Non qualité croissante des ouvrages
Question d'origine :
Bonjour De plus en plus souvent, je rencontre des livres truffés de fautes d’orthographe et de grammaire, voire de syntaxe. Quand il n’y a pas carrément erreur historique : en 1720 on jette des tomates sur de mauvais acteurs ! Qu’en est-il du rôle des correcteurs, qui semble se réduire comme peau de chagrin ? Les éditeurs n’ont-ils pas une obligation de faire appel à leurs services, surtout quand on constate que le prix des livres a fortement augmenté dans les dernières décennies. Deux exemples remarquables : Le Cocher du Pont Neuf chez Calmann-Lévy 9 782702 141687 et Les Chroniques de l’Anahsmut – Kyan Rogh Tome 1 de Charles Chehirlian 979 10 227 8441 2 que je suis en train de lire. Egalement, au top des agacements de lecteur : Dans l’ouvrage «Le Maître du Safran » de Jean Jacques Rouch aux Editions Privat, les pages 97 à 128 sont remplacées par un doublon des pages 65 à 96 ! J’ai écrit à l’Editeur – avec bienveillance et humour – pour lui signaler cette malfaçon … et mon mécontentement, il n’a pas daigné me répondre. Quand on sait le rôle fondamental des livres dans la formation des jeunes générations, et la culture en général ...
Réponse du Guichet
Une interview de Solène Bouton, présidente l’ACLF (Association des Correcteurs de langue française) nous éclaire sur les conditions d’exercice dégradées du métier de correcteur, et la négligence de cette étape essentielle dans le secteur de l’édition. En voici un extrait :
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Oui, parce que c'est une étape de plus en plus négligée, ou en tout cas qui peut être amenée à être minimisée, à être un peu oubliée. Il y a de moins en moins d'étapes de correction dans l'édition. Avant, il y avait trois passages en correction. Aujourd'hui, on est souvent à deux, quand c'est bien, et plutôt à un.
Il est important pour la chaîne du livre en général de se rappeler que cette étape est essentielle. Je pense notamment aux jeunes professionnels qui arrivent aujourd'hui dans des maisons d'édition, pour qu'ils sachent. Il faut donc que l'on montre que la correction existe et que nous existons. Nous ne sommes pas juste des correcteurs automatiques. Cela n'a rien à voir.
C'est la même tendance, avec des secrétaires de rédaction auxquels on demande de s'occuper de la correction. Et avec des services de correction qui ont disparu de quasiment tous les journaux.
L'argument économique est effectivement le plus souvent mis en avant. Même s'il n'est pas forcément assumé, il est là. D'autant que le correcteur se retrouve un peu à la fin. C'est la dernière étape, en bout de chaîne. Donc en termes de calendrier, c'est toujours un peu délicat de faire corriger, alors que l'on a hâte d'envoyer le livre à l'imprimerie. Et en termes de budget, c'est une ligne que l'on aimerait voir parfois sauter. C'est celui dont on croit pouvoir se passer. Alors que l'on sait que l'on ne peut pas se passer de l'imprimeur par exemple, ou pas encore. Mais cela n'est pas sans risques.
On nous dit aussi dans certains cas que, voilà, ce texte là est "propre". Il est vrai qu'en fonction des auteurs des textes demandent plus ou moins d'intervention.
Il y en a plusieurs centaines, j'imagine. L'Agence régionale du livre de la région PACA a été la seule, je crois, à faire une étude sur le sujet et 60 correcteurs avaient été dénombrés. Mais je ne pourrais pas vous donner de chiffres précis, je ne crois pas qu'ils existent. C'est aussi un peu pour cela que nous avons cette envie de nous fédérer : pour nous compter et continuer d'exister. Dans l'édition, il existe encore des correcteurs, mais certainement beaucoup moins nombreux. Et il y a une situation particulière pour l'édition car la convention collective veut qu'ils soient salariés, à domicile (TAD : travailleur à domicile). Mais aujourd'hui ce n'est pas forcément respecté : on demande aux correcteurs d'être à leur compte. Notre association est également née de ce contexte un peu tendu en matière d'emploi où l'on pourrait voir les correcteurs salariés renvoyés dos à dos avec les indépendants. Nous voulons réunir les deux pour défendre une activité, un métier à part.
Oui, je pense, certainement. Il suffit de voir la presse aujourd'hui, où c'est un métier en voie d'extinction. On peut sans être trop alarmiste parler d'une forme de danger. C'est pour cela qu'il faut nous faire connaître. D'autant que les vocations ne manquent pas ! Le problème est plutôt de trouver du travail ensuite et d'en vivre, parce que l'offre est plus limitée. »
Source : Correcteur : une association souligne les qualités du métier pour le sauver, franceculture.fr
- De l'ubérisation de l'édition, franceculture.fr
- Précarité des correcteurs de l’édition : lettre ouverte à la ministre Françoise Nyssen, actualitte.com
- Non à la précarité des correcteurs dans l'édition ! blogs de Mediapart
- Les correcteurs de l'édition dénoncent «l'ubérisation» de leur statut, lefigaro.fr
- Site de l’ACLF
- L’édition mérite une bonne correction ! pétition des correcteurs précaires
Bonne journée.