Question d'origine :
Je viens de découvrir le concept de plante adaptogène dans un billet de blog qui a l'air bien documenté d'une nutritionniste. Cependant j'aimerais savoir si le concept est établi comme scientifique svp.
Réponse du Guichet

Bonjour,
Le terme « adaptogène », bien qu’étant largement utilisé, n’a pas vraiment de définition officielle. Cette notion est difficile à intégrer et à évaluer dans le contexte de la médecine occidentale.
Les plantes adaptogènes n’agissent pas d’une façon spécifique sur le plan pharmacologique. Elles ne sont ni anxiolytiques, ni anabolisantes. Leur évaluation clinique est donc complexe et les études peuvent s’avérer contradictoires ou parfois critiquables sur le plan méthodologique. Ces propriétés questionnent également les protocoles d’essais cliniques pas nécessairement adaptés à l’évaluation de ces plantes, dont les mécanismes multiples sont parfois difficilement objectivables. Les propriétés des plantes adaptogènes sont donc essentiellement reconnues sur la base d’un emploi traditionnel et d’une utilisation ancienne.
Les plantes adaptogènes ne s’inscrivent pas dans les modèles pharmacologiques classiques actuels. C’est la raison pour laquelle les pharmacologues ne reconnaissent pas ce terme. En revanche le concept d’adaptogène est pris en considération par les instances telle que l’EMEA (l’Agence Européenne de Médecine) qui a établi un document de réflexion sur le concept adaptogène.
De même l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité des Médicaments et des produits de santé) édite régulièrement des avis du Comité français de la Pharmacopée sur certaines plantes médicinales et huiles essentielles : comme par exemple le Rhodiola rosea (rhizome et racine), dont les indications thérapeutiques mentionnent l’amélioration des fonctions cognitives en situation de stress. On parle de plante adaptogène.
Le concept de plante adaptogène est apparu dans les années 50 grâce au travail d’un chercheur et pharmacologue russe Nicolaï Lazarev.
Au cours de ses études sur les plantes, il remarqua que certaines d’entre elles augmentaient les capacités naturelles du corps à réagir et à résister face aux situations de stress.
Pour mieux comprendre leur fonctionnement si particulier, les recherches se sont poursuivies. Dans les années 60, les travaux du scientifique Israël Brekhman mettent en lumière le caractère adaptogène de l’éleuthérocoque, une plante de la même famille que le ginseng. On découvre alors qu’une plante adaptogène accroît non seulement la résistance de l’organisme au stress mais aussi qu’elle exerce une action stimulante.
Le Docteur Lazarev avait élaboré trois critères pour classer une substance comme adaptogène.
Elle doit :
- Causer un minimum de variations dans les fonctions biologiques.
- Augmenter la résistance du corps de manière non spécifique contre divers agresseurs.
- Avoir un effet normalisateur améliorant plusieurs conditions ou états et n’en aggravant aucun (normalisation d’un organe ou d’une fonction physiologique).
L’action de la plante adaptogène se fait par le totum de la plante.
On constate que ces plantes appartiennent à des familles et espèces botaniques distinctes et parfois éloignées, répandues sur les cinq continents.
Notons également qu’avant les études réalisées dans la seconde moitié du vingtième siècle par les scientifiques, certaines plantes adaptogènes étaient utilisées par un ensemble de médecines traditionnelles :
- Médecine Traditionnelle Chinoise pour le ginseng, et l’éleuthérocoque, le schisandra, l’astragale, le shiitake, le maitake.
- Médecine Traditionnelle Russe pour l’éleuthérocoque, la rhodiola, le ginseng.
- Médecine Traditionnelle Péruvienne pour le maca.
- Médecine Traditionnelle Polynésienne pour le noni.
- Médecine Ayurvédique pour l’ashwaganda.
- Médecine de la Grèce et de la Rome Antique pour le romari.
Un adaptogène soutient l’organisme dans la lutte contre le stress de façon globale, quel que soit la nature du stress.
Il se différencie des substances et des plantes uniquement stimulantes : les stimulants classiques comme la caféine augmentent le niveau de performance dans un laps de temps rapide. Cependant, après cette période initiale de haute énergie, on observe une diminution brutale de la capacité de travail.
Il se différencie également des plantes qui modèrent le système nerveux en situation de stress (passiflore, aubépine, valériane, mélisse). Il se différencie également des substances qui sont spécifiquement immunostimulantes (cassis, cynorrhodon, échinacée, etc.)
L’adaptogène, quant à lui, montre un niveau de performance constant en fonction du temps. Après avoir atteint son maximum, il n’est pas suivi d’une chute de la capacité de travail. Par rapport aux stimulants classiques, il ne vide pas l’organisme de ses ressources et ne donne pas d’effet indésirable comme un syndrome de manque.
Les plantes adaptogènes permettent de réguler le fonctionnement de l’organisme en augmentant la résistance au stress et à la fatigue et en améliorant les performances physiques et les capacités mentales. Parmi ces plantes, citons le ginseng, l’éleuthérocoque et la rhodiole.
(Extrait de la thèse de Camille Bloch de la Faculté de Pharmacie Université Lorraine : Amélioration des performances mentales et physiques du sportif en s’appuyant sur la phytothérapie, Augmentation des performances par les plantes adaptogènes )
Pour aller plus loin, ces livres sur nos étagères :
- Ce que la Science sait des plantes qui soignent
- Du bon usage des plantes qui soignent
- Secrets d'une herboriste
- Plaidoyer pour l'herboristerie
- Aromathérapie
- Des plantes pour l'esprit
- Médecine traditionnelle chinoise
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