Voyage dans le temps... Le dialogue
LANGUES ET LITTÉRATURES
+ DE 2 ANS
Le 21/04/2021 à 09h37
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Question d'origine :
Bonjour, Si un Français d'un niveau culturel moyen de notre époque avait la possibilité de voyager dans le temps, à partir de quel siècle aurait-il des difficultés à comprendre ses interlocuteurs ? Quand est-ce que la langue parlée par un de ses ancêtres lui apparaîtrait comme une langue étrangère, complètement incompréhensible, empêchant tout échange verbal ou écrit ? Autre thème ; lorsque la France n'était pas encore unifiée linguistiquement parlant, comment le pouvoir central parvenait-il à se faire comprendre en région ? Y-avait-il des traducteurs mandatés ? En vous remerciant Anji
Réponse du Guichet
bml_litt
- Département : Langues et Littératures
Le 24/04/2021 à 08h24
Bonjour,
Deux grenouilles du guichet se sont penchées sur votre question, laquelle appelle à une réponse somme toute hypothétique, le voyage dans le temps n’étant pas encore possible en ce début de XXIème siècle. Voilà toutefois les pistes qui ressortent de nos recherches croisées :
D’après Jacques Chaurand dans son Histoire de la langue française, en effet : « Un français du XXe siècle ne comprendrait évidemment rien à ce que lui dirait son compatriote du IXe siècle […] ; notre contemporain ne serait d’ailleurs pas plus heureux s’il conversait avec un paysan de l’Ile-de-France contemporain de Molière » [XVIIème siècle].
Historiquement, on situe aux XIIIème-XIVème siècles l'usage majoritaire du français vulgaire ou vernaculaire, dont découle notre langue française actuelle (l’emportant ainsi sur le latin et l’ancien français en ce qui concerne la communication orale) : on peut supposer que l'on serait à même de comprendre nos interlocuteurs à compter de cette époque moyennant quelques ajustements.
La date de 1539 est souvent utilisée comme marqueur d’un tournant pour l’usage du français puisque c’est l’année de l’ordonnance de Villers-Cotterêts par laquelle François Ier impose l’usage du français même sous forme écrite, et de limiter au minimum l’emploi du latin.
Cependant se pose effectivement la question des usages régionaux, puisqu’à l’époque médiévale, 90% de la population est paysanne, et que l’usage du français se limite en réalité au 10% restant de la population citadine. Ailleurs, on parle patois, le breton en Bretagne, le flamand et le francique dans le Nord-Est, le savoyard en Savoie, le catalan dans le Roussillon, le basque dans le Béarn, etc. [source : le site Histoire du Français]
Toutefois, dans l’ouvrage Mille ans de langue française, il est stipulé qu’« Un certain nombre de témoignages montre que la différence dialectale était bien perçue, mais que cette diversité linguistique n’était pas une obstacle majeur à la compréhension mutuelle des locuteurs. »
Jaqueline Picoche, dans son Histoire de la langue française, précise quant à elle que « Ce que la royauté n’avait qu’ébauché, la Révolution le voulut ; elle entreprit une politique d’éradication des dialectes et langues régionales, et une francisation générale. »
On peut donc penser qu’un français du 21e siècle pourrait converser sans trop de difficulté avec un ancêtre à partir du 18e siècle.
En attendant que la machine à remonter le temps existe bel et bien, nous vous souhaitons un bon weekend d’avril 2021.
Deux grenouilles du guichet se sont penchées sur votre question, laquelle appelle à une réponse somme toute hypothétique, le voyage dans le temps n’étant pas encore possible en ce début de XXIème siècle. Voilà toutefois les pistes qui ressortent de nos recherches croisées :
D’après Jacques Chaurand dans son Histoire de la langue française, en effet : « Un français du XXe siècle ne comprendrait évidemment rien à ce que lui dirait son compatriote du IXe siècle […] ; notre contemporain ne serait d’ailleurs pas plus heureux s’il conversait avec un paysan de l’Ile-de-France contemporain de Molière » [XVIIème siècle].
Historiquement, on situe aux XIIIème-XIVème siècles l'usage majoritaire du français vulgaire ou vernaculaire, dont découle notre langue française actuelle (l’emportant ainsi sur le latin et l’ancien français en ce qui concerne la communication orale) : on peut supposer que l'on serait à même de comprendre nos interlocuteurs à compter de cette époque moyennant quelques ajustements.
La date de 1539 est souvent utilisée comme marqueur d’un tournant pour l’usage du français puisque c’est l’année de l’ordonnance de Villers-Cotterêts par laquelle François Ier impose l’usage du français même sous forme écrite, et de limiter au minimum l’emploi du latin.
Cependant se pose effectivement la question des usages régionaux, puisqu’à l’époque médiévale, 90% de la population est paysanne, et que l’usage du français se limite en réalité au 10% restant de la population citadine. Ailleurs, on parle patois, le breton en Bretagne, le flamand et le francique dans le Nord-Est, le savoyard en Savoie, le catalan dans le Roussillon, le basque dans le Béarn, etc. [source : le site Histoire du Français]
Toutefois, dans l’ouvrage Mille ans de langue française, il est stipulé qu’« Un certain nombre de témoignages montre que la différence dialectale était bien perçue, mais que cette diversité linguistique n’était pas une obstacle majeur à la compréhension mutuelle des locuteurs. »
Jaqueline Picoche, dans son Histoire de la langue française, précise quant à elle que « Ce que la royauté n’avait qu’ébauché, la Révolution le voulut ; elle entreprit une politique d’éradication des dialectes et langues régionales, et une francisation générale. »
On peut donc penser qu’un français du 21e siècle pourrait converser sans trop de difficulté avec un ancêtre à partir du 18e siècle.
En attendant que la machine à remonter le temps existe bel et bien, nous vous souhaitons un bon weekend d’avril 2021.
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