Question d'origine :
Bonjour,
On évoque souvent, en histoire, le Troisième Reich, lorsqu'on évoque la période hitlérienne en Allemagne. Mais , s'il y a eu un Troisième .... quels furent les Premier et Deuxième Reich, et à quelles époques ?
merci.
Réponse du Guichet

D'où vient l'expression "Troisième Reich" ?
"On entend par IIIe Reich la période de l'histoire de l'Allemagne qui s'étend du 30 janvier 1933 au 8 mai 1945. L'expression elle-même, adoptée et imposée par les nationaux-socialistes,
in Encyclopaedia universalis
L'ouvrage cité dans cet extrait est disponible à la BM de Lyon
Pour compléter, voici ce que vous pouvez trouver dans L'histoire de l'Allemagne de Heinrich A. Winckler : "dans les années précédant 1933, le Reich s'était transformé peu à peu en véritable concept de lutte contre la République. Mais l'idée de Reich pointait simultanément vers le passé et vers l'avenir. Le Reich avait de tout temps été lié aux espoirs de salut. Ceux-ci prenaient un accent particulièrement pénétrant dans l'Allemagne de la République de Weimar, quand il était question de "Troisième Reich". Cette expression fut érigée en formule politique en 1923, quand Arthur Moeller van den Bruck, un des champions de la "révolution conservatrice", publia son ouvrage intitulé Das dritte Reich. Après le premier Reich - le Saint Empire romain germanique - et le deuxième - l'Empire petit-allemand créé par Bismarck et que l'auteur considérait comme un "Reich intermédiaire" inachevé -, le "Troisième Reich" des Allemands devait être à nouveau grand-allemand, et donc inclure l'Autriche. Moeller décrivait le nationalisme allemand comme le "combattant du Reich ultime..." "Peu après la parution de l'ouvrage de Moeller, les nationaux-socialistes commencèrent à brandir le slogan de "Troisième Reich", qui semblait donner à leurs ambitions une forme tout à la fois concentrée et éloquente. Le Führer du NSDAP découvrit ce concept par l'intermédiaire du frère de Gregor Strasser, Otto, lequel rompit avec Hitler en juillet 1930, lui reprochant d'avoir sacrifié le "socialisme" inclus dans le programme du parti de 1920. Hitler ne fut pris de scrupules que bien plus tard. La notion de "Troisième Reich" pouvait aisément conduire à des spéculations sur un autre Reich, un quatrième ; elle risquait en outre de remettre en question la continuité du Reich des Allemands. En juin 1939, la chancellerie du parti fit savoir que le Führer souhaitait que l'on renonçât à la formule de "Troisième Reich". Mais à cette date, ce terme avait depuis longtemps exercé ses effets en incitant de nombreux Allemands à considérer Hitler comme leur rédempteur." pp 473-474
Concernant l'idée d'une troisième ère de mille ans, cet extrait du même ouvrage peut vous apporter quelques éclaircissements : "Cette idée de "Troisième Reich" remontait... au théologien italien Giocchino da Fiore qui avait prophétisé au XIIe siècle que les deux premières ères, celles de Dieu le Père et de son fils Jésus-Christ, seraient suivies d'une troisième ère de mille ans, celle de la sublimation et de la perfection, marquée par le Saint-Esprit. La vision d'un empire de mille ans trouvait son origine au chapitre XX de l'Apocalypse de Jean..." Hitler a tenté d'exploiter ce mythe des mille ans au profit de son pouvoir à de nombreuses reprises : "Les révolutions ont toujours été rares dans le peuple allemand. Avec nous, le XIXe siècle plein de nervosité a enfin trouvé son terme. Au cours des mille ans à venir, il n'y aura plus de révolution en Allemagne."
Au Centre d'histoire de la résistance et de la déportation, vous pouvez consulter L'homme qui a inventé le troisième Reich : : L'incroyable destin d'Arthur Moeller Van der Bruck résumé ainsi sur le site de la librairie Decitre : "Cet écrivain prolifique s'est engagé dans la vie politique au lendemain de la défaite allemande de 1918. Le Troisième Reich, publié en 1923, est son ouvrage majeur. Il y appelle de ses vœux l'avènement d'un Etat allemand autoritariste. La même année, il rencontre Adolf Hitler, qui le considère comme un formidable théoricien capable de compléter ses talents de harangueur de foules.
Van den Bruck refuse pourtant de se lier à lui : " Il fera de notre nation de philosophes et de poètes un peuple de criminels et d'assassins. " Cela n'empêchera pas Hitler d'utiliser ses thèses, et Van den Bruck s'en suicidera de désespoir. De ses entretiens avec des témoins de l'époque, dont Otto Strasser, l'un des fondateurs du parti nazi, Stan Lauryssens a tiré la première biographie de cet inspirateur malgré lui du Führer, avec en arrière-plan une Allemagne où se côtoient, dans le chaos économique engendré par le traité de Versailles, la fantaisie débridée des années folles et les prémices revanchardes de la Seconde Guerre mondiale.".
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