Héraldique — aigles/alérions

Bonjour,

Le premier blason des Montmorency était "d'or à la croix de gueules cantonnée de quatre aigles d'azur" puis, au lendemain de la victoire de la bataille de Bouvines, le 27 juillet 1214, après que Mathieu II de Montmorency eut enlevé douze bannières à l’ennemi, on rencontre un nouveau blason avec 16 alérions.
Comment expliquer ce passage de 4 aigles à 16 alérions ?

Ce qu'indique Pierre MAROT dans LES ALÉRIONS DE LORRAINE pourra vous intéresser :

Vers le même temps, mais un peu plus tardivement, les alérions supplantent également les aigles dans les armoiries de l'illustre maison des Montmorency d'or
à la croix de gueules, cantonnée de seize alérions d'azur, ces seize alérions portaient autrefois le nom d'aigle ou d'aiglettes.

L'alérion n'est pas cité dans les anciens traités de blason, qui sont d'ailleurs extrêmement secs. On trouve seulement dans ces « manuels » mention de la merlette qui n'a jamais « ne piedz ne bec» (1).
C'est dans un traité compilé au milieu du XVe siècle, vers 1446, que nous relevons pour la première fois une définition de l'alerion (2) : « .....Nous avons en armoirie lyons, liepars, aigles, huppes, lambeaux et allerions. Ung allerion est en semblant d'un petit aigle et n'est que d'argent et n'a nuls piéz, et ainsi congnoist-on que c'est ung allerion. Nous avons une manière de merletes qui pareillement n'ont nuls piéz, mais ce n'est une tout ung, car la merlete est toute serree et l'alerion est tout desploié. »
L'alérion est donc, d'après ce texte, une aiglette sans pieds; il n'est pas fait mention de l'absence de bec.
Chez les auteurs lorrains du début du XVIe siècle, nous trouvons quelques traits qui confirment cette définition.
Volcyr de Serrouville, historiographe d'Antoine (1), parle des (« trois alerions sans pieds » et un héraut d'armes, du même duc, Emond du Boullay, déclare que les
(« trois allerions d'argent» doivent être «bien esplaniz » (2).
Dans son Histoire généalogique de la maison de Montmorancy et de Laval, imprimée en 1624, André du Chesne (3) esquissa l'histoire du blason de ces seigneurs, il ne manqua pas d'observer la nouveauté de l'alérion héraldique « que tous les anciens appellent aiglettes", dit-il, (car il n'y a pas cent ans - il y avait un peu plus cependant (1) - que l'usage a prévalu de les nommer alérions et de despeindre a ailes esploiees ou estendues, sans piedz et sans bec. »
C'est ainsi que se forma la notion de Palérion héraldique : « petite aigle qui n'a ny bec ny jambes » (2) ; cette définition donnée par Palliot se retrouve chez tous les héraldistes modernes. Ainsi, on en arriva à opposer l'alérion à l'aiglette.

En note, page 42 il est également indiqué :
Les Montmorency paraissent avoir usé du mot alérion après les ducs de Lorraine [...]
Est-ce à l'imitation des ducs de Lorraine que les Montmorency et les branches collatérales de cette famille choisirent cette nouvelle appellation ?
C'est très possible. Les rapports entre les Montmorency et la maison de Lorraine-Anjou furent nombreux. Rappelons qu'en 1454 le roi René épousa Jeanne de Laval, fille de Gui XIV, comte de Laval. On sait que les Laval portaient les armoiries des Montmorency avec une brisure, ils étaient issus de Mathieu II de Montmorency.

Bonne journée.