Question d'origine :
Pourquoi certains hommes politiques sont ils aussi attachés à faire la guerre à la Syrie alors que pour l'instant aucune preuve formelle n'a été trouvée pour affirmer qu'il s'agit du régime de Bachar le responsable.
Toutes les presses sérieuses sont catégoriques : les terroristes et rebelles possèdent aussi des armes chimiques. A aucun moment dans les presses occidentales on ne parle de faire la guerre à ces rebelles sous prétexte qu'ils ont des armes chimiques...
Existe-t-il une raison cachée au grand public de vouloir à tous prix détruire ce pays????
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 10/09/2013 à 13h27
Bonjour,
La situation en Syrie est d’une extrême complexité et pour mieux cerner ce qui se passe et le pourquoi des décisions internationales, il importe de parcourir la presse (vous pouvez le faire via Europresse, base de données disponible dans les bibliothèques du réseau BML). Les journalistes, malgré les nombreuses difficultés, suivent, quasiment pas à pas, l’évolution de ce conflit et apportent analyses et réflexions.
Ainsi, francetvinfo propose un éditorial sur « les huit questions que vous n'osez pas poser » et présente un bref résumé de la situation actuelle :
Depuis deux ans et demi, des Syriens tentent de renverser leur dictateur, Bachar Al-Assad. Tout commence par des manifestations en mars 2011, après les soulèvements populaires de Tunisie, d'Egypte ou de Libye. Mais le régime syrien réprime cette rébellion dans le sang. Des opposants prennent alors les armes et le contrôle de certaines villes. C'est le début d'une sanglante guerre civile, condamnée par l'ONU, qui a déjà fait plus de 100 000 morts et obligé des millions d'habitants à fuir.
Aussi, la violence des combats a-t-elle conduit certains états à s’interroger sur la nécessité d’une intervention. L’usage d’armes chimiques, en tant que crime contre l’humanité, marque un tournant dans le conflit et dans la manière de considérer ce conflit et ce même si cet usage n’a pas encore été prouvé.
En effet, comme le rappelle le huffingtonpost si les preuves ne proviennent pas encore de l'ONU, les Etats-Unis et la France sont catégoriques: des armes chimiques ont été utilisées en Syrie, et l'auteur n'est autre que Damas. Si l'on peut douter de cette version des faits (voir plus bas), il n'empêche: s'il était confirmé que Bachar el-Assad a bien utilisé des armes chimiques contre son propre peuple, la sanction internationale serait logique.
Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon a d'ailleurs déclaré vendredi 23 août qu'un tel usage serait un "crime contre l'humanité". Un argument souvent évoqué par les partisans d'une intervention, qui citent aussi la convention sur l'interdiction des armes chimiques (dont la Syrie n'est pas signataire).
Les partisans d'une intervention voudraient donc "punir" Damas pour dissuader Bachar el-Assad de réutiliser des armes chimiques.
•Obama et la ligne rouge: ne pas perdre la face
Mais pourquoi se décider maintenant alors que le conflit en Syrie aurait déjà occasionné plus de 110.000 morts, selon une ONG locale?
La réponse tient en deux mots : "ligne rouge".En 2012, et à de nombreuses reprises, l'administration américaine avait mis en garde Bachar el-Assad: "Le recours à des armes chimiques est et serait totalement inacceptable."
Après ce genre de déclaration, difficile pour Barack Obama d'affirmer que la ligne rouge a finalement été franchie sans pour autant agir en conséquence .
Alors, quand les premiers indices montraient que Damas avait utilisé "à échelle réduite contre l'opposition" du gaz toxique, en juin dernier, les Etats-Unis avaient commencé à armer les rebelles.
Mais avec l'usage plus massif d'armes chimiques, et touchant des populations civiles, Barack Obama ne pouvait se permettre de ne pas agir, ne serait-ce que pour ne pas perdre la face et ne pas donner un signal de faiblesse aux ennemis des Etats-Unis. C'est d'ailleurs ainsi qu'il a justifié sa volonté d'intervenir pour convaincre les parlementaires américains, mercredi 4 septembre: "Notre inaction donnerait [à l'Iran] certainement la possibilité au mieux de se tromper sur nos intentions, quand ce ne serait pas de les mettre à l'épreuve", tout en citant aussi la Corée du Nord et le Hezbollah.
(…)
Liban, Iran, Israël: la poudrière du Moyen-Orient
Pour finir, et c'est ici la raison qui préoccupe le monde entier,la Syrie est considérée comme une véritable poudrière prête à faire exploser la région.
C'est d'ailleurs pour cette raison que les Etats-Unis et la France souhaitent ne réaliser qu'une attaque "limitée". "Les frappes n'ont pas pour objectif de faire changer le rapport de force, mais de simplement montrer la volonté de faire respecter le droit international ", précise Karim Émile Bitar.
Car si le régime est déstabilisé par les frappes occidentales et si les rebelles prennent un avantage sur Assad, les conséquences pourraient être énormes
Ce même point de vu est partagé dans l’article du 5 septembre 2013, les rebelles syriens attendent toujours les armes américaines, publié dans Courrier International qui consacre tout un dossier à la Syrie :
D'après un officier militaire anonyme, les responsables du Pentagone ont reçu l'instruction de ne pas fournir à l'opposition des armes qui pourraient lui permettre de vaincre l'armée syrienne. "La Maison-Blanche veut renforcer l'opposition mais ne veut pas la voir l'emporter, d'après des personnes qui ont assisté, les derniers jours d'août, aux réunions privées au sommet du gouvernement. Celui-ci ne veut pas que des frappes aériennes, notamment, fassent pencher la balance dans le conflit," écrit le journal.
"Il y a un très grand écart entre ce que le gouvernement dit de son action en faveur des rebelles et ce qui se passe réellement ", témoigne le sénateur républicain Bob Corker, qui s'est rendu récemment en Turquie auprès des rebelles. D'après des leaders de la rébellion, le but de la politique américaine en Syrie semble être de prolonger l'impasse pour se donner le temps de renforcer les modérés.
Toutefois, dans les discussions actuelles sur le projet d'intervention, les "faucons" pèsent en faveur d'une action plus résolue pour favoriser la rébellion. Sous la pression du sénateur John McCain, la commission des Affaires étrangères du Sénat a voté ce 5 août une résolution selon laquelle un des objectifs de l'intervention américaine devra être de "changer le rapport de forces sur le terrain", rapporte The Wall Street Journal.
Quant à votre dernière question, il est difficile de vous répondre et les jugements divergent considérablement d’un journal à un autre. Toutefois, dans l’Humanité dimanche du 5 septembre propose un dossier sur les conséquences d’une intervention en Syrie et indique que la précipitation de François hollande d’annoncer sa volonté de « punir » le régime de Bachar Al Assad n’est pas uniquement dictée par la volonté de s’aligner sur les positions américaines. L’influence des pétromonarchies du Golfe pèse pour beaucoup dans cette attitude martiale
Pour aller plus loin et essayer de comprendre les positions des uns et des autres, nous vous conseillons de lire les ouvrages qui devraient paraître prochainement. Certains d’entre eux sont présentés dans la revue livreshebdo :
* Pas de printemps pour la Syrie ? / sous la direction de François Burgat, à paraître le 7 novembre 2013 : proposera un éclairage des enjeux, des acteurs et des dangers d’une situation qui évolue sans cesse.
* Syrie / Zakaria Taha, à paraître le 15 octobre 2013 : propose une synthèse sur l’histoire, la politique, la société, la culture syriennes, au-delà du conflit.
* Le drame syrien : les erreurs d'analyse occidentales / Annie Lauren, à paraître le 9 octobre 2013 : Réfutant une lecture manichéenne de la guerre civile syrienne, l'auteur analyse les erreurs d'appréciation des gouvernements occidentaux qui participent, selon elle, à l'enlisement et à la confessionnalisation du conflit : reconnaissance de la coalition des opposants sans en connaître la composition réelle, marginalisation diplomatique et radicalisation de Bachar el-Assad, etc.
* "Syrie : la régionalisation et les enjeux internationaux d'une guerre imposée", EurOrient, n° 41/ sous la direction de Jean-Paul Burdy et Emel Parlar Dal, Paru le 16 mai 2013 : Après avoir posé le cadre général de la crise syrienne et résumé la situation d'un pays confronté depuis 2011 à une guerre civile prolongée, sont abordés les aspects régionaux du conflit et les relations bilatérales de la Syrie avec son voisinage immédiat. Le dossier traite également des relations des Etats-Unis, de la Russie et de la France avec la Syrie avant et après les révoltes arabe.
La situation en Syrie est d’une extrême complexité et pour mieux cerner ce qui se passe et le pourquoi des décisions internationales, il importe de parcourir la presse (vous pouvez le faire via Europresse, base de données disponible dans les bibliothèques du réseau BML). Les journalistes, malgré les nombreuses difficultés, suivent, quasiment pas à pas, l’évolution de ce conflit et apportent analyses et réflexions.
Ainsi, francetvinfo propose un éditorial sur « les huit questions que vous n'osez pas poser » et présente un bref résumé de la situation actuelle :
Depuis deux ans et demi, des Syriens tentent de renverser leur dictateur, Bachar Al-Assad. Tout commence par des manifestations en mars 2011, après les soulèvements populaires de Tunisie, d'Egypte ou de Libye. Mais le régime syrien réprime cette rébellion dans le sang. Des opposants prennent alors les armes et le contrôle de certaines villes. C'est le début d'une sanglante guerre civile, condamnée par l'ONU, qui a déjà fait plus de 100 000 morts et obligé des millions d'habitants à fuir.
Aussi, la violence des combats a-t-elle conduit certains états à s’interroger sur la nécessité d’une intervention. L’usage d’armes chimiques, en tant que crime contre l’humanité, marque un tournant dans le conflit et dans la manière de considérer ce conflit et ce même si cet usage n’a pas encore été prouvé.
En effet, comme le rappelle le huffingtonpost si les preuves ne proviennent pas encore de l'ONU, les Etats-Unis et la France sont catégoriques: des armes chimiques ont été utilisées en Syrie, et l'auteur n'est autre que Damas. Si l'on peut douter de cette version des faits (voir plus bas), il n'empêche: s'il était confirmé que Bachar el-Assad a bien utilisé des armes chimiques contre son propre peuple, la sanction internationale serait logique.
Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon a d'ailleurs déclaré vendredi 23 août qu'un tel usage serait un "crime contre l'humanité". Un argument souvent évoqué par les partisans d'une intervention, qui citent aussi la convention sur l'interdiction des armes chimiques (dont la Syrie n'est pas signataire).
Les partisans d'une intervention voudraient donc "punir" Damas pour dissuader Bachar el-Assad de réutiliser des armes chimiques.
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Mais pourquoi se décider maintenant alors que le conflit en Syrie aurait déjà occasionné plus de 110.000 morts, selon une ONG locale?
La réponse tient en deux mots : "ligne rouge".
Après ce genre de déclaration, difficile pour Barack Obama d'affirmer que la ligne rouge a finalement été franchie sans pour autant agir en conséquence
Alors, quand les premiers indices montraient que Damas avait utilisé "à échelle réduite contre l'opposition" du gaz toxique, en juin dernier, les Etats-Unis avaient commencé à armer les rebelles.
Mais avec l'usage plus massif d'armes chimiques, et touchant des populations civiles, Barack Obama ne pouvait se permettre de ne pas agir, ne serait-ce que pour ne pas perdre la face et ne pas donner un signal de faiblesse aux ennemis des Etats-Unis. C'est d'ailleurs ainsi qu'il a justifié sa volonté d'intervenir pour convaincre les parlementaires américains, mercredi 4 septembre: "Notre inaction donnerait [à l'Iran] certainement la possibilité au mieux de se tromper sur nos intentions, quand ce ne serait pas de les mettre à l'épreuve", tout en citant aussi la Corée du Nord et le Hezbollah.
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Liban, Iran, Israël: la poudrière du Moyen-Orient
Pour finir, et c'est ici la raison qui préoccupe le monde entier,
C'est d'ailleurs pour cette raison que les Etats-Unis et la France souhaitent ne réaliser qu'une attaque "limitée". "Les frappes n'ont pas pour objectif de faire changer le rapport de force, mais de simplement montrer la volonté de faire respecter le droit international
Car si le régime est déstabilisé par les frappes occidentales et si les rebelles prennent un avantage sur Assad, les conséquences pourraient être énormes
Ce même point de vu est partagé dans l’article du 5 septembre 2013, les rebelles syriens attendent toujours les armes américaines, publié dans Courrier International qui consacre tout un dossier à la Syrie :
D'après un officier militaire anonyme, les responsables du Pentagone ont reçu l'instruction de ne pas fournir à l'opposition des armes qui pourraient lui permettre de vaincre l'armée syrienne. "La Maison-Blanche veut renforcer l'opposition mais ne veut pas la voir l'emporter, d'après des personnes qui ont assisté, les derniers jours d'août, aux réunions privées au sommet du gouvernement. Celui-ci ne veut pas que des frappes aériennes, notamment, fassent pencher la balance dans le conflit," écrit le journal.
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Toutefois, dans les discussions actuelles sur le projet d'intervention, les "faucons" pèsent en faveur d'une action plus résolue pour favoriser la rébellion. Sous la pression du sénateur John McCain, la commission des Affaires étrangères du Sénat a voté ce 5 août une résolution selon laquelle un des objectifs de l'intervention américaine devra être de "changer le rapport de forces sur le terrain", rapporte The Wall Street Journal.
Quant à votre dernière question, il est difficile de vous répondre et les jugements divergent considérablement d’un journal à un autre. Toutefois, dans l’Humanité dimanche du 5 septembre propose un dossier sur les conséquences d’une intervention en Syrie et indique que la précipitation de François hollande d’annoncer sa volonté de « punir » le régime de Bachar Al Assad n’est pas uniquement dictée par la volonté de s’aligner sur les positions américaines. L’influence des pétromonarchies du Golfe pèse pour beaucoup dans cette attitude martiale
Pour aller plus loin et essayer de comprendre les positions des uns et des autres, nous vous conseillons de lire les ouvrages qui devraient paraître prochainement. Certains d’entre eux sont présentés dans la revue livreshebdo :
* Pas de printemps pour la Syrie ? / sous la direction de François Burgat, à paraître le 7 novembre 2013 : proposera un éclairage des enjeux, des acteurs et des dangers d’une situation qui évolue sans cesse.
* Syrie / Zakaria Taha, à paraître le 15 octobre 2013 : propose une synthèse sur l’histoire, la politique, la société, la culture syriennes, au-delà du conflit.
* Le drame syrien : les erreurs d'analyse occidentales / Annie Lauren, à paraître le 9 octobre 2013 : Réfutant une lecture manichéenne de la guerre civile syrienne, l'auteur analyse les erreurs d'appréciation des gouvernements occidentaux qui participent, selon elle, à l'enlisement et à la confessionnalisation du conflit : reconnaissance de la coalition des opposants sans en connaître la composition réelle, marginalisation diplomatique et radicalisation de Bachar el-Assad, etc.
* "Syrie : la régionalisation et les enjeux internationaux d'une guerre imposée", EurOrient, n° 41/ sous la direction de Jean-Paul Burdy et Emel Parlar Dal, Paru le 16 mai 2013 : Après avoir posé le cadre général de la crise syrienne et résumé la situation d'un pays confronté depuis 2011 à une guerre civile prolongée, sont abordés les aspects régionaux du conflit et les relations bilatérales de la Syrie avec son voisinage immédiat. Le dossier traite également des relations des Etats-Unis, de la Russie et de la France avec la Syrie avant et après les révoltes arabe.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 10/09/2013 à 13h28
Bonjour,
La situation en Syrie est d’une extrême complexité et pour mieux cerner ce qui se passe et le pourquoi des décisions internationales, il importe de parcourir la presse (vous pouvez le faire via Europresse, base de données disponible dans les bibliothèques du réseau BML). Les journalistes, malgré les nombreuses difficultés, suivent, quasiment pas à pas, l’évolution de ce conflit et apportent analyses et réflexions.
Ainsi, francetvinfo propose un éditorial sur « les huit questions que vous n'osez pas poser » et présente un bref résumé de la situation actuelle :
Depuis deux ans et demi, des Syriens tentent de renverser leur dictateur, Bachar Al-Assad. Tout commence par des manifestations en mars 2011, après les soulèvements populaires de Tunisie, d'Egypte ou de Libye. Mais le régime syrien réprime cette rébellion dans le sang. Des opposants prennent alors les armes et le contrôle de certaines villes. C'est le début d'une sanglante guerre civile, condamnée par l'ONU, qui a déjà fait plus de 100 000 morts et obligé des millions d'habitants à fuir.
Aussi, la violence des combats a-t-elle conduit certains états à s’interroger sur la nécessité d’une intervention. L’usage d’armes chimiques, en tant que crime contre l’humanité, marque un tournant dans le conflit et dans la manière de considérer ce conflit et ce même si cet usage n’a pas encore été prouvé.
En effet, comme le rappelle le huffingtonpost si les preuves ne proviennent pas encore de l'ONU, les Etats-Unis et la France sont catégoriques: des armes chimiques ont été utilisées en Syrie, et l'auteur n'est autre que Damas. Si l'on peut douter de cette version des faits (voir plus bas), il n'empêche: s'il était confirmé que Bachar el-Assad a bien utilisé des armes chimiques contre son propre peuple, la sanction internationale serait logique.
Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon a d'ailleurs déclaré vendredi 23 août qu'un tel usage serait un "crime contre l'humanité". Un argument souvent évoqué par les partisans d'une intervention, qui citent aussi la convention sur l'interdiction des armes chimiques (dont la Syrie n'est pas signataire).
Les partisans d'une intervention voudraient donc "punir" Damas pour dissuader Bachar el-Assad de réutiliser des armes chimiques.
•Obama et la ligne rouge: ne pas perdre la face
Mais pourquoi se décider maintenant alors que le conflit en Syrie aurait déjà occasionné plus de 110.000 morts, selon une ONG locale?
La réponse tient en deux mots : "ligne rouge".En 2012, et à de nombreuses reprises, l'administration américaine avait mis en garde Bachar el-Assad: "Le recours à des armes chimiques est et serait totalement inacceptable."
Après ce genre de déclaration, difficile pour Barack Obama d'affirmer que la ligne rouge a finalement été franchie sans pour autant agir en conséquence .
Alors, quand les premiers indices montraient que Damas avait utilisé "à échelle réduite contre l'opposition" du gaz toxique, en juin dernier, les Etats-Unis avaient commencé à armer les rebelles.
Mais avec l'usage plus massif d'armes chimiques, et touchant des populations civiles, Barack Obama ne pouvait se permettre de ne pas agir, ne serait-ce que pour ne pas perdre la face et ne pas donner un signal de faiblesse aux ennemis des Etats-Unis. C'est d'ailleurs ainsi qu'il a justifié sa volonté d'intervenir pour convaincre les parlementaires américains, mercredi 4 septembre: "Notre inaction donnerait [à l'Iran] certainement la possibilité au mieux de se tromper sur nos intentions, quand ce ne serait pas de les mettre à l'épreuve", tout en citant aussi la Corée du Nord et le Hezbollah.
(…)
Liban, Iran, Israël: la poudrière du Moyen-Orient
Pour finir, et c'est ici la raison qui préoccupe le monde entier,la Syrie est considérée comme une véritable poudrière prête à faire exploser la région.
C'est d'ailleurs pour cette raison que les Etats-Unis et la France souhaitent ne réaliser qu'une attaque "limitée". "Les frappes n'ont pas pour objectif de faire changer le rapport de force, mais de simplement montrer la volonté de faire respecter le droit international ", précise Karim Émile Bitar.
Car si le régime est déstabilisé par les frappes occidentales et si les rebelles prennent un avantage sur Assad, les conséquences pourraient être énormes
Ce même point de vu est partagé dans l’article du 5 septembre 2013, les rebelles syriens attendent toujours les armes américaines, publié dans Courrier International qui consacre tout un dossier à la Syrie :
D'après un officier militaire anonyme, les responsables du Pentagone ont reçu l'instruction de ne pas fournir à l'opposition des armes qui pourraient lui permettre de vaincre l'armée syrienne. "La Maison-Blanche veut renforcer l'opposition mais ne veut pas la voir l'emporter, d'après des personnes qui ont assisté, les derniers jours d'août, aux réunions privées au sommet du gouvernement. Celui-ci ne veut pas que des frappes aériennes, notamment, fassent pencher la balance dans le conflit," écrit le journal.
"Il y a un très grand écart entre ce que le gouvernement dit de son action en faveur des rebelles et ce qui se passe réellement ", témoigne le sénateur républicain Bob Corker, qui s'est rendu récemment en Turquie auprès des rebelles. D'après des leaders de la rébellion, le but de la politique américaine en Syrie semble être de prolonger l'impasse pour se donner le temps de renforcer les modérés.
Toutefois, dans les discussions actuelles sur le projet d'intervention, les "faucons" pèsent en faveur d'une action plus résolue pour favoriser la rébellion. Sous la pression du sénateur John McCain, la commission des Affaires étrangères du Sénat a voté ce 5 août une résolution selon laquelle un des objectifs de l'intervention américaine devra être de "changer le rapport de forces sur le terrain", rapporte The Wall Street Journal.
Quant à votre dernière question, il est difficile de vous répondre et les jugements divergent considérablement d’un journal à un autre. Toutefois, dans l’Humanité dimanche du 5 septembre propose un dossier sur les conséquences d’une intervention en Syrie et indique que la précipitation de François hollande d’annoncer sa volonté de « punir » le régime de Bachar Al Assad n’est pas uniquement dictée par la volonté de s’aligner sur les positions américaines. L’influence des pétromonarchies du Golfe pèse pour beaucoup dans cette attitude martiale
Pour aller plus loin et essayer de comprendre les positions des uns et des autres, nous vous conseillons de lire les ouvrages qui devraient paraître prochainement. Certains d’entre eux sont présentés dans la revue livreshebdo :
* Pas de printemps pour la Syrie ? / sous la direction de François Burgat, à paraître le 7 novembre 2013 : proposera un éclairage des enjeux, des acteurs et des dangers d’une situation qui évolue sans cesse.
* Syrie / Zakaria Taha, à paraître le 15 octobre 2013 : propose une synthèse sur l’histoire, la politique, la société, la culture syriennes, au-delà du conflit.
* Le drame syrien : les erreurs d'analyse occidentales / Annie Lauren, à paraître le 9 octobre 2013 : Réfutant une lecture manichéenne de la guerre civile syrienne, l'auteur analyse les erreurs d'appréciation des gouvernements occidentaux qui participent, selon elle, à l'enlisement et à la confessionnalisation du conflit : reconnaissance de la coalition des opposants sans en connaître la composition réelle, marginalisation diplomatique et radicalisation de Bachar el-Assad, etc.
* "Syrie : la régionalisation et les enjeux internationaux d'une guerre imposée", EurOrient, n° 41/ sous la direction de Jean-Paul Burdy et Emel Parlar Dal, Paru le 16 mai 2013 : Après avoir posé le cadre général de la crise syrienne et résumé la situation d'un pays confronté depuis 2011 à une guerre civile prolongée, sont abordés les aspects régionaux du conflit et les relations bilatérales de la Syrie avec son voisinage immédiat. Le dossier traite également des relations des Etats-Unis, de la Russie et de la France avec la Syrie avant et après les révoltes arabe.
La situation en Syrie est d’une extrême complexité et pour mieux cerner ce qui se passe et le pourquoi des décisions internationales, il importe de parcourir la presse (vous pouvez le faire via Europresse, base de données disponible dans les bibliothèques du réseau BML). Les journalistes, malgré les nombreuses difficultés, suivent, quasiment pas à pas, l’évolution de ce conflit et apportent analyses et réflexions.
Ainsi, francetvinfo propose un éditorial sur « les huit questions que vous n'osez pas poser » et présente un bref résumé de la situation actuelle :
Depuis deux ans et demi, des Syriens tentent de renverser leur dictateur, Bachar Al-Assad. Tout commence par des manifestations en mars 2011, après les soulèvements populaires de Tunisie, d'Egypte ou de Libye. Mais le régime syrien réprime cette rébellion dans le sang. Des opposants prennent alors les armes et le contrôle de certaines villes. C'est le début d'une sanglante guerre civile, condamnée par l'ONU, qui a déjà fait plus de 100 000 morts et obligé des millions d'habitants à fuir.
Aussi, la violence des combats a-t-elle conduit certains états à s’interroger sur la nécessité d’une intervention. L’usage d’armes chimiques, en tant que crime contre l’humanité, marque un tournant dans le conflit et dans la manière de considérer ce conflit et ce même si cet usage n’a pas encore été prouvé.
En effet, comme le rappelle le huffingtonpost si les preuves ne proviennent pas encore de l'ONU, les Etats-Unis et la France sont catégoriques: des armes chimiques ont été utilisées en Syrie, et l'auteur n'est autre que Damas. Si l'on peut douter de cette version des faits (voir plus bas), il n'empêche: s'il était confirmé que Bachar el-Assad a bien utilisé des armes chimiques contre son propre peuple, la sanction internationale serait logique.
Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon a d'ailleurs déclaré vendredi 23 août qu'un tel usage serait un "crime contre l'humanité". Un argument souvent évoqué par les partisans d'une intervention, qui citent aussi la convention sur l'interdiction des armes chimiques (dont la Syrie n'est pas signataire).
Les partisans d'une intervention voudraient donc "punir" Damas pour dissuader Bachar el-Assad de réutiliser des armes chimiques.
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Mais pourquoi se décider maintenant alors que le conflit en Syrie aurait déjà occasionné plus de 110.000 morts, selon une ONG locale?
La réponse tient en deux mots : "ligne rouge".
Après ce genre de déclaration, difficile pour Barack Obama d'affirmer que la ligne rouge a finalement été franchie sans pour autant agir en conséquence
Alors, quand les premiers indices montraient que Damas avait utilisé "à échelle réduite contre l'opposition" du gaz toxique, en juin dernier, les Etats-Unis avaient commencé à armer les rebelles.
Mais avec l'usage plus massif d'armes chimiques, et touchant des populations civiles, Barack Obama ne pouvait se permettre de ne pas agir, ne serait-ce que pour ne pas perdre la face et ne pas donner un signal de faiblesse aux ennemis des Etats-Unis. C'est d'ailleurs ainsi qu'il a justifié sa volonté d'intervenir pour convaincre les parlementaires américains, mercredi 4 septembre: "Notre inaction donnerait [à l'Iran] certainement la possibilité au mieux de se tromper sur nos intentions, quand ce ne serait pas de les mettre à l'épreuve", tout en citant aussi la Corée du Nord et le Hezbollah.
(…)
Liban, Iran, Israël: la poudrière du Moyen-Orient
Pour finir, et c'est ici la raison qui préoccupe le monde entier,
C'est d'ailleurs pour cette raison que les Etats-Unis et la France souhaitent ne réaliser qu'une attaque "limitée". "Les frappes n'ont pas pour objectif de faire changer le rapport de force, mais de simplement montrer la volonté de faire respecter le droit international
Car si le régime est déstabilisé par les frappes occidentales et si les rebelles prennent un avantage sur Assad, les conséquences pourraient être énormes
Ce même point de vu est partagé dans l’article du 5 septembre 2013, les rebelles syriens attendent toujours les armes américaines, publié dans Courrier International qui consacre tout un dossier à la Syrie :
D'après un officier militaire anonyme, les responsables du Pentagone ont reçu l'instruction de ne pas fournir à l'opposition des armes qui pourraient lui permettre de vaincre l'armée syrienne. "La Maison-Blanche veut renforcer l'opposition mais ne veut pas la voir l'emporter, d'après des personnes qui ont assisté, les derniers jours d'août, aux réunions privées au sommet du gouvernement. Celui-ci ne veut pas que des frappes aériennes, notamment, fassent pencher la balance dans le conflit," écrit le journal.
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Toutefois, dans les discussions actuelles sur le projet d'intervention, les "faucons" pèsent en faveur d'une action plus résolue pour favoriser la rébellion. Sous la pression du sénateur John McCain, la commission des Affaires étrangères du Sénat a voté ce 5 août une résolution selon laquelle un des objectifs de l'intervention américaine devra être de "changer le rapport de forces sur le terrain", rapporte The Wall Street Journal.
Quant à votre dernière question, il est difficile de vous répondre et les jugements divergent considérablement d’un journal à un autre. Toutefois, dans l’Humanité dimanche du 5 septembre propose un dossier sur les conséquences d’une intervention en Syrie et indique que la précipitation de François hollande d’annoncer sa volonté de « punir » le régime de Bachar Al Assad n’est pas uniquement dictée par la volonté de s’aligner sur les positions américaines. L’influence des pétromonarchies du Golfe pèse pour beaucoup dans cette attitude martiale
Pour aller plus loin et essayer de comprendre les positions des uns et des autres, nous vous conseillons de lire les ouvrages qui devraient paraître prochainement. Certains d’entre eux sont présentés dans la revue livreshebdo :
* Pas de printemps pour la Syrie ? / sous la direction de François Burgat, à paraître le 7 novembre 2013 : proposera un éclairage des enjeux, des acteurs et des dangers d’une situation qui évolue sans cesse.
* Syrie / Zakaria Taha, à paraître le 15 octobre 2013 : propose une synthèse sur l’histoire, la politique, la société, la culture syriennes, au-delà du conflit.
* Le drame syrien : les erreurs d'analyse occidentales / Annie Lauren, à paraître le 9 octobre 2013 : Réfutant une lecture manichéenne de la guerre civile syrienne, l'auteur analyse les erreurs d'appréciation des gouvernements occidentaux qui participent, selon elle, à l'enlisement et à la confessionnalisation du conflit : reconnaissance de la coalition des opposants sans en connaître la composition réelle, marginalisation diplomatique et radicalisation de Bachar el-Assad, etc.
* "Syrie : la régionalisation et les enjeux internationaux d'une guerre imposée", EurOrient, n° 41/ sous la direction de Jean-Paul Burdy et Emel Parlar Dal, Paru le 16 mai 2013 : Après avoir posé le cadre général de la crise syrienne et résumé la situation d'un pays confronté depuis 2011 à une guerre civile prolongée, sont abordés les aspects régionaux du conflit et les relations bilatérales de la Syrie avec son voisinage immédiat. Le dossier traite également des relations des Etats-Unis, de la Russie et de la France avec la Syrie avant et après les révoltes arabe.
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