Question d'origine :
Bonjour Je vouodrais savoir comment l'Allemagne a redressé son économie à partir de 1933. Merci d'avance
Réponse du Guichet

Bonjour,
Précisons qu’en raison de la situation sanitaire nous sommes actuellement en télétravail et n’avons pas accès aux documents de la bibliothèque. Pour vous répondre nous devons nous contenter des ressources disponibles en ligne.
L’article de Volker Hentschel, L’économie du Troisième Reich publié dans l’ouvrage : État et société sous le IIIe Reich explique le « miracle économique » de l’Allemagne nazie. En voici un extrait :
«III. Le «miracle économique» national-socialiste et ses explications
Avant d’en venir à ces explications, il convient d’esquisser et d’expliciter brièvement l’évolution économique sous le Troisième Reich. Le sens et les objectifs des interdictions et restrictions se comprennent le mieux en relation avec ces explications. Il en découle en même temps qu’ils ne résultaient pas d’un ordre économique préconçu, mais, selon chaque cas, du pragmatisme politique.
L’évolution de l’économie pendant les années de paix du Troisième Reich res¬semble à un vrai roman à succès. Les aspects positifs et négatifs de la situation économique se repèrent surtout à la lecture de quatre indicateurs : la croissance de la production, le nombre des chômeurs, le niveau des prix et le compte devises. La production macro-économique, le PNB (Produit national brut), s’est accrue d’environ trois quart de 1932 à 1939. Cela correspondait en moyenne à 10 % par année, et, à l’exception du Japon, représentait plus que partout au monde à la même époque. Parallèlement, le nombre des chômeurs était en baisse rapide et durable. En 1936, il y avait le plein emploi, à partir de 1939, pénurie de main d’oeuvre. Rien n’a procuré aux nazis en tant que parti au pouvoir plus de reconnaissance et d’assentiment que ce «miracle de l’emploi». Les prix augmentaient, mais très modérément, de moins de 1 % par an. On pouvait parler de stabilité des prix. Le compte devises était équi¬libré, comme il se doit.
Il semblait que cette évolution ne laissait rien à désirer. Pourtant, sous cape, il y avait matière à critique, comme il apparaîtra plus bas. Mais il convient d’abord d’éclairer les raisons de ce succès indiscutable. Ce sont avant tout la croissance de la production et le plein-emploi qu’il s’agit d’expliquer : car baisse de production et chômage avaient été les phénomènes essentiels de la crise précédente.
L’on dira tout d’abord ce qui n’a pas entraîné la relance et le plein emploi : ils n’étaient pas dus à la politique de création d’emplois de l’État. Certes, l’État national-socialiste a mené une telle politique, à grand renfort de propagande et d’une résonance publique considérable. L’État passait des commandes dont l’exécution nécessitait la création d’emplois nouveaux, et il accordait des réductions d’impôts pour inciter à la consommation et à l’investissement. Mais l’effet politique était plus fort que l’effet économique. Les mesures de création d’emplois nouveaux ne fournissaient pas d’emplois durables et elles n’avaient guère d’effets au-delà. En économie, de telles conséquences à prolongements sont qualifiées d’effets multiplicateurs. Or le multiplicateur des mesures de création d’emplois nationaux-socialistes était minime, et tout aussi faible était, de ce fait, la contribution de la création d’emplois à la croissance et au plein-emploi.
Bien plutôt, la contribution majeure était celle de la demande par l’État de biens militaires, en hausse rapide. Leur multiplicateur était considérable. La production d’armement et la construction d’installations militaires entraînaient dans un premier temps l’embauche d’ouvriers et, dans un second, la construction d’unités de produc¬tion supplémentaires. L’emploi générait des revenus, ce qui entraînait la demande de biens de consommation. La mise en service de nouvelles installations de production supposait des commandes aux industries de biens d’équipement. La production de biens de consommation et d’équipement nécessitait à son tour de l’embauche et puis, le cas échéant, la construction d’installations supplémentaires, et ainsi de suite. Cela ne pouvait, certes, pas durer à l’infini, mais un certain laps de temps. Une fois lancé un tel processus, il continuait pour un temps sur cette lancée, et ce d’autant plus vite que se répète l’impulsion initiale. Dans le cas de la demande d’équipement militaire, celle-ci était à la fois constamment répétée et sans cesse renforcée. Cette demande se maintenait et croissait. En 1934 déjà, 5 % environ du PNB servaient à l’armement, puis 15 % en 1938 et, en 1939, près de 20 %. En moyenne, un peu plus d’un tiers de l’augmentation annuelle de la production nationale se composait de biens militaires. Une part considérable du restant était directement incitée par la production militaire. S’il est, certes, inexact de parler d’économie d’État sous le Troisième Reich, il est juste, par contre, de qualifier la relance de «conjoncture d’État».
Tout cela paraît plus simple que cela ne l’était en réalité. Car on pourrait se poser la question suivante : si c’était aussi facile et avait tant de réussite, pourquoi ne l’avait-on pas mis en oeuvre avant 1933 ? Tout d’abord, les gouvernements de la république de Weimar ne voulaient pas, bien entendu, préparer l’Allemagne à la guerre. Le réarmement n’était pas pour eux un moyen de politique conjoncturelle dirigiste, d’autant que le traité de Versailles l’interdisait. Ces gouvernements respec¬taient l’interdiction, ou presque. Les nationaux-socialistes, aventuriers politiques, ne s’y tenaient pas.
Ils ne respectaient pas non plus les règles ordinaires de financement du budget de l’État, auxquelles les gouvernements de la république de Weimar se sentaient tenus. La question simple, mais difficile, qui se pose à un gouvernement voulant dépenser plus qu’auparavant, que ce soit pour des mesures de création d’emplois, ou des commandes d’armement – est celle-ci : où se procurer de l’argent ? Trois sources sont possibles : hausse des impôts, emprunts intérieurs ou étrangers, émission de nou¬veaux billets par la banque centrale. L’accès aux deux premières sources est difficile et incertain, le recours à la troisième devient vite périlleux. Les nationaux-socialistes acceptèrent l’inconfort, réduisirent l’insécurité par des directives publiques et s’ex¬posèrent au péril.
Le rendement fiscal augmenta. A cette fin, il n’était pas nécessaire de hausser les impôts : cela eût suscité le mécontentement, ce dont Hitler n’avait pas besoin. Il suffisait d’éliminer les possibilités diverses d’éviter le paiement des impôts. Interven¬tion légitime, et qui réussit, sans faire appel à la force pure, mais à l’aide de moyens dont des gouvernements de démocraties parlementaires n’ont pas pour habitude de se servir. Cependant l’augmentation des rentrées fiscales ne permettait de couvrir que les deux tiers des dépenses publiques. Le gouvernement emprunta la majeure partie du reste auprès du marché financier intérieur ; il finança la partie plus réduite à l’aide de la planche à billets.
Il se mit à créer de la monnaie tout de suite après la prise de pouvoir. A vrai dire, ce moyen de financer le budget de l’État était également interdit par des accords internationaux. Les nazis ne respectèrent pas l’interdiction et cachèrent le dépassement par un procédé spécial de création de monnaie. On citera, sans l’expliquer, le terme de «traite Mefo». L’important est que le gouvernement nazi paya des livrai¬sons d’armement au moyen de telles traites, ce qui contribua à la croissance écono¬mique, et que ce financement par traites créa de l’argent nouveau. La masse moné¬taire augmenta plus rapidement que le PNB. Ce déséquilibre contenait des dangers inflationnistes, qui devinrent aigus en 1936. Comme les hausses de prix, pour de multiples raisons, étaient alors indésirables, elles furent tout bonnement interdites. Voilà une des interdictions résultant non pas des notions préconçues des nazis sur l’ordre économique, mais de procédés et nécessités pratiques. Cette interdiction, bien entendu, ne modifiait rien au déséquilibre entre la croissance de la masse monétaire, d’un côté, et, de l’autre, l’accroissement du PNB. Au contraire, il allait en augmentant, en même temps que le potentiel inflationniste. C’est ce qui s’appelle l’in¬flation larvée. L’inflation est maintenue sous la surface par le blocage des prix ; mais elle devient une charge croissante pour la poursuite du développement économique. Cette constatation marque aussi la première faiblesse latente du miracle éco¬nomique national-socialiste.
La troisième source de financement pour les dépenses publiques fortement accrues était le marché des capitaux. Le gouvernement national-socialiste ne put y avoir recours tout de suite, parce qu’il n’y en avait pratiquement plus à la fin de la grande crise économique. Il devait d’abord renaître dans le flux de la croissance. Mais, une fois que cela se fut produit, il n’était pas encore certain que les inves¬tisseurs seraient décidés à prêter leur argent au gouvernement. Aussi longtemps qu’il y avait eu, sous la république de Weimar, un marché des capitaux, ils n’y avaient plus été prêts. Les derniers gouvernements de ce régime avaient été considérés comme insolvables. Mais le gouvernement hitlérien ne tint pas compte de ce que les prêteurs fussent disponibles ou pas. D’un autre côté, il ne donna pas non plus l’ordre direct aux banques, compagnies d’assurances, aux entreprises et aux ménages d’investir leurs excédents en emprunts d’État : il leur interdit plutôt de les investir autrement. Personne n’était obligé de prêter de l’argent au Reich, mais si quelqu’un voulait prêter de l’argent à intérêt à long terme – et les banques, pour le moins, ne pouvaient y échapper –, il ne pouvait prêter qu’au Reich. Les investisseurs le firent volontiers, docilement, à grand renfort de gestes de dévotion à l’égard d’Hitler. Le gouvernement nazi était considéré comme extraordinairement solvable.
Or, comme les entreprises de production ne pouvaient emprunter au marché des capitaux en raison de l’interdiction officielle, ils devaient nécessairement financer leurs investissements au moyen de leurs bénéfices. L’État, qui était à la fois intéressé aux investissements et pourtant privait les entreprises des moyens du marché des capitaux, leur vint en aide en exerçant une pression constante sur les coûts sala¬riaux. Par ailleurs, le moyen principal à cette fin correspondait tout à fait à l’idéologie national-socialiste de la « communauté populaire » et à la politique de la « mise au pas ». Ce moyen était la dissolution des syndicats et la suppression des conventions collectives, le 2 mai 1933. Dès lors, les salaires et les autres rapports entre patrons et salariés pouvaient être fixés unilatéralement par les entrepreneurs. La part des coûts salariaux dans les prix diminuait, par conséquent, alors que la durée de travail, l’obligation de rendement et les gains augmentaient.
Sous le signe de la reconquête du plein emploi, les ouvriers se mirent à protester contre cette situation par une attitude rebelle. Les protestations étaient dirigées au premier chef contre les employeurs, mais, à travers eux, touchaient aussi le régime.
Certains historiens ont cherché à interpréter cette attitude comme un potentiel de résistance, qui aurait non seulement mis en question la continuité de la croissance économique, mais menacé sérieusement la survie du régime politique. Cela est faux. Le comportement protestataire inorganisé des travailleurs était, certes, incommode, mais il ne touchait pas aux fondements du pouvoir national-socialiste, ni ne mena¬çait à moyenne échéance la croissance économique.
Un autre aspect était bien plus précaire. L’économie allemande sous le Troisième Reich souffrait de la faiblesse de ses exportations. Il y avait à cela deux raisons. L’une d’elles était le protectionnisme à échelle mondiale, provoqué par la crise éco¬nomique. L’autre était la surévaluation du Reichsmark. La monnaie allemande était chère pour les étrangers. Et comme ceux-ci avaient besoin d’argent allemand pour effectuer leurs achats en Allemagne, les produits allemands aussi étaient chers pour eux. C’est pourquoi ils n’en achetaient pas beaucoup. Or les exportations font rentrer les devises nécessaires pour les achats à l’étranger. Comme il y avait peu d’exportations, il y avait, du coup, peu d’importations, trop peu si l’on tient compte de la pénurie allemande en matières premières et produits alimentaires. Cela imposa, au départ, une nouvelle interdiction. Il était interdit, sous le Troisième Reich, d’utiliser librement les entrées en devises. Elles devaient toutes être remises à l’État, lequel décidait de leur destination : c’est le contrôle des changes. L’usage en avait commencé sous la république de Weimar ; le gouvernement national-socialiste ne fit que poursuivre ce contrôle, en en radicalisant l’importance et la procédure. Mais le con¬trôle, bien entendu, augmenta aussi peu les disponibilités en devises que le blocage des prix supprima le potentiel inflationniste. Bien que les maigres devises, en raison du dirigisme étatique, fussent utilisées presque exclusivement pour l’achat de denrées alimentaires et de matières premières, l’approvisionnement en matières premières de l’économie allemande, en particulier, fut de moins en moins assuré en un temps où, sous l’effet de la croissance, la production des biens était en plein essor. A côté de l’inflation larvée, c’était la seconde lourde hypothèque et limitation étroite de la croissance économique sous le Troisième Reich. Un jour, le fardeau eût été trop lourd et les limites auraient été atteintes. Le miracle n’était pas fait pour durer. Mais ce n’était pas non plus dans les intentions des nazis. La croissance économique n’était pas une fin en soi, mais un moyen vers la fin qu’était la guerre. C’est pourquoi la question, parfois posée et sa réponse spéculative sur la durée possible d’une économie semblable à celle d’avant-guerre, est plutôt oiseuse. »
Voici également un extrait de l’article de Johann Chapoutot sur le nazisme dans l’Encyclopédie Universalis :
« Politique de puissance et économie de guerre
Volontarisme, héroïsme sacrificiel, volonté « d’acier » : tous les poncifs nazis disent cette tension vers la guerre qui est inscrite au fondement de cette culture politique réactionnaire, biologisante et belliciste. La guerre désigne tout d’abord le légitime combat contre le traité de Versailles : Hitler le répète depuis 1919 : l’ordre versaillais, qualifié de « diktat », doit être mis à bas, et l’Allemagne doit redevenir une grande puissance. Ce faisant, il flatte le corps des officiers de la Reichswehr, très réservés au départ à son égard, qu’il rallie par ses projets militaires et par le renforcement d’une armée allemande dont la croissance est nécessairement gage de carrières prometteuses et d’avancements accélérés.
Cette politique de puissance (Machtpolitik) comble également d’aise les milieux patronaux allemands, qui ne savent comment répondre aux commandes massives d’acier, de charbon, de caoutchouc, d’essence synthétique et de composants électriques. Ce sont tous les fleurons de la première et de la seconde révolution industrielle allemande qui sont ainsi sollicités : sidérurgie et chimie, industries mécanique et électrique, construction automobile et aéronautique, chantiers navals doivent ainsi répondre à l’immense effort de réarmement allemand, pour leur plus grand profit. Les inquiétudes très orthodoxes, anti-inflationnistes et attentives à l’équilibre budgétaire de la Reichsbank et du ministère des Finances du Reich ne pèsent rien face aux ambitions nazies. Pour un Göring, responsable du « Plan de quatre ans » depuis 1936, il est clair que ces dépenses massives sont gagées, à crédit, sur les spoliations imposées à la communauté juive allemande, puis autrichienne et tchèque, ainsi que sur les prédations futures ‒ les prélèvements qui seront imposés aux territoires conquis.
C’est à crédit également qu’est financée une politique fiscale et sociale très généreuse envers les membres de la « communauté du peuple », qui doit venir panser les plaies des humiliations nationales subies depuis 1918. Les ouvriers allemands, qui ont fait l’expérience de la faim pendant la Grande Guerre, de la misère causée par l’hyperinflation de 1923 et à nouveau par la Grande Dépression de 1929, sont particulièrement soignés. Si le réarmement se fait au détriment de la production des biens de consommation, le pouvoir nazi veut très clairement rattraper un niveau de vie américain : l’objectif est, à terme, une société industrielle, automobile et consommatrice. En attendant, le N.S.D.A.P. veille aux loisirs des « camarades du peuple » (Volksgenossen) : week-ends, sorties au théâtre, concerts et quinzaines de vacances à bord de paquebots qui croisent dans les fjords sont offerts par l’organisation Kraft durch Freude (KdF, « Force par la Joie »), sorte de gigantesque comité d’entreprise du IIIe Reich, qui fait construire des navires de croisière (à l’instar du paquebot Wilhelm-Gustloff) et d’immenses résidences hôtelières, comme le complexe de Prora-Rügen sur la Baltique. C’est à cela que se résume le « socialisme » du nazisme : un confort matériel plus grand pour les masses, et une identité renforcée : les Volksdeutsche « Allemands par le peuple » séparés du Reich, authentiques « Germains », sont exaltés comme étant le sel de la terre, la future « race des seigneurs » (Herrenrasse).
Parallèlement, les organisations du parti tentent de repérer les cadres de demain : la Hitlerjugend (Jeunesse hitlérienne) envoie ainsi dans un réseau d’écoles nouvelles ‒ « Instituts d’éducation nationale-politique » (Nationalpolitische Lehranstalt, ou Napolas) et Adolf-Hitler-Schulen (Écoles Adolf Hitler) ‒, de jeunes garçons talentueux, soumis à un entraînement spartiate. Quelques promotions sociales sont en marche, même si ces établissements valorisent tout de même encore souvent le capital culturel et social acquis. […]
Le nazisme comme doctrine n’apportait rien de bien original ‒ antisémitisme, racisme, eugénisme, colonialisme, impérialisme et capitalisme n’ont en soi rien de nazi, ni rien d’allemand ‒, mais la mise en conjonction de tous ces « -ismes » a su apporter, dans le contexte de crise de la fin des années 1920, explication, consolation et une perspective à des contemporains ébranlés. Par ailleurs, la mise en œuvre, aussi rapide que brutale, de la politique nazie, dès 1933 en Allemagne, puis dès l’automne de 1939 en Europe, signe la spécificité d’une idéologie qui professait que trop de temps avait été perdu et qu’il fallait agir vite. Cette mise en œuvre a été assurée par des cadres bien formés à la gestion des affaires, par des juristes, des économistes, des anthropologues… tous universitaires et technocrates qui, de leur point de vue, rattachaient résolument l’Allemagne à l’Occident, notamment à l’Amérique du Nord, en rattrapant son niveau de vie et en appliquant une politique de colonisation, de prédation des ressources naturelles et d’optimisation impitoyable des facteurs de production économique, notamment le capital (sous-)humain, qui définissait l’Occident industriel et colonial.
La dépression économique et ses conséquences sociales et politiques ont incontestablement amené les nazis au pouvoir, mais un économisme strict manque l’ampleur du phénomène. Les nazis ont eu du succès et ont su recueillir une adhésion croissante car ils apportaient des réponses toutes prêtes aux questions posées par la modernité industrielle et urbaine (déracinement, perte d’identité, chômage, sécularisation…) et parce qu’ils sont parvenus à donner confort et espoir à une population allemande ébranlée par une série de ces mêmes chocs qui remontent, au moins, à 1914, si ce n’est à 1871, année du premier décollage industriel. Si bien que le nazisme, comme culture et comme pratique, amène à s'interroger, non pas seulement sur l’Allemagne, mais sur l’Europe et l’Occident des xixe et xxe siècles. »
Pour approfondir, vous trouverez sur la page Wikipedia consacrée à l’économie du Troisième Reich une abondante bibliographie.
Mentionnons également un article datant de 1936 et disponible dans Persée : L'économie allemande, Jean Martin, L'Information Géographique Année 1936 1-5 pp. 197-212
Bonne journée.
Précisons qu’en raison de la situation sanitaire nous sommes actuellement en télétravail et n’avons pas accès aux documents de la bibliothèque. Pour vous répondre nous devons nous contenter des ressources disponibles en ligne.
L’article de Volker Hentschel, L’économie du Troisième Reich publié dans l’ouvrage : État et société sous le IIIe Reich explique le « miracle économique » de l’Allemagne nazie. En voici un extrait :
«
Avant d’en venir à ces explications, il convient d’esquisser et d’expliciter brièvement l’évolution économique sous le Troisième Reich. Le sens et les objectifs des interdictions et restrictions se comprennent le mieux en relation avec ces explications. Il en découle en même temps qu’ils ne résultaient pas d’un ordre économique préconçu, mais, selon chaque cas, du pragmatisme politique.
L’évolution de l’économie pendant les années de paix du Troisième Reich res¬semble à un vrai roman à succès. Les aspects positifs et négatifs de la situation économique se repèrent surtout à la lecture de quatre indicateurs : la croissance de la production, le nombre des chômeurs, le niveau des prix et le compte devises. La production macro-économique, le PNB (Produit national brut), s’est accrue d’environ trois quart de 1932 à 1939. Cela correspondait en moyenne à 10 % par année, et, à l’exception du Japon, représentait plus que partout au monde à la même époque. Parallèlement, le nombre des chômeurs était en baisse rapide et durable. En 1936, il y avait le plein emploi, à partir de 1939, pénurie de main d’oeuvre. Rien n’a procuré aux nazis en tant que parti au pouvoir plus de reconnaissance et d’assentiment que ce «miracle de l’emploi». Les prix augmentaient, mais très modérément, de moins de 1 % par an. On pouvait parler de stabilité des prix. Le compte devises était équi¬libré, comme il se doit.
Il semblait que cette évolution ne laissait rien à désirer. Pourtant, sous cape, il y avait matière à critique, comme il apparaîtra plus bas. Mais il convient d’abord d’éclairer les raisons de ce succès indiscutable. Ce sont avant tout la croissance de la production et le plein-emploi qu’il s’agit d’expliquer : car baisse de production et chômage avaient été les phénomènes essentiels de la crise précédente.
L’on dira tout d’abord ce qui n’a pas entraîné la relance et le plein emploi : ils n’étaient pas dus à la politique de création d’emplois de l’État. Certes, l’État national-socialiste a mené une telle politique, à grand renfort de propagande et d’une résonance publique considérable. L’État passait des commandes dont l’exécution nécessitait la création d’emplois nouveaux, et il accordait des réductions d’impôts pour inciter à la consommation et à l’investissement. Mais l’effet politique était plus fort que l’effet économique. Les mesures de création d’emplois nouveaux ne fournissaient pas d’emplois durables et elles n’avaient guère d’effets au-delà. En économie, de telles conséquences à prolongements sont qualifiées d’effets multiplicateurs. Or le multiplicateur des mesures de création d’emplois nationaux-socialistes était minime, et tout aussi faible était, de ce fait, la contribution de la création d’emplois à la croissance et au plein-emploi.
Bien plutôt, la contribution majeure était celle de la demande par l’État de biens militaires, en hausse rapide. Leur multiplicateur était considérable. La production d’armement et la construction d’installations militaires entraînaient dans un premier temps l’embauche d’ouvriers et, dans un second, la construction d’unités de produc¬tion supplémentaires. L’emploi générait des revenus, ce qui entraînait la demande de biens de consommation. La mise en service de nouvelles installations de production supposait des commandes aux industries de biens d’équipement. La production de biens de consommation et d’équipement nécessitait à son tour de l’embauche et puis, le cas échéant, la construction d’installations supplémentaires, et ainsi de suite. Cela ne pouvait, certes, pas durer à l’infini, mais un certain laps de temps. Une fois lancé un tel processus, il continuait pour un temps sur cette lancée, et ce d’autant plus vite que se répète l’impulsion initiale. Dans le cas de la demande d’équipement militaire, celle-ci était à la fois constamment répétée et sans cesse renforcée. Cette demande se maintenait et croissait. En 1934 déjà, 5 % environ du PNB servaient à l’armement, puis 15 % en 1938 et, en 1939, près de 20 %. En moyenne, un peu plus d’un tiers de l’augmentation annuelle de la production nationale se composait de biens militaires. Une part considérable du restant était directement incitée par la production militaire. S’il est, certes, inexact de parler d’économie d’État sous le Troisième Reich, il est juste, par contre, de qualifier la relance de «conjoncture d’État».
Tout cela paraît plus simple que cela ne l’était en réalité. Car on pourrait se poser la question suivante : si c’était aussi facile et avait tant de réussite, pourquoi ne l’avait-on pas mis en oeuvre avant 1933 ? Tout d’abord, les gouvernements de la république de Weimar ne voulaient pas, bien entendu, préparer l’Allemagne à la guerre. Le réarmement n’était pas pour eux un moyen de politique conjoncturelle dirigiste, d’autant que le traité de Versailles l’interdisait. Ces gouvernements respec¬taient l’interdiction, ou presque. Les nationaux-socialistes, aventuriers politiques, ne s’y tenaient pas.
Ils ne respectaient pas non plus les règles ordinaires de financement du budget de l’État, auxquelles les gouvernements de la république de Weimar se sentaient tenus. La question simple, mais difficile, qui se pose à un gouvernement voulant dépenser plus qu’auparavant, que ce soit pour des mesures de création d’emplois, ou des commandes d’armement – est celle-ci : où se procurer de l’argent ? Trois sources sont possibles : hausse des impôts, emprunts intérieurs ou étrangers, émission de nou¬veaux billets par la banque centrale. L’accès aux deux premières sources est difficile et incertain, le recours à la troisième devient vite périlleux. Les nationaux-socialistes acceptèrent l’inconfort, réduisirent l’insécurité par des directives publiques et s’ex¬posèrent au péril.
Le rendement fiscal augmenta. A cette fin, il n’était pas nécessaire de hausser les impôts : cela eût suscité le mécontentement, ce dont Hitler n’avait pas besoin. Il suffisait d’éliminer les possibilités diverses d’éviter le paiement des impôts. Interven¬tion légitime, et qui réussit, sans faire appel à la force pure, mais à l’aide de moyens dont des gouvernements de démocraties parlementaires n’ont pas pour habitude de se servir. Cependant l’augmentation des rentrées fiscales ne permettait de couvrir que les deux tiers des dépenses publiques. Le gouvernement emprunta la majeure partie du reste auprès du marché financier intérieur ; il finança la partie plus réduite à l’aide de la planche à billets.
Il se mit à créer de la monnaie tout de suite après la prise de pouvoir. A vrai dire, ce moyen de financer le budget de l’État était également interdit par des accords internationaux. Les nazis ne respectèrent pas l’interdiction et cachèrent le dépassement par un procédé spécial de création de monnaie. On citera, sans l’expliquer, le terme de «traite Mefo». L’important est que le gouvernement nazi paya des livrai¬sons d’armement au moyen de telles traites, ce qui contribua à la croissance écono¬mique, et que ce financement par traites créa de l’argent nouveau. La masse moné¬taire augmenta plus rapidement que le PNB. Ce déséquilibre contenait des dangers inflationnistes, qui devinrent aigus en 1936. Comme les hausses de prix, pour de multiples raisons, étaient alors indésirables, elles furent tout bonnement interdites. Voilà une des interdictions résultant non pas des notions préconçues des nazis sur l’ordre économique, mais de procédés et nécessités pratiques. Cette interdiction, bien entendu, ne modifiait rien au déséquilibre entre la croissance de la masse monétaire, d’un côté, et, de l’autre, l’accroissement du PNB. Au contraire, il allait en augmentant, en même temps que le potentiel inflationniste. C’est ce qui s’appelle l’in¬flation larvée. L’inflation est maintenue sous la surface par le blocage des prix ; mais elle devient une charge croissante pour la poursuite du développement économique. Cette constatation marque aussi la première faiblesse latente du miracle éco¬nomique national-socialiste.
La troisième source de financement pour les dépenses publiques fortement accrues était le marché des capitaux. Le gouvernement national-socialiste ne put y avoir recours tout de suite, parce qu’il n’y en avait pratiquement plus à la fin de la grande crise économique. Il devait d’abord renaître dans le flux de la croissance. Mais, une fois que cela se fut produit, il n’était pas encore certain que les inves¬tisseurs seraient décidés à prêter leur argent au gouvernement. Aussi longtemps qu’il y avait eu, sous la république de Weimar, un marché des capitaux, ils n’y avaient plus été prêts. Les derniers gouvernements de ce régime avaient été considérés comme insolvables. Mais le gouvernement hitlérien ne tint pas compte de ce que les prêteurs fussent disponibles ou pas. D’un autre côté, il ne donna pas non plus l’ordre direct aux banques, compagnies d’assurances, aux entreprises et aux ménages d’investir leurs excédents en emprunts d’État : il leur interdit plutôt de les investir autrement. Personne n’était obligé de prêter de l’argent au Reich, mais si quelqu’un voulait prêter de l’argent à intérêt à long terme – et les banques, pour le moins, ne pouvaient y échapper –, il ne pouvait prêter qu’au Reich. Les investisseurs le firent volontiers, docilement, à grand renfort de gestes de dévotion à l’égard d’Hitler. Le gouvernement nazi était considéré comme extraordinairement solvable.
Or, comme les entreprises de production ne pouvaient emprunter au marché des capitaux en raison de l’interdiction officielle, ils devaient nécessairement financer leurs investissements au moyen de leurs bénéfices. L’État, qui était à la fois intéressé aux investissements et pourtant privait les entreprises des moyens du marché des capitaux, leur vint en aide en exerçant une pression constante sur les coûts sala¬riaux. Par ailleurs, le moyen principal à cette fin correspondait tout à fait à l’idéologie national-socialiste de la « communauté populaire » et à la politique de la « mise au pas ». Ce moyen était la dissolution des syndicats et la suppression des conventions collectives, le 2 mai 1933. Dès lors, les salaires et les autres rapports entre patrons et salariés pouvaient être fixés unilatéralement par les entrepreneurs. La part des coûts salariaux dans les prix diminuait, par conséquent, alors que la durée de travail, l’obligation de rendement et les gains augmentaient.
Sous le signe de la reconquête du plein emploi, les ouvriers se mirent à protester contre cette situation par une attitude rebelle. Les protestations étaient dirigées au premier chef contre les employeurs, mais, à travers eux, touchaient aussi le régime.
Certains historiens ont cherché à interpréter cette attitude comme un potentiel de résistance, qui aurait non seulement mis en question la continuité de la croissance économique, mais menacé sérieusement la survie du régime politique. Cela est faux. Le comportement protestataire inorganisé des travailleurs était, certes, incommode, mais il ne touchait pas aux fondements du pouvoir national-socialiste, ni ne mena¬çait à moyenne échéance la croissance économique.
Un autre aspect était bien plus précaire. L’économie allemande sous le Troisième Reich souffrait de la faiblesse de ses exportations. Il y avait à cela deux raisons. L’une d’elles était le protectionnisme à échelle mondiale, provoqué par la crise éco¬nomique. L’autre était la surévaluation du Reichsmark. La monnaie allemande était chère pour les étrangers. Et comme ceux-ci avaient besoin d’argent allemand pour effectuer leurs achats en Allemagne, les produits allemands aussi étaient chers pour eux. C’est pourquoi ils n’en achetaient pas beaucoup. Or les exportations font rentrer les devises nécessaires pour les achats à l’étranger. Comme il y avait peu d’exportations, il y avait, du coup, peu d’importations, trop peu si l’on tient compte de la pénurie allemande en matières premières et produits alimentaires. Cela imposa, au départ, une nouvelle interdiction. Il était interdit, sous le Troisième Reich, d’utiliser librement les entrées en devises. Elles devaient toutes être remises à l’État, lequel décidait de leur destination : c’est le contrôle des changes. L’usage en avait commencé sous la république de Weimar ; le gouvernement national-socialiste ne fit que poursuivre ce contrôle, en en radicalisant l’importance et la procédure. Mais le con¬trôle, bien entendu, augmenta aussi peu les disponibilités en devises que le blocage des prix supprima le potentiel inflationniste. Bien que les maigres devises, en raison du dirigisme étatique, fussent utilisées presque exclusivement pour l’achat de denrées alimentaires et de matières premières, l’approvisionnement en matières premières de l’économie allemande, en particulier, fut de moins en moins assuré en un temps où, sous l’effet de la croissance, la production des biens était en plein essor. A côté de l’inflation larvée, c’était la seconde lourde hypothèque et limitation étroite de la croissance économique sous le Troisième Reich. Un jour, le fardeau eût été trop lourd et les limites auraient été atteintes. Le miracle n’était pas fait pour durer. Mais ce n’était pas non plus dans les intentions des nazis. La croissance économique n’était pas une fin en soi, mais un moyen vers la fin qu’était la guerre. C’est pourquoi la question, parfois posée et sa réponse spéculative sur la durée possible d’une économie semblable à celle d’avant-guerre, est plutôt oiseuse. »
Voici également un extrait de l’article de Johann Chapoutot sur le nazisme dans l’Encyclopédie Universalis :
« Politique de puissance et économie de guerre
Volontarisme, héroïsme sacrificiel, volonté « d’acier » : tous les poncifs nazis disent cette tension vers la guerre qui est inscrite au fondement de cette culture politique réactionnaire, biologisante et belliciste. La guerre désigne tout d’abord le légitime combat contre le traité de Versailles : Hitler le répète depuis 1919 : l’ordre versaillais, qualifié de « diktat », doit être mis à bas, et l’Allemagne doit redevenir une grande puissance. Ce faisant, il flatte le corps des officiers de la Reichswehr, très réservés au départ à son égard, qu’il rallie par ses projets militaires et par le renforcement d’une armée allemande dont la croissance est nécessairement gage de carrières prometteuses et d’avancements accélérés.
Cette politique de puissance (Machtpolitik) comble également d’aise les milieux patronaux allemands, qui ne savent comment répondre aux commandes massives d’acier, de charbon, de caoutchouc, d’essence synthétique et de composants électriques. Ce sont tous les fleurons de la première et de la seconde révolution industrielle allemande qui sont ainsi sollicités : sidérurgie et chimie, industries mécanique et électrique, construction automobile et aéronautique, chantiers navals doivent ainsi répondre à l’immense effort de réarmement allemand, pour leur plus grand profit. Les inquiétudes très orthodoxes, anti-inflationnistes et attentives à l’équilibre budgétaire de la Reichsbank et du ministère des Finances du Reich ne pèsent rien face aux ambitions nazies. Pour un Göring, responsable du « Plan de quatre ans » depuis 1936, il est clair que ces dépenses massives sont gagées, à crédit, sur les spoliations imposées à la communauté juive allemande, puis autrichienne et tchèque, ainsi que sur les prédations futures ‒ les prélèvements qui seront imposés aux territoires conquis.
C’est à crédit également qu’est financée une politique fiscale et sociale très généreuse envers les membres de la « communauté du peuple », qui doit venir panser les plaies des humiliations nationales subies depuis 1918. Les ouvriers allemands, qui ont fait l’expérience de la faim pendant la Grande Guerre, de la misère causée par l’hyperinflation de 1923 et à nouveau par la Grande Dépression de 1929, sont particulièrement soignés. Si le réarmement se fait au détriment de la production des biens de consommation, le pouvoir nazi veut très clairement rattraper un niveau de vie américain : l’objectif est, à terme, une société industrielle, automobile et consommatrice. En attendant, le N.S.D.A.P. veille aux loisirs des « camarades du peuple » (Volksgenossen) : week-ends, sorties au théâtre, concerts et quinzaines de vacances à bord de paquebots qui croisent dans les fjords sont offerts par l’organisation Kraft durch Freude (KdF, « Force par la Joie »), sorte de gigantesque comité d’entreprise du IIIe Reich, qui fait construire des navires de croisière (à l’instar du paquebot Wilhelm-Gustloff) et d’immenses résidences hôtelières, comme le complexe de Prora-Rügen sur la Baltique. C’est à cela que se résume le « socialisme » du nazisme : un confort matériel plus grand pour les masses, et une identité renforcée : les Volksdeutsche « Allemands par le peuple » séparés du Reich, authentiques « Germains », sont exaltés comme étant le sel de la terre, la future « race des seigneurs » (Herrenrasse).
Parallèlement, les organisations du parti tentent de repérer les cadres de demain : la Hitlerjugend (Jeunesse hitlérienne) envoie ainsi dans un réseau d’écoles nouvelles ‒ « Instituts d’éducation nationale-politique » (Nationalpolitische Lehranstalt, ou Napolas) et Adolf-Hitler-Schulen (Écoles Adolf Hitler) ‒, de jeunes garçons talentueux, soumis à un entraînement spartiate. Quelques promotions sociales sont en marche, même si ces établissements valorisent tout de même encore souvent le capital culturel et social acquis. […]
Le nazisme comme doctrine n’apportait rien de bien original ‒ antisémitisme, racisme, eugénisme, colonialisme, impérialisme et capitalisme n’ont en soi rien de nazi, ni rien d’allemand ‒, mais la mise en conjonction de tous ces « -ismes » a su apporter, dans le contexte de crise de la fin des années 1920, explication, consolation et une perspective à des contemporains ébranlés. Par ailleurs, la mise en œuvre, aussi rapide que brutale, de la politique nazie, dès 1933 en Allemagne, puis dès l’automne de 1939 en Europe, signe la spécificité d’une idéologie qui professait que trop de temps avait été perdu et qu’il fallait agir vite. Cette mise en œuvre a été assurée par des cadres bien formés à la gestion des affaires, par des juristes, des économistes, des anthropologues… tous universitaires et technocrates qui, de leur point de vue, rattachaient résolument l’Allemagne à l’Occident, notamment à l’Amérique du Nord, en rattrapant son niveau de vie et en appliquant une politique de colonisation, de prédation des ressources naturelles et d’optimisation impitoyable des facteurs de production économique, notamment le capital (sous-)humain, qui définissait l’Occident industriel et colonial.
La dépression économique et ses conséquences sociales et politiques ont incontestablement amené les nazis au pouvoir, mais un économisme strict manque l’ampleur du phénomène. Les nazis ont eu du succès et ont su recueillir une adhésion croissante car ils apportaient des réponses toutes prêtes aux questions posées par la modernité industrielle et urbaine (déracinement, perte d’identité, chômage, sécularisation…) et parce qu’ils sont parvenus à donner confort et espoir à une population allemande ébranlée par une série de ces mêmes chocs qui remontent, au moins, à 1914, si ce n’est à 1871, année du premier décollage industriel. Si bien que le nazisme, comme culture et comme pratique, amène à s'interroger, non pas seulement sur l’Allemagne, mais sur l’Europe et l’Occident des xixe et xxe siècles. »
Pour approfondir, vous trouverez sur la page Wikipedia consacrée à l’économie du Troisième Reich une abondante bibliographie.
Mentionnons également un article datant de 1936 et disponible dans Persée : L'économie allemande, Jean Martin, L'Information Géographique Année 1936 1-5 pp. 197-212
Bonne journée.
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