Question d'origine :
Bonjour,
J’aimserais savoir qu’eset-ce que la neurolinguistique ? Auriez-vous des ouvrages à conseiller ?
Merci d’avance
Réponse du Guichet

Bonjour,
La "neurolinguistique" désigne la science qui étudie les mécanismes psychologiques du langage et les mécanismes du cerveau humain pour la compréhension, la production, les connaissances abstraites du langage et de la parole.
Pour l'encyclopédie Wikipedia, il s'agit de "l'étude des phénomènes neuronaux qui contrôlent la compréhension, la production et l'acquisition du langage. C'est un domaine interdisciplinaire qui s'inspire des méthodes et des théories de neurosciences, de linguistique, de sciences cognitives, de neuropsychologie et même d'informatique. "
Voici une autre définition, plus complète, extraite des Carnets2Psycho :
"La neurolinguistique désigne l'étude des troubles qui affectent le langage lorsqu'une lésion focale détruit, dans l'écorce cérébrale gauche, tout ou partie de l'aire du langage.
La naissance de la neurolinguistique
La neurolinguistique est née de la rencontre entre la linguistique et la neurologie dans l'étude de des troubles du langage. Elle vise à comprendre toutes les situations pathologiques dans lesquelles une lésion détruisant les structures corticales de représentation du langage génère des dissociations dans les performances linguistiques. L'observation de ces dissociations conduit nécessairement à la réflexion théorique sur l'organisation et le fonctionnement internes du langage. La linguistique se trouve ainsi concernée directement, puisque la pathologie fournit en quelque sorte le terrain pour une expérimentation en grandeur réelle où la variable, constituée par la lésion des structures anatomo-fonctionnelles qu'elle détruit, permet d'isoler telle ou telle composante du système linguistique.
Cependant, cette rencontre fut longue à se dessiner. Le terme même de neurolinguistique n'apparut régulièrement dans la littérature neuropsychologique qu'au cours des années 1960. Cependant, cette perspective fut clairement exprimée par Roman Jakobson lorsqu'il écrivait, en 1963: « l'application de critères purement linguistiques à l'interprétation et à la classification des faits d'aphasie peut contribuer de façon substantielle à la science du langage et des troubles du langage, à la condition que les linguistes procèdent avec autant de soin et de précaution lorsqu'ils abordent les données pathologiques que lorsqu'ils se cantonnent dans leur domaine habituel. »"
Voici par ailleurs ce qu'en dit Catherine FUCHS dans l'Encyclopaedia universalis :
La neurolinguistique
En élaborant des modèles fonctionnels du comportement verbal, la psycholinguistique permet d'aborder la question des bases neuronales de ce comportement – question qui constitue l'objet propre de la neurolinguistique. Il n'existe pas dans le cerveau, pas plus que dans le reste du corps humain, de support physiologique propre au langage : l'activité de langage repose sur les rouages de l'activité nerveuse supérieure. C'est principalement à travers l'étude des pathologies du langage liées à des lésions cérébrales que s'est développée historiquement la réflexion neurolinguistique : Lordat, Broca, Wernicke sont, au xixe siècle, quelques-uns des grands noms de l'aphasiologie.
Au XXe siècle, la neurolinguistique a connu, elle aussi, trois grandes périodes. La première, liée au structuralisme des années 1950 (Alajouanine et al. ; Vygotskij, Luria et Jakobson), et la deuxième, marquée par la grammaire générative des années 1960 (Blumstein et al.), ont continué les recherches sur l'aphasie, mettant progressivement en lumière la complexité de la question des localisations cérébrales du langage. Depuis les années 1970, la troisième, beaucoup plus diversifiée, a poursuivi des études cliniques sur diverses pathologies du langage, avec ou sans lésions cérébrales (aphasies, agraphies, dyslexies, mais aussi troubles du langage chez les schizophrènes, problèmes des sourds-muets, etc.). Elle a par ailleurs d'autre part mené de nombreuses études expérimentales sur des sujets non pathologiques – afin, par exemple, de déterminer les interactions entre hémisphères au cours du traitement du langage, ou de tester la part des tâches perceptuelles ou motrices à l'œuvre dans des processus langagiers comme l'écoute, la phonation ou la lecture.
Les travaux les plus récents s'appuient sur des techniques sophistiquées d'investigation, qui permettent de visualiser l'activité du cerveau : imagerie cérébrale (tomographie par émission de positons [T.E.P.], imagerie par résonance magnétique fonctionnelle [I.R.M.f.], etc.), mesure directe de l'activité électrochimique des cellules nerveuses (électroencéphalogramme [E.E.G.], magnétoencéphalogramme [M.E.G.]), etc. Il apparaît ainsi que le cerveau fonctionne moins comme un ordinateur dont certains centres seraient chargés des fonctions du langage que comme un réseau de connexions dynamiques et interchangeables, susceptible de connaître des variations d'un individu à l'autre : lors des performances langagières, une multiplicité de sous-systèmes linguistiques et non linguistiques interagissent, et il existe un certain nombre de mécanismes compensatoires en cas de défaillance. Certaines études semblent indiquer que les zones du cerveau qui sont activées lors du traitement du langage correspondraient à des opérations de calcul (calculs de reconnaissance visuelle, auditive ou proprioceptive, calculs de mémorisation, calculs d'ordonnancement et de contrôle, etc.) communs à tous les niveaux de la langue et apparaissant également lors de tâches non langagières (comme la coordination de gestes ou la planification d'actes).
C'est donc une véritableneuropsycholinguistique qui se constitue progressivement, au cœur des sciences cognitives, pour étudier le langage de façon à la fois diversifiée et globale : depuis la mise en forme d'informations signifiantes à travers les langues jusqu'aux réseaux de neurones, en passant par les processus de calcul sur les représentations mentales .
Voici une petite bibliographie pour aller plus loin :
Les livres que nous conservons à la Bibliothèque municipale de Lyon sur la neurolignuistique l'abordent plutôt sous l'angle de la programmation neurolinguistique (voir notre notre catalogue). Nous vous orienterons donc surtout vers des livres que vous pourrez localiser grâce au catalogue du SUDOC.
- La neurolinguistique / Charles Bouton
- Traité de neurolinguistique : du cerveau au langage / dirigé par Serge Pinto et Marc Sato
- L'approche neurolinguistique (ANL) : foire aux questions / Claude Germain
- Approche neurolinguistique : le français en tête / [dossier coordonné par Claude Germain et Olivier Massé]
Quelques articles :
- Dubois Jean. La neurolinguistique. In: Langages, 2ᵉ année, n°5, 1967. Pathologie du langage, sous la direction de Jean Dubois, Luce Irigaray, Pierre Marcie et Henry Hécaen. pp. 6-17.
- Dubois Jean. De la linguistique à la neurolinguistique : 1939-1976. In: Langages, 11ᵉ année, n°47, 1977. Aphasie et agraphie, sous la direction de Jean Dubois. pp. 3-38.
- Notions de neurolinguistique théorique / Philippe Monneret
- Serge Pinto, Marc Sato. La neurolinguistique : une approche pluridisciplinaire pour l'étude du langage. Société des neurosciences, in La lettre des neurosciences n°45 et 46, 2013.
Pour plus d'information, vous pouvez aussi contacter la Société des neurosciences.
Bonne journée.
La "neurolinguistique" désigne la science qui étudie les mécanismes psychologiques du langage et les mécanismes du cerveau humain pour la compréhension, la production, les connaissances abstraites du langage et de la parole.
Pour l'encyclopédie Wikipedia, il s'agit de "l'étude des phénomènes neuronaux qui contrôlent la compréhension, la production et l'acquisition du langage. C'est un domaine interdisciplinaire qui s'inspire des méthodes et des théories de neurosciences, de linguistique, de sciences cognitives, de neuropsychologie et même d'informatique. "
Voici une autre définition, plus complète, extraite des Carnets2Psycho :
"
La neurolinguistique est née de la rencontre entre la linguistique et la neurologie dans l'étude de des troubles du langage. Elle vise à comprendre toutes les situations pathologiques dans lesquelles une lésion détruisant les structures corticales de représentation du langage génère des dissociations dans les performances linguistiques. L'observation de ces dissociations conduit nécessairement à la réflexion théorique sur l'organisation et le fonctionnement internes du langage. La linguistique se trouve ainsi concernée directement, puisque la pathologie fournit en quelque sorte le terrain pour une expérimentation en grandeur réelle où la variable, constituée par la lésion des structures anatomo-fonctionnelles qu'elle détruit, permet d'isoler telle ou telle composante du système linguistique.
Cependant, cette rencontre fut longue à se dessiner. Le terme même de neurolinguistique n'apparut régulièrement dans la littérature neuropsychologique qu'au cours des années 1960. Cependant, cette perspective fut clairement exprimée par Roman Jakobson lorsqu'il écrivait, en 1963: « l'application de critères purement linguistiques à l'interprétation et à la classification des faits d'aphasie peut contribuer de façon substantielle à la science du langage et des troubles du langage, à la condition que les linguistes procèdent avec autant de soin et de précaution lorsqu'ils abordent les données pathologiques que lorsqu'ils se cantonnent dans leur domaine habituel. »"
Voici par ailleurs ce qu'en dit Catherine FUCHS dans l'Encyclopaedia universalis :
En élaborant des modèles fonctionnels du comportement verbal, la psycholinguistique permet d'aborder la question des bases neuronales de ce comportement – question qui constitue l'objet propre de la neurolinguistique. Il n'existe pas dans le cerveau, pas plus que dans le reste du corps humain, de support physiologique propre au langage :
Au XXe siècle, la neurolinguistique a connu, elle aussi, trois grandes périodes. La première, liée au structuralisme des années 1950 (Alajouanine et al. ; Vygotskij, Luria et Jakobson), et la deuxième, marquée par la grammaire générative des années 1960 (Blumstein et al.), ont continué les recherches sur l'aphasie, mettant progressivement en lumière la complexité de la question des localisations cérébrales du langage. Depuis les années 1970, la troisième, beaucoup plus diversifiée, a poursuivi des études cliniques sur diverses pathologies du langage, avec ou sans lésions cérébrales (aphasies, agraphies, dyslexies, mais aussi troubles du langage chez les schizophrènes, problèmes des sourds-muets, etc.). Elle a par ailleurs d'autre part mené de nombreuses études expérimentales sur des sujets non pathologiques – afin, par exemple, de déterminer les interactions entre hémisphères au cours du traitement du langage, ou de tester la part des tâches perceptuelles ou motrices à l'œuvre dans des processus langagiers comme l'écoute, la phonation ou la lecture.
Les travaux les plus récents s'appuient sur des techniques sophistiquées d'investigation, qui permettent de visualiser l'activité du cerveau : imagerie cérébrale (tomographie par émission de positons [T.E.P.], imagerie par résonance magnétique fonctionnelle [I.R.M.f.], etc.), mesure directe de l'activité électrochimique des cellules nerveuses (électroencéphalogramme [E.E.G.], magnétoencéphalogramme [M.E.G.]), etc. Il apparaît ainsi que le cerveau fonctionne moins comme un ordinateur dont certains centres seraient chargés des fonctions du langage que comme un réseau de connexions dynamiques et interchangeables, susceptible de connaître des variations d'un individu à l'autre : lors des performances langagières, une multiplicité de sous-systèmes linguistiques et non linguistiques interagissent, et il existe un certain nombre de mécanismes compensatoires en cas de défaillance. Certaines études semblent indiquer que les zones du cerveau qui sont activées lors du traitement du langage correspondraient à des opérations de calcul (calculs de reconnaissance visuelle, auditive ou proprioceptive, calculs de mémorisation, calculs d'ordonnancement et de contrôle, etc.) communs à tous les niveaux de la langue et apparaissant également lors de tâches non langagières (comme la coordination de gestes ou la planification d'actes).
C'est donc une véritable
Voici une petite bibliographie pour aller plus loin :
Les livres que nous conservons à la Bibliothèque municipale de Lyon sur la neurolignuistique l'abordent plutôt sous l'angle de la programmation neurolinguistique (voir notre notre catalogue). Nous vous orienterons donc surtout vers des livres que vous pourrez localiser grâce au catalogue du SUDOC.
- La neurolinguistique / Charles Bouton
- Traité de neurolinguistique : du cerveau au langage / dirigé par Serge Pinto et Marc Sato
- L'approche neurolinguistique (ANL) : foire aux questions / Claude Germain
- Approche neurolinguistique : le français en tête / [dossier coordonné par Claude Germain et Olivier Massé]
Quelques articles :
- Dubois Jean. La neurolinguistique. In: Langages, 2ᵉ année, n°5, 1967. Pathologie du langage, sous la direction de Jean Dubois, Luce Irigaray, Pierre Marcie et Henry Hécaen. pp. 6-17.
- Dubois Jean. De la linguistique à la neurolinguistique : 1939-1976. In: Langages, 11ᵉ année, n°47, 1977. Aphasie et agraphie, sous la direction de Jean Dubois. pp. 3-38.
- Notions de neurolinguistique théorique / Philippe Monneret
- Serge Pinto, Marc Sato. La neurolinguistique : une approche pluridisciplinaire pour l'étude du langage. Société des neurosciences, in La lettre des neurosciences n°45 et 46, 2013.
Pour plus d'information, vous pouvez aussi contacter la Société des neurosciences.
Bonne journée.
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