Service postal entre France et Allemagne en 14-18
CIVILISATION
+ DE 2 ANS
Le 25/03/2017 à 16h09
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Question d'origine :
Bonjour,
Je trouve beaucoup d'informations sur la poste aux armées en 14-18, et notamment sur la correspondance entre les soldats prisonniers et leurs familles, mais rien sur la circulation du courrier civil entre la France et l'Allemagne pendant la Grande Guerre. Le service de poste civil a-t-il été suspendu entre les deux pays du fait du conflit, ou était-il malgré tout possible d'adresser des lettres en France ou en Allemagne sous conditions (censure?)?
Un grand merci par avance pour votre réponse.
Cordialement
Réponse du Guichet

Dans son livre Histoire de la poste dans le monde, plus précisément dans son chapitre la Poste et la guerre, La poste civile perturbations et ruptures, Camille Allaz évoque la poste interrompue et explique que la rupture des relations postales entre belligérants "intervient dès l’ouverture des hostilités, qu’il s’agisse de conflit international ou de guerre civile… Entre pays belligérants, la rupture est immédiate : entre la France, La Grande-Bretagne et la Russie d’un côté, les empires centraux de l’autre en août 1914 ; entre la France, la Grande-Bretagne et la Pologne d’une part, L’Allemagne de l’autre en septembre 1939." (p. 535)
Il parle aussi desaménagements à l’interruption des relations postales entre belligérants :
"Si semblable civilité est aujourd’hui inconcevable, les administrations postales des pays belligérants se sont efforcées, au cours des deux guerres mondiales, de réserver un minimum de relations bilatérales.Pour y parvenir, elles ont eu recours à l’entremise de pays neutres : la Suède et la Hollande lors du premier conflit , le Portugal lors du second.
Dès septembre 1914, la Suède prend des dispositions pour assurer le transit des dépêches postales françaises et anglaises à destination de la Russie, et vice versa, dépêches qui passaient précédemment par l’Allemagne. L’Office postale suédois n’hésite pas à engager des dépenses importantes. Une ligne directe de paquebots-poste, effectuant cinq traversées par semaine, est établie le 18 septembre 1914 entre Göteborg et la Grande-Bretagne. Vers la Russie, une ligne est ouverte entre Stockholm et le port de Rauna, en Finlande alors russe, à travers le golfe de Botnie. Des mines ayant été posées en Baltique, cette ligne est interrompue en décembre 1914 et remplacée par un acheminement terrestre beaucoup plus long, contournant tout le golfe de Botnie : par chemin de fer en Suède puis par voiture à cheval en Finlande.
Afin de permettre à des citoyens britanniques de demeurer en relations avec des parents ou amis résidant en Allemagne ou en Autriche-Hongrie, le General Post Office imagine, lors de la Première Guerre mondiale, un système d’acheminement n’impliquant aucun contact avec les administrations allemandes ou autrichiennes, afin de ne pouvoir être soupçonné de « correspondance avec l’ennemi». Les correspondances transitent via Amsterdam, par l’intermédiaire de la Poste hollandaise (la Hollande était neutre) et par le truchement du « Service transit » (Shipping and Forwarding Department) du célèbre voyagiste Thomas Cook.
Le même système, avec les mêmes intermédiaires, est réactivé en 1939. Lorsque l’armée allemande envahit la Hollande le 10 mai 1940, il faut trouver un autre point d’échange : ce sera Lisbonne." (p. 537)
Le Dictionnaire de la Grande Guerre, 1914-1918 évoque le contrôle postal, télégraphique et radiotélégraphique :
« Distinct du contrôle postale aux armées, qui procède par sondage dans les courriers personnels des soldats pour en analyser l’évolution morale, le contrôle postal, télégraphique et radiotélégraphique est mis en œuvre par une structure centralisée au niveau politico-militaire, le 5e, puis le 2e Bureau, et vise à rechercher dans les correspondances industrielles et commerciales (essentiellement à destination de l’étranger et des Neutres) « tous renseignements d’ordre économique intéressant la Défense nationale et pouvant aider soit à tarir les approvisionnements nécessaires à l’ennemi pour ses fabrications de guerre, soit à arrêter ou à gêner tout commerce extérieur qui lui permettrait de maintenir sa résistance économique ». Composante essentielle de la guerre économique livrée par l’Entente aux puissances centrales, la commission du contrôle dispose d’une douzaine d’antennes régionales et compte plus de 2000 personnels en 1918. Elle traite la quasi-totalité des correspondances commerciales internationales et permet en particulier de renseigner avec la plus grande rigueur objective les services chargés des divers aspects du blocus. Cette structure originale, et particulièrement performante, disparait dès la fin de la Grande Guerre. » (p. 275)
Dans La Poste pendant la Première Guerre mondiale, Laurent Albaret confirme : « Durant ce conflit qui dure, l’administration des Postes est majoritairement tournée vers la guerre. La Mobilisation a amputé ses effectifs et notamment la distribution. » (p. 58) et consacre une partie à la collaboration des postes civiles et militaires, mais pour faire face au flux de courrier à destination et en provenance du front. (p.43-48)
En complément :
Courrier de guerre : la poste aux armées, 1914-1918/ Raphaël Delpard
Les postes de la Grande Guerre
Censure militaire
Il parle aussi des
"Si semblable civilité est aujourd’hui inconcevable, les administrations postales des pays belligérants se sont efforcées, au cours des deux guerres mondiales, de réserver un minimum de relations bilatérales.
Dès septembre 1914, la Suède prend des dispositions pour assurer le transit des dépêches postales françaises et anglaises à destination de la Russie, et vice versa, dépêches qui passaient précédemment par l’Allemagne. L’Office postale suédois n’hésite pas à engager des dépenses importantes. Une ligne directe de paquebots-poste, effectuant cinq traversées par semaine, est établie le 18 septembre 1914 entre Göteborg et la Grande-Bretagne. Vers la Russie, une ligne est ouverte entre Stockholm et le port de Rauna, en Finlande alors russe, à travers le golfe de Botnie. Des mines ayant été posées en Baltique, cette ligne est interrompue en décembre 1914 et remplacée par un acheminement terrestre beaucoup plus long, contournant tout le golfe de Botnie : par chemin de fer en Suède puis par voiture à cheval en Finlande.
Afin de permettre à des citoyens britanniques de demeurer en relations avec des parents ou amis résidant en Allemagne ou en Autriche-Hongrie, le General Post Office imagine, lors de la Première Guerre mondiale, un système d’acheminement n’impliquant aucun contact avec les administrations allemandes ou autrichiennes, afin de ne pouvoir être soupçonné de « correspondance avec l’ennemi». Les correspondances transitent via Amsterdam, par l’intermédiaire de la Poste hollandaise (la Hollande était neutre) et par le truchement du « Service transit » (Shipping and Forwarding Department) du célèbre voyagiste Thomas Cook.
Le même système, avec les mêmes intermédiaires, est réactivé en 1939. Lorsque l’armée allemande envahit la Hollande le 10 mai 1940, il faut trouver un autre point d’échange : ce sera Lisbonne." (p. 537)
Le Dictionnaire de la Grande Guerre, 1914-1918 évoque le contrôle postal, télégraphique et radiotélégraphique :
« Distinct du contrôle postale aux armées, qui procède par sondage dans les courriers personnels des soldats pour en analyser l’évolution morale, le contrôle postal, télégraphique et radiotélégraphique est mis en œuvre par une structure centralisée au niveau politico-militaire, le 5e, puis le 2e Bureau, et vise à rechercher dans les correspondances industrielles et commerciales (essentiellement à destination de l’étranger et des Neutres) « tous renseignements d’ordre économique intéressant la Défense nationale et pouvant aider soit à tarir les approvisionnements nécessaires à l’ennemi pour ses fabrications de guerre, soit à arrêter ou à gêner tout commerce extérieur qui lui permettrait de maintenir sa résistance économique ». Composante essentielle de la guerre économique livrée par l’Entente aux puissances centrales, la commission du contrôle dispose d’une douzaine d’antennes régionales et compte plus de 2000 personnels en 1918. Elle traite la quasi-totalité des correspondances commerciales internationales et permet en particulier de renseigner avec la plus grande rigueur objective les services chargés des divers aspects du blocus. Cette structure originale, et particulièrement performante, disparait dès la fin de la Grande Guerre. » (p. 275)
Dans La Poste pendant la Première Guerre mondiale, Laurent Albaret confirme : « Durant ce conflit qui dure, l’administration des Postes est majoritairement tournée vers la guerre. La Mobilisation a amputé ses effectifs et notamment la distribution. » (p. 58) et consacre une partie à la collaboration des postes civiles et militaires, mais pour faire face au flux de courrier à destination et en provenance du front. (p.43-48)
En complément :
Courrier de guerre : la poste aux armées, 1914-1918/ Raphaël Delpard
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