Question d'origine :
Bonjour, ayant vu le film "Cristeros" qui traite du soulèvement du peuple contre les lois interdisant toute pratique religieuse au Mexique. J'ai lu que lors de la visite du pape en 1979, il aurait pu avoir une amende en apparaissait en tenue religieuse. Ce qui signifie qu'il y avait encore un reste de ces lois de 1926, mais je voudrais savoir s'il est possible de nos jours pour les prêtes de sortir dans la rue en soutane. merci
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 24/11/2020 à 14h15
Bonjour,
Vous faites référence à une loi promulguée en 1926 par le président mexicainPlutarco Elías Calles , et qui entendait appliquer, en l'amplifiant, l'esprit anticlérical de la Constitution mexicaine de 1917 . Comme le souligne le film que vous avez vu, cette loi a provoqué une guerre civile terrible :
"De1926 à 1929, le Mexique fut en effet déchiré par une sanglante guerre civile – elle aurait fait plus de 100 000 morts – qui trouve son origine dans la décision du président Plutarco Elías Calles d’appliquer rigoureusement les mesures anticléricales de la constitution mexicaine de 1917 : sécularisation de l’enseignement, interdiction des ordres monastiques, du culte en dehors des églises, du port de l’habit religieux , perte du droit de vote des prêtres qui n’ont plus le droit de s’exprimer sur les affaires publiques…"
(Source : La Croix)
En l'occurrence, la loi ayant mis le feu aux poudres est la Loi sur les crimes et délits en matière de culte religieux et de discipline extérieure , promulguée en juin 1926, dont l'article 18 stipulait :
"Art. 18. Fuera de los templos tampoco podrán los ministros de los cultos, ni los individuos de uno u otro sexo que los profesen, usar de trajes especiales ni distintivos que los caractericen, bajo la pena gubernativa de quinientos pesos de multa, o, en su defecto, arresto que nunca exceda de quince días."
Soit, en français, et grâce à l'aide d'un traducteur automatique bien connu :
"En dehors des temples, ne les ministres des cultes, ni les individus de l'un ou l'autre sexe qui les professent,ne peuvent porter les costumes spéciaux ou distinctifs qui les caractérisent , sous la sanction gouvernementale de cinq cents pesos d'amende , ou, à défaut, incarcération de quinze jours maximum."
(Source : memoriapoliticademexico.org)
Ce n'était pas la première fois que le port des habits cléricaux était interdit au Mexique : en 1859 déjà, la Ley de nacionalización de bienes eclesiásticos ("Loi de nationalisation des biens ecclésiastiques, archive numérisée disponible sur constitucion1917.gob.mx), interdisait le port de l'habit de "tous les ordres religieux prohibés", c'est-à-dire tous sans exception, la même loi ayant dissout les organismes religieux.
Il faut dire que la constitution de 1917, que Calles entendait appliquer et renforcée, était particulièrement rigoureuse vis-à-vis des organismes religieux, bien son anticléricalisme radical n'ait jamais emporté l'adhésion de tous les Mexicains - ce qui conduisit, après la guerre civile, à une situation d'hypocrisie réciproque, que José Luis Soberanes décrit dans son article "Le phénomène religieux dans la Constitution mexicaine" (Revue générale de droit, Volume 28, Number 1, Mars 1997, consultable sur erudit.org) :
"Les principes fondamentaux adoptés dans cette matière par les consti-tuants de Queretaro, furent les suivants :
1) Enseignement laïque, tant dans les écoles publiques que privées;
2) Interdiction aux corporations religieuses et aux ministres du culte de créer ou de diriger des écoles primaires; 3) Interdiction de prononcer des vœux religieux et de créer des ordres monacaux;
4) Le culte public ne pouvait être célébré qu'à l'intérieur des églises, lesquelles étaient placées de façon permanente sous la surveillance des autorités;
5) Interdiction aux associations religieuses, appelées églises, d'acheter, posséder ou gérer des biens immeubles, et ce qu'elles possédaient déjà devant passer au domaine de la nation, les églises devenant de ce fait, propriété de la nation;
6) Interdiction aux ministres du culte et aux corporations religieuses de patronner, diriger ou gérer des institutions ayant pour objet l'aide aux nécessiteux, la recherche scientifique, la diffusion de l'enseignement, l'aide réciproque des associés ou tout autre objet licite;
7) Le serment n'est plus reconnu comme une forme de lien ayant des effets légaux, désormais seule la « promesse » est valable;
8) Aucune personnalité juridique n'est reconnue aux groupements religieux, dénommés églises;
9) Les ministres du culte sont considérés comme des membres des professions libérales, assujettis à la législation régissant ces dernières;
10) Le législateur local reçoit la faculté de déterminer le nombre maximum de ministres du culte pour son État;
11) L'exercice du ministère du culte est réservé aux Mexicains par naissance;
12) Interdiction aux ministres du culte de critiquer les lois, les autorités et le gouvernement;
13) Exclusion des ministres du culte du vote actif et passif;
14) Interdictions aux ministres du culte de s'associer à des fins politiques;
15) Interdiction de valider ou de reconnaître les études effectuées dans des établissements consacrés à la formation de ministres du culte;
16) Interdiction aux publications périodiques de caractère confessionnel de commenter les affaires politiques, informer sur les actes des autorités ou sur le fonctionnement des institutions publiques;
17) Interdiction aux associations politiques d'adopter une dénomination qui les relie à une confession religieuse;
18) Interdiction de tenir des réunions politiques dans les églises;
19) Interdiction aux ministres du culte d'hériter par voie testamentaire, exception faite des héritages de leurs parents jusqu'au quatrième degré.
Comme il est aisé de voir, toute similarité entre ces préceptes et le droit fondamental de liberté religieuse serait une simple coïncidence.
Le président Plutarco Elias Calles (1924-1928), qui prétendit appliquer ces dispositions, promulgua les lois réglementaires correspondantes, provoquant une persécution religieuse, qui déclencha un conflit lequel à son tour déboucha sur une guerre civile (1926-1929), appeléeGuerre Cristera ou Cristiada , parce que le cri de guerre était Vive Christ Roi !
Finalement, le président Emilio Portes Gil signa des « arrangements » de facto, en marge de la loi, avec la hiérarchie catholique. Ils marquèrent le début de la phase appelée modus vivendi, car la législation antireligieuse ne fut jamais abrogée.
[...]
À partir de l'administration du président Luis Echeverría (1970-1976), qui est allé jusqu'à rendre visite au pape Paul VI au Vatican, les contacts entre la hiérarchie catholique et le gouvernement eurent lieu publiquement. Le président José López Portillo (1976-1982) ne s'est pas limité à autoriser la visite du pape Jean Paul II au Mexique en 1979, il se déplaça pour l'accueillir à l'aéroport et l'invita à la résidence officielle de Los Pinos. La hiérarchie catholique insista fréquemment pendant la présidence de Miguel de la Madrid (1982-1988) sur la modification des articles constitutionnels précités, argumentant qu'ils constituaient une violation des droits de l'homme. Ces revendications rencontrèrent une grande résistance dans les milieux officiels, et, bien entendu dans les milieux maçonniques, qui étaient prêts à accepter le maintien du statu quo, mais sans modifier la loi fondamentale : une épée de Damoclès au-dessus de l'église, en quelque sorte.
Lors de sa campagne présidentielle, Carlos Salinas de Gortari (1988-1994) a proposé comme programme de gouvernement la modernisation de la vie nationale. Pour cette raison, dans son discours d'investiture du 1er décembre 1988, il a affirmé que les rapports entre l'Église et l'État seraient modernisés, ce qui déclencha une vive discussion sur cette délicate question.
Nous ne sommes pas certains que l'intention primitive du président Salinas ait été de faire une réforme constitutionnelle en cette matière, comme l'a affirmé avec emphase le ministre de l'Intérieur, mais uniquement d'établir des relations diplomatiques avec le Saint Siège, ce que certains d'entre nous avons con-sidéré comme juridiquement impossible à la lumière de l'article 130 de la Constitution, qui refusait de reconnaître toute personnalité juridique aux groupements religieux appelés églises. De fait, on a eu recours a une formule peu usité au Mexique. Le président a nommé un représentant personnel auprès du pape, et le délégué apostolique fut nommé représentant personnel du pape auprès du président du Mexique, et a même été investi du statut diplomatique. En outre, en 1990, le président Salinas a invité et accueilli personnellement le pape Jean Paul II à l'aéroport (ce que ce président ne faisait guère pour aucun chef d'État) ainsi que dans la résidence officielle.
Dans ce contexte, à l'occasion de son troisième rapport de gouverne-ment,le 1er novembre 1991, le président Salinas annonça une réforme constitutionnelle en matière religieuse et lui assigna trois limites : a) laïcité de l'enseignement public; b) non-intervention du clergé dans la vie politique, et c) impossibilité pour le clergé, les églises et les groupements religieux d'accumuler des biens temporels. Le parti officiel, le PRI, est investi de la mission de préparer la réforme et ses députés fédéraux reçoivent mandat de la soumettre au Congrès (ce qui n'était pas la coutume au Mexique, puisque c'est généralement l'Exécutif qui se charge de préparer et de soumettre les lois). C'est ainsi que le 28 janvier 1992, après les formalités constitutionnelles d'usage et une très vive discussion à la Chambre des députés, le décret qui porte réforme des articles 3, 5, 24, 27, et 130 de la Constitution fédérale en matière religieuse a été adopté par une large majorité — elle fut rejetée uniquement par un petit parti de racines staliniennes (le Parti Populaire Socialiste); cette réforme élar-gissait les libertés publiques au Mexique, mettait fin à des années de simulation."
Nous pensons que l'abrogation de la loi Calles, proposée en juillet 1991 par le député Alfredo Oropeza García, dont on peut lire la plaidoirie sur gaceta.diputados.gob.mx (en espagnol), a fait partie des réformes de 1992, bien que nous n'ayons pu trouver un document officiel explicite en ce sens - mais même si ce n'est pas formellement le cas, il est certain que l'interdiction de la soutane n'est plus appliquée au Mexique. Rappelons que de nombreux codes et constitutions comportent des articles obsolètes jamais abrogés. en France, par exemple, un sénateur de la Côte-d'Or faisait remarquer en 2012 que l'interdiction faite aux femmes de porter un pantalon, inscrite dans la loi en 1800, était toujours en vigueur...
Quoi qu'il en soit, le journal La Croix pouvait-il se féliciter en 2002 :
"Il semble loin, le premier voyage international de Jean-Paul II en janvier 1979. Il avait choisi le Mexique, où le chef de l'Etat l'avait accueilli par un glacial « Bonjour Monsieur ». Sa soutane blanche violait ouvertement la Constitution mexicaine : fruit de longues années d'anticléricalisme, voire d'anticatholicisme, elle bannissait le port de vêtements ecclésiastiques.
Tout a changé depuis. En juillet 2000, les Mexicains ont élu à la présidence Vicente Fox, du Parti d'action nationale (PAN), mettant fin à soixante-dix ans d'hégémonie du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI). « Si le PRI est tombé, l'Eglise n'y est pas pour rien », commente un prêtre français, depuis dix ans au Mexique.
Interdite de toute intervention sur la scène publique, l'Eglise mexicaine s'affirme peu à peu. Non sans difficulté, comme en témoigne l'assassinat en 1993 du cardinal Posadas, archevêque de Guadalajara. Les autorités ont hâtivement conclu à « une méprise »... Thèse réfutée par l'Eglise, qui accuse les narcotrafiquants et se demande encore qui se cachait derrière...
Aujourd'hui, les cardinaux Rivera (Mexico) et Sandoval (Guadalajara), les deux ténors de l'épiscopat mexicain, n'ont aucune difficulté à s'exprimer haut et fort sur les questions sociales. « On comprend maintenant que l'Eglise puisse donner son avis », affirme le P. Francisco Javier Gonzalez, secrétaire exécutif de la Conférence épiscopale mexicaine. Mais les Mexicains ne voient pas forcément d'un bon oeil cette attitude de l'Eglise. Ils restent très fermement opposés par exemple à ce qu'un prêtre aborde en chaire des sujets politiques !"
N'étant pas particulièrement hispanophones, nous souhaitons remercier le poète et traducteur Laurent Bouisset, spécialiste de la poésie mexicaine, pour son aide dans nos recherches en VO.
Bonne journée.
Vous faites référence à une loi promulguée en 1926 par le président mexicain
"De
(Source : La Croix)
En l'occurrence, la loi ayant mis le feu aux poudres est la
"
Soit, en français, et grâce à l'aide d'un traducteur automatique bien connu :
"En dehors des temples, ne les ministres des cultes, ni les individus de l'un ou l'autre sexe qui les professent,
(Source : memoriapoliticademexico.org)
Ce n'était pas la première fois que le port des habits cléricaux était interdit au Mexique : en 1859 déjà, la Ley de nacionalización de bienes eclesiásticos ("Loi de nationalisation des biens ecclésiastiques, archive numérisée disponible sur constitucion1917.gob.mx), interdisait le port de l'habit de "tous les ordres religieux prohibés", c'est-à-dire tous sans exception, la même loi ayant dissout les organismes religieux.
Il faut dire que la constitution de 1917, que Calles entendait appliquer et renforcée, était particulièrement rigoureuse vis-à-vis des organismes religieux, bien son anticléricalisme radical n'ait jamais emporté l'adhésion de tous les Mexicains - ce qui conduisit, après la guerre civile, à une situation d'hypocrisie réciproque, que José Luis Soberanes décrit dans son article "Le phénomène religieux dans la Constitution mexicaine" (Revue générale de droit, Volume 28, Number 1, Mars 1997, consultable sur erudit.org) :
"Les principes fondamentaux adoptés dans cette matière par les consti-tuants de Queretaro, furent les suivants :
1) Enseignement laïque, tant dans les écoles publiques que privées;
2) Interdiction aux corporations religieuses et aux ministres du culte de créer ou de diriger des écoles primaires; 3) Interdiction de prononcer des vœux religieux et de créer des ordres monacaux;
4) Le culte public ne pouvait être célébré qu'à l'intérieur des églises, lesquelles étaient placées de façon permanente sous la surveillance des autorités;
5) Interdiction aux associations religieuses, appelées églises, d'acheter, posséder ou gérer des biens immeubles, et ce qu'elles possédaient déjà devant passer au domaine de la nation, les églises devenant de ce fait, propriété de la nation;
6) Interdiction aux ministres du culte et aux corporations religieuses de patronner, diriger ou gérer des institutions ayant pour objet l'aide aux nécessiteux, la recherche scientifique, la diffusion de l'enseignement, l'aide réciproque des associés ou tout autre objet licite;
7) Le serment n'est plus reconnu comme une forme de lien ayant des effets légaux, désormais seule la « promesse » est valable;
8) Aucune personnalité juridique n'est reconnue aux groupements religieux, dénommés églises;
9) Les ministres du culte sont considérés comme des membres des professions libérales, assujettis à la législation régissant ces dernières;
10) Le législateur local reçoit la faculté de déterminer le nombre maximum de ministres du culte pour son État;
11) L'exercice du ministère du culte est réservé aux Mexicains par naissance;
12) Interdiction aux ministres du culte de critiquer les lois, les autorités et le gouvernement;
13) Exclusion des ministres du culte du vote actif et passif;
14) Interdictions aux ministres du culte de s'associer à des fins politiques;
15) Interdiction de valider ou de reconnaître les études effectuées dans des établissements consacrés à la formation de ministres du culte;
16) Interdiction aux publications périodiques de caractère confessionnel de commenter les affaires politiques, informer sur les actes des autorités ou sur le fonctionnement des institutions publiques;
17) Interdiction aux associations politiques d'adopter une dénomination qui les relie à une confession religieuse;
18) Interdiction de tenir des réunions politiques dans les églises;
19) Interdiction aux ministres du culte d'hériter par voie testamentaire, exception faite des héritages de leurs parents jusqu'au quatrième degré.
Comme il est aisé de voir, toute similarité entre ces préceptes et le droit fondamental de liberté religieuse serait une simple coïncidence.
Le président Plutarco Elias Calles (1924-1928), qui prétendit appliquer ces dispositions, promulgua les lois réglementaires correspondantes, provoquant une persécution religieuse, qui déclencha un conflit lequel à son tour déboucha sur une guerre civile (1926-1929), appelée
Finalement, le président Emilio Portes Gil signa des « arrangements » de facto, en marge de la loi, avec la hiérarchie catholique. Ils marquèrent le début de la phase appelée modus vivendi, car la législation antireligieuse ne fut jamais abrogée.
[...]
À partir de l'administration du président Luis Echeverría (1970-1976), qui est allé jusqu'à rendre visite au pape Paul VI au Vatican, les contacts entre la hiérarchie catholique et le gouvernement eurent lieu publiquement. Le président José López Portillo (1976-1982) ne s'est pas limité à autoriser la visite du pape Jean Paul II au Mexique en 1979, il se déplaça pour l'accueillir à l'aéroport et l'invita à la résidence officielle de Los Pinos. La hiérarchie catholique insista fréquemment pendant la présidence de Miguel de la Madrid (1982-1988) sur la modification des articles constitutionnels précités, argumentant qu'ils constituaient une violation des droits de l'homme. Ces revendications rencontrèrent une grande résistance dans les milieux officiels, et, bien entendu dans les milieux maçonniques, qui étaient prêts à accepter le maintien du statu quo, mais sans modifier la loi fondamentale : une épée de Damoclès au-dessus de l'église, en quelque sorte.
Lors de sa campagne présidentielle, Carlos Salinas de Gortari (1988-1994) a proposé comme programme de gouvernement la modernisation de la vie nationale. Pour cette raison, dans son discours d'investiture du 1er décembre 1988, il a affirmé que les rapports entre l'Église et l'État seraient modernisés, ce qui déclencha une vive discussion sur cette délicate question.
Nous ne sommes pas certains que l'intention primitive du président Salinas ait été de faire une réforme constitutionnelle en cette matière, comme l'a affirmé avec emphase le ministre de l'Intérieur, mais uniquement d'établir des relations diplomatiques avec le Saint Siège, ce que certains d'entre nous avons con-sidéré comme juridiquement impossible à la lumière de l'article 130 de la Constitution, qui refusait de reconnaître toute personnalité juridique aux groupements religieux appelés églises. De fait, on a eu recours a une formule peu usité au Mexique. Le président a nommé un représentant personnel auprès du pape, et le délégué apostolique fut nommé représentant personnel du pape auprès du président du Mexique, et a même été investi du statut diplomatique. En outre, en 1990, le président Salinas a invité et accueilli personnellement le pape Jean Paul II à l'aéroport (ce que ce président ne faisait guère pour aucun chef d'État) ainsi que dans la résidence officielle.
Dans ce contexte, à l'occasion de son troisième rapport de gouverne-ment,
Nous pensons que l'abrogation de la loi Calles, proposée en juillet 1991 par le député Alfredo Oropeza García, dont on peut lire la plaidoirie sur gaceta.diputados.gob.mx (en espagnol), a fait partie des réformes de 1992, bien que nous n'ayons pu trouver un document officiel explicite en ce sens - mais même si ce n'est pas formellement le cas, il est certain que l'interdiction de la soutane n'est plus appliquée au Mexique. Rappelons que de nombreux codes et constitutions comportent des articles obsolètes jamais abrogés. en France, par exemple, un sénateur de la Côte-d'Or faisait remarquer en 2012 que l'interdiction faite aux femmes de porter un pantalon, inscrite dans la loi en 1800, était toujours en vigueur...
Quoi qu'il en soit, le journal La Croix pouvait-il se féliciter en 2002 :
"Il semble loin, le premier voyage international de Jean-Paul II en janvier 1979. Il avait choisi le Mexique, où le chef de l'Etat l'avait accueilli par un glacial « Bonjour Monsieur ». Sa soutane blanche violait ouvertement la Constitution mexicaine : fruit de longues années d'anticléricalisme, voire d'anticatholicisme, elle bannissait le port de vêtements ecclésiastiques.
Tout a changé depuis. En juillet 2000, les Mexicains ont élu à la présidence Vicente Fox, du Parti d'action nationale (PAN), mettant fin à soixante-dix ans d'hégémonie du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI). « Si le PRI est tombé, l'Eglise n'y est pas pour rien », commente un prêtre français, depuis dix ans au Mexique.
Interdite de toute intervention sur la scène publique, l'Eglise mexicaine s'affirme peu à peu. Non sans difficulté, comme en témoigne l'assassinat en 1993 du cardinal Posadas, archevêque de Guadalajara. Les autorités ont hâtivement conclu à « une méprise »... Thèse réfutée par l'Eglise, qui accuse les narcotrafiquants et se demande encore qui se cachait derrière...
Aujourd'hui, les cardinaux Rivera (Mexico) et Sandoval (Guadalajara), les deux ténors de l'épiscopat mexicain, n'ont aucune difficulté à s'exprimer haut et fort sur les questions sociales. « On comprend maintenant que l'Eglise puisse donner son avis », affirme le P. Francisco Javier Gonzalez, secrétaire exécutif de la Conférence épiscopale mexicaine. Mais les Mexicains ne voient pas forcément d'un bon oeil cette attitude de l'Eglise. Ils restent très fermement opposés par exemple à ce qu'un prêtre aborde en chaire des sujets politiques !"
N'étant pas particulièrement hispanophones, nous souhaitons remercier le poète et traducteur Laurent Bouisset, spécialiste de la poésie mexicaine, pour son aide dans nos recherches en VO.
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