Question d'origine :
Bonjour, j'aimerais savoir si la cigarette électronique est meilleure ou moins bonne à la santé et pour l'environnement que la cigarette normale en papier ? Merci !
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 16/12/2019 à 14h01
Bonjour,
L’impact de la cigarette électronique sur la santé est encore mal connu, car, comme le rappelle l’article dédié de l’Encyclopaedia universalis, l’objet n’existe sous sa forme actuelle que depuis 2006 et n’a commencé à se diffuser massivement qu’à partir des années 2010. Toujours est-il que la prise de nicotine est très différente de ce qui se passe avec une cigarette classique :
« Entre deux bouffées, l’e-cigarette est totalement inerte, ce qui permet à l’utilisateur d’espacer librement ses prises sans prendre en compte un risque d’extinction comme avec la vraie cigarette : cela supprime l’émission d’éléments toxiques dans l’environnement entre deux bouffées, minimisant le vapotage passif. Avec ce dispositif, le consommateur peut prendre ses doses de nicotine de façon régulière au cours de la journée (et non pas par série d’une quinzaine de bouffées prises en 5 minutes). La nicotine est infiniment moins addictogène lorsqu’elle est délivrée de cette façon, car elle n’entraîne pas la multiplication du nombre de récepteurs du cerveau sur lesquels elle vient se fixer (récepteurs dits nicotiniques), cette multiplication étant responsable de la dépendance. Une prise plus continue de nicotine dans la journée avec la cigarette électronique évite donc les pics de nicotine (shoots) de la cigarette classique ; elle pourrait permettre de diminuer l’entretien de la dépendance nicotinique tout en calmant la sensation de manque. »
Selon l’auteur de l’article, il semblerait bien que la vapoteuse soit moins nocive que la cigarette classique, « car la vapeur ne contient ni monoxyde de carbone (CO), qui prend la place de l’oxygène dans les globules rouges du fumeur, ni particules fines solides, qui provoquent les maladies bronchiques et cardiaques, ni substances cancérogènes ou très peu (infimes traces de nitrosamines, mais absence totale de goudrons) ». Certes, une certaine psychose a accompagné la découverte d’une mystérieuse « maladie du vapoteur » ayant entraîné une trentaine de décès aux Etats-Unis – mais une étude récente a mis en avant la responsabilité de liquides de vapotage illégaux contenant de la THC et de la vitamine E.
Pour autant, rien n’indique que l’e-cigarette soit sans risque : selon un article de futura-sciences.com « Des corrélations sont apparues entre cigarette électronique et toux chronique, flegme, expectorations, respiration sifflante, bronchite chronique, maladie pulmonaire obstructive chronique et asthme entre fumeurs et non-fumeurs. Pour les fumeurs qui sont passés à la e-cigarette, les études sont contradictoires quant aux bénéfices attendus par la cessation de la cigarette. Enfin, fumer la cigarette électronique pourrait causer des lésions aiguës des petites voies respiratoires, des pneumopathies d'hypersensibilité et d'autres maladies alvéolaires ainsi qu'affecter le processus de phagocytose de certaines cellules immunitaires. »
Selon la revue du British Medical journal que cite l’article, le vapotage entraîne également le risque de retarder l’arrêt du tabac chez des fumeurs combinant les deux pratiques.
Cela fait beaucoup de verbes au conditionnel, et nous serions bien en peine d’être plus précis, car outre que les études sont encore trop peu nombreuses, « il est difficile de discriminer la toxicité spécifique de la cigarette électronique de celle de la cigarette, les vapoteurs étant à 99% des fumeurs ou ex-fumeurs de tabac. De plus, "il est difficile de généraliser la toxicité potentielle des émissions de cigarette électronique, car celle‐ci dépend de la combinaison de nombreux facteurs : composition du liquide (arômes alimentaires dont le profil toxicologique est connu pour l’ingestion et non pour l’inhalation, taux de propylène glycol qui est un irritant des voies respiratoires, etc.), paramètres de vapotage de la cigarette électronique (la puissance de la batterie couplée à la résistance de l’atomiseur sont déterminants dans la production de composés gazeux nocifs) et, enfin, profil d’inhalation du vapoteur (durée d’inhalation, volume des bouffées, etc.)". »
(Source : Sciences et avenir)
Concernant l’impact environnemental des deux pratiques, il n’existe pas non plus à notre connaissance d’étude systématique sur la question, bien qu’il soit au moins acquis que l’e-cigarette, rechargeable, ne produit pas de mégots. De plus, elle ne rejette, on l’a dit, pas de CO dans l’air :
« Finalement, la cigarette électronique ne serait-elle pas moins dangereuse pour la planète que le tabac ? En effet, les composants – autant chimiques que cancérigènes – de ce dernier se retrouvent projetés dans l’atmosphère par la fumée que rejettent les consommateurs. Une fois libérée, la fumée persiste quelques minutes dans l’air ambiant, qui conserve donc des traces de monoxyde de carbone, de goudron ainsi que des particules fines. D’autre part, le tabac traditionnel laisse derrière lui de nombreuses traces, autrement visibles que la fumée. Qui n’a jamais eu la joie de retrouver un, voire plusieurs mégots enterrés sous le sable en posant sa serviette sur la plage ? Le site Planétoscope permet de voir en temps réel le nombre de mégots jetés dans la rue, et rappelle qu’un seul d’entre eux met 12 ans avant de se dégrader complètement, et pollue à lui tout seul pas moins de 500 litres d’eau ! En parallèle, la cigarette électronique à l’avantage de ne laisser derrière elle ni paquets vides, feuilles, filtres ou mégots à polluer l’espace public.
S’il est vrai que les composants des batteries et e-liquides peuvent poser problème, les inconvénients restent moindres que ceux du tabac. Une batterie de cigarette électronique sert pour plusieurs utilisations, et les e-liquides sont en grande partie composés de glycérine (85 %), d’eau (4 % environ) ou encore de nicotine (de 0 à 2 %) et d’arômes (de 1 à 8 %). La e-cigarette a l’avantage de ne rejeter aucun composant nocif – comme le plomb – puisqu’elle ne fonctionne pas avec un système de combustion. Par ailleurs, la vapeur ne reste que quelques secondes dans l’air, soit moins qu’avec le tabac, et ne rejette pas de dioxyde de carbone, qui est bien connu pour aggraver le trou dans la couche d’ozone. »
(Source : Citizen post)
A ces avantages, on peut ajouter avec natura-sciences.com que la cigarette électronique n’entraîne « pas de déforestation due au séchage du tabac et pas d’incendies accidentels. Elle ne nécessite pas de briquets, de cendriers et d’allumettes. En revanche, elle comprend une batterie, du métal, du plastique et nécessite de l’électricité pour fonctionner… »
Mais dans un secteur commercial qui ne brille pas par sa transparence, comme le souligne la totalité des sources que nous avons consultées, le coût environnemental de la filière n’est pas connu avec certitude, d’autant que le plus gros producteur des divers équipements et produits nécessaires reste incontestablement la Chine.
Bonne journée.
L’impact de la cigarette électronique sur la santé est encore mal connu, car, comme le rappelle l’article dédié de l’Encyclopaedia universalis, l’objet n’existe sous sa forme actuelle que depuis 2006 et n’a commencé à se diffuser massivement qu’à partir des années 2010. Toujours est-il que la prise de nicotine est très différente de ce qui se passe avec une cigarette classique :
« Entre deux bouffées, l’e-cigarette est totalement inerte, ce qui permet à l’utilisateur d’espacer librement ses prises sans prendre en compte un risque d’extinction comme avec la vraie cigarette : cela supprime l’émission d’éléments toxiques dans l’environnement entre deux bouffées, minimisant le vapotage passif. Avec ce dispositif, le consommateur peut prendre ses doses de nicotine de façon régulière au cours de la journée (et non pas par série d’une quinzaine de bouffées prises en 5 minutes). La nicotine est infiniment moins addictogène lorsqu’elle est délivrée de cette façon, car elle n’entraîne pas la multiplication du nombre de récepteurs du cerveau sur lesquels elle vient se fixer (récepteurs dits nicotiniques), cette multiplication étant responsable de la dépendance. Une prise plus continue de nicotine dans la journée avec la cigarette électronique évite donc les pics de nicotine (shoots) de la cigarette classique ; elle pourrait permettre de diminuer l’entretien de la dépendance nicotinique tout en calmant la sensation de manque. »
Selon l’auteur de l’article, il semblerait bien que la vapoteuse soit moins nocive que la cigarette classique, « car la vapeur ne contient ni monoxyde de carbone (CO), qui prend la place de l’oxygène dans les globules rouges du fumeur, ni particules fines solides, qui provoquent les maladies bronchiques et cardiaques, ni substances cancérogènes ou très peu (infimes traces de nitrosamines, mais absence totale de goudrons) ». Certes, une certaine psychose a accompagné la découverte d’une mystérieuse « maladie du vapoteur » ayant entraîné une trentaine de décès aux Etats-Unis – mais une étude récente a mis en avant la responsabilité de liquides de vapotage illégaux contenant de la THC et de la vitamine E.
Pour autant, rien n’indique que l’e-cigarette soit sans risque : selon un article de futura-sciences.com « Des corrélations sont apparues entre cigarette électronique et toux chronique, flegme, expectorations, respiration sifflante, bronchite chronique, maladie pulmonaire obstructive chronique et asthme entre fumeurs et non-fumeurs. Pour les fumeurs qui sont passés à la e-cigarette, les études sont contradictoires quant aux bénéfices attendus par la cessation de la cigarette. Enfin, fumer la cigarette électronique pourrait causer des lésions aiguës des petites voies respiratoires, des pneumopathies d'hypersensibilité et d'autres maladies alvéolaires ainsi qu'affecter le processus de phagocytose de certaines cellules immunitaires. »
Selon la revue du British Medical journal que cite l’article, le vapotage entraîne également le risque de retarder l’arrêt du tabac chez des fumeurs combinant les deux pratiques.
Cela fait beaucoup de verbes au conditionnel, et nous serions bien en peine d’être plus précis, car outre que les études sont encore trop peu nombreuses, « il est difficile de discriminer la toxicité spécifique de la cigarette électronique de celle de la cigarette, les vapoteurs étant à 99% des fumeurs ou ex-fumeurs de tabac. De plus, "il est difficile de généraliser la toxicité potentielle des émissions de cigarette électronique, car celle‐ci dépend de la combinaison de nombreux facteurs : composition du liquide (arômes alimentaires dont le profil toxicologique est connu pour l’ingestion et non pour l’inhalation, taux de propylène glycol qui est un irritant des voies respiratoires, etc.), paramètres de vapotage de la cigarette électronique (la puissance de la batterie couplée à la résistance de l’atomiseur sont déterminants dans la production de composés gazeux nocifs) et, enfin, profil d’inhalation du vapoteur (durée d’inhalation, volume des bouffées, etc.)". »
(Source : Sciences et avenir)
Concernant l’impact environnemental des deux pratiques, il n’existe pas non plus à notre connaissance d’étude systématique sur la question, bien qu’il soit au moins acquis que l’e-cigarette, rechargeable, ne produit pas de mégots. De plus, elle ne rejette, on l’a dit, pas de CO dans l’air :
« Finalement, la cigarette électronique ne serait-elle pas moins dangereuse pour la planète que le tabac ? En effet, les composants – autant chimiques que cancérigènes – de ce dernier se retrouvent projetés dans l’atmosphère par la fumée que rejettent les consommateurs. Une fois libérée, la fumée persiste quelques minutes dans l’air ambiant, qui conserve donc des traces de monoxyde de carbone, de goudron ainsi que des particules fines. D’autre part, le tabac traditionnel laisse derrière lui de nombreuses traces, autrement visibles que la fumée. Qui n’a jamais eu la joie de retrouver un, voire plusieurs mégots enterrés sous le sable en posant sa serviette sur la plage ? Le site Planétoscope permet de voir en temps réel le nombre de mégots jetés dans la rue, et rappelle qu’un seul d’entre eux met 12 ans avant de se dégrader complètement, et pollue à lui tout seul pas moins de 500 litres d’eau ! En parallèle, la cigarette électronique à l’avantage de ne laisser derrière elle ni paquets vides, feuilles, filtres ou mégots à polluer l’espace public.
S’il est vrai que les composants des batteries et e-liquides peuvent poser problème, les inconvénients restent moindres que ceux du tabac. Une batterie de cigarette électronique sert pour plusieurs utilisations, et les e-liquides sont en grande partie composés de glycérine (85 %), d’eau (4 % environ) ou encore de nicotine (de 0 à 2 %) et d’arômes (de 1 à 8 %). La e-cigarette a l’avantage de ne rejeter aucun composant nocif – comme le plomb – puisqu’elle ne fonctionne pas avec un système de combustion. Par ailleurs, la vapeur ne reste que quelques secondes dans l’air, soit moins qu’avec le tabac, et ne rejette pas de dioxyde de carbone, qui est bien connu pour aggraver le trou dans la couche d’ozone. »
(Source : Citizen post)
A ces avantages, on peut ajouter avec natura-sciences.com que la cigarette électronique n’entraîne « pas de déforestation due au séchage du tabac et pas d’incendies accidentels. Elle ne nécessite pas de briquets, de cendriers et d’allumettes. En revanche, elle comprend une batterie, du métal, du plastique et nécessite de l’électricité pour fonctionner… »
Mais dans un secteur commercial qui ne brille pas par sa transparence, comme le souligne la totalité des sources que nous avons consultées, le coût environnemental de la filière n’est pas connu avec certitude, d’autant que le plus gros producteur des divers équipements et produits nécessaires reste incontestablement la Chine.
Bonne journée.
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