L'homme peut-il développer des facultés naturelles, semblables à des pouvoirs ?
Question d'origine :
Bonjour, je voulais savoir si l'homme pouvait développer des facultés impressionnantes qui sont naturelles, semblables à des pouvoirs. Je sais qu'il existe des hypnotiseurs, des mentalistes. Mais existe-t-il d'autres forces naturelle chez l'homme qui soient reconnus. Je ne sais pas moi, est-ce qu'un homme pourrait vraiment lire dans l'esprit d'un autre, faire bouger un objet par la pensée, ou même rentrer dans un stade d'éveil qui renforce ses facultés physiques ?
Réponse du Guichet
Notre corps, et en particulier notre cerveau, sont des machines si complexes que la science n'en connait, ni explique, pas encore toutes les capacités. Sans prétendre à l'exhaustivité, nous vous proposons quelques exemples de "super-pouvoirs" inexpliqués.
Bonjour,
Notre corps, et en particulier notre cerveau, sont des machines si complexes que la science n'en connait, ni explique, pas encore toutes les capacités. Sans prétendre à l'exhaustivité, voici quelques exemples de "super-pouvoirs" inexpliqués :
- A propos du chamanisme, Le beau livre de la psychologie : du chamanisme aux neurosciences / Wade E. Pickren remarque qu'il "est d'usage dans les historiographies modernes d'écarter avec dédain la "médecine" pratiquée par les sociétés sans écritures ou sous-développées" alors que des historiens et psychologues ont montré "comment ces praticiens apportaient guérisons et soulagements, tant physique que psychologique, aux membres de leurs communautés". Si ces pratiques thérapeutiques sont intrinsèquement liées à leur contexte culturel, elles ont des applications tout-à-fait contemporaine. L'ethnopsychiatre Tobie Nathan explique dans de nombreux ouvrages combien les rituels traditionnels pont de place dans sa pratique.
Mais au-delà de l'aspect strictement culturel, le chamanisme, fondé sur la transe, s'inscrit dans un domaine qui ne fait pas consensus dans le monde scientifique. Guillaume Dumas, Martin Fortier et Juan González, dans leur article "Les enjeux des états modifiés de la conscience et de la cognition : limites passées et émergence de nouveaux paradigmes" (Intellectica - La revue de l’Association pour la Recherche sur les sciences de la Cognition (ARCo), Association pour la Recherchesur la Cognition, 2017, consultable sur hal-pasteur.archives-ouvertes.fr, résume cet état de fait :
Les états modifiés de conscience (EMCs) ont depuis longtemps intrigué les philosophes et les scientifiques. On a souvent évoqué ces états singuliers pour, entre autres, étudier la nature et les mécanismes de la conscience, délimiter lesconcepts de santé mentale, explorer des thérapies en psychologie clinique, étayer des études interculturelles et comprendre ce que William James a appelé «les variétés de l’expérience religieuse». Pourtant, à l’heure actuelle, la phénoménologie détailléede ces états demeure assez méconnue par la communauté philosophique et scientifique, et leur conceptualisation et explication causale font objet de polémiques et de francs désaccords. En outre, les données que nous avons sur le sujet sont dispersées dans des disciplines aussi variées que laphilosophie,la littérature, l’histoire, l’art,l’anthropologie,la psychologie,la psychiatrie, les neurosciences et l’ethnobotanique.
L'article nous apprend que la transe chamanique est rarement, et depuis les années 1980 seulement, étudiée par la science : de nombreux obstacles théoriques, pratiques mais aussi éthiques, sont en cause :
L’un d’entre nous (Guillaume Dumas) ayant procédé à des enregistrements en électroencéphalographie (EEG) d’état de transe, nous pouvons témoigner de la difficulté à générer une analyse neurophénoménologiques de cet état. Deux grandes difficultés apparaissent au premier chef: la grande quantité d’artefacts, notamment musculaires, et le peu de contrôle expérimental. Pour contourner ces deux problèmes, nous avons comparé l’état du cerveau au repos avant et après l’induction de la transe. Les résultats préliminaires pointent déjà un effet sur la dynamique au repos, en dehors de l’état de transe. Cela pose des questions sur les changements àplus long terme, liés à la plasticité neuronale, que cela soit chez les chamanes, mais plus généralement chez les participants à de telles pratiques.Ces dernières considérations pointent une question qui dépasse le seul domaine de larecherche sur les EMCs: quel positionnement éthique adopter vis-à-vis de ces états? Une question semblable se pose notamment en médecine, avec l’arrivée de nouvelles techniques de neuromodulation (Micoulaud-Franchi, Fond et Dumas, 2013). Si certains EMCs posent des questions sur les cadres légaux (on songe notamment ici aux substances hallucinogènes), tous sont susceptibles d’induire une nette transformation du soi et se pose ainsi la question de l’autonomie des personnes face à un tel changement.
Nous devons à ce sujet citer la très célèbre écrivaine et chamane française Corine Sombrun, initiée en Mongolie à partir de 2001 et qui a élaboré un protocole de recherche avec le neuropsychiatre Pierre-Flor Henry, afin d'étudier le comportement cérébral dans la transe. Nous vous invitons à regarder une conférence donnée par Sombrun à l'Université Paris-Diderot
- Vous vous interrogez sur l'existence de la télépathie. En 2014, en Inde, un volontaire muni d'un casque doté d'électrodes sensible aux ondes électromagnétiques a pu transmettre quelques "messages rudimentaires" (du type "bouger les mains" et "bouger les pieds") à un autre participant, en France. Les messages, relayés sur internet, ont été reçus, mais s'il s'agit d'une forme de télépathie, elle s'appuie sur le fonctionnement de notre cerveau : selon la revue Science et avenir, "à chacune de nos pensées, les réseaux neuronaux émettent un certain nombre d'ondes électromagnétiques : il existe donc un profil-type d'ondes émises pour chaque pensée." D'après FranceTVinfo, cette expérience, pour peu spectaculaire qu'elle soit, ouvre des pistes pour la communication avec certaines personnes handicapées, notamment victimes d'accidents vasculaires cérébraux !
- Dans la liste des capacités mal connues de notre cerveau, sa capacité à développer un sens suite à la destruction d'un autre mérite quelques mots. Des ayant perdu la vue peuvent ainsi développer une ouïe exceptionnelle afin de mieux se repérer dans leur environnement, pratiquant, presque à la mesure de nos cousines chauve-souris, une sorte d'écholocalisation humaine, qu'une équipe de chercheurs de l'université de Alcalá de Henares (Madrid, Espagne) tente actuellement de développer à grande échelle :
La méthode n'est pas une nouveauté. Des aveugles l'ont découverte par eux-mêmes. Aux Etats-Unis, deux personnes sont célèbres pour leurs prouesses stupéfiantes, qui les rendent capables de repérer précisément leur environnement immédiat. Mieux qu'un discours, deux vidéos de YouTube (en anglais) démontrent ce que peut faire un être humain déterminé. Daniel Kish y expose sa méthode et se prête à plusieurs démonstrations. Sans doute plus doué encore, le jeune Ben Underwood (décédé en janvier 2009, à l'âge de 16 ans, des suites du cancer qui l'avait rendu aveugle à deux ans) court, se déplace en rollers et joue au baby-foot...
L'équipe de Juan Antonio Martínez a mis au point une méthode d'apprentissage qui mène à une utilisation efficace. Selon les chercheurs, à raison d'un entraînement de deux heures par jour, il faut deux semaines pour parvenir à repérer la présence d'un objet devant soi. Avec deux semaines de plus, il est possible de faire la différence entre « des arbres et le trottoir ».
Le travail continue pour les scientifiques espagnols, qui veulent aller plus loin. La méthode pourrait selon eux servir aux personnes à la fois aveugles et sourdes car les vibrations sonores peuvent être perçues également par les os. Elle pourrait aussi être adoptée par les pompiers pour se repérer dans la fumée.
(Source : Futura sciences)
- Certains talents très spécialisés posent encore des problèmes à la science, alors que leur pratique est courante dans les établissements de soin : la thèse de Nicolas Perret " Place des coupeurs de feu dans la prise en charge ambulatoire et hospitalière des brûlures en Haute-Savoie en 2007 " (Médecine humaine et pathologique, 2009, consultable sur dumas.ccsd.cnrs.fr s'intéresse à l'intégration des "coupeurs de feu", personnes possédant un "don" pour soulager les brûlures dans les hôpitaux, et particulièrement dans les services de grands brûlés... et constate que si le recours aux coupeurs de feu est attribué à la demande des patients, une grande majorité des médecins croient en leur efficacité, pour soulager la douleur, mais également, dans une moindre mesure, pour la cicatrisation. La conclusion relève l'impossibilité d'expliquer cette efficacité sinon par un "effet placebo" aux ressorts encore mal connu.
Bonne journée.