miles du Cap Santa Maria di Leuca . Le bâtiment prend rapidement de la bande. Un seul canot peut être mis à l’eau. Il est prévu pour 58 hommes, mais 108 marins parviennent à y prendre place, et comme le temps est beau, ils font route aussitôt vers la côte italienne. Il est 2 h. Le canot atteindra miraculeusement le village de Santa Maria vers 8h du matin. L’alerte aussitôt donnée, de Tarente et de Brindisi, des torpilleurs se portent sur les lieux du drame. Des 500 hommes qui se trouvaient à l’eau à minuit, ils ne retrouvent que 29 survivants épuisés. On ne retrouve aucun officier . Le
D’après La Royale:L'histoire illustrée de la Marine nationale française des débuts de la vapeur à la fin de la première guerre mondiale par Jean Randier.
Un autre titre : La marine française dans la guerre (1914 - 1918) :la guerre navale dans l'Adriatique par A. Thomazi relate, bien évidemment, le même évènement , citons ce passage émouvant :
P.78: Arrivés vers 14h sur les lieux du sinistre les torpilleurs recueillent 29 survivants accrochés aux épaves, et 58 cadavres qu’on inhume avec les honneurs militaires dans le petit cimetière de Garignano près de Santa maria di Leuca.
En appendice de ce livre : une liste des unités navales françaises citées à l’ordre du jour dans l’Adriatique : Croiseur cuirassé Gambetta (journal officiel du 6 aout 1915)
Dans la presse, citons,* entre autres, Le Temps du 30 avril 1915 consultable sur microfilm à la BmL
*Vous pouvez également faire des recherches dans le fonds de la guerre 1914-1918 de la BmL :
ce fonds voulu par le maire Edouard Herriot se constitue à partir de 1915 par trois moyens : des abonnements et des achats à des librairies françaises, suisses, italiennes ou anglaises ; des envois de correspondants à l'étranger aussi bien diplomates qu'expatriés ; des saisies des centres de censure postale. Plus de 20 000 documents ont ainsi été rassemblés : des revues allant de la Vie Parisienne avec les petites annonces des soldats, aux publicités Banania et de faux avis de décès de Guillaume II... Au bout de 1500 jours d'un conflit d'une violence inégalée dans l'histoire, les documents, livres et revues, nous livrent un témoignage brut et bien éloigné de la propagande de la mobilisation.
Sur le web : nous avons trouvé quelques renseignements :
Les naufragés du léon-gambetta en 1915 d’après un site amateur de généalogie . On peut émettre des réserves sur les sources historiques de cette liste , mais à partir des noms cités vous pouvez consulter Le guide de recherches généalogiques "Marine"
La fiche descriptive du Léon-Gambetta(Service historique de la Défense)
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