Portrait psychologique du ravisseur de la petite Chloé
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 17/11/2012 à 14h25
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Question d'origine :
Bonjour,
Suite discussion avec des amis, nous nous interrogions sur le profil psychologique du ravisseur avéré (présumé lit-on dans la presse !) de Chloé , jeune fille de 15 ans dans le Gard.
C'est un multirécidiviste, récemment sorti de prison ," condamné à treize reprises pour vols et violences, il a aussi écopé, en mai 2009, à Nîmes, d'une peine de cinq ans de prison, dont trois ferme, pour des agressions sexuelles commises sur des femmes qu'il abordait dans la rue. ", est-ce un malfrat pur et dur , ou bien a-t-il été lui même victime de maltraitance, ce que son avocat ne manquera pas d'évoquer.
Y-a-t-il des statistiques sur le passé des violeurs ou des agresseurs sexuel ? Est-ce que forcement un abusé , abusera ? Un violé, violera ? Vaste débat !
Je vous remercie
Yves Lunn
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 19/11/2012 à 14h46
Bonjour,
Evaluer le profil des agresseurs sexuels tout comme chiffrer le nombre de récidives semblent être des données compliquées donnant lieu à de nombreuses controverses.
Ainsi, comme l’explique le site publications-justice.fr les chiffres concernant la récidive sexuelle varient considérablement d’une étude à une autre.
Selon une étude sur la récidive publiée en mai par l'administration pénitentiaire et relayée par Franck Johannès dans le journal Le Monde daté 15 octobre, 59 % des anciens détenus sont à nouveau condamnés dans les cinq années suivant leur libération. L'étude montre que le risque de récidive est lié à différents facteurs : âge de la personne, situation matrimoniale, emploi, mais aussi nature du délit et de la peine.
Un "profil" du récidiviste ? Ainsi, le fait d'être un homme, très jeune, sans emploi, de ne pas être marié et d'avoir déjà été condamné sont autant de facteurs qui augmentent le risque de récidive, parfois de façon spectaculaire. Les libérés de nationalité étrangère ont un taux de récidive moins élevé que les libérés français (44 % contre 64 %). Selon l'étude, "la probabilité de recondamnation est deux fois plus faible pour les femmes que pour les hommes. Le risque est trois fois plus important pour les mineurs à la libération par rapport aux jeunes majeurs de 18 à moins de 30 ans, toutes choses égales par ailleurs. Ne pas être marié multiplie par 1,5 le risque de recondamnation ou de prison ferme. La probabilité d'avoir au moins une nouvelle condamnation dans les 5 ans est 3,7 fois supérieure pour les libérés qui avaient des condamnations antérieures par rapport à ceux qui n'en avaient pas. Celle d'avoir une nouvelle affaire sanctionnée par de l'emprisonnement ferme est 5,5 fois plus élevée".
Les petits délits conduisent plus souvent à la récidive. Contrairement à certaines idées reçues, plus l'infraction initiale était grave (viol, homicide), plus les chances d'être à nouveau condamné sont faibles. Moins d'une personne sur cinq ayant été condamnée pour viol sur mineur et moins d'une sur trois pour homicide volontaire est à nouveau condamnée dans les 5 ans suivant sa libération. Ce taux est de 57 % lorsque la première condamnation était pour conduite en état d'ivresse, et atteint les 74 % pour les vols simples, et même 76 % pour coups et blessures volontaires.
Source : « Prisons : mesurer la récidive » par Angèle Malâtre dans Le Monde, 19.10.2011
L’étude menée par Annie Kensey et Abdelmalik Benaouda1 sur Les risques de récidive des sortants de prison. Une nouvelle évaluation, reposant sur échantillon national en 2011 des sortants de prison entre le 1er juin et le 31 décembre 2002 indique que pour les sortants de prison, ce taux dans les cinq ans après leur libération est de 19 % après un viol sur mineur, de 32 % pour un homicide, de 39 % pour un viol sur adulte, de 67 % pour un vol aggravé, de 4%quand l’infraction initiale est un vol simple et de 76 % pour des coups et blessures volontaires, taux le plus élevé (…) Les libérés qui avaient des condamnations antérieures à celle qui a motivé la détention achevée en 2002, ont un taux de recondamnation deux fois plus élevé que ceux qui n’avaient que cette condamnation : 70 % contre 34 % et 57 % contre 22 % pour le taux de prison ferme.
Mais, les chiffres clés 2012 publiés sur le site du Ministère de la justice diffèrent considérablement puisque par exemple pour les délits sexuels, le taux de réitérant est de 13 %.
Existe-t-il alors des statistiques et des études sur le profil du violeur ou abuseur qui aurait été lui-même victime ?
Nous sommes en fait bien ennuyées de ne pouvoir vous fournir de données chiffrées étant donnée que d’une part il n’existe pas toujours de portrait type de l’agresseur (voir l’article publié sur lefigaro.fr) et que d’autre part, comme l’explique le Docteur Alexandra Baratta dans « Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels » (disponible en libre accès sur internet) les méthodes employées en France pour déterminer, évaluer les profils de l’agresseur sexuel, par exemple, paraissent souvent peu appropriées. Ainsi, en 2000, la France avait déjà accumulé un retard considérable en matière d’évaluation criminologique. Dix ans après, le fossé s’est encore considérablement agrandi. La France reste l’une des exceptions en Europe : il s’agit de l’un des derniers pays à pratiquer régulièrement l’évaluation clinique non structurée en matière pénale. Et ceci malgré la démonstration de l’inefficacité d’une telle méthode, dont les estimations sont proches du hasard. Pourtant des échelles actuarielles validées en langue française sont disponibles depuis plusieurs années(…) L’étude a montré que dans 80 % des cas, les experts ne sont pas d’accord entre eux. Les évaluations du risque de récidive sont contradictoires pour un même détenu dans une grande majorité des cas.
Par ailleurs, 80 % des expertises sont basées exclusivement sur des marqueurs cliniques, pour la plupart non corrélés à un risque de récidive. Les marqueurs cliniques les plus souvent identifiés sont une personnalité perverse, un déni, une faille narcissique, un clivage, une hypertrophie du Moi. Il est intéressant de relever qu’il s’agit le plus souvent du jargon issu de la psychanalyse. Dans 40 % des cas, les experts n’ont pas relevé des marqueurs de gravité pourtant présents et validés comme tel par les études internationales
(…) En 2005 déjà, Jean-François Burgelin déposait un rapport intitulé « Santé, justice et dangerosité, pour une meilleure prise en charge de la récidive ». Il préconisait le développement d’une discipline inexistante en France, la psycho-criminologie, ainsi que le développement de méthodes adaptées à l’évaluation du risque de récidive :
1. Les indicateurs de toutes les formes de dangerosité
2. L’évaluation de ces dangerosités
3. Les modalités de prise en charge pluridisciplinaire des individus qui présentent ces caractéristiques.
Aussi, comme le mentionne la haute Autorité de Santé, ces outils sont principalement d’origine anglo-saxonne ou sont issus d’études sur des populationsfrancophones canadiennes. Leurs propriétés n’ont pas toujours été évaluées sur des populations françaises. L'absence d’études de validation de bonne qualité réalisées au sein d’échantillons français, explique que nous ne trouvions que des études réalisées par des canadiens, des suisses. Voici à titre d’exemple quelques études qui ont pu être menées :
Pour la Suisse
Quel est le profil du délinquant sexuel?
Pour le Canada
* agresseurs sexuels de femme
* Récidive sexuelle
* Évaluation et prédiction de la récidive chez les agresseurs sexuels
* Trajectoires criminelles et récidive des délinquants sexuels adultes : l’hypothèse « statique » revue et corrigée.
* L'auteur lui même victime: qu'en penser et qu'en faire dans le soin ?. Cette publication met d’ailleurs en avant que selon les études (conférence de consensus 2001, Ciavaldini, 2001, ou encore Coutanceau, 2010) entre30 % et 60% (voire 70%) des AAS ont eux même été victimes dans leur enfance ou adolescence d'agression sexuelle par autrui .
De nombreuses études que nous ne possédons pas proposent peut-être des données plus précises :
* L’article Évaluation du risque de récidive d’agresseurs sexuels français : Statique-99 et Sorag porte sur la description du niveau de risque de récidive des agresseurs sexuels français et spécifie si le risque varie selon certaines dimensions et notamment selon les caractéristiques des victimes de ces agresseurs.
* Les ouvrages portant sur la psychopathologie des agresseurs.
Evaluer le profil des agresseurs sexuels tout comme chiffrer le nombre de récidives semblent être des données compliquées donnant lieu à de nombreuses controverses.
Ainsi, comme l’explique le site publications-justice.fr les chiffres concernant la récidive sexuelle varient considérablement d’une étude à une autre.
Selon une étude sur la récidive publiée en mai par l'administration pénitentiaire et relayée par Franck Johannès dans le journal Le Monde daté 15 octobre, 59 % des anciens détenus sont à nouveau condamnés dans les cinq années suivant leur libération. L'étude montre que le risque de récidive est lié à différents facteurs : âge de la personne, situation matrimoniale, emploi, mais aussi nature du délit et de la peine.
Les petits délits conduisent plus souvent à la récidive. Contrairement à certaines idées reçues, plus l'infraction initiale était grave (viol, homicide), plus les chances d'être à nouveau condamné sont faibles. Moins d'une personne sur cinq ayant été condamnée pour viol sur mineur et moins d'une sur trois pour homicide volontaire est à nouveau condamnée dans les 5 ans suivant sa libération. Ce taux est de 57 % lorsque la première condamnation était pour conduite en état d'ivresse, et atteint les 74 % pour les vols simples, et même 76 % pour coups et blessures volontaires.
Source : « Prisons : mesurer la récidive » par Angèle Malâtre dans Le Monde, 19.10.2011
L’étude menée par Annie Kensey et Abdelmalik Benaouda1 sur Les risques de récidive des sortants de prison. Une nouvelle évaluation, reposant sur échantillon national en 2011 des sortants de prison entre le 1er juin et le 31 décembre 2002 indique que pour les sortants de prison, ce taux dans les cinq ans après leur libération est de 19 % après un viol sur mineur, de 32 % pour un homicide, de 39 % pour un viol sur adulte, de 67 % pour un vol aggravé, de 4%quand l’infraction initiale est un vol simple et de 76 % pour des coups et blessures volontaires, taux le plus élevé (…) Les libérés qui avaient des condamnations antérieures à celle qui a motivé la détention achevée en 2002, ont un taux de recondamnation deux fois plus élevé que ceux qui n’avaient que cette condamnation : 70 % contre 34 % et 57 % contre 22 % pour le taux de prison ferme.
Mais, les chiffres clés 2012 publiés sur le site du Ministère de la justice diffèrent considérablement puisque par exemple pour les délits sexuels, le taux de réitérant est de 13 %.
Nous sommes en fait bien ennuyées de ne pouvoir vous fournir de données chiffrées étant donnée que d’une part il n’existe pas toujours de portrait type de l’agresseur (voir l’article publié sur lefigaro.fr) et que d’autre part, comme l’explique le Docteur Alexandra Baratta dans « Evaluation et prise en charge des délinquants et criminels sexuels » (disponible en libre accès sur internet) les méthodes employées en France pour déterminer, évaluer les profils de l’agresseur sexuel, par exemple, paraissent souvent peu appropriées. Ainsi, en 2000, la France avait déjà accumulé un retard considérable en matière d’évaluation criminologique. Dix ans après, le fossé s’est encore considérablement agrandi. La France reste l’une des exceptions en Europe : il s’agit de l’un des derniers pays à pratiquer régulièrement l’évaluation clinique non structurée en matière pénale. Et ceci malgré la démonstration de l’inefficacité d’une telle méthode, dont les estimations sont proches du hasard. Pourtant des échelles actuarielles validées en langue française sont disponibles depuis plusieurs années(…) L’étude a montré que dans 80 % des cas, les experts ne sont pas d’accord entre eux. Les évaluations du risque de récidive sont contradictoires pour un même détenu dans une grande majorité des cas.
Par ailleurs, 80 % des expertises sont basées exclusivement sur des marqueurs cliniques, pour la plupart non corrélés à un risque de récidive. Les marqueurs cliniques les plus souvent identifiés sont une personnalité perverse, un déni, une faille narcissique, un clivage, une hypertrophie du Moi. Il est intéressant de relever qu’il s’agit le plus souvent du jargon issu de la psychanalyse. Dans 40 % des cas, les experts n’ont pas relevé des marqueurs de gravité pourtant présents et validés comme tel par les études internationales
(…) En 2005 déjà, Jean-François Burgelin déposait un rapport intitulé « Santé, justice et dangerosité, pour une meilleure prise en charge de la récidive ». Il préconisait le développement d’une discipline inexistante en France, la psycho-criminologie, ainsi que le développement de méthodes adaptées à l’évaluation du risque de récidive :
1. Les indicateurs de toutes les formes de dangerosité
2. L’évaluation de ces dangerosités
3. Les modalités de prise en charge pluridisciplinaire des individus qui présentent ces caractéristiques.
Aussi, comme le mentionne la haute Autorité de Santé, ces outils sont principalement d’origine anglo-saxonne ou sont issus d’études sur des populationsfrancophones canadiennes. Leurs propriétés n’ont pas toujours été évaluées sur des populations françaises. L'absence d’études de validation de bonne qualité réalisées au sein d’échantillons français, explique que nous ne trouvions que des études réalisées par des canadiens, des suisses. Voici à titre d’exemple quelques études qui ont pu être menées :
Quel est le profil du délinquant sexuel?
* agresseurs sexuels de femme
* Récidive sexuelle
* Évaluation et prédiction de la récidive chez les agresseurs sexuels
* Trajectoires criminelles et récidive des délinquants sexuels adultes : l’hypothèse « statique » revue et corrigée.
* L'auteur lui même victime: qu'en penser et qu'en faire dans le soin ?. Cette publication met d’ailleurs en avant que selon les études (conférence de consensus 2001, Ciavaldini, 2001, ou encore Coutanceau, 2010) entre
De nombreuses études que nous ne possédons pas proposent peut-être des données plus précises :
* L’article Évaluation du risque de récidive d’agresseurs sexuels français : Statique-99 et Sorag porte sur la description du niveau de risque de récidive des agresseurs sexuels français et spécifie si le risque varie selon certaines dimensions et notamment selon les caractéristiques des victimes de ces agresseurs.
* Les ouvrages portant sur la psychopathologie des agresseurs.
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