Question d'origine :
La philosophie de Diderot est-elle originale ? A-t-il inspiré d'autres philosophes ?
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 26/05/2021 à 12h07
Bonjour,
Il serait délicat de notre part de décider si la philosophie de Diderot était originale ou non. Pour autant, nos recherches nous ont fait découvrir un un philosophe singulier par son tempérament et son attitude, d'un penseur radical, en mouvement, et atypique au point d'avoir été longtemps négligé par l'histoire de la philosophie.
Le Dictionnaire des philosophes [Livre] / publié sous la direction de Denis Huisman dépeint Diderot comme un philosophe d’un tempérament « fougueux » et d’un esprit bouillonnant dont l’œuvre en constante évolution, « unephilosophie non systématique , à laquelle rien, dans le monde, n’est étranger et qui, touchant à tant de problèmes, a accrédité l’image d’un « Diderot-girouette » », alors qu'on trouve des constantes dans sa pensée : radicailité, athéisme matérialiste, « une épistémologie expérimentale révolutionnaire ».
Cette radicalité est soulignée par Jonathan Israel dans Une révolution des esprits [Livre] : les Lumières radicales et les origines intellectuelles de la démocratie moderne /. Elle s'insère dans une philosophie de combat, emmenée par Diderot et certains collaborateurs de l'Encyclopédie tels que Condorcet et d'Holbach.
Comme de nombreux commentateurs contemporains l’ont bien montré, les idées du type de celles que diffusèrentDiderot, d’Holbach et leurs disciples dans les années 1770 et 1780 avaient un fondement philosophique essentiellement « spinoziste » : ils concevaient la raison philosophique comme le guide unique de la vie humaine, cherchaient à construire leurs théories sociales sur le principe de l’égalité, et séparaient entièrement la philosophie, la science et la morale de la théologie […].
Selon un dossier de Michel Delon pour Gallica, la radicalité de Diderot, mais aussi son aspect non-systématique ont longtemps empêché l'intéressé d'être considéré comme un "grand philosophe" par les institutions françaises :
Trois éléments ont longtempsempêché de donner à Diderot sa juste place dans le siècle des Lumières : la diversité et même la dispersion d'une œuvre qui aborde à peu près tous les domaines de la connaissance et de la réflexion, le nombre de ses textes restés manuscrits, donc ignorés des contemporains et révélés progressivement au fil des deux siècles suivants, l'attitude de rejet enfin à l'égard du matérialisme et du radicalisme philosophique qui, aujourd'hui même, n'ont pas cessé de nous déranger . La compréhension de cette œuvre suppose donc de se défaire de trois préjugés : d'abord le cloisonnement disciplinaire qui séparerait la philosophie de la fiction littéraire, l'esthétique de l'économie ou la médecine de la politique, ensuite la méconnaissance des progrès accomplis récemment dans la connaissance des fonds de manuscrits qui se trouvent désormais à la Bibliothèque nationale de France et à Saint-Pétersbourg, enfin le refus d'un athéisme irréductible, trop souvent escamoté par des références à l'humanisme de Diderot ou bien à son lyrisme, quand il n'était pas simplifié et réduit à quelques slogans. L'œuvre de Diderot , au cœur de la pensée des Lumières, est un foyer de questions, un chantier de réflexions dont la fécondité est loin d'être épuisée . Elle rayonne doublement, par son refus des réponses dogmatiques auxquelles s'en tiennent bien des compagnons du philosophe et par la générosité de celui qui s'est dépensé sans compter pour des entreprises collectives. Elle ne peut être décrite ni comme un système ni même comme un corpus textuel fermé. Elle est en relation permanente avec tous les mouvements de pensée du siècle et s'articule sur les œuvres des contemporains avec lesquels Diderot travaille ou des grands ancêtres qu'il ne cesse de méditer.
Dans l'article "Diderot philosophe" (Archives philosophiques, 2008, consultable sur Cairn en bibliothèque), Jean-Claude Bourdin et Colas Duflo constatent que ce désamour du monde de la philosophie a eu pour conséquence que ce sont les historiens de la littérature qui ont perpétué l'œuvre de Diderot - la tradition philosophique française, selon eux modelée par l'enseignement scolaire, étant vue comme une idéologie "structurée de la classe de terminale à l’agrégation par un cartésiano-kantisme de bon aloi"... l'apparition du nom de Diderot sur la liste des auteurs "majeurs" de terminale ne datant que du début du XXIè siècle !
Cette panthéonisation institutionnelle est remarquable à bien des égards. On est frappé d’abord par son caractère tardif – après tout, on sait au moins depuis Hegel que Diderot est un grand philosophe. On s’étonne ensuite de constater que Diderot est le seul des grands matérialistes français du XVIIIe siècle à bénéficier de cet honneur douteux. Sans vouloir diminuer les mérites philosophiques de quiconque, on se dit que La Mettrie, Helvétius ou d’Holbach auraient autant de titres pour prétendre à cet hommage posthume que, mettons, Comte, Cournot ou Alain. L’entrée de Diderot dans la liste des auteurs adoubés par l’institution ne saurait d’ailleurs cacher la place relativement mince réservée au XVIII e siècle en général et français en particulier à l’Université. Sait-on qu’une des œuvres les plus géniales et les plus philosophiques de Diderot, Le Rêve de d’Alembert, n’a figuré qu’une fois dans un programme d’agrégation… et qu’il s’agissait de l’agrégation de Lettres ?
Une des difficultés auxquelles l'oeuvre de Diderot s'est heurtée, selon la même source, est l'"éparpillement" de sa pensée : Diderot n'a pas écrit de somme résumant son système de pensée, mais développé celle-ci à travers une multitude de textes aux formes très diverses, "lettres fictives, dialogues, ensemble de « Pensées », annotations d’ouvrages, longues parenthèses au cœur d’un Salon, conte, roman, satire, digressions à l’occasion d’un commentaire de Sénèque, compendium scientifique". Il faut ajouter à cela qu'on assiste dans ces textes au déploiement d'une pensée en train de se faire, à travers des dialogues, des personnages, des fictions, dont la rigueur logique n'est pas toujours facile à saisir :
Mais le plus remarquable est que la philosophie de Diderot n’a pas de commencement ni ne finit jamais : il ne dit jamais quel est son point de départ et ne ferme pas davantage son discours – sinon par des pirouettes. Il semble que presque toujours il débute par le milieu, indiquant un hors champ d’où surgit, pour un moment, un fragment plus ou moins étendu de philosophie, qui reste suspendu. À côté de l’image de la polyphonie, celle de la pensée en réseau ou en toile d’araignée exprimerait assez bien son écriture philosophique.
Mais selon Bourdin et Duflo, ce relâchement rhétorique apparent traduit des fondements philosophiques réels :
Diderot fait un usage créatif des principes de l’empirisme. Toute idée a une origine sensible, certes, mais il faut ajouter qu’elle exprime non seulement les qualités sensibles des choses mais aussi l’état et la constitution du corps, ainsi que les circonstances de l’expérience qui est à l’origine des idées. Diderot appelle quelquefois « tableaux » cet ensemble de conditions sensibles de nos connaissances. Les « tableaux » sont donc toujours des éléments de situations plus générales qui renvoient à des relations sociales, à l’état des mœurs, à la pratique du langage, à l’état des connaissances et des préjugés. La pensée ne doit jamais oublier que si elle procède de la sensibilité, elle est tenue de revenir en permanence aux tableaux de l’expérience. Chaque esprit est donc le reflet plus ou moins exact des tableaux de l’expérience individuelle et sociale du penseur. C’est en lui qu’il confronte ses idées et leurs sources : idées et images entretiennent ainsi des rapports complexes faits d’entrelacements, de décalages, de distorsions ou d’adéquation. La pensée est un travail qui utilise des métaphores, des images et des expériences fictives de pensée. Les images sont fécondes quand elles permettent de passer du connu à l’inconnu si on a recours à l’analogie.
Diderot est persuadé qu’on pense avec des mots, que la pensée finit toujours par prendre une forme discursive. Mais il est sensible, bien avant Bergson, à l’hétérogénéité du langage et des états de notre âme, ou, avant Mallarmé, au décalage entre les significations usées du langage et la singularité de ce que nous pensons ou ressentons. Pour les réduire, il faut inventer des images qui concentrent, autant que possible, le maximum d’éléments de ce qui est senti et conçu : Diderot parle alors de « hiéroglyphes », où images et signes se combinent et accroissent leur puissance propre.
L’usage des images est également lié à l’importance que Diderot reconnaît à l’imagination. Loin de l’opposer à l’entendement ou de la considérer comme une forme de délassement de la réflexion, il la rencontre au cœur même du travail scientifique le plus humble : c’est grâce à elle qu’il est possible de faire des conjectures et de dépasser l’expérience sensible. Elle produit des représentations qui peuvent, dans la spéculation, s’affranchir des canons empiristes stricts et constituer la matière de rêves et de délires. Le philosophe soucieux de vérité et d’exactitude veillera à contrôler la puissance des images en sollicitant les sciences et leurs expérimentations. Mais entre le délire d’un géomètre qui dort et le discours d’un savant, la différence est mince.
Enfin, pour Diderot, il n’y a pas de pensée sans plaisir de penser. Indépendamment du plaisir qu’il y a à résoudre une difficulté ou à dénouer une crampe de la pensée, il existe un plaisir qui réside dans la création d’une forme qui, comme dans l’art, exprime la vérité d’un être ou d’une chose.
S'il est difficile de saisir ce qui serait LA philosophie de Diderot, c'est en somme que la posture sceptique à la base de sa pensée critique exclut tout dogmatisme. Aussi le matérialisme diderotien est-il "une unité construite, inachevée et instable, d’une multiplicité dynamique." C'est de trait qui, selon Diderot ou La philosophie de la séduction [Livre] / Eric-Emmanuel Schmitt, renddifficile l'identification d'une postérité de Diderot :
On peut difficilement se réclamer de Diderot, car il propose davantage un trajet philosophique qu’une philosophie arrêtée. Diderot fait surgir des impasses, propose des hypothèses, flirte longuement avec elles, semble les épouser puis les abandonne.Tête chercheuse, fouineuse plutôt que pensée de marbre, il demeure en mouvement, en interrogation et peut s’égarer dans plusieurs directions. On dit parfois qu’il est difficile à lire ; c’est faux ; il est plutôt difficile à figer. Son dynamisme empêche une identification aisée.
L'influence de Diderot fut toutefois revendiquée par le philosophe Jacques-André Naigeon (1735-1810), le révolutionnaire Gracchus Babeuf... nous vous invitons à ce sujet à lire l'article de Pascale Pellerin, "Diderot et l’appel à la postérité : une certaine relation à l’œuvre" paru en 2003 dans Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie et consultable sur OpenEdition.
Pour aller plus loin :
-Oeuvres philosophiques [Livre] / Diderot ; édition publiée sous la direction de Michel Delon ; avec la collaboration de Barbara de Negroni
-La Modernité de la pensée de Diderot dans les oeuvres philosophiques / [Livre] / Elizabeth B. Potulicki
-Diderot ou Le matérialisme enchanté [Livre] / Elisabeth de Fontenay
-L'esprit des Lumières [Livre] : histoire, littérature, philosophie / Christophe Martin
-Qu'est-ce que les Lumières "radicales" ? [Livre] : libertinage, athéisme et spinozisme dans le tournant philosophique de l'âge classique / sous la direction de Catherine Secrétan, Tristan Dagron, L...
-"Diderot philosophe", numéro d'Archives de Philosophie, 2008, consultable sur Cairn.
-" L'ego-philosophie à la manière de Diderot (Réfutation d'Helvétius) ", Littérature, 2012, consultable sur Cairn.
Bonnes lectures.
Il serait délicat de notre part de décider si la philosophie de Diderot était originale ou non. Pour autant, nos recherches nous ont fait découvrir un un philosophe singulier par son tempérament et son attitude, d'un penseur radical, en mouvement, et atypique au point d'avoir été longtemps négligé par l'histoire de la philosophie.
Le Dictionnaire des philosophes [Livre] / publié sous la direction de Denis Huisman dépeint Diderot comme un philosophe d’un tempérament « fougueux » et d’un esprit bouillonnant dont l’œuvre en constante évolution, « une
Cette radicalité est soulignée par Jonathan Israel dans Une révolution des esprits [Livre] : les Lumières radicales et les origines intellectuelles de la démocratie moderne /. Elle s'insère dans une philosophie de combat, emmenée par Diderot et certains collaborateurs de l'Encyclopédie tels que Condorcet et d'Holbach.
Comme de nombreux commentateurs contemporains l’ont bien montré, les idées du type de celles que diffusèrent
Selon un dossier de Michel Delon pour Gallica, la radicalité de Diderot, mais aussi son aspect non-systématique ont longtemps empêché l'intéressé d'être considéré comme un "grand philosophe" par les institutions françaises :
Trois éléments ont longtemps
Dans l'article "Diderot philosophe" (Archives philosophiques, 2008, consultable sur Cairn en bibliothèque), Jean-Claude Bourdin et Colas Duflo constatent que ce désamour du monde de la philosophie a eu pour conséquence que ce sont les historiens de la littérature qui ont perpétué l'œuvre de Diderot - la tradition philosophique française, selon eux modelée par l'enseignement scolaire, étant vue comme une idéologie "structurée de la classe de terminale à l’agrégation par un cartésiano-kantisme de bon aloi"... l'apparition du nom de Diderot sur la liste des auteurs "majeurs" de terminale ne datant que du début du XXIè siècle !
Cette panthéonisation institutionnelle est remarquable à bien des égards. On est frappé d’abord par son caractère tardif – après tout, on sait au moins depuis Hegel que Diderot est un grand philosophe. On s’étonne ensuite de constater que Diderot est le seul des grands matérialistes français du XVIIIe siècle à bénéficier de cet honneur douteux. Sans vouloir diminuer les mérites philosophiques de quiconque, on se dit que La Mettrie, Helvétius ou d’Holbach auraient autant de titres pour prétendre à cet hommage posthume que, mettons, Comte, Cournot ou Alain. L’entrée de Diderot dans la liste des auteurs adoubés par l’institution ne saurait d’ailleurs cacher la place relativement mince réservée au XVIII e siècle en général et français en particulier à l’Université. Sait-on qu’une des œuvres les plus géniales et les plus philosophiques de Diderot, Le Rêve de d’Alembert, n’a figuré qu’une fois dans un programme d’agrégation… et qu’il s’agissait de l’agrégation de Lettres ?
Une des difficultés auxquelles l'oeuvre de Diderot s'est heurtée, selon la même source, est l'"éparpillement" de sa pensée : Diderot n'a pas écrit de somme résumant son système de pensée, mais développé celle-ci à travers une multitude de textes aux formes très diverses, "lettres fictives, dialogues, ensemble de « Pensées », annotations d’ouvrages, longues parenthèses au cœur d’un Salon, conte, roman, satire, digressions à l’occasion d’un commentaire de Sénèque, compendium scientifique". Il faut ajouter à cela qu'on assiste dans ces textes au déploiement d'une pensée en train de se faire, à travers des dialogues, des personnages, des fictions, dont la rigueur logique n'est pas toujours facile à saisir :
Mais le plus remarquable est que la philosophie de Diderot n’a pas de commencement ni ne finit jamais : il ne dit jamais quel est son point de départ et ne ferme pas davantage son discours – sinon par des pirouettes. Il semble que presque toujours il débute par le milieu, indiquant un hors champ d’où surgit, pour un moment, un fragment plus ou moins étendu de philosophie, qui reste suspendu. À côté de l’image de la polyphonie, celle de la pensée en réseau ou en toile d’araignée exprimerait assez bien son écriture philosophique.
Mais selon Bourdin et Duflo, ce relâchement rhétorique apparent traduit des fondements philosophiques réels :
Diderot fait un usage créatif des principes de l’empirisme. Toute idée a une origine sensible, certes, mais il faut ajouter qu’elle exprime non seulement les qualités sensibles des choses mais aussi l’état et la constitution du corps, ainsi que les circonstances de l’expérience qui est à l’origine des idées. Diderot appelle quelquefois « tableaux » cet ensemble de conditions sensibles de nos connaissances. Les « tableaux » sont donc toujours des éléments de situations plus générales qui renvoient à des relations sociales, à l’état des mœurs, à la pratique du langage, à l’état des connaissances et des préjugés. La pensée ne doit jamais oublier que si elle procède de la sensibilité, elle est tenue de revenir en permanence aux tableaux de l’expérience. Chaque esprit est donc le reflet plus ou moins exact des tableaux de l’expérience individuelle et sociale du penseur. C’est en lui qu’il confronte ses idées et leurs sources : idées et images entretiennent ainsi des rapports complexes faits d’entrelacements, de décalages, de distorsions ou d’adéquation. La pensée est un travail qui utilise des métaphores, des images et des expériences fictives de pensée. Les images sont fécondes quand elles permettent de passer du connu à l’inconnu si on a recours à l’analogie.
Diderot est persuadé qu’on pense avec des mots, que la pensée finit toujours par prendre une forme discursive. Mais il est sensible, bien avant Bergson, à l’hétérogénéité du langage et des états de notre âme, ou, avant Mallarmé, au décalage entre les significations usées du langage et la singularité de ce que nous pensons ou ressentons. Pour les réduire, il faut inventer des images qui concentrent, autant que possible, le maximum d’éléments de ce qui est senti et conçu : Diderot parle alors de « hiéroglyphes », où images et signes se combinent et accroissent leur puissance propre.
L’usage des images est également lié à l’importance que Diderot reconnaît à l’imagination. Loin de l’opposer à l’entendement ou de la considérer comme une forme de délassement de la réflexion, il la rencontre au cœur même du travail scientifique le plus humble : c’est grâce à elle qu’il est possible de faire des conjectures et de dépasser l’expérience sensible. Elle produit des représentations qui peuvent, dans la spéculation, s’affranchir des canons empiristes stricts et constituer la matière de rêves et de délires. Le philosophe soucieux de vérité et d’exactitude veillera à contrôler la puissance des images en sollicitant les sciences et leurs expérimentations. Mais entre le délire d’un géomètre qui dort et le discours d’un savant, la différence est mince.
Enfin, pour Diderot, il n’y a pas de pensée sans plaisir de penser. Indépendamment du plaisir qu’il y a à résoudre une difficulté ou à dénouer une crampe de la pensée, il existe un plaisir qui réside dans la création d’une forme qui, comme dans l’art, exprime la vérité d’un être ou d’une chose.
S'il est difficile de saisir ce qui serait LA philosophie de Diderot, c'est en somme que la posture sceptique à la base de sa pensée critique exclut tout dogmatisme. Aussi le matérialisme diderotien est-il "une unité construite, inachevée et instable, d’une multiplicité dynamique." C'est de trait qui, selon Diderot ou La philosophie de la séduction [Livre] / Eric-Emmanuel Schmitt, rend
On peut difficilement se réclamer de Diderot, car il propose davantage un trajet philosophique qu’une philosophie arrêtée. Diderot fait surgir des impasses, propose des hypothèses, flirte longuement avec elles, semble les épouser puis les abandonne.Tête chercheuse, fouineuse plutôt que pensée de marbre, il demeure en mouvement, en interrogation et peut s’égarer dans plusieurs directions. On dit parfois qu’il est difficile à lire ; c’est faux ; il est plutôt difficile à figer. Son dynamisme empêche une identification aisée.
L'influence de Diderot fut toutefois revendiquée par le philosophe Jacques-André Naigeon (1735-1810), le révolutionnaire Gracchus Babeuf... nous vous invitons à ce sujet à lire l'article de Pascale Pellerin, "Diderot et l’appel à la postérité : une certaine relation à l’œuvre" paru en 2003 dans Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie et consultable sur OpenEdition.
-Oeuvres philosophiques [Livre] / Diderot ; édition publiée sous la direction de Michel Delon ; avec la collaboration de Barbara de Negroni
-La Modernité de la pensée de Diderot dans les oeuvres philosophiques / [Livre] / Elizabeth B. Potulicki
-Diderot ou Le matérialisme enchanté [Livre] / Elisabeth de Fontenay
-L'esprit des Lumières [Livre] : histoire, littérature, philosophie / Christophe Martin
-Qu'est-ce que les Lumières "radicales" ? [Livre] : libertinage, athéisme et spinozisme dans le tournant philosophique de l'âge classique / sous la direction de Catherine Secrétan, Tristan Dagron, L...
-"Diderot philosophe", numéro d'Archives de Philosophie, 2008, consultable sur Cairn.
-" L'ego-philosophie à la manière de Diderot (Réfutation d'Helvétius) ", Littérature, 2012, consultable sur Cairn.
Bonnes lectures.
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