Question d'origine :
S.V.P.
Pourriez vous nous indiquer ,les différentes catégories de livres , de par leur nature et leur contenu ? Je pense aux dictionnaires, encyclopédies, guides, livres scolaires, romans…..mais il en existe beaucoup d'autres. merci.
Réponse du Guichet

Bonjour,
Il semble que votre question appelle à deux types de réponses, selon qu’on prend le mot « livre » dans le sens d’objet matériel, ou dans le sens de l’entité textuelle.
De même, nous précisons qu’il nous est impossible de prétendre à l’exhaustivité dans notre réponse, l’histoire du livre étant riche, complexe, et loin d’être finie.
Rappelons tout d’abord avec le CNRTL que le mot « livre » est étymologiquement Emprunté au latin liber, signifiant proprement « partie vivante de l'écorce » [sur laquelle on écrivait autrefois] ».
La première définition est donc matérielle, et l'histoire du livre est aussi une histoire matérielle, du rouleau que les romains connaissaient sous le nom de volumen au codex, ce cahier de feuilles rassemblées ensemble qui est toujours la norme aujourd’hui :
« Le parchemin, peau animale traitée […] entraîne un changement fondamental dans l’histoire du livre : le passage du volumen au codex.
Le codex est un mot latin qui désigne le livre formé de feuilles pliées et assemblées en cahiers, et couvert d'une reliure tel que nous le connaissons. Il vient du mot caudex qui se réfère à la matière "bois" du tronc d'arbre ou de la souche. Plus tard, le terme est employé pour les livres en papyrus ou en parchemin utilisant ce format.
Le parchemin, en effet, matière solide, facile à plier, inscriptible des deux côtés, donne des feuillets que l’on réunit et assemble en cahiers. Le mot cahier vient du latin quaterni, quatre à la fois, qui a donné quaternio, quaternion en français, ou cahier de 4 feuillets. Cet empilement s'avéra dans la pratique le plus adéquat. On trouve aussi des binions, des quinions. Il existe des vestiges de codex en parchemin très tôt, dès le début du IIe siècle.
Le codex ainsi formé contient beaucoup plus de textes que le rouleau antique (volumen), peu à peu abandonné. Cette mutation, qui bouleverse les habitudes d’écriture et de lecture, prend plusieurs siècles.
Elle est impulsée par les chrétiens : la Bible est copiée sur codex dès le IIe siècle ; mais les Romains et les Grecs continuent d’inscrire leurs comptes, contrats et notes diverses sur des tablettes de bois recouvertes de cire et lisent les textes littéraires dans des rouleaux.
Le codex s’impose vraiment au IVe siècle dans l’Occident latin et au Ve siècle dans l’Empire byzantin [et] présente de nombreux avantages : il permet de réunir une grande quantité d'écriture, il occupe moins de place dans les bibliothèques que le papyrus et permet une organisation plus rationnelle du texte. Enfin, il favorise le travail scolastique d'annotation.
Grâce au codex, la page n'est plus comme sur le rouleau un défilé continuel de colonnes, mais bien un espace délimité, une entité visuelle intellectuellement autonome.
Le codex permet au lecteur de garder une main libre pour écrire et donc annoter, commenter, gloser le texte. Il lui offre une véritable architecture du texte, séquencée en pages, hiérarchisée en chapitres, puis en paragraphes, aisément feuilletable grâce à un index. Il lui autorise également retours et avancées au fil de sa curiosité ou des besoins de sa mémoire et fortifie son rapport au savoir. »
(Source : classes.bnf.fr)
Le livre occidental restera manuscrit jusqu’à 1455 ; puis, avec l’invention de l’imprimerie, l’objet évoluera pour devenir tel qu’on le connait aujourd’hui. Pourtant, dans les premières décennies, les imprimeurs continueront à composer les livres en imitant les conventions du manuscrit médiéval : ces premiers essais de livres imprimés en 1455 à 1500 (par convention) sont appelés inculables :
« Ce que l'on appelle communément les « incunables » (mot forgé au XIXe siècle, du latin incunabula, « langes », « berceau ») désigne les premiers livres imprimés produits depuis la Bible de Gutenberg, vers 1455, jusqu'à la fin de l'année 1500, qu'il s'agisse d'éditions datables de cette période ou explicitement datées. Le réel tournant entre les premiers livres imprimés qui ressemblent beaucoup aux manuscrits et le livre imprimé renouvelé se situe davantage dans les années 1520-1530. On estime qu'environ 27 000 éditions, représentant de 10 à 15 millions d'exemplaires, ont été publiées, dans plus de 210 villes différentes. Les premiers spécimens d'impression xylographique sur papier datent de 1420 environ. Dans ces premiers ouvrages, le texte est encore manuscrit, les bois gravés ne servant qu'à l'impression des illustrations. Plus tard, avec les livrets xylographiques, le texte et les illustrations sont gravés puis imprimés ensemble. Enfin, en 1440 Gutenberg, sans rien connaître de l'impression au moyen de caractères mobiles telle qu'elle se pratiquait en Chine et en Corée, met au point le premier moule réglable permettant de fondre les caractères d'imprimerie en série. Cette date est retenue comme marquant « l'invention de l'imprimerie », ce qui est en fait une industrialisation de l'imprimerie.
[…]
L'apparition de la typographie en caractères mobiles n'entraîne d'abord aucune modification radicale dans les dispositifs formels des livres. Puis, dans la décennie 1480, le manuscrit est majoritairement délaissé au profit de l'imprimé ; au début du XVIe siècle, ce dernier se dégage définitivement de la forme matérielle du manuscrit. Mais il n'y a pas de rupture brutale dans le passage du manuscrit à l'imprimé, loin s'en faut, et il convient de souligner la coexistence des deux supports jusqu'au XVIIe siècle, tout au long d'une période de subtile continuité et de renouvellement, une époque de transition assez longue qui entraîne la modification des façons de penser et de présenter le texte. »
Ce qui impliquait dans les incunables la fréquente présence d’enluminures, d’initiales peintes, etc. Et ce, jusqu’en 1530 environ, lorsque le livre imprimé commencera à s’émanciper de son ancêtre manuscrit, longue histoire que nous vous laisserons découvrir également sur le site de la Bnf.
Mais au cours des siècles – et dans le monde entier – auteurs et imprimeurs n’ont jamais cessé d’innover sur la forme du livre. Lorsque le livre ne se résume plus au codex, que sa forme et sa matière ajoutent le plaisir visuel et tactile à celui du contenu, on parle delivre-objet :
« Supports insolites, usages ludiques et artistiques
Parfois, la forme - ou la matière- du livre joue avec son contenu. Elle l’illustre ou en prolonge le sens. Elle se met au service de l’écrit.
Ainsi les rares livres en forme de cœur du XVè siècle, ou le journal sur étoffe imperméable destiné aux établissements de bains parisiens de XIXè siècle…
Clin d’œil romantique, la lettre d’Apollinaire sur écorce de bouleau fait rimer matière et poème, tout comme ces livres de plomb et de noyer, fabriqués par des plasticiens, tendent vers un accord parfait entre l’écrit et le support. Il s’agit là d’une mise en valeur des deux éléments à travers une interprétation artistique.
[…]
L'exemple de la calebasse africaine
Un peu partout en Afrique la calebasse est un objet investi d’un pouvoir considérable, image cosmique (sa rondeur est celle du ciel comme de la terre) mais aussi image de la femme, elle représente la matrice, le contenant parfait. Elle est donc naturellement utilisée pour l’inscription de signes relatifs à la procréation.
[…]
L’inscription des messages, proverbes, devises de défi ou d’amour, symboles des astres ou figures humaines et animales, replace les événements dans l’ordre universel du monde, conférant à un instrument du quotidien matériel une profonde dimension spirituelle. »
Voir également la sélection de livres-objets de babelio.com, et le répertoire de liens de l’Académie de Caen.
(Source : bnf.fr)
Ce type de livre est très répandu dans la production destinée à la jeunesse : c’est lelivre animé , parfois appelé pop-up ou livre à mécanisme. Nous vous invitons à découvrir ce genre sur le site livresanimes.
On n’oubliera pas non plus les livres qui donnent une grande place à l’image : l’album, plutôt destiné à la jeunesse, et, évidemment, labande dessinée.
Les XXe et XXIe siècles ont vu une nouvelle révolution : celle de la sortie du livre de la matière papier. C’est le développement dulivre audio :
« Par livre audio ou texte lu, il convient d'entendre de manière littérale une oeuvre qui est enregistrée après avoir été publiée sur papier. Cette spécificité livre a été reconnue en 2009 par une TVA à 5,5 % alors que la TVA à 19,6 % qui lui était appliquée jusque-là associait le livre audio aux collections sonores.
[…]
L'offre éditoriale en France se développe considérablement. Presque tous les domaines sont maintenant représentés dans les divers catalogues des fournisseurs avec un essor important notamment dans les domaines de la philosophie. »
(Source : mediatheque.seine-et-marne.fr)
C’est également l’apparition dulivre numérique :
« Un livre numérique est constitué d’un fichier informatique ou d’un ensemble de fichiers, auquel sont associées des données qui les décrivent : les métadonnées. À la différence du livre traditionnel, dont le contenu s’offre aux yeux du lecteur en toute immédiateté, le livre numérique ne se donne à lire que par l’intermédiation de différentes couches techniques, qui vont de la donnée brute à l’affichage de la page sur support électronique. Sous les lettres, il y a des chiffres : comme tout ensemble de données informatiques, le livre numérique est avant tout composé d’une suite de 0 et de 1, qui sont regroupés par huit (octets), puis encapsulés dans un format de fichier, lui-même interprété par un logiciel, qui est géré par un système d’exploitation, que l’on a installé sur une machine… La lecture du livre numérique dépend donc de la bonne interaction entre toutes les couches matérielles et logicielles et des différentes stratégies technologiques qui ont été adoptées pour produire l’objet final (systèmes, formats, machines). »
(Source : bnf.fr)
Puis, c’est sur internet que le livre termine de se dématérialiser : on doit citer à ce sujet les réflexions et expérimentations menées depuis 1997 par l’écrivain François Bon à travers son site La Tiers livre. Cette sortie du papier a aussi favorisé le développement de genres beaucoup plus marginaux, comme la fanfiction , réappropriation d’un univers romanesque ou musical par des lecteurs :
« La fanfiction apparaît dans les années 1970 avec la série télévisée «Star Trek»: dans les fanzines de SF, les aficionados imaginent ce qui se passe entre le capitaine Kirk et Mr Spock une fois l’épisode terminé. Dans le même temps, au Japon, se développent les dojinshi, récits écrits à partir de mangas et vendus dans les conventions de fans.
Mais la fanfic connaît un nouveau souffle avec le développement d’internet, d’abord avec des listes de diffusion puis sur des sites de publication. »
(Source : bibliobs.nouvelobs.com)
Ce qui peut apparaître comme un passe-temps a parfois débouché sur des contes de fées éditoriaux, voir l’histoire du succès d’Anna Todd avec sa saga After, sur lemonde.fr.
En prenant la question dans son sens thématique cette fois, nous vous renverrons tout d’abord à la réponse que nous vous avions faite ici-même il y a quelques mois :
« Dans nos manuels de catalogage, on trouve des typologies de documents définis par leur nature :
bibliographie, catalogue, index, résumé, dictionnaire, encyclopédie, répertoire, description de projet, statistiques, manuel, brevet, norme, mémoire, thèse, lois et décrets, table numérique, rapport technique, sujet d'examen, synthèse bibliographique, traité, dessin humoristique, bande dessinée, texte religieux (histoires bibliques, catéchismes, littérature dévotionnelle, hymnes, indulgences, litanies, pièces de théâtre religieux, sermons, livres des offices, antiphonaires, bréviaires, missels, etc.).
Genres littéraires : fiction, roman, théâtre, essais, humour, satire, lettres, nouvelles, poésie, discours, art oratoire, livret
Biographies...
source : Manuel UNIMARC : format bibliographique / Fédération internationale des associations de bibliothécaires et des bibliothèques
Dans toutes les catégories ou presque que vous mentionnez, on retrouve des encyclopédies, dictionnaires, manuels, guides ...
Quelques spécificités par discipline :
Philosophie : discours, écrits, pensées, traités, ...
Sciences : herbiers, précis, abrégés, traités, ...
Technologie : guides pratiques, guides techniques, mémentos, normes, ...
Art : catalogues d'expositions, catalogues de ventes, cotes de peintres, abécédaires des arts, recueils d'estampes, dictionnaires d'enchères, ...
Histoire : archives, mémoires, chronologies, atlas historiques, panoramas, monographies, biographies, journaux, tableaux, récits de voyages, carnets, sagas ...
Géographie : atlas, guides, cartes, plans, ...
Sociologie : annuaires statistiques, synthèses, enquête ... »
Vous aviez vous-même cité dans votre questions quelques exemples du domaine de la religion : missel, catéchisme, bréviaire, psautier, martyrologue, que vous aviez bien raison de mentionner, puisque, comme nous l’avons vu plus haut, c’est la diffusion du christianisme qui a entraîné l’hégémonie du codex.
Pour aller plus loin, nous vous renverrons, une fois n’est pas coutume, à Wikipédia qui dresse une liste, sinon exhaustive, du moins très riche de genres de livres variés, qui vous permettra de continuer vos recherches.
Pour finir, nous citerons l’article de Patrick Parmentier, « Bon ou mauvais genre – La classification des lectures et les classements des lecteurs », paru dans le Bulletin des bibliothécaires de France en 1986. Cet article évoque une des difficultés liées à la notion de genre, son instabilité :
« L'homogénéité des catégories n'est pas garantie : comment croire que tous les sujets mettent le même type d'ouvrages sous des étiquettes comme « roman sentimental », « romans d'écrivains actuels », « livres techniques ou professionnels », « livres pratiques », « essais » et même « livres sur l'histoire » ou « livres d'histoire » ? Il n'y a pas de compréhension univoque de ces catégories : sur les exemples qui précèdent, tous empruntés à des enquêtes réelles, on voit bien comment le même livre peut être considéré comme « sentimental » ou « contemporain » selon le souci qu'a l'interviewé de la « légitimité culturelle » de ses goûts, comme « pratique » ou « professionnel » selon la profession ou la prétention du lecteur, comme « roman » ou comme « livre sur l'histoire » selon l'importance accordée à la différence entre documentaire et fiction (dont on sait que la perception est très variable). Si les rapports que le répondant entretient avec la « légitimité culturelle » déterminent sa façon d'indexer ses lectures, ils influent aussi sur l'image qu'il tentera de donner de lui-même à l'enquêteur (représentant plus ou moins à ses yeux de cette légitimité) : ces « bluffs » (dont il existe plusieurs sortes) sont un peu moins praticables quand il faut donner des titres et non plus cocher des cases. La citation est l'indice indiscutable - sinon toujours d'une lecture effective -d'un rapport plus investi, plus attentif au genre dont le livre est un spécimen que l'on n'aurait pu nommer sans un minimum de familiarité.
[…]
Une classification typologique des textes peut se fonder sur quelques critères divers : le contenu du livre; son usage; ses usagers ou ses destinataires. Le contenu du texte est en général défini par rapport à la réalité extérieure. C'est le premier principe de la classification en rayon : fiction ou description du réel, roman ou documentaire, et si documentaire, quelle région du réel ?
[…]
Dans la théorie même des genres, on trouverait déjà la même confusion des principes. Ainsi la science-fiction n'est pas un genre, selon une remarque de Boris Vian, puisqu'on y retrouve les subdivisions de la littérature « réelle ». Ainsi, à un autre niveau, la bande dessinée est un des Beaux-Arts, un médium, comme d'autres anciens et nouveaux (livre, chanson, théâtre, roman-photo, cinéma, opéra, danse, peinture, etc.), qui peut être le vecteur de différents genres. »
(Source : bbf.enssib.fr)
Pour aller plus loin :
- Une histoire de l'édition à l'époque contemporaine [Livre] : (XIXe-XXe siècle) / Elisabeth Parinet
- Les genres littéraires [Livre] / Yves Stalloni
- Le livre, objet d'art, objet rare [Livre] / Annie Schneider ; photogr. Jérémie Bouillon
- Livres animés [Livre] : entre papier et écran : histoire, techniques, créations, perspectives / Gaëlle Pelachaud
- Le livre entre le commerce et l'histoire des idées [Livre] : les catalogues de libraires, XVe-XIXe siècle : actes de la Journée d'étude organisée à l'École des chartes, Paris, le 27 mars 2008 ;
- Dictionnaire du livre de jeunesse [Livre] : la littérature d'enfance et de jeunesse en France / sous la direction de Isabelle Nières-Chevrel et Jean Perrot ;
Bonne journée.
Il semble que votre question appelle à deux types de réponses, selon qu’on prend le mot « livre » dans le sens d’objet matériel, ou dans le sens de l’entité textuelle.
De même, nous précisons qu’il nous est impossible de prétendre à l’exhaustivité dans notre réponse, l’histoire du livre étant riche, complexe, et loin d’être finie.
Rappelons tout d’abord avec le CNRTL que le mot « livre » est étymologiquement Emprunté au latin liber, signifiant proprement « partie vivante de l'écorce » [sur laquelle on écrivait autrefois] ».
La première définition est donc matérielle, et l'histoire du livre est aussi une histoire matérielle, du rouleau que les romains connaissaient sous le nom de volumen au codex, ce cahier de feuilles rassemblées ensemble qui est toujours la norme aujourd’hui :
« Le parchemin, peau animale traitée […] entraîne un changement fondamental dans l’histoire du livre : le passage du volumen au codex.
Le codex est un mot latin qui désigne le livre formé de feuilles pliées et assemblées en cahiers, et couvert d'une reliure tel que nous le connaissons. Il vient du mot caudex qui se réfère à la matière "bois" du tronc d'arbre ou de la souche. Plus tard, le terme est employé pour les livres en papyrus ou en parchemin utilisant ce format.
Le parchemin, en effet, matière solide, facile à plier, inscriptible des deux côtés, donne des feuillets que l’on réunit et assemble en cahiers. Le mot cahier vient du latin quaterni, quatre à la fois, qui a donné quaternio, quaternion en français, ou cahier de 4 feuillets. Cet empilement s'avéra dans la pratique le plus adéquat. On trouve aussi des binions, des quinions. Il existe des vestiges de codex en parchemin très tôt, dès le début du IIe siècle.
Le codex ainsi formé contient beaucoup plus de textes que le rouleau antique (volumen), peu à peu abandonné. Cette mutation, qui bouleverse les habitudes d’écriture et de lecture, prend plusieurs siècles.
Elle est impulsée par les chrétiens : la Bible est copiée sur codex dès le IIe siècle ; mais les Romains et les Grecs continuent d’inscrire leurs comptes, contrats et notes diverses sur des tablettes de bois recouvertes de cire et lisent les textes littéraires dans des rouleaux.
Le codex s’impose vraiment au IVe siècle dans l’Occident latin et au Ve siècle dans l’Empire byzantin [et] présente de nombreux avantages : il permet de réunir une grande quantité d'écriture, il occupe moins de place dans les bibliothèques que le papyrus et permet une organisation plus rationnelle du texte. Enfin, il favorise le travail scolastique d'annotation.
Grâce au codex, la page n'est plus comme sur le rouleau un défilé continuel de colonnes, mais bien un espace délimité, une entité visuelle intellectuellement autonome.
Le codex permet au lecteur de garder une main libre pour écrire et donc annoter, commenter, gloser le texte. Il lui offre une véritable architecture du texte, séquencée en pages, hiérarchisée en chapitres, puis en paragraphes, aisément feuilletable grâce à un index. Il lui autorise également retours et avancées au fil de sa curiosité ou des besoins de sa mémoire et fortifie son rapport au savoir. »
(Source : classes.bnf.fr)
Le livre occidental restera manuscrit jusqu’à 1455 ; puis, avec l’invention de l’imprimerie, l’objet évoluera pour devenir tel qu’on le connait aujourd’hui. Pourtant, dans les premières décennies, les imprimeurs continueront à composer les livres en imitant les conventions du manuscrit médiéval : ces premiers essais de livres imprimés en 1455 à 1500 (par convention) sont appelés
« Ce que l'on appelle communément les « incunables » (mot forgé au XIXe siècle, du latin incunabula, « langes », « berceau ») désigne les premiers livres imprimés produits depuis la Bible de Gutenberg, vers 1455, jusqu'à la fin de l'année 1500, qu'il s'agisse d'éditions datables de cette période ou explicitement datées. Le réel tournant entre les premiers livres imprimés qui ressemblent beaucoup aux manuscrits et le livre imprimé renouvelé se situe davantage dans les années 1520-1530. On estime qu'environ 27 000 éditions, représentant de 10 à 15 millions d'exemplaires, ont été publiées, dans plus de 210 villes différentes. Les premiers spécimens d'impression xylographique sur papier datent de 1420 environ. Dans ces premiers ouvrages, le texte est encore manuscrit, les bois gravés ne servant qu'à l'impression des illustrations. Plus tard, avec les livrets xylographiques, le texte et les illustrations sont gravés puis imprimés ensemble. Enfin, en 1440 Gutenberg, sans rien connaître de l'impression au moyen de caractères mobiles telle qu'elle se pratiquait en Chine et en Corée, met au point le premier moule réglable permettant de fondre les caractères d'imprimerie en série. Cette date est retenue comme marquant « l'invention de l'imprimerie », ce qui est en fait une industrialisation de l'imprimerie.
[…]
L'apparition de la typographie en caractères mobiles n'entraîne d'abord aucune modification radicale dans les dispositifs formels des livres. Puis, dans la décennie 1480, le manuscrit est majoritairement délaissé au profit de l'imprimé ; au début du XVIe siècle, ce dernier se dégage définitivement de la forme matérielle du manuscrit. Mais il n'y a pas de rupture brutale dans le passage du manuscrit à l'imprimé, loin s'en faut, et il convient de souligner la coexistence des deux supports jusqu'au XVIIe siècle, tout au long d'une période de subtile continuité et de renouvellement, une époque de transition assez longue qui entraîne la modification des façons de penser et de présenter le texte. »
Ce qui impliquait dans les incunables la fréquente présence d’enluminures, d’initiales peintes, etc. Et ce, jusqu’en 1530 environ, lorsque le livre imprimé commencera à s’émanciper de son ancêtre manuscrit, longue histoire que nous vous laisserons découvrir également sur le site de la Bnf.
Mais au cours des siècles – et dans le monde entier – auteurs et imprimeurs n’ont jamais cessé d’innover sur la forme du livre. Lorsque le livre ne se résume plus au codex, que sa forme et sa matière ajoutent le plaisir visuel et tactile à celui du contenu, on parle de
« Supports insolites, usages ludiques et artistiques
Parfois, la forme - ou la matière- du livre joue avec son contenu. Elle l’illustre ou en prolonge le sens. Elle se met au service de l’écrit.
Ainsi les rares livres en forme de cœur du XVè siècle, ou le journal sur étoffe imperméable destiné aux établissements de bains parisiens de XIXè siècle…
Clin d’œil romantique, la lettre d’Apollinaire sur écorce de bouleau fait rimer matière et poème, tout comme ces livres de plomb et de noyer, fabriqués par des plasticiens, tendent vers un accord parfait entre l’écrit et le support. Il s’agit là d’une mise en valeur des deux éléments à travers une interprétation artistique.
[…]
L'exemple de la calebasse africaine
Un peu partout en Afrique la calebasse est un objet investi d’un pouvoir considérable, image cosmique (sa rondeur est celle du ciel comme de la terre) mais aussi image de la femme, elle représente la matrice, le contenant parfait. Elle est donc naturellement utilisée pour l’inscription de signes relatifs à la procréation.
[…]
L’inscription des messages, proverbes, devises de défi ou d’amour, symboles des astres ou figures humaines et animales, replace les événements dans l’ordre universel du monde, conférant à un instrument du quotidien matériel une profonde dimension spirituelle. »
Voir également la sélection de livres-objets de babelio.com, et le répertoire de liens de l’Académie de Caen.
(Source : bnf.fr)
Ce type de livre est très répandu dans la production destinée à la jeunesse : c’est le
On n’oubliera pas non plus les livres qui donnent une grande place à l’image : l’album, plutôt destiné à la jeunesse, et, évidemment, labande dessinée.
Les XXe et XXIe siècles ont vu une nouvelle révolution : celle de la sortie du livre de la matière papier. C’est le développement du
« Par livre audio ou texte lu, il convient d'entendre de manière littérale une oeuvre qui est enregistrée après avoir été publiée sur papier. Cette spécificité livre a été reconnue en 2009 par une TVA à 5,5 % alors que la TVA à 19,6 % qui lui était appliquée jusque-là associait le livre audio aux collections sonores.
[…]
L'offre éditoriale en France se développe considérablement. Presque tous les domaines sont maintenant représentés dans les divers catalogues des fournisseurs avec un essor important notamment dans les domaines de la philosophie. »
(Source : mediatheque.seine-et-marne.fr)
C’est également l’apparition du
« Un livre numérique est constitué d’un fichier informatique ou d’un ensemble de fichiers, auquel sont associées des données qui les décrivent : les métadonnées. À la différence du livre traditionnel, dont le contenu s’offre aux yeux du lecteur en toute immédiateté, le livre numérique ne se donne à lire que par l’intermédiation de différentes couches techniques, qui vont de la donnée brute à l’affichage de la page sur support électronique. Sous les lettres, il y a des chiffres : comme tout ensemble de données informatiques, le livre numérique est avant tout composé d’une suite de 0 et de 1, qui sont regroupés par huit (octets), puis encapsulés dans un format de fichier, lui-même interprété par un logiciel, qui est géré par un système d’exploitation, que l’on a installé sur une machine… La lecture du livre numérique dépend donc de la bonne interaction entre toutes les couches matérielles et logicielles et des différentes stratégies technologiques qui ont été adoptées pour produire l’objet final (systèmes, formats, machines). »
(Source : bnf.fr)
Puis, c’est sur internet que le livre termine de se dématérialiser : on doit citer à ce sujet les réflexions et expérimentations menées depuis 1997 par l’écrivain François Bon à travers son site La Tiers livre. Cette sortie du papier a aussi favorisé le développement de genres beaucoup plus marginaux, comme la
« La fanfiction apparaît dans les années 1970 avec la série télévisée «Star Trek»: dans les fanzines de SF, les aficionados imaginent ce qui se passe entre le capitaine Kirk et Mr Spock une fois l’épisode terminé. Dans le même temps, au Japon, se développent les dojinshi, récits écrits à partir de mangas et vendus dans les conventions de fans.
Mais la fanfic connaît un nouveau souffle avec le développement d’internet, d’abord avec des listes de diffusion puis sur des sites de publication. »
(Source : bibliobs.nouvelobs.com)
Ce qui peut apparaître comme un passe-temps a parfois débouché sur des contes de fées éditoriaux, voir l’histoire du succès d’Anna Todd avec sa saga After, sur lemonde.fr.
En prenant la question dans son sens thématique cette fois, nous vous renverrons tout d’abord à la réponse que nous vous avions faite ici-même il y a quelques mois :
« Dans nos manuels de catalogage, on trouve des typologies de documents définis par leur nature :
bibliographie, catalogue, index, résumé, dictionnaire, encyclopédie, répertoire, description de projet, statistiques, manuel, brevet, norme, mémoire, thèse, lois et décrets, table numérique, rapport technique, sujet d'examen, synthèse bibliographique, traité, dessin humoristique, bande dessinée, texte religieux (histoires bibliques, catéchismes, littérature dévotionnelle, hymnes, indulgences, litanies, pièces de théâtre religieux, sermons, livres des offices, antiphonaires, bréviaires, missels, etc.).
Genres littéraires : fiction, roman, théâtre, essais, humour, satire, lettres, nouvelles, poésie, discours, art oratoire, livret
Biographies...
source : Manuel UNIMARC : format bibliographique / Fédération internationale des associations de bibliothécaires et des bibliothèques
Dans toutes les catégories ou presque que vous mentionnez, on retrouve des encyclopédies, dictionnaires, manuels, guides ...
Quelques spécificités par discipline :
Philosophie : discours, écrits, pensées, traités, ...
Sciences : herbiers, précis, abrégés, traités, ...
Technologie : guides pratiques, guides techniques, mémentos, normes, ...
Art : catalogues d'expositions, catalogues de ventes, cotes de peintres, abécédaires des arts, recueils d'estampes, dictionnaires d'enchères, ...
Histoire : archives, mémoires, chronologies, atlas historiques, panoramas, monographies, biographies, journaux, tableaux, récits de voyages, carnets, sagas ...
Géographie : atlas, guides, cartes, plans, ...
Sociologie : annuaires statistiques, synthèses, enquête ... »
Vous aviez vous-même cité dans votre questions quelques exemples du domaine de la religion : missel, catéchisme, bréviaire, psautier, martyrologue, que vous aviez bien raison de mentionner, puisque, comme nous l’avons vu plus haut, c’est la diffusion du christianisme qui a entraîné l’hégémonie du codex.
Pour aller plus loin, nous vous renverrons, une fois n’est pas coutume, à Wikipédia qui dresse une liste, sinon exhaustive, du moins très riche de genres de livres variés, qui vous permettra de continuer vos recherches.
Pour finir, nous citerons l’article de Patrick Parmentier, « Bon ou mauvais genre – La classification des lectures et les classements des lecteurs », paru dans le Bulletin des bibliothécaires de France en 1986. Cet article évoque une des difficultés liées à la notion de genre, son instabilité :
« L'homogénéité des catégories n'est pas garantie : comment croire que tous les sujets mettent le même type d'ouvrages sous des étiquettes comme « roman sentimental », « romans d'écrivains actuels », « livres techniques ou professionnels », « livres pratiques », « essais » et même « livres sur l'histoire » ou « livres d'histoire » ? Il n'y a pas de compréhension univoque de ces catégories : sur les exemples qui précèdent, tous empruntés à des enquêtes réelles, on voit bien comment le même livre peut être considéré comme « sentimental » ou « contemporain » selon le souci qu'a l'interviewé de la « légitimité culturelle » de ses goûts, comme « pratique » ou « professionnel » selon la profession ou la prétention du lecteur, comme « roman » ou comme « livre sur l'histoire » selon l'importance accordée à la différence entre documentaire et fiction (dont on sait que la perception est très variable). Si les rapports que le répondant entretient avec la « légitimité culturelle » déterminent sa façon d'indexer ses lectures, ils influent aussi sur l'image qu'il tentera de donner de lui-même à l'enquêteur (représentant plus ou moins à ses yeux de cette légitimité) : ces « bluffs » (dont il existe plusieurs sortes) sont un peu moins praticables quand il faut donner des titres et non plus cocher des cases. La citation est l'indice indiscutable - sinon toujours d'une lecture effective -d'un rapport plus investi, plus attentif au genre dont le livre est un spécimen que l'on n'aurait pu nommer sans un minimum de familiarité.
[…]
Une classification typologique des textes peut se fonder sur quelques critères divers : le contenu du livre; son usage; ses usagers ou ses destinataires. Le contenu du texte est en général défini par rapport à la réalité extérieure. C'est le premier principe de la classification en rayon : fiction ou description du réel, roman ou documentaire, et si documentaire, quelle région du réel ?
[…]
Dans la théorie même des genres, on trouverait déjà la même confusion des principes. Ainsi la science-fiction n'est pas un genre, selon une remarque de Boris Vian, puisqu'on y retrouve les subdivisions de la littérature « réelle ». Ainsi, à un autre niveau, la bande dessinée est un des Beaux-Arts, un médium, comme d'autres anciens et nouveaux (livre, chanson, théâtre, roman-photo, cinéma, opéra, danse, peinture, etc.), qui peut être le vecteur de différents genres. »
(Source : bbf.enssib.fr)
Pour aller plus loin :
- Une histoire de l'édition à l'époque contemporaine [Livre] : (XIXe-XXe siècle) / Elisabeth Parinet
- Les genres littéraires [Livre] / Yves Stalloni
- Le livre, objet d'art, objet rare [Livre] / Annie Schneider ; photogr. Jérémie Bouillon
- Livres animés [Livre] : entre papier et écran : histoire, techniques, créations, perspectives / Gaëlle Pelachaud
- Le livre entre le commerce et l'histoire des idées [Livre] : les catalogues de libraires, XVe-XIXe siècle : actes de la Journée d'étude organisée à l'École des chartes, Paris, le 27 mars 2008 ;
- Dictionnaire du livre de jeunesse [Livre] : la littérature d'enfance et de jeunesse en France / sous la direction de Isabelle Nières-Chevrel et Jean Perrot ;
Bonne journée.
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