Question d'origine :
Bonjour, Existerait-il une évaluation objective pour les personnels qui y sont soumis des avantages/inconvénients et de l'efficacité réelle des exercices "alerte- intrusion" pratiqué dans les écoles, collèges et lycées de Métropole ?
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 21/01/2020 à 10h24
Bonjour,
Le fonctionnement duplan particulier de mise en sûreté (PPMS), à organiser dans chaque établissement scolaire, a été défini en 2017 dans l’Instruction relative au renforcement des mesures de sécurité et de gestion de crise applicables dans les écoles et les établissements scolaires par la ministre Najat Vallaud-Belkacem, texte disponible sur le site de l’Education nationale. Ce document prévoit la communication des retours d’expérience (Retex) suite aux exercices de prévention anti-intrusion, entre autres :
« Un exercice au moins est réalisé chaque année, au titre du PPMS « attentat-intrusion », sur la base des scénarios élaborés sous la responsabilité du recteur. L'exercice doit se dérouler sans effet de surprise et sans mise en scène exagérément réaliste. L'utilisation d'arme factice est proscrite. L'ensemble des membres de la communauté éducative est prévenu en amont, ainsi que la collectivité gestionnaire et la commune d'implantation de l'école ou de l'établissement scolaire, notamment, pour cette dernière, quand l'exercice se traduit par une sortie vers la voie ou l'espace public. Les forces de police ou de gendarmerie en sont informées au minimum la veille de sa réalisation.Dans toute la mesure du possible, les exercices sont réalisés en présence d'observateurs avec lesquels un bilan est fait systématiquement. Lorsque les forces de police ou de gendarmerie ont pu être présentes lors de l'exercice, elles participent au retour d'expérience. »
Les retours d’exercices ne sont pas destinés à être communiqués au public, même si certains chefs d’établissement le font - on trouve par exemple en ligne le bilan d’un exercice mené en octobre 2016 à l’école Marlioz-Passy, dans l’académie de Grenoble). En revanche, ils sont censés faire l’objet d’un débriefing par l’équipe pédagogique, et être communiqué au conseil d’administration ou au conseil d’école, comme le stipule une Circulaire du Ministère de l’Intérieur datant également de 2017 :
« Le retour d'expérience au niveau de l'école ou de l'établissement scolaire le directeur d'école ou le chef d'établissement organiseavec son équipe , et éventuellement avec les partenaires extérieurs, un retour d'expérience (RETEX) avec le(s) observateur(s) afin d’identifier les points forts et les points à améliorer repérés pendant l'exercice. Ce RETEX est communiqué au conseil d'école ou au conseil d'administration . Cette communication permet d'associer les personnels, les représentants des parents d'élèves et les collectivités territoriales. Dans les écoles, le responsable des activités périscolaires est également invité. Dans les établissements du second degré, les chefs d'établissement veillent à ce que les élèves via leurs représentants soient associés. Le RETEX permet d'actualiser chaque année le PPMS «attentat-intrusion» et d'améliorer les points identifiés. »
Le fait que le bilan soit dressé « en présence d'observateurs » et la possibilité d’impliquer « les forces de police ou de gendarmerie » dans l’exercice et le retour, si tant est qu’ils soient effectifs, est peut-être un gage de sérieux dans le conduite des exercices. Cependant, il est difficile de se prononcer sur l’« efficacité réelle » de ceux-ci. Tout d’abord, parce que les actes terroristes effectivement perpétrés dans un établissement scolaire français datent de 2012, notamment parce que les services de la DGSI, qui ont encore déjoué un attentat dans une école en avril dernier, font assez régulièrement la preuve de leur efficacité dans la prévention des actes. Ensuite, pour des raisons qui semblent relever du bon sens.
Nous vous conseillons à cet égard la lecture du récit drolatique et quelque peu inquiétant d’un exercice de PPMS par Lucien Marboeuf, instituteur et blogueur, partagé par France info, qui se termine sur ces mots :
« Nous voyant ainsi, camouflés comme le nez au milieu de la figure, j’ai revu ma fille de 4 ans en train de se cacher dos tourné dans l’angle d’un mur en se bouchant les yeux, certaine qu’on ne la voyait pas, puisqu’elle ne nous voyait pas. J’ai aussi pensé à son école qui, comme des centaines d’autres en France, donne directement sur la rue, certains parents regardent d’ailleurs à travers les barreaux pendant la récré, alors l’exercice anti-intrusion pour aller ensuite tranquillement dans la cour…
Je me suis dit que tout ceci était dérisoire, grotesque, absurde. Qu’on essayait de penser l’impensable, d’imaginer l’inimaginable, dans ce qui ressemblerait presque à une tentative de conjuration du mauvais sort façon vaudou, de maraboutage du destin.
J’ai bien compris que le but de tout ceci était essentiellement de rassurer les parents (d’ailleurs le guide à destination des parents d’élèves figure avant celui pour les directeurs d’école, sur le site du ministère) et si j’en crois les réactions des associations de parents d’élèves ça semble marcher, tant mieux, c’est déjà ça. « L’objectif est d’aboutir, par des exercices répétés et progressifs, à une posture adéquate dans le cadre de cet exercice, en veillant à éviter, dans les exercices de préparation, tout scénario anxiogène », peut-on lire dans le guide. Quelle posture adéquate ? Elle a raison, Lina. Ni mes élèves ni moi ne pouvons savoir comment nous réagirons. La seule chose qui soit sûre, c’est que cet exercice ne nous aura pas aidés en grand-chose, si ce n’est, peut-être, à établir une fois pour toutes dans nos têtes que nous sommes des cibles et qu’aucun lieu n’est un refuge. »
Bonne journée.
Le fonctionnement du
« Un exercice au moins est réalisé chaque année, au titre du PPMS « attentat-intrusion », sur la base des scénarios élaborés sous la responsabilité du recteur. L'exercice doit se dérouler sans effet de surprise et sans mise en scène exagérément réaliste. L'utilisation d'arme factice est proscrite. L'ensemble des membres de la communauté éducative est prévenu en amont, ainsi que la collectivité gestionnaire et la commune d'implantation de l'école ou de l'établissement scolaire, notamment, pour cette dernière, quand l'exercice se traduit par une sortie vers la voie ou l'espace public. Les forces de police ou de gendarmerie en sont informées au minimum la veille de sa réalisation.
Les retours d’exercices ne sont pas destinés à être communiqués au public, même si certains chefs d’établissement le font - on trouve par exemple en ligne le bilan d’un exercice mené en octobre 2016 à l’école Marlioz-Passy, dans l’académie de Grenoble). En revanche, ils sont censés faire l’objet d’un débriefing par l’équipe pédagogique, et être communiqué au conseil d’administration ou au conseil d’école, comme le stipule une Circulaire du Ministère de l’Intérieur datant également de 2017 :
« Le retour d'expérience au niveau de l'école ou de l'établissement scolaire le directeur d'école ou le chef d'établissement organise
Le fait que le bilan soit dressé « en présence d'observateurs » et la possibilité d’impliquer « les forces de police ou de gendarmerie » dans l’exercice et le retour, si tant est qu’ils soient effectifs, est peut-être un gage de sérieux dans le conduite des exercices. Cependant, il est difficile de se prononcer sur l’« efficacité réelle » de ceux-ci. Tout d’abord, parce que les actes terroristes effectivement perpétrés dans un établissement scolaire français datent de 2012, notamment parce que les services de la DGSI, qui ont encore déjoué un attentat dans une école en avril dernier, font assez régulièrement la preuve de leur efficacité dans la prévention des actes. Ensuite, pour des raisons qui semblent relever du bon sens.
Nous vous conseillons à cet égard la lecture du récit drolatique et quelque peu inquiétant d’un exercice de PPMS par Lucien Marboeuf, instituteur et blogueur, partagé par France info, qui se termine sur ces mots :
« Nous voyant ainsi, camouflés comme le nez au milieu de la figure, j’ai revu ma fille de 4 ans en train de se cacher dos tourné dans l’angle d’un mur en se bouchant les yeux, certaine qu’on ne la voyait pas, puisqu’elle ne nous voyait pas. J’ai aussi pensé à son école qui, comme des centaines d’autres en France, donne directement sur la rue, certains parents regardent d’ailleurs à travers les barreaux pendant la récré, alors l’exercice anti-intrusion pour aller ensuite tranquillement dans la cour…
Je me suis dit que tout ceci était dérisoire, grotesque, absurde. Qu’on essayait de penser l’impensable, d’imaginer l’inimaginable, dans ce qui ressemblerait presque à une tentative de conjuration du mauvais sort façon vaudou, de maraboutage du destin.
J’ai bien compris que le but de tout ceci était essentiellement de rassurer les parents (d’ailleurs le guide à destination des parents d’élèves figure avant celui pour les directeurs d’école, sur le site du ministère) et si j’en crois les réactions des associations de parents d’élèves ça semble marcher, tant mieux, c’est déjà ça. « L’objectif est d’aboutir, par des exercices répétés et progressifs, à une posture adéquate dans le cadre de cet exercice, en veillant à éviter, dans les exercices de préparation, tout scénario anxiogène », peut-on lire dans le guide. Quelle posture adéquate ? Elle a raison, Lina. Ni mes élèves ni moi ne pouvons savoir comment nous réagirons. La seule chose qui soit sûre, c’est que cet exercice ne nous aura pas aidés en grand-chose, si ce n’est, peut-être, à établir une fois pour toutes dans nos têtes que nous sommes des cibles et qu’aucun lieu n’est un refuge. »
Bonne journée.
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