Question d'origine :
Bonjour,
Qu'est-ce que l'Ordre des Livres selon Roger Chartier ?
Merci !
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 13/10/2020 à 10h17
Bonjour,
« L’ordre des livres » est le sous-titre de l’ouvrage de Roger Chartier, paru en 1996, Culture écrite et société : l’ordre des livres : XIVe – XVIIIe siècle, chez Albin Michel. Pour comprendre toutes les implications de ce titre, rien ne remplacera évidemment la lecture du texte lui-même !
Cependant, dans son compte-rendu de lecture paru dans la revue des Annales, Hélène Merlin livre une explication de cette formule :
« Comment, entre la fin du Moyen Age et le XVIIIe siècle, les hommes d’Occident ont-ils tenté de maîtriser le nombre multiplié des textes que le livre manuscrit puis l’imprimé ont mis en circulation ? » (p.7). Telle est la question qui, selon Roger Chartier, oriente sa réflexion dans l’ouvrage sont le titre explicite à la fois l’enjeu et les étapes : L’Ordre du livres. Lecteurs, auteurs, bibliothèques en Europe entre XIVe et XVIIIe siècle. Sa lecture nous convie tout aussi nécessairement à une autre question : comment non seulement décrire mais surtout penser un objet pluriel (« les livres ») dont l’ « ordre » se révèle, à l’analyse, multiforme, puisque les tentatives de maîtrise, malgré le désir qui les habite, ne s’ordonnent précisément pas à un seul et même ordre, et que, par conséquent, en faire l’histoire consiste d’abord à ne pas être dupe des figures unitaires sans cesse produites pour conjurer ce qui apparaît à ces « hommes d’Occident » comme la menace d’une prolifération anarchique ? Aussi, de façon ouvertement paradoxale mais se situant dans le droit fil des analyses antérieures de R. Chartier, les trois chapitres s’organisent eux-mêmes selon un postulat fondamentale en forme de renversement critique : « l’ordre des livres » ne suit pas l’ordre le plus attendu, il n’est d’abord ni celui des auteurs ou des textes (intentions signifiantes, structures), ni celui de cette évidente mise en ordre que constitue la bibliothèque, mais celui de la lecture, c’est-à-dire de la pratique la moins marquée du sceau de la nécessité ».
Nous vous invitons à lire la totalité de ce compte-rendu qui vous apportera des éclairages, notamment sur l’hommage indirect rendu par ce titre au discours prononcé par Michel Foucault lors de sa leçon inaugurale au Collège de France en 1970 : L’ordre du discours.
Ou pour le dire en une phrase avec Anne-Marie Filiole dans son compte-rendu publié sur le Bulletin des Bibliothèques de France : « l'ordre institué par le livre dans le déroulement de son discours et la forme de ses textes, la surveillance et le commerce dont il est l'objet, l'entêtement qu'on met à le posséder, à le multiplier, à le thésauriser, à le répertorier, reste instable ».
Pour aller plus loin sur la pensée de Chartier, vous pourriez consulter les travaux qu’il a mené au Collège de France autour de la question « Qu’est-ce qu’un livre ? ».
Une courte vidéo introductive sur son travail dans cette institution vous permettra de prendre connaissance de son point de vue d’historien de la culture écrite.
Enfin, pour une analyse des théories et méthodes qui fondent la recherche de Roger Chartier, vous pouvez lire l’article de Dorothea Kraus : « appropriation et pratiques de la lecture » paru dans la revue Labyrinthe.
Bonnes lectures !
« L’ordre des livres » est le sous-titre de l’ouvrage de Roger Chartier, paru en 1996, Culture écrite et société : l’ordre des livres : XIVe – XVIIIe siècle, chez Albin Michel. Pour comprendre toutes les implications de ce titre, rien ne remplacera évidemment la lecture du texte lui-même !
Cependant, dans son compte-rendu de lecture paru dans la revue des Annales, Hélène Merlin livre une explication de cette formule :
« Comment, entre la fin du Moyen Age et le XVIIIe siècle, les hommes d’Occident ont-ils tenté de maîtriser le nombre multiplié des textes que le livre manuscrit puis l’imprimé ont mis en circulation ? » (p.7). Telle est la question qui, selon Roger Chartier, oriente sa réflexion dans l’ouvrage sont le titre explicite à la fois l’enjeu et les étapes : L’Ordre du livres. Lecteurs, auteurs, bibliothèques en Europe entre XIVe et XVIIIe siècle. Sa lecture nous convie tout aussi nécessairement à une autre question : comment non seulement décrire mais surtout penser un objet pluriel (« les livres ») dont l’ « ordre » se révèle, à l’analyse, multiforme, puisque les tentatives de maîtrise, malgré le désir qui les habite, ne s’ordonnent précisément pas à un seul et même ordre, et que, par conséquent, en faire l’histoire consiste d’abord à ne pas être dupe des figures unitaires sans cesse produites pour conjurer ce qui apparaît à ces « hommes d’Occident » comme la menace d’une prolifération anarchique ? Aussi, de façon ouvertement paradoxale mais se situant dans le droit fil des analyses antérieures de R. Chartier, les trois chapitres s’organisent eux-mêmes selon un postulat fondamentale en forme de renversement critique : « l’ordre des livres » ne suit pas l’ordre le plus attendu, il n’est d’abord ni celui des auteurs ou des textes (intentions signifiantes, structures), ni celui de cette évidente mise en ordre que constitue la bibliothèque, mais celui de la lecture, c’est-à-dire de la pratique la moins marquée du sceau de la nécessité ».
Nous vous invitons à lire la totalité de ce compte-rendu qui vous apportera des éclairages, notamment sur l’hommage indirect rendu par ce titre au discours prononcé par Michel Foucault lors de sa leçon inaugurale au Collège de France en 1970 : L’ordre du discours.
Ou pour le dire en une phrase avec Anne-Marie Filiole dans son compte-rendu publié sur le Bulletin des Bibliothèques de France : « l'ordre institué par le livre dans le déroulement de son discours et la forme de ses textes, la surveillance et le commerce dont il est l'objet, l'entêtement qu'on met à le posséder, à le multiplier, à le thésauriser, à le répertorier, reste instable ».
Pour aller plus loin sur la pensée de Chartier, vous pourriez consulter les travaux qu’il a mené au Collège de France autour de la question « Qu’est-ce qu’un livre ? ».
Une courte vidéo introductive sur son travail dans cette institution vous permettra de prendre connaissance de son point de vue d’historien de la culture écrite.
Enfin, pour une analyse des théories et méthodes qui fondent la recherche de Roger Chartier, vous pouvez lire l’article de Dorothea Kraus : « appropriation et pratiques de la lecture » paru dans la revue Labyrinthe.
Bonnes lectures !
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