Question d'origine :
Effectuant quelques recherches sur la tour métallique de Fourvière (ou Fourvières comme indiqué à l'époque dans l'acte de concession), j'ai apprécié vos trois articles sur la question.
Dans l'article viewtopic.php?t=27648 vous citez les travaux de Mme Hardouin Fugier concernant l'anticléricalisme ayant motivé la construction de la Tour. Dans les documents d'époque, je ne vois jamais apparaître cette notion, par ailleurs surprenant concernant la famille Gay dont les conceptions ne semblent pas être celles là...
La date de l'article de journal cité "Lyon républicain" pour une souscription en vue de construction me semble d'ailleurs être postérieure à la date de construction... N'y aurait-il pas là un anachronisme ? C'est d'autant plus intéressant que très souvent dans les discussions avec les lyonnais cette affirmation apparait alors que la seule et unique référence en la matière est le livre sus-cité. Cette notion n'apparait jamais dans les actes notariés entre la société de la Tour métallique et la famille Gay... Pensez vous que les sources soient fiables ? l'article de presse du Lyon Républicain du 3 mai 1894 est-il conforme ?
Avec tous mes remerciements,
D BACCONNIER
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 30/11/2012 à 11h38
Voici l’article paru le jeudi 3 mai 1894 dans le journal Lyon Républicain :
Les membres de la presse lyonnaise étaient conviés à l’inauguration de la Tour métallique élevée au Nord de la basilique de Fourvières. Nous avons eu déjà plusieurs fois l’occasion de parler de cette hardie construction qui en proportions moindres est la reproduction de la fameuse tour que le monde entier est allé admirer.
Il est beau de voir ce que peut réaliser l’initiative de quelques hommes intelligents pour lesquels la science n’a aucun secret et qui se sont donné pour but non pas de faire leur affaire mais de montrer la mesure de leur valeur respective. Là avec un capital de moins de trois cents mille francs, une demi-douzaine d’hommes de métier, les uns constructeurs les autres électriciens ou bien entrepreneurs de maçonnerie et de charpente ont réussi à mener à bonne fin une affaire qui partout ailleurs aurait nécessité un capital d’un million et le plus fort dans ce tour de force c’est qu’ils y auront leur bénéfice car nous ne doutons pas du succès de la Tour métallique grâce surtout à l’appoint de l’Exposition.
Tous les Lyonnais connaissent la forme de la tour. Sa hauteur exacte est d’un peu plus de 80 mètres. Cent soixante tonnes de fer ont été employées à l’ossature en fer qui est l’œuvre de la maison Patiaud Lagarde de Lyon, la même à qui nous devons la gigantesque coupole de l’Exposition.
Notons d’ailleurs qu’il n’y a que des Lyonnais dans cette entreprise. L’ingénieur sur les plans duquel la tour a été élevée est M. Jules Buffaud : l’entrepreneur qui a exécuté les maçonneries des fondements et du 1er étage est M. Paufique, enfin les machines sortent des ateliers de M. Satre. Un restaurant des plus confortables occupe toute la partie du 1er étage de la Tour.
On monte jusqu’à la plate forme à l’aide d’un vaste ascenseur hydraulique qui peut porter vingt personnes à la fois. L’ascenseur qui offre toute garantie de sécurité est actionné par des pompes de la compagnie Worthington alimentant un réservoir de 25 mètres cubes situé au sommet de la construction.
L’éclairage électrique de la tour est fourni par une dynamo mise en mouvement par une machine de douze chevaux. Cette dynamo peut développer cent ampères. Soixante ampères sont consommés par le puissant projecteur placé au sommet de la tour qui envoie ses rayons éblouissants à 10 kilomètres de distance. Disons enfin que la Tour est protégée en temps d’orage par un paratonnerre à pointes multiples et à ruban de cuivre fourni par la maison Delaye et Fournier.
A leur arrivée, les membres de la presse ont été reçus et admirablement reçus par M. Paufique entouré du conseil d’administration. On leur a montré tous les détails de la construction de cette babel de fer puis l’ascenseur les a emportés à 80 mètres de hauteur.
Le coup d’œil dont on jouit de la plateforme est grandiose autant que merveilleux. L’œil domine la région sur un rayon de cent kilomètres. Hier malheureusement le temps était un peu embrumé et le vent du Nord n’avait rien d’agréable. Néanmoins le spectacle de Lyon et de ses faubourgs vu de cette altitude avait son charme et nous sommes certains que tous les Lyonnais seront comme nous, qu’ils monteront à la tour le premier jour ensoleillé.
A l’issue de l’ascension, un lunch plantureux arrosé d’un vin de champagne réunissait administrateurs et invités. Au dessert tout le monde levait son verre au succès de la Tour métallique.
Notons, en terminant que les visiteurs pourront s’offrir le luxe d’auditions phonographiques. Un phonographe modèle sera en effet installé au bas de la Tour.
Comme vous avez pu le voir, il n’est absolument pas question de souscription dans cet article.
Par ailleurs, vous pouvez venir à la Bibliothèque de La Part-Dieu, muni d’une pièce d’identité, consulter le journal Lyon Républicain sur microfilm , afin de trouver d’autres renseignements notamment la souscription pour ériger une tour à Fourvière, évoquée dans La colline de Fourvière : sa basilique, son parc, ses musées.
La Construction lyonnaise, récemment numérisée, est consultable dans la base Presse lyonnaise du XIX siècle. Elle vous apportera certainement d’intéressantes informations.
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