Question d'origine :
Bonjour, Où pourrais-je trouver des informations sur la ferme du Rouvray située tout près de Paris à Pantin au XIX eme siècle et appartenant au prieuré Saint-Martin-des-Champs (livres, sites internet, etc.) Merci beaucoup pour vos pistes Belle journée
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 09/08/2021 à 08h03
Bonjour,
La transcription d’une plaque explicative est disponible sur un blog consacré au quartier de la Villette :
« La ferme du Rouvray
À la fin du XIe siècle, Philippe Ier fournit une colonie de serfs aux religieux de Saint-Martin afin de les aider à l'assèchement et à la mise en valeur de leurs marais de Pantin.
Une trentaine de serfs abattent une ancienne forêt de chênes rouvres afin d'y édifier la ferme du Rouvray, véritable nourrice des religieux de Saint-Martin durant des siècles. Les bâtiments de la ferme étaient situés sur un domaine couvrant, approximativement, une zone comprise entre les nationales 2 et 3, le cimetière parisien et une partie du Parc de La Villette. Au XVe siècle, le prieur de Saint-Martin doit bien admettre que son domaine du Rouvray n'est plus rentable. La ferme est louée à bail mais c'est insuffisant. Au siècle suivant, les moines négocient la vente de la seigneurie qui passe en des mains laïques.
Sous le second Empire, un Monsieur de Chambelland acquiert les terres des " fonds de Rouvray" et de la "clôture de Rouvray", autour de l'ancienne ferme. Elle ne ressemble en rien à ce qu'elle avait été du temps de sa splendeur car un bourgeois parisien l'avait, d'ores et déjà, convertie en résidence campagnarde transformant quelques champs en jardins anglais et avait installé une fabrique d’huile. La ferme est restée dans la mémoire du quartier qui a pris son nom. »
Voici également ce qu’on peut lire dans l’ouvrage Les grands moulins de Pantin [Livre] : l'usine et la ville / textes, Jean-Barthélémi Debost, Antoine Furio, Évelyne Lohr... [et al.] ; sous la direction scientifique d'Évelyne Lohr, Geneviève Michel, Nicolas Pierrot (p.14) :
« Le noyau villageois s’est développé autour de l’église Saint-Germain, sur la route d’Allemagneau point d’attache des voies menant aux carrières et vergers des coteaux s’élevant vers Montreuil. Le nord de la commune est dominé par les terres labourables. Le découpage foncier y oppose une majorité de parcelles en lanières et les quelques grandes parcelles de la ferme du Rouvray ; c’est précisément à cet endroit que va se développer le quartier dont il va être question et que s’établiront à la fin du XIXe siècle les Grands Moulins de Pantin.
A l’écart du bourg, le domaine du Rouvray est attesté dès le XIe siècle comme dépendance agricole de l’abbaye parisienne de Saint-Martin-des-Champs. Etabli sur la grande route romaine de Senlis à Orléans, cet établissement monastique fortifié appuie son pouvoir temporel sur les revenus et droits attachés aux terres, forêts, vignes et pâturages données par le roi aux alentours de Paris. Devenu prieuré de l’abbaye de Cluny en 1079, son assise territoriale est renforcée en privilégiant les implantations le long des voies de circulation, facteur de prospérité économique.
La ferme monastique du Rouvray constitue sans doute aux XIe-XIIIe siècles le point de départ des défrichements sur le territoire pantinois, des forêts à dominante de chênes, dont le toponyme a conservé la mémoire. Etablissement important, considéré au XVIe siècle par le prieur « comme la nourrice de la maison de St-Martin et de fort grande importance pour le bien d’icelle » [cet] « hôtel seigneurial de Rouvray » formait une grande ferme avec corps de logis. Située à l’emplacement actuel du terrain de sport Ladoumègue sur le territoire de la Ville de Paris, en retrait de la route des Petits-Ponts, elle comprenait plusieurs bâtiments d’exploitation : granges, étables, bergeries et pressoir, articulés autour d’une vaste cour, ouverte au sud par une grande porte cochère. Au-delà du mur de la propriété s’étendaient jardins, terres labourables et vignes ; la « clôture » et le « fonds » du Rouvray s’étendaient de part et d’autre de l’actuelle limite de Paris jusqu’à la route de Flandre à l’ouest, la route d’Aubervilliers au nord, la route des Petits-Ponts à l’est.
Déclarée bien national au printemps 1790, la ferme du Rouvray est vendue à la commune de Pantin, suivant le décret de l’Assemblée Nationale du 19 septembre 1791 avant d’être rachetée par le baron Chenizot en mai 1792. Malgré les reventes successives après sa mort en 1830, sa cohérence foncière est conservée jusqu’au seuil de l’ère industrielle et suscite dès le milieu du XIXe siècle la convoitise des investisseurs immobiliers tandis que ses murs vont abriter l’une des premières usines locales. »
Ajoutons les 2 références citées pour ce texte :
- AN, S 1364 – 10, Prieuré de Saint-Martin-des-Champs, titres de propriété hors Paris, 1100-1787.
- AN Minutier central, 116 XXV, Chardin, 3 août 1833 ; XXXVI, Trépagne J.C., novembre 1859. Mise en vente par les légataires de Chenizot et adjugé à M. Alaux le 4 mai 1830, qui la revend dès 1833 en plusieurs parts. A la suite de saisies immobilières, C.T.M. Aubouin reconstitue le foncier de la propriété. Décédé le 7 février 1848, il en lègue la plus grande partie à Mlle Chambelland, aux termes du testament olographe fait à Paris le 2 décembre 1847, déposé à Me Hillemand, notaire à Gentilly.
Quelques ressources en ligne pour aller plus loin :
- le Rouvray, patrimoine.seinesaintdenis.fr
- "Commune de Pantin. Arrondissement de Saint-Denis. Canton de Pantin" (détail). Ferme du Rouvray, patrimoine.seinesaintdenis.fr
- Ferme du rouvray, francearchives.fr
Bonne journée.
La transcription d’une plaque explicative est disponible sur un blog consacré au quartier de la Villette :
« La ferme du Rouvray
À la fin du XIe siècle, Philippe Ier fournit une colonie de serfs aux religieux de Saint-Martin afin de les aider à l'assèchement et à la mise en valeur de leurs marais de Pantin.
Une trentaine de serfs abattent une ancienne forêt de chênes rouvres afin d'y édifier la ferme du Rouvray, véritable nourrice des religieux de Saint-Martin durant des siècles. Les bâtiments de la ferme étaient situés sur un domaine couvrant, approximativement, une zone comprise entre les nationales 2 et 3, le cimetière parisien et une partie du Parc de La Villette. Au XVe siècle, le prieur de Saint-Martin doit bien admettre que son domaine du Rouvray n'est plus rentable. La ferme est louée à bail mais c'est insuffisant. Au siècle suivant, les moines négocient la vente de la seigneurie qui passe en des mains laïques.
Sous le second Empire, un Monsieur de Chambelland acquiert les terres des " fonds de Rouvray" et de la "clôture de Rouvray", autour de l'ancienne ferme. Elle ne ressemble en rien à ce qu'elle avait été du temps de sa splendeur car un bourgeois parisien l'avait, d'ores et déjà, convertie en résidence campagnarde transformant quelques champs en jardins anglais et avait installé une fabrique d’huile. La ferme est restée dans la mémoire du quartier qui a pris son nom. »
Voici également ce qu’on peut lire dans l’ouvrage Les grands moulins de Pantin [Livre] : l'usine et la ville / textes, Jean-Barthélémi Debost, Antoine Furio, Évelyne Lohr... [et al.] ; sous la direction scientifique d'Évelyne Lohr, Geneviève Michel, Nicolas Pierrot (p.14) :
« Le noyau villageois s’est développé autour de l’église Saint-Germain, sur la route d’Allemagneau point d’attache des voies menant aux carrières et vergers des coteaux s’élevant vers Montreuil. Le nord de la commune est dominé par les terres labourables. Le découpage foncier y oppose une majorité de parcelles en lanières et les quelques grandes parcelles de la ferme du Rouvray ; c’est précisément à cet endroit que va se développer le quartier dont il va être question et que s’établiront à la fin du XIXe siècle les Grands Moulins de Pantin.
A l’écart du bourg, le domaine du Rouvray est attesté dès le XIe siècle comme dépendance agricole de l’abbaye parisienne de Saint-Martin-des-Champs. Etabli sur la grande route romaine de Senlis à Orléans, cet établissement monastique fortifié appuie son pouvoir temporel sur les revenus et droits attachés aux terres, forêts, vignes et pâturages données par le roi aux alentours de Paris. Devenu prieuré de l’abbaye de Cluny en 1079, son assise territoriale est renforcée en privilégiant les implantations le long des voies de circulation, facteur de prospérité économique.
La ferme monastique du Rouvray constitue sans doute aux XIe-XIIIe siècles le point de départ des défrichements sur le territoire pantinois, des forêts à dominante de chênes, dont le toponyme a conservé la mémoire. Etablissement important, considéré au XVIe siècle par le prieur « comme la nourrice de la maison de St-Martin et de fort grande importance pour le bien d’icelle » [cet] « hôtel seigneurial de Rouvray » formait une grande ferme avec corps de logis. Située à l’emplacement actuel du terrain de sport Ladoumègue sur le territoire de la Ville de Paris, en retrait de la route des Petits-Ponts, elle comprenait plusieurs bâtiments d’exploitation : granges, étables, bergeries et pressoir, articulés autour d’une vaste cour, ouverte au sud par une grande porte cochère. Au-delà du mur de la propriété s’étendaient jardins, terres labourables et vignes ; la « clôture » et le « fonds » du Rouvray s’étendaient de part et d’autre de l’actuelle limite de Paris jusqu’à la route de Flandre à l’ouest, la route d’Aubervilliers au nord, la route des Petits-Ponts à l’est.
Déclarée bien national au printemps 1790, la ferme du Rouvray est vendue à la commune de Pantin, suivant le décret de l’Assemblée Nationale du 19 septembre 1791 avant d’être rachetée par le baron Chenizot en mai 1792. Malgré les reventes successives après sa mort en 1830, sa cohérence foncière est conservée jusqu’au seuil de l’ère industrielle et suscite dès le milieu du XIXe siècle la convoitise des investisseurs immobiliers tandis que ses murs vont abriter l’une des premières usines locales. »
Ajoutons les 2 références citées pour ce texte :
- AN, S 1364 – 10, Prieuré de Saint-Martin-des-Champs, titres de propriété hors Paris, 1100-1787.
- AN Minutier central, 116 XXV, Chardin, 3 août 1833 ; XXXVI, Trépagne J.C., novembre 1859. Mise en vente par les légataires de Chenizot et adjugé à M. Alaux le 4 mai 1830, qui la revend dès 1833 en plusieurs parts. A la suite de saisies immobilières, C.T.M. Aubouin reconstitue le foncier de la propriété. Décédé le 7 février 1848, il en lègue la plus grande partie à Mlle Chambelland, aux termes du testament olographe fait à Paris le 2 décembre 1847, déposé à Me Hillemand, notaire à Gentilly.
- le Rouvray, patrimoine.seinesaintdenis.fr
- "Commune de Pantin. Arrondissement de Saint-Denis. Canton de Pantin" (détail). Ferme du Rouvray, patrimoine.seinesaintdenis.fr
- Ferme du rouvray, francearchives.fr
Bonne journée.
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