Question d'origine :
Bonjour, nous avons un exposé à faire en DNL Histoire-géographie sur la réduction d'impôt sur le revenu soit "income tax cuts" sous Margaret Thatcher censé durer 16 minutes. Trois dates importantes nous sont données : 1982, 1983 et 1987. Malheureusement, nous ne parvenons pas à trouver des informations précises correspondant à ce thème ni à ces dates. Merci part avance de votre réponse.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 16/12/2020 à 10h25
Bonjour,
« En effet en 1979, le manifeste électoral des conservateurs ne laissait plus aucun doute sur leur priorité : maitriser l’inflation au moyen d’une discipline monétaire définie par des objectifs de la masse monétaire clairement affichés, réduire les besoins d’emprunt du secteur public –en gros les dépenses de l’Etat- avec, pour corollaire, l’abaissement des impôts. »
La réforme des impôts sur le revenu s’intégrait dans un système économique plus global obéissant aux principes centraux du thatchérisme de restreindre le rôle de l’Etat dans la vie économique et de restaurer l’équilibre budgétaire et qui comportait trois moyens: la lutte contre l’inflation, la fin «de l’encadrement du crédit », les privatisations.
« Au cours de la période 1979-90, un ensemble de facteurs et de décisions ont affectés les performances économiques du pays, produisant un parcours en dents de scie qui mène de la récession des années 80-82 à l’expansion du milieu de la décennie qui a conduit certains commentateurs à parler de « miracle britannique » avant que la crise ne réapparaisse à partir de 1990. » p. 65
Source : La Grande-Bretagne de Margaret Thatcher
L’article History of taxation in the United Kingdom nous dit ceci :
« Le gouvernement de Margaret Thatcher, qui était favorable à la fiscalité indirecte, a réduit les taux de l'impôt sur le revenu des particuliers dans les années 80.Dans le premier budget après sa victoire électorale en 1979, le taux maximum a été réduit de 83% à 60% et le taux de base de 33% à 30% . Le taux de base a également été abaissé pour trois budgets successifs - à 29% dans le budget de 1986, à 27% en 1987 et à 25% en 1988 . Le taux maximal de l'impôt sur le revenu a été ramené à 40% dans le budget de 1988. La surtaxe sur les revenus de placements a été supprimée en 1985. »
Voilà ce que nous dit en détail l’Histoire économique et sociale de la Grande Bretagne :
«La politique générale de réduction des charges fiscales fut menée de façon presque continue entre 1979 et 1990, la seule exception étant l’exercice 1980-1981 et, surtout, le suivant. En 1979, puis à nouveau à partir de 1986 , les tranches inférieures de l’impôt sur le revenu et, plus encore, les tranches supérieures furent progressivement abaissées. Ainsi, en 1988, les tranches d’imposition étaient ramenées à deux seulement : 25% et 40% (une tranche à 20% fut introduite en 1992-1993 pour les £2000 premières), alors qu’en 1978-1979 elles s’échelonnaient de 33% à 83 %. Entre 1982 et 1985, pour l’essentiel, les allègements fiscaux prenaient la forme d’un relèvement des abattements supérieur à la progression de l’inflation. Ces abattements permirent à 1,3 millions de contribuables d’être exonérés d’impôt en 1979, à près d’un million d’autres entre 1982 et 1984 et 800000 contribuables supplémentaires en 1985. En contrepartie, l’Etat essayait de récupérer partiellement les recettes fiscales ainsi perdues en relevant le taux de la TVA, celui des cotisations sociales des particuliers et la taxe sur les pétroles. Toutefois, les cotisations sociales de salariés et des entreprises furent abaissées à partir de 1985 et la TVA ne subit plus d’augmentation sensible après 1980. Même l’imposition sur le pétrole fut allégée en 1982 puis en 1987 pour tenir compte de la baisse des cours. » p. 83-84
Dès juin 1979, le gouvernement applique une de ses deux grandes priorités : « la diminution des impôts directs pour relancer la consommation… les marges d’imposition sur le revenu étaient resserrées, la tranche la plus élevée étant ramenée de 83% à 60 % et la première tranche de 33% à 30%. Ainsi était tenue la promesse de récompenser l’effort. La TVA et d’autres impôts indirects, en revanche, étaient relevés pour équilibrer les rentrées fiscales. » p. 41
« La politique budgétaire suivie par le gouvernement Thatcher avait déjà commencé à s’écarter des thèses monétaristes et ultralibérales strictes dès l’automne 1980 lors de la présentation du collectif budgétaire… ».Entre 1980 et 1982, Le gouvernement ne réduit pas ou très peu les impôts directs et augmente les impôts indirects : « c’est que le gouvernement ne voulait pas relancer la consommation en réduisant la pression fiscale. La reconduction pure et simple des bases d’imposition et des abattements fiscaux de l’année précédente représentait au contraire un alourdissement de la charge fiscale des particuliers et des entreprises. D’autant qu’il s’y ajoutait des augmentations de diverses taxes et droits sur les alcools, les tabacs, etc…. » « Le budget de mars 1982 ressembla fort au précédent, à cela près que la pression fiscale sur les personnes physiques ne s’accrut pas et qu’elle diminua modérément sur les entreprises. »
Suite à la guerre des Malouines, le budget de 1983 « tout en contenant quelques concessions de nature électoraliste, restait rigoureux. Les seuils de tranches de l’impôt sur le revenu étaient sensiblement relevés, correspondant à un allègement de 5 à 7% de la charge fiscale des particuliers et la contribution sociale des entreprises étaient une nouvelle fois diminuée. » p. 45-46
A partir de 1983, la politique économique de Thatcher évolue notamment avec le nouveau chancelier de l’Échiquier, Nigel Lawson , il présente son budget en mars 1984, et un « allègement progressif de la pression fiscale ». « L’objectif annoncé était de ramener l’impôt sur les sociétés de 52% à 35% en trois ans et de réduire globalement l’impôt sur le revenu de 15% environ durant la même période… Le seuil d’imposition était relevé de 12,5%, ce qui exemptait de l’impôt sur le revenu 800000 personnes supplémentaires. »
Voici un extrait du discours de Margaret Thatcher le 14 octobre 1983 à propos de la fiscalité « Nous avons été élus pour diminuer les impôts directs. Nous avons diminué les taux d’imposition, et nous avons relevé les seuils, cela n’empêche pas, cependant, que le nombre de personnes redevables de l’impôt sur le revenu est encore exagérée, et que les charges fiscales sont encore trop lourdes ; notre combat pour réduire la fiscalité va se poursuivre, et personne ne s’attèlera à cette tâche avec autant d’ardeur que notre nouveau ministre des Finances, Nigel Lawson ». Discours 1968-1992, Margaret Thatcher
En réalité face à la crise engendrée par la grève des mineurs en 1984, le gouvernement dut revoir à la baisse les allègements fiscaux envisagés : alors que « le chancelier avait prévu d’octroyer des allègements fiscaux de £2 milliards, il décida de ne pas dépasser £700 millions pour l’exercice 1985-1986. » Idem pour le budget de 1986 : « le chancelier décida de repousser à plus tard les allègements fiscaux spectaculaires qu’il avait prévus, limitant à £1 milliard l’ensemble des réductions d’impôts. » p. 49-51
Les années 85-86 furent marquées par une reprise , ce qui permit au gouvernement en mars 1987 d'« enfin réaliser l’un des objectifs auxquels il tenait le plus : un allègement important et une nouvelle répartition de la charge fiscale . L’impôt sur le revenu des personnes physiques était réduit de 7% globalement une mesure qui couta £2,2 milliards. Le taux de base en était abaissé et, pour la deuxième année consécutive, les tranches les plus élevées payaient moins qu’auparavant. L’impôt sur les sociétés et nombre de taxes et de droits divers étaient également sensiblement réduits, ce qui représentait une perte de rentrées fiscales d’environ £2,7 milliards. ». Ces pertes furent compensées, par une réduction des dépenses publiques, le rendement de la TVA avec l’augmentation de la consommation des ménages, les profits des entreprises, et les fonds dégagés par les privatisations, et l’augmentation des cours du pétrole. » p. 52
« En dépit de tous les signes inquiétants qui auraient dû l’inciter à la prudence, le chancelier de l’Echiquier décida de poursuivre et d’amplifier sa politique fiscale. Ainsi ce fut un budget très ambitieux qu’il présenta aux Communes pour 1988-1989. Le taux de base de l’impôt sur le revenu était une nouvelle fois réduit de 7 à 8% avec promesse de réductions ultérieures d’environ 20% dans les deux ou trois années à venir. Tous les abattements fiscaux étaient relevés de deux fois le taux d’inflation. Plus spectaculaire était la simplification et l’allègement globale de l’imposition sur le revenu des personnes physiques. En 1986 encore, les tranches d’imposition s’échelonnaient de 27% à 60% en fonction des revenus perçus (sous les travaillistes les taux étaient répartis de 33% à 83%). Désormais ne subsistaient que deux taux d’imposition : l’un à 25% et l’autre à 40%. Les tranches les plus élevées étaient donc abolies et la plus basse réduite de seulement deux points, ce qui entraina des réductions fiscales pour plus de £1 milliard en faveur des plus riches. Les travaillistes ne manquèrent pas de relever ce qu’ils considéraient comme un scandale à un moment où le gouvernement refusait de dépenser davantage sur la santé. » p. 55
« Soucieux de freiner la consommation et regrettant les allègements fiscaux trop importants de son budget précédent, le chancelier se résolut à limiter les ambitions de son gouvernement pour 1989-1990…. Quelques allègements fiscaux furent quand même consentis à hauteur de près de £2 milliards et, surtout, Lawson annonça une série d’incitations à l’épargne populaire. » p. 56
Par ailleurs, l’ouvrage distingue trois périodes dans la décennie Thatcher : 1979-1983 (« période émaillée de nombreux échecs ») ; 1983-1988 (« le temps de l’euphorie ») ; 1988-1990 (les « désillusions » et la démission). Les années 1983 et 1987 correspondent au triomphe des conservateurs aux élections législatives.
Nous espérons que vous retrouverez dans ce déroulé la signification des trois dates importantes que vous citez : 1982, 1983 et 1987.
D’un point de vue plus général, voici quelques remarques sur la politique économique de Thatcher :
Dans Histoire de l’Angleterre des origines à nos jours, Philippe Chassaigne : « Le bilan de cette politique est très controversé ; sur le plan conjoncturel, l’économie britannique a continuée de connaitre des fluctuations cycliques (« boom-and-bust ») très marquées, dans la lignée des stop and go des décennies précédentes. La mise en œuvre du programme thatchérien plongea le pays dans une vive récession, la conjoncture s’améliora à partir de 1982 : recul de l’inflation et du chômage, croissance économique supérieure à celle de autres pays de la CEE. Moins positifs en revanche, étaient le déficit grandissant des comptes extérieurs à partir de 1985 et la dépréciation de la livre, tant par rapport au dollar qu’au mark. Enfin, les réductions d’impôt, les fortes hausses de salaire et la politique d’argent bon marché suscitèrent auprès d’une large partie de la population une impression d’enrichissement artificiel qui entraina une surchauffe inflationniste de l’économie à la fin des années 1980. » P. 473
Idem dans L’Angleterre de 1945 à nos jours :
Le projet de Thatcher « repose sur la conviction qu’en réduisant la masse monétaire en circulation, on serait en mesure de diminuer le volume d’achat de particuliers dès lors soucieux, par ailleurs d’épargner ; que la diminution de la consommation entrainerait quasi mécaniquement un ajustement des prix à la baisse et permettrait ainsi de vaincre l’inflation tout en poussant à une productivité accrue des entreprises. En augmentant aussi les taux d’intérêt et en réduisant les emprunts publics, le gouvernement pourrait accentuer encore le retour à une situation monétaire saine. »
En réalité, « la chute effective de l’inflation fut surtout due à la restauration de la confiance des capitalistes étrangers, attirés par les taux d’intérêts élevés. La diminution de l’offre intérieure fut liée à la victorieuse concurrence de firmes étrangères, dont les prix parurent attractifs compte tenu des taux de change… du coup, les deux « mamelles économiques » de la prospérité thatchérienne allaient être, à partir de 1983, davantage la privatisation, dont le résultat serait de fournir des moyens à l’Etat tout en lui épargnant des dépenses, et les hauts taux d’intérêts, attractifs pour les capitaux flottants, mais qui, contribuant à donner à la livre sterling une valeur excessive, favoriseraient importations et « désindustrialisation » sans réduire réellement la pression de la consommation privée. ». Le gouvernement misa là-dessus, pensant que cela permettrait d’augmenter la production et l’emploi. Ce ne fut pas forcément le cas.
Margaret Thatcher dut d’ailleurs sa démission à une réforme fiscale impopulaire qu’elle voulut imposer sur la fiscalité territoriale : la Poll tax.
Voir aussi :
Petit chronologie des années Thatcher
Pour une vision plus globale : Les réformes fiscales au Royaume-Uni, Gaël Dupont, Catherine Mathieu
La politique économique de Margaret Thatcher, 1979-1986
Sur la suite des événements : La politique budgétaire et les dépenses publiques des gouvernements Major : du pragmatisme à la consolidation du legs thatchérien
« En effet en 1979, le manifeste électoral des conservateurs ne laissait plus aucun doute sur leur priorité : maitriser l’inflation au moyen d’une discipline monétaire définie par des objectifs de la masse monétaire clairement affichés, réduire les besoins d’emprunt du secteur public –en gros les dépenses de l’Etat- avec, pour corollaire, l’
La réforme des impôts sur le revenu s’intégrait dans un système économique plus global obéissant aux principes centraux du thatchérisme de restreindre le rôle de l’Etat dans la vie économique et de restaurer l’équilibre budgétaire et qui comportait trois moyens: la lutte contre l’inflation, la fin «de l’encadrement du crédit », les privatisations.
« Au cours de la période 1979-90, un ensemble de facteurs et de décisions ont affectés les performances économiques du pays, produisant un parcours en dents de scie qui mène de la récession des années 80-82 à l’expansion du milieu de la décennie qui a conduit certains commentateurs à parler de « miracle britannique » avant que la crise ne réapparaisse à partir de 1990. » p. 65
Source : La Grande-Bretagne de Margaret Thatcher
L’article History of taxation in the United Kingdom nous dit ceci :
« Le gouvernement de Margaret Thatcher, qui était favorable à la fiscalité indirecte, a réduit les taux de l'impôt sur le revenu des particuliers dans les années 80.
Voilà ce que nous dit en détail l’Histoire économique et sociale de la Grande Bretagne :
«
Dès juin 1979, le gouvernement applique une de ses deux grandes priorités : « la diminution des impôts directs pour relancer la consommation… les marges d’imposition sur le revenu étaient resserrées, la tranche la plus élevée étant ramenée de 83% à 60 % et la première tranche de 33% à 30%. Ainsi était tenue la promesse de récompenser l’effort. La TVA et d’autres impôts indirects, en revanche, étaient relevés pour équilibrer les rentrées fiscales. » p. 41
« La politique budgétaire suivie par le gouvernement Thatcher avait déjà commencé à s’écarter des thèses monétaristes et ultralibérales strictes dès l’automne 1980 lors de la présentation du collectif budgétaire… ».
Suite à la guerre des Malouines, le budget de 1983 « tout en contenant quelques concessions de nature électoraliste, restait rigoureux. Les seuils de tranches de l’impôt sur le revenu étaient sensiblement relevés, correspondant à un allègement de 5 à 7% de la charge fiscale des particuliers et la contribution sociale des entreprises étaient une nouvelle fois diminuée. » p. 45-46
Voici un extrait du discours de Margaret Thatcher le 14 octobre 1983 à propos de la fiscalité « Nous avons été élus pour diminuer les impôts directs. Nous avons diminué les taux d’imposition, et nous avons relevé les seuils, cela n’empêche pas, cependant, que le nombre de personnes redevables de l’impôt sur le revenu est encore exagérée, et que les charges fiscales sont encore trop lourdes ; notre combat pour réduire la fiscalité va se poursuivre, et personne ne s’attèlera à cette tâche avec autant d’ardeur que notre nouveau ministre des Finances, Nigel Lawson ». Discours 1968-1992, Margaret Thatcher
En réalité face à la crise engendrée par la grève des mineurs en 1984, le gouvernement dut revoir à la baisse les allègements fiscaux envisagés : alors que « le chancelier avait prévu d’octroyer des allègements fiscaux de £2 milliards, il décida de ne pas dépasser £700 millions pour l’exercice 1985-1986. » Idem pour le budget de 1986 : « le chancelier décida de repousser à plus tard les allègements fiscaux spectaculaires qu’il avait prévus, limitant à £1 milliard l’ensemble des réductions d’impôts. » p. 49-51
« En dépit de tous les signes inquiétants qui auraient dû l’inciter à la prudence, le chancelier de l’Echiquier décida de poursuivre et d’amplifier sa politique fiscale. Ainsi ce fut un budget très ambitieux qu’il présenta aux Communes pour 1988-1989. Le taux de base de l’impôt sur le revenu était une nouvelle fois réduit de 7 à 8% avec promesse de réductions ultérieures d’environ 20% dans les deux ou trois années à venir. Tous les abattements fiscaux étaient relevés de deux fois le taux d’inflation. Plus spectaculaire était la simplification et l’allègement globale de l’imposition sur le revenu des personnes physiques. En 1986 encore, les tranches d’imposition s’échelonnaient de 27% à 60% en fonction des revenus perçus (sous les travaillistes les taux étaient répartis de 33% à 83%). Désormais ne subsistaient que deux taux d’imposition : l’un à 25% et l’autre à 40%. Les tranches les plus élevées étaient donc abolies et la plus basse réduite de seulement deux points, ce qui entraina des réductions fiscales pour plus de £1 milliard en faveur des plus riches. Les travaillistes ne manquèrent pas de relever ce qu’ils considéraient comme un scandale à un moment où le gouvernement refusait de dépenser davantage sur la santé. » p. 55
« Soucieux de freiner la consommation et regrettant les allègements fiscaux trop importants de son budget précédent, le chancelier se résolut à limiter les ambitions de son gouvernement pour 1989-1990…. Quelques allègements fiscaux furent quand même consentis à hauteur de près de £2 milliards et, surtout, Lawson annonça une série d’incitations à l’épargne populaire. » p. 56
Par ailleurs, l’ouvrage distingue trois périodes dans la décennie Thatcher : 1979-1983 (« période émaillée de nombreux échecs ») ; 1983-1988 (« le temps de l’euphorie ») ; 1988-1990 (les « désillusions » et la démission). Les années 1983 et 1987 correspondent au triomphe des conservateurs aux élections législatives.
Nous espérons que vous retrouverez dans ce déroulé la signification des trois dates importantes que vous citez : 1982, 1983 et 1987.
D’un point de vue plus général, voici quelques remarques sur la politique économique de Thatcher :
Dans Histoire de l’Angleterre des origines à nos jours, Philippe Chassaigne : « Le bilan de cette politique est très controversé ; sur le plan conjoncturel, l’économie britannique a continuée de connaitre des fluctuations cycliques (« boom-and-bust ») très marquées, dans la lignée des stop and go des décennies précédentes. La mise en œuvre du programme thatchérien plongea le pays dans une vive récession, la conjoncture s’améliora à partir de 1982 : recul de l’inflation et du chômage, croissance économique supérieure à celle de autres pays de la CEE. Moins positifs en revanche, étaient le déficit grandissant des comptes extérieurs à partir de 1985 et la dépréciation de la livre, tant par rapport au dollar qu’au mark. Enfin, les réductions d’impôt, les fortes hausses de salaire et la politique d’argent bon marché suscitèrent auprès d’une large partie de la population une impression d’enrichissement artificiel qui entraina une surchauffe inflationniste de l’économie à la fin des années 1980. » P. 473
Idem dans L’Angleterre de 1945 à nos jours :
Le projet de Thatcher « repose sur la conviction qu’en réduisant la masse monétaire en circulation, on serait en mesure de diminuer le volume d’achat de particuliers dès lors soucieux, par ailleurs d’épargner ; que la diminution de la consommation entrainerait quasi mécaniquement un ajustement des prix à la baisse et permettrait ainsi de vaincre l’inflation tout en poussant à une productivité accrue des entreprises. En augmentant aussi les taux d’intérêt et en réduisant les emprunts publics, le gouvernement pourrait accentuer encore le retour à une situation monétaire saine. »
En réalité, « la chute effective de l’inflation fut surtout due à la restauration de la confiance des capitalistes étrangers, attirés par les taux d’intérêts élevés. La diminution de l’offre intérieure fut liée à la victorieuse concurrence de firmes étrangères, dont les prix parurent attractifs compte tenu des taux de change… du coup, les deux « mamelles économiques » de la prospérité thatchérienne allaient être, à partir de 1983, davantage la privatisation, dont le résultat serait de fournir des moyens à l’Etat tout en lui épargnant des dépenses, et les hauts taux d’intérêts, attractifs pour les capitaux flottants, mais qui, contribuant à donner à la livre sterling une valeur excessive, favoriseraient importations et « désindustrialisation » sans réduire réellement la pression de la consommation privée. ». Le gouvernement misa là-dessus, pensant que cela permettrait d’augmenter la production et l’emploi. Ce ne fut pas forcément le cas.
Margaret Thatcher dut d’ailleurs sa démission à une réforme fiscale impopulaire qu’elle voulut imposer sur la fiscalité territoriale : la Poll tax.
Petit chronologie des années Thatcher
Pour une vision plus globale : Les réformes fiscales au Royaume-Uni, Gaël Dupont, Catherine Mathieu
La politique économique de Margaret Thatcher, 1979-1986
Sur la suite des événements : La politique budgétaire et les dépenses publiques des gouvernements Major : du pragmatisme à la consolidation du legs thatchérien
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