Question d'origine :
Bonjour, J'ai pu lire que l'origine du nom de la montée des Epies serait lié à un terrain divisé en trois Pies (la pie étant une mesure de surface). Est-ce bien cela l'origine ? Et à quoi équivalait une "pie" SVP ? Car je n'ai pas réussi à trouver cette information. Est-ce en lien avec le "pied" ? D'avance merci pour votre réponse. Cordialement Jca
Réponse du Guichet
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- Département : Documentation régionale
Le 27/01/2021 à 10h40
Jean Pelletier s'intéresse à la montée des Epies dans Lyon pas à pas p. 30 :
« Epies (montée des)
Ouverte en 1535 après la vente d’un tènement appartenant aux Fuer d’où le nom de prés de Fuer. Les pies étaient à la fois des emplacements à louer et des mesures de surface de 4 toises 36 mils. La percée fut probablement opérée par Claude Le Viste. (…)»
Voici ce qu'en dit Louis Maynard dans son Dictionnaire des lyonnaiseries tome 2 (originalement publié en 1932) :
« Epies (montée des). Ve arrondissement. – Claude Le Viste ouvrit ce passage en 1535, pour desservir la vigne de Fuer , qui avait été divisée en trente-deux parcelles ou pies. Cette voie publique fut appelée rue des Pies de Fuer, et par corruption, des Epies. On trouve, dans un registre de 1580, cette montée désignée sous le nom de ruelle neuve des Trois Espies.
Pie, disent les étymologistes (on sait que l’étymologie est une des trois ou quatre façons de mentir), viendrait de peda terrae ; on désignait ainsi un espace de terre démembré d’un plus grand, pour y bâtir des maisons. La pie était donc une mesure de surface, variable d’ailleurs.
Pie pourrait, tout simplement, signifier partie ; on écrivait, en abrégé, Pie, et ce mot, mal copié, aurait été ainsi transformé en pie.»
Le Dictionnaire étymologique du patois lyonnais par N. Du Puitspelu (Clair Tisseur), paru en 1887-1890, s'intéresse à l'origine et l'usage de ce mot :
« PIE vln. S.f. – Lot de terre, partie d’un fonds divisé. 1518 : « Ordre donné par le Consulat… de payer à Mathieu Deheria... pour avoir… publié comme l’on voulait bailler a pies, pour bastir des maisons, la vigne de l’hopital… » (Marie-Lucrèce) – 1615 : « Les frères… Spinassy tiennent de la directe des quatre seigneurs trois pies de jardin… » (id.) – « La montée des Epies à Lyon n’est autre que la montée des Pies, parce qu’un tènement qui y aboutissait fut vendu en plusieurs pies ou parties vendues séparément ( ??) » (Coch). – on appelle cela aujourd’hui vendre en « parties brisées ». La pie n’était pas une mesure agraire, mais un lot de terrain à bâtir.
On trouve en b. lat. (IXe s.) piduare « mensurare », littér. « per pedes metiri ». On a eu certainem. à côté la forme « pedare », d’où peda « pie » en m. lat., réduit à pea=pie par chute de d (139). Une dérivat. De petia doit être écartée, t ne tombant pas devant i en hiatus.
(…)
Tous ces textes indiquent que la pie était un emplacement de grandeur indéterminée. Toutefois il paraît qu’à côté de ce sens général le mot avait pris le sens spécial d’une mesure de terrain égale à 4 toises. L’ancienne toise carrée de Lyon étant de 6m. 59 décim. Carrés, la pie équivaudrait à 26 m. 39 décim. carrés, d’après les Tableaux comparatifs des anciens poids et mesures, de Lauradoux, Lyon, Ballanche, 1812 (id.).
Ces deux sens existent encore à Payerne : « Pia, espace de terrain labourable, ancienne mesure agraire. (Bridel). »
Nous vous laissons lire l’intégralité de cette notice dans la version numérisée accessible sur Numelyo (vues 318 et 319, p. 306-307)
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