Question d'origine :
Bonjour,
Il me semble avoir lu qu'il existe ou a existé plusieurs versions du Coran.
Pourriez-vous me donner quelques précisions à ce sujet?
Merci par avance.
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 23/06/2016 à 07h29
Bonjour,
Les enseignements du Coran ont d’abord été transmis par oral. Il a été décidé, par la suite, de les fixer par écrit. A ce moment, il semble que plusieurs versions, légèrement différente, ait circulé.
Un texte sacré et invariable
Récité par le Prophète de son vivant, le message est reçu par les compagnons fidèles et noté par ceux d’entre eux qui avaient plus ou moins l’usage de l’écriture. […]
Ce n’est qu’avec le troisième successeur de Mahomet, le calife Othman, que le projet va aboutir, en 652, vingt ans après la mort du Prophète. Ce sera la version définitive du Coran, la « vulgate othmanienne ». En effet, le calife prendra soin de faire détruire toutes les autres versions qui circulaient alors au sein de l’empire naissant. De ce fait, le texte du Coran est invariable.
L’islam en 50 clés / Antoine Sfeir
A quel moment la proclamation orale mémorisée est-elle devenue livre ?
Selon la Tradition, oralité et écriture rudimentaire sont allés de pair dès le début de la révélation coranique. Durant plusieurs années, les paroles énoncées ont été gardées fidèlement en mémoire par Muhammad et par ses compagnons (ceux que l’on a fini par appeler « les porteurs du Coran ». Les hommes de cette société étaient familiarisés avec la transmission orale et ils avaient le souci constant de ne pas dénaturer les propos mémorisés. Répéter le plus précisément possible ce qu’ils entendaient faisait partie de leur savoir-vivre, de leur culture, de leur devoir.
Progressivement, des scribes ont mis par écrit, sur divers supports (branches de palmiers, pierres plates, feuilles de papyrus, morceaux de peau, omoplates de chèvres ou de chameaux…) une partie des paroles du discours coranique qui avaient été conservées dans la mémoire de la communauté. Mais de cette période il ne subsiste aucune trace matérielle, aucun document écrit, aucune inscription. Puis des recueils écrits du Coran sont apparus. Selon la Tradition, c’est sous le troisième calife de l’islam, le troisième successeur de Muhammad comme chef politique de la communauté musulmane, qu’a été promulgué un recueil canonique, c’est-à-dire une version définitive du texte coranique réputé authentique et déclaré parfaitement rassemblé et composé.
Le Coran expliqué aux jeunes / Rachid Benzine
Un jeune Médinois, Zaïd ibn Thâbit, se voit confier cette lourde tâche [de consigner par écrit le Coran ndlr] qu’il n’accepte pas sans réticences ; d’un autre côté, ses qualifications le recommandent pour ce travail car il a été l’un des scribes de Muhammad, connaît le Coran par cœur et sait écrire non seulement l’arabe, mais aussi le syriaque (et peut-être l’hébreu selon certains récits).
Zaïd s’acquitte seul de sa mission en faisant appel aux documents hétéroclites (tessons, pierres plates, ompolates de chameau, pétioles de palme, etc.) sur lesquels ont été notés des passages coraniques et à la mémoire de ces contemporains. Le tout est transcrit sur des « feuilles » (ṣuḥuf) qu’il remet au calife. Le statut de cette recension pourrait n’avoir pas été bien différent de celles que, vers la même époque semble-t-il, d’autres Compagnons de Muḥammad, notamment ‘Alî, Ubayy et Ibn Mas’ûd, constituent pour leur propre usage, autrement dit celui de notes à caractère personnel. Les « feuilles » d’Abû Bakr passent bien à son successeur, ‘Umar (règne de 634 à 644), l’inspirateur de cette entreprise, mais à la mort de ce dernier, sa fille Ḥafṣa, une des veuves de Muḥammad, en hérite et non, comme on aurait pu l’attendre, le nouveau calife, ‘Uthman (règne de 644 à 656).
Sous ce dernier, des divergences dans la façon de réciter le Coran se font jour. Selon les récits traditionnels, c’est lors de la campagne d’Arménie (vers 650) que le commandant en chef des troupes musulmanes, Ḥudhaïfa, se rend compte de ces différences et, alarmé, va trouver le calife, lui demandant de prendre des dispositions pour éviter que « les membres [de la communauté] ne soient, sur le Livre, dans un désaccord similaire à celui des juifs et des chrétiens ».
‘Uthman prie alors Ḥafṣa de lui prêter les « feuilles » que lui avait laissées son père. Il charge Zaïd, celui-là même qui avait compilé le recueil d’Abû Bakr, de procéder à la recension du texte coranique en accord avec les membres d’une commission formée à cet effet. L’entreprise aboutit à la constitution de ce qu’on appelle la « vulgate ‘uthmânienne » et à l’envoi dans les grandes villes de l’empire de copies du texte qui va servir de base à la transmission écrite ultérieure. Au terme de ce processus, ‘Uthmân donne l’ordre de détruire tous les autres documents écrits, simples feuilles ou volumes. […]
Les historiens ont également observé le caractère peu vraisemblable de la destruction, ordonnée par ‘Uthmân, des textes antérieurs, remontant à l’époque même de la prédication de Muḥammad, alors que l’on sait que des recueils de certains Compagnons continuent à être utilisés. Des transmissions tant orales qu’écrites autres vulgates ‘uthmânienne sont en effet encore attestées au Xe siècle. Les renseignements dont nous disposons à leur sujet font effectivement apparaître quelques divergences par rapport à la vulgate : de petites variantes textuelles, un classement parfois légèrement différent des sourates et un nombre total de ces derniers inférieur dans un cas, celui de la recension de’Ibn Mas’ûd, et supérieur dans un autre (voir chap. II).
Le Coran / François Déroche
Bonne journée
Les enseignements du Coran ont d’abord été transmis par oral. Il a été décidé, par la suite, de les fixer par écrit. A ce moment, il semble que plusieurs versions, légèrement différente, ait circulé.
Récité par le Prophète de son vivant, le message est reçu par les compagnons fidèles et noté par ceux d’entre eux qui avaient plus ou moins l’usage de l’écriture. […]
Ce n’est qu’avec le troisième successeur de Mahomet, le calife Othman, que le projet va aboutir, en 652, vingt ans après la mort du Prophète. Ce sera la version définitive du Coran, la « vulgate othmanienne ». En effet, le calife prendra soin de faire détruire toutes les autres versions qui circulaient alors au sein de l’empire naissant. De ce fait, le texte du Coran est invariable.
L’islam en 50 clés / Antoine Sfeir
Selon la Tradition, oralité et écriture rudimentaire sont allés de pair dès le début de la révélation coranique. Durant plusieurs années, les paroles énoncées ont été gardées fidèlement en mémoire par Muhammad et par ses compagnons (ceux que l’on a fini par appeler « les porteurs du Coran ». Les hommes de cette société étaient familiarisés avec la transmission orale et ils avaient le souci constant de ne pas dénaturer les propos mémorisés. Répéter le plus précisément possible ce qu’ils entendaient faisait partie de leur savoir-vivre, de leur culture, de leur devoir.
Progressivement, des scribes ont mis par écrit, sur divers supports (branches de palmiers, pierres plates, feuilles de papyrus, morceaux de peau, omoplates de chèvres ou de chameaux…) une partie des paroles du discours coranique qui avaient été conservées dans la mémoire de la communauté. Mais de cette période il ne subsiste aucune trace matérielle, aucun document écrit, aucune inscription. Puis des recueils écrits du Coran sont apparus. Selon la Tradition, c’est sous le troisième calife de l’islam, le troisième successeur de Muhammad comme chef politique de la communauté musulmane, qu’a été promulgué un recueil canonique, c’est-à-dire une version définitive du texte coranique réputé authentique et déclaré parfaitement rassemblé et composé.
Le Coran expliqué aux jeunes / Rachid Benzine
Un jeune Médinois, Zaïd ibn Thâbit, se voit confier cette lourde tâche [de consigner par écrit le Coran ndlr] qu’il n’accepte pas sans réticences ; d’un autre côté, ses qualifications le recommandent pour ce travail car il a été l’un des scribes de Muhammad, connaît le Coran par cœur et sait écrire non seulement l’arabe, mais aussi le syriaque (et peut-être l’hébreu selon certains récits).
Zaïd s’acquitte seul de sa mission en faisant appel aux documents hétéroclites (tessons, pierres plates, ompolates de chameau, pétioles de palme, etc.) sur lesquels ont été notés des passages coraniques et à la mémoire de ces contemporains. Le tout est transcrit sur des « feuilles » (ṣuḥuf) qu’il remet au calife. Le statut de cette recension pourrait n’avoir pas été bien différent de celles que, vers la même époque semble-t-il, d’autres Compagnons de Muḥammad, notamment ‘Alî, Ubayy et Ibn Mas’ûd, constituent pour leur propre usage, autrement dit celui de notes à caractère personnel. Les « feuilles » d’Abû Bakr passent bien à son successeur, ‘Umar (règne de 634 à 644), l’inspirateur de cette entreprise, mais à la mort de ce dernier, sa fille Ḥafṣa, une des veuves de Muḥammad, en hérite et non, comme on aurait pu l’attendre, le nouveau calife, ‘Uthman (règne de 644 à 656).
Sous ce dernier, des divergences dans la façon de réciter le Coran se font jour. Selon les récits traditionnels, c’est lors de la campagne d’Arménie (vers 650) que le commandant en chef des troupes musulmanes, Ḥudhaïfa, se rend compte de ces différences et, alarmé, va trouver le calife, lui demandant de prendre des dispositions pour éviter que « les membres [de la communauté] ne soient, sur le Livre, dans un désaccord similaire à celui des juifs et des chrétiens ».
‘Uthman prie alors Ḥafṣa de lui prêter les « feuilles » que lui avait laissées son père. Il charge Zaïd, celui-là même qui avait compilé le recueil d’Abû Bakr, de procéder à la recension du texte coranique en accord avec les membres d’une commission formée à cet effet. L’entreprise aboutit à la constitution de ce qu’on appelle la « vulgate ‘uthmânienne » et à l’envoi dans les grandes villes de l’empire de copies du texte qui va servir de base à la transmission écrite ultérieure. Au terme de ce processus, ‘Uthmân donne l’ordre de détruire tous les autres documents écrits, simples feuilles ou volumes. […]
Les historiens ont également observé le caractère peu vraisemblable de la destruction, ordonnée par ‘Uthmân, des textes antérieurs, remontant à l’époque même de la prédication de Muḥammad, alors que l’on sait que des recueils de certains Compagnons continuent à être utilisés. Des transmissions tant orales qu’écrites autres vulgates ‘uthmânienne sont en effet encore attestées au Xe siècle. Les renseignements dont nous disposons à leur sujet font effectivement apparaître quelques divergences par rapport à la vulgate : de petites variantes textuelles, un classement parfois légèrement différent des sourates et un nombre total de ces derniers inférieur dans un cas, celui de la recension de’Ibn Mas’ûd, et supérieur dans un autre (voir chap. II).
Le Coran / François Déroche
Bonne journée
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter