Question d'origine :
Bonjour, Est-ce qu'acheter, et/ou promouvoir le nouveau livre jeunesse de J.K. Rowling, Ickabog, fais de moi une personne transphobe ?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 08/10/2020 à 15h06
Bonjour,
J.K. Rowling fait actuellement polémique pour des prises de position jugées transphobes par bon nombre de personnes.
Vous vous interrogez sur la légitimité de l'achat et de la promotion d'un ouvrage de cette autrice Ickabog, un conte pour la jeunesse à paraître en France le 12 novembre 2020.
Quelle a été la réponse de son éditeur face à cette polémique ?
" «La liberté d'expression est la pierre angulaire de l'édition», a déclaré Hachette dans un communiqué. «Nous croyons fondamentalement que chacun a le droit d'exprimer ses propres pensées et croyances. C'est pourquoi nous ne commentons jamais les opinions personnelles de nos auteurs et nous respectons le droit de nos employés à avoir une opinion différente.»
Plusieurs employés de la maison d'édition anglaise avaient exprimé leur refus de travailler sur The Ickabog, après que la romancière a publié une série de tweets. Elle y affirmait notamment que seules les femmes pouvaient être menstruées, s'attirant les foudres de nombreux internautes.
Mais Hachette UK a fait savoir aux membres de son personnel que des opinions divergentes avec un auteur ne leur permettaient pas de refuser de travailler sur ses ouvrages. «Nous ne ferons jamais travailler nos employés sur un livre dont le contenu les dérange pour des raisons personnelles, mais nous faisons une distinction entre cela et le refus de travailler sur un livre parce qu'ils sont en désaccord avec le point de vue d'un auteur en dehors de son écriture, ce qui va à l'encontre de notre croyance en la liberté d'expression.» "
source : J.K. Rowling : Hachette n'autorise pas ses employés à boycotter son prochain livre / Le Figaro - 19 juin 2020
Quelle est la position de la traductrice du conte Ickabog ?
[...]" Il me semble extrêmement dangereux de souhaiter l’interruption, l’entrave, le retrait, etc., d’une œuvre littéraire pour signaler son opposition à ce que son auteurice exprime (ou la manière dont il ou elle vit sa vie) en-dehors de l’œuvre.
Un.e autre traducteurice que moi aurait peut-être pris la décision inverse. J’aurais respecté son choix d’abandonner la traduction, mais je n’aurais pas personnellement approuvé ce choix.
Un tel choix reviendrait à cautionner une approche de la littérature qui condamne une œuvre pour les discours extra-textuels de son auteurice. Il ne faut pas être naïf : évidemment, une œuvre n’est pas magiquement séparable de la personne qui la crée ; les conditions matérielles de diffusion de l’œuvre, les paroles de l’auteurice, la communauté de fans, etc., conditionnent la réception de l’œuvre.
Cependant, j’estime qu’il est profondément indésirable, pour toute la sphère culturelle et au-delà, de souhaiter affaiblir la portée d’une œuvre littéraire pour des questions n’ayant trait ni à la qualité ni au contenu de cette œuvre. [...]
Réagir aux paroles d’une personne, c’est y opposer des réponses, poster des liens utiles, donner à des associations caritatives, etc. Les réactions des acteurices, etc. jusqu’à maintenant m’ont semblé saines et salutaires, condamnant les propos d’une personne mais continuant à soutenir son œuvre. J’ai décidé personnellement de faire don de mon à-valoir sur la traduction de L’Ickabog à des associations de soutien aux personnes LGBTQ+ en France et en Grande-Bretagne. Etant donné les circonstances, il m’aurait semblé malvenu de ne pas apporter un soutien au-delà du symbolique pour les personnes sur qui le « débat » actuel (je le répète, je considère qu’il ne s’agit pas d’un débat en réalité) a déjà un impact.
Cependant, non seulement je n’ai pas arrêté de traduire L’Ickabog, mais je n’arrêterai pas de lire et de parler d’Harry Potter et des autres livres de J.K. Rowling, et de les partager. "
source : 'Sur' ma traduction de l'Ickabog dans le contexte des propos de J.K. Rowling / Blog de Clémentine Beauvais
Quel est l'avis des fans de la saga Harry Potter ?
" Chez les fans qui dénoncent énergiquement les opinions de J.K. Rowling, le débat tourne autour de la question de savoir comment prendre ses distances avec une auteure à l'origine d'un univers fantastique qui rythme leur vie au quotidien. Ils écoutent des podcasts égrenant les chapitres de la saga, se font tatouer les armoiries de Poudlard [l'école des sorciers que fréquente Harry Potter] ou l'emblème des Reliques de la mort [qui ont donné son titre au dernier tome de la série], et assistent à des congrès comme la LeakyCon, qui draine chaque année des milliers d'amateurs. Certains ont même bâti leur carrière sur la saga.
[Début juin],certains fans ont fait savoir qu'ils avaient tout bonnement décidé de quitter cet univers décliné en sept tomes, huit films et une franchise dont le succès ne se dément pas. D'autres ont expliqué qu'ils essayaient de faire la part des choses entre l'artiste et son oeuvre, afin de rester dans la communauté tout en dénonçant les positions de quelqu'un qu'ils avaient naguère porté aux nues . "J.K. Rowling nous a donné Harry Potter, elle nous a donné cet univers", rappelle Renae McBrian, une jeune écrivaine qui collabore bénévolement au site MuggleNet, créé lui aussi par des fans de la saga. "Mais nous, on a créé la communauté, on a créé la magie et les liens qui unissent cette communauté. À nous de les préserver."
L'essai [publié sur le blog de J.K. Rowling] a particulièrement choqué les fans transgenres et non binaires [qui ne se considèrent ni comme femme ni comme homme], dont beaucoup trouvaient une forme de réconfort dans l'univers de Harry Potter et voyaient dans la saga une échappatoire à leur anxiété. Rori Porter, une auteure et conceptrice de sites Internet qui a commencé à lire la saga voilà vingt ans, à l'âge de 10 ans, s'était mise à écouter les livres audio de la série pour se détendre et s'endormir, jusqu'à ce que la polémique n'éclate en décembre dernier. Femme transféminine - ce qui, dans sa définition, signifie qu'elle a été déclarée homme à la naissance, mais qu'elle se sent femme -,Rori a arrêté son écoute des livres audio au milieu du Prisonnier d'Azkaban [le troisième tome de Harry Potter ] et n'a pas recommencé depuis. La série n'était désormais plus pour elle un point de repère ni une madeleine de Proust, mais une source de stress.
Pour Talia Franks, qui est non binaire et qui travaille pour une organisation appelée Harry Potter Alliance [L'Alliance Harry Potter],les déclarations de J.K. Rowling sont inquiétantes et démoralisantes. Mais iel* a fait savoir qu'iel continuerait à rédiger sa fanfiction (où les personnages homosexuels abondent), à assister aux concerts de wizard rock [inspiré de l'univers de la saga] et à participer à la communauté Black Girls Create, où il est souvent question de Harry Potter.
Les associations de fans, qui relaient les infos spécialisées en publiant des actus sur les projets de films de la saga des Animaux fantastiques [dérivée de l'univers de Harry Potter ] ou encore les résultats régionaux de quidditch [le sport préféré de l'apprenti sorcier], cherchent des moyens de faire savoir aux fans transgenres et non binaires qu'ils sont les bienvenus dans ces communautés.
D'autres amoureux de la saga réfléchissent à des moyens de continuer à naviguer dans cet univers sans dépenser un argent qui serait susceptible d'atterrir sur le compte en banque de J.K. Rowling . "
source : Peut-on séparer J.K. Rowling de son oeuvre ? / Julia Jacobs - Courrier international, no. 1550 - culture., jeudi 16 juillet 2020 2302 mots, p. 44,45
J.K. Rowling, victime de la "Cancel culture" ?
" Nombre de soutiens de J. K. Rowling estiment que l'auteure est victime de ce phénomène. Alex Massie, journaliste au sein de l'hebdomadaire britannique The Spectator, dénonce ainsi un climat malsain qui empêcherait tout débat sur la question des identités sexuelles et de genre : "Par les temps qui courent, une simple divergence de vues paraît intolérable, ceux qui défendent des opinions jugées fausses doivent être châtiés, mourir sur le bûcher", écrivait-il en juin dans ce magazine de référence des intellectuels conservateurs.
Sans citer explicitement le terme cancel culture, ni faire référence aux débats sur le genre, 153 artistes et intellectuels ont signé le 7 juillet dans le prestigieux mensuel américain Harper's une tribune dénonçant "l'intolérance envers les points de vue opposés, la tendance à désigner des gens à la vindicte publique, la propension à passer certaines questions politiques complexes à la moulinette de certitudes morales qui relèvent de l'aveuglement".
J. K. Rowling figure parmi les signataires de cette lettre ouverte, de même que les romanciers Margaret Atwood, Salman Rushdie et Kamel Daoud, ou encore le célèbre intellectuel américain de gauche Noam Chomsky."
source : Peut-on séparer J.K. Rowling de son oeuvre ? / Julia Jacobs - Courrier international, no. 1550 - culture., jeudi 16 juillet 2020 2302 mots, p. 44,45
Quelle sera votre opinion ? Boycotter ou non J.K. Rowling ?
Le Guichet du Savoir ne saurait prendre position et vous conseiller dans ce choix cornélien qui doit rester personnel. Il en va de la sempiternelle question de la séparation entre l'artiste et son œuvre.
Si vous travaillez en bibliothèque, il convient de promouvoir une offre diversifiée, avec une représentation positive de personnes de toutes identités de genre tout en vous efforçant de créer un espace inclusif et ouvert à tous et toutes.
Pour aller plus loin :
- « L'Ickabog » de J. K. Rowling, petit conte politique ou gros effet Barnum ? / Julie Malaure - Le Point - 06/06/2020
- C’est quoi le bail avec J.K. Rowling et la transphobie ? / Madmoizelle
- Transphobie : Pourquoi J.K. Rowling fait l’objet de centaines de milliers de tweets ce dimanche / Fabien Randanne - 20 minutes - 07/06/2020
- Pour ou contre J.K. Rowling, les auteurs choisissent leur camp / Antoine Oury - 02.10.2020
- Harry Potter : les fans décident de boycotter J.K. Rowling
- Certains employés de la maison d’édition de J. K. Rowling refusent de travailler avec elle
- «Cancel culture» : les réseaux de la censure / SIMON BLIN - Libération - lundi 13 juillet 2020
Bonne journée.
J.K. Rowling fait actuellement polémique pour des prises de position jugées transphobes par bon nombre de personnes.
Vous vous interrogez sur la légitimité de l'achat et de la promotion d'un ouvrage de cette autrice Ickabog, un conte pour la jeunesse à paraître en France le 12 novembre 2020.
" «La liberté d'expression est la pierre angulaire de l'édition», a déclaré Hachette dans un communiqué. «Nous croyons fondamentalement que chacun a le droit d'exprimer ses propres pensées et croyances. C'est pourquoi nous ne commentons jamais les opinions personnelles de nos auteurs et nous respectons le droit de nos employés à avoir une opinion différente.»
Plusieurs employés de la maison d'édition anglaise avaient exprimé leur refus de travailler sur The Ickabog, après que la romancière a publié une série de tweets. Elle y affirmait notamment que seules les femmes pouvaient être menstruées, s'attirant les foudres de nombreux internautes.
Mais Hachette UK a fait savoir aux membres de son personnel que des opinions divergentes avec un auteur ne leur permettaient pas de refuser de travailler sur ses ouvrages. «Nous ne ferons jamais travailler nos employés sur un livre dont le contenu les dérange pour des raisons personnelles, mais nous faisons une distinction entre cela et le refus de travailler sur un livre parce qu'ils sont en désaccord avec le point de vue d'un auteur en dehors de son écriture, ce qui va à l'encontre de notre croyance en la liberté d'expression.» "
source : J.K. Rowling : Hachette n'autorise pas ses employés à boycotter son prochain livre / Le Figaro - 19 juin 2020
[...]" Il me semble extrêmement dangereux de souhaiter l’interruption, l’entrave, le retrait, etc., d’une œuvre littéraire pour signaler son opposition à ce que son auteurice exprime (ou la manière dont il ou elle vit sa vie) en-dehors de l’œuvre.
Un.e autre traducteurice que moi aurait peut-être pris la décision inverse. J’aurais respecté son choix d’abandonner la traduction, mais je n’aurais pas personnellement approuvé ce choix.
Un tel choix reviendrait à cautionner une approche de la littérature qui condamne une œuvre pour les discours extra-textuels de son auteurice. Il ne faut pas être naïf : évidemment, une œuvre n’est pas magiquement séparable de la personne qui la crée ; les conditions matérielles de diffusion de l’œuvre, les paroles de l’auteurice, la communauté de fans, etc., conditionnent la réception de l’œuvre.
Cependant, j’estime qu’il est profondément indésirable, pour toute la sphère culturelle et au-delà, de souhaiter affaiblir la portée d’une œuvre littéraire pour des questions n’ayant trait ni à la qualité ni au contenu de cette œuvre. [...]
Réagir aux paroles d’une personne, c’est y opposer des réponses, poster des liens utiles, donner à des associations caritatives, etc. Les réactions des acteurices, etc. jusqu’à maintenant m’ont semblé saines et salutaires, condamnant les propos d’une personne mais continuant à soutenir son œuvre. J’ai décidé personnellement de faire don de mon à-valoir sur la traduction de L’Ickabog à des associations de soutien aux personnes LGBTQ+ en France et en Grande-Bretagne. Etant donné les circonstances, il m’aurait semblé malvenu de ne pas apporter un soutien au-delà du symbolique pour les personnes sur qui le « débat » actuel (je le répète, je considère qu’il ne s’agit pas d’un débat en réalité) a déjà un impact.
Cependant, non seulement je n’ai pas arrêté de traduire L’Ickabog, mais je n’arrêterai pas de lire et de parler d’Harry Potter et des autres livres de J.K. Rowling, et de les partager. "
source : 'Sur' ma traduction de l'Ickabog dans le contexte des propos de J.K. Rowling / Blog de Clémentine Beauvais
" Chez les fans qui dénoncent énergiquement les opinions de J.K. Rowling, le débat tourne autour de la question de savoir comment prendre ses distances avec une auteure à l'origine d'un univers fantastique qui rythme leur vie au quotidien. Ils écoutent des podcasts égrenant les chapitres de la saga, se font tatouer les armoiries de Poudlard [l'école des sorciers que fréquente Harry Potter] ou l'emblème des Reliques de la mort [qui ont donné son titre au dernier tome de la série], et assistent à des congrès comme la LeakyCon, qui draine chaque année des milliers d'amateurs. Certains ont même bâti leur carrière sur la saga.
[Début juin],
L'essai [publié sur le blog de J.K. Rowling] a particulièrement choqué les fans transgenres et non binaires [qui ne se considèrent ni comme femme ni comme homme], dont beaucoup trouvaient une forme de réconfort dans l'univers de Harry Potter et voyaient dans la saga une échappatoire à leur anxiété. Rori Porter, une auteure et conceptrice de sites Internet qui a commencé à lire la saga voilà vingt ans, à l'âge de 10 ans, s'était mise à écouter les livres audio de la série pour se détendre et s'endormir, jusqu'à ce que la polémique n'éclate en décembre dernier. Femme transféminine - ce qui, dans sa définition, signifie qu'elle a été déclarée homme à la naissance, mais qu'elle se sent femme -,
Pour Talia Franks, qui est non binaire et qui travaille pour une organisation appelée Harry Potter Alliance [L'Alliance Harry Potter],
Les associations de fans, qui relaient les infos spécialisées en publiant des actus sur les projets de films de la saga des Animaux fantastiques [dérivée de l'univers de Harry Potter ] ou encore les résultats régionaux de quidditch [le sport préféré de l'apprenti sorcier], cherchent des moyens de faire savoir aux fans transgenres et non binaires qu'ils sont les bienvenus dans ces communautés.
source : Peut-on séparer J.K. Rowling de son oeuvre ? / Julia Jacobs - Courrier international, no. 1550 - culture., jeudi 16 juillet 2020 2302 mots, p. 44,45
" Nombre de soutiens de J. K. Rowling estiment que l'auteure est victime de ce phénomène. Alex Massie, journaliste au sein de l'hebdomadaire britannique The Spectator, dénonce ainsi un climat malsain qui empêcherait tout débat sur la question des identités sexuelles et de genre : "Par les temps qui courent, une simple divergence de vues paraît intolérable, ceux qui défendent des opinions jugées fausses doivent être châtiés, mourir sur le bûcher", écrivait-il en juin dans ce magazine de référence des intellectuels conservateurs.
Sans citer explicitement le terme cancel culture, ni faire référence aux débats sur le genre, 153 artistes et intellectuels ont signé le 7 juillet dans le prestigieux mensuel américain Harper's une tribune dénonçant "l'intolérance envers les points de vue opposés, la tendance à désigner des gens à la vindicte publique, la propension à passer certaines questions politiques complexes à la moulinette de certitudes morales qui relèvent de l'aveuglement".
J. K. Rowling figure parmi les signataires de cette lettre ouverte, de même que les romanciers Margaret Atwood, Salman Rushdie et Kamel Daoud, ou encore le célèbre intellectuel américain de gauche Noam Chomsky."
source : Peut-on séparer J.K. Rowling de son oeuvre ? / Julia Jacobs - Courrier international, no. 1550 - culture., jeudi 16 juillet 2020 2302 mots, p. 44,45
Le Guichet du Savoir ne saurait prendre position et vous conseiller dans ce choix cornélien qui doit rester personnel. Il en va de la sempiternelle question de la séparation entre l'artiste et son œuvre.
Si vous travaillez en bibliothèque, il convient de promouvoir une offre diversifiée, avec une représentation positive de personnes de toutes identités de genre tout en vous efforçant de créer un espace inclusif et ouvert à tous et toutes.
Pour aller plus loin :
- « L'Ickabog » de J. K. Rowling, petit conte politique ou gros effet Barnum ? / Julie Malaure - Le Point - 06/06/2020
- C’est quoi le bail avec J.K. Rowling et la transphobie ? / Madmoizelle
- Transphobie : Pourquoi J.K. Rowling fait l’objet de centaines de milliers de tweets ce dimanche / Fabien Randanne - 20 minutes - 07/06/2020
- Pour ou contre J.K. Rowling, les auteurs choisissent leur camp / Antoine Oury - 02.10.2020
- Harry Potter : les fans décident de boycotter J.K. Rowling
- Certains employés de la maison d’édition de J. K. Rowling refusent de travailler avec elle
- «Cancel culture» : les réseaux de la censure / SIMON BLIN - Libération - lundi 13 juillet 2020
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