Question d'origine :
Bonjour, je dépouille des archives au nombre desquelles une photographie me questionne. Elle a été prise dans une rue de Lyon, ou proches alentours, vraisemblablement le 14 juillet , à voir les décorations de la rue et des façades. Elle porte la mention manuscrite « 1936 – La Boule de Neige ». Les recherches faites quant au lieu exact, les circonstances, la signification de la légende, bref toutes informations permettant son interprétation et sa contextualisation, sont restées vaines. Connaissant et admirant votre érudition gigantesque je me tourne vers vous. Je voulais la joindre à ma question. J’ai bien vu le bouton -Img - mais je n’en comprends pas l’utilisation. Est-il possible de joindre cette photo ? Si « OUI » , comment ? Bien courtoisement.
Réponse du Guichet
Vous pouvez nous envoyer votre photo à l'adresse gds_support@bm-lyon.fr .
Nous la joindrons à votre question dès que nous l'aurons reçue.
Réponse du Guichet
Bonjour,
Vous nous demandez de vous aider à localiser et à interpréter cette photographie noir et blanc portant la mention manuscrite "
Concernant la datation, on peut effectivement penser que l’on se trouve dans la période de l'entre-deux-guerres, à voir le véhicule et la tenue vestimentaire des personnages. Mais il est impossible de confirmer s'il s'agit bien de 1936 comme le mentionne la légende.
Pour l’événement photographié, les lumignons et drapeaux font en effet penser à la Fête Nationale du 14 juillet, donc en plein été. Néanmoins, à cette époque, toutes les occasions étaient bonnes pour pavoiser : venue d'un chef d'état ou d'une personnalité célèbre, fêtes locales, foire de Lyon, carnaval...
La tenue vestimentaire de certaines personnes fait plutôt penser à une période légèrement antérieure ou postérieure (fin de printemps ou début de l'automne ?) : la petite fille sur la droite ainsi que le garçon à vélo à l'arrière plan portent des chaussettes hautes jusqu'aux genoux (en plein été ?!) ou le personnage en redingote et chapeau haut de forme sur la gauche...
Le seul élément auquel on peut se fier est le nom du café à l'arrière plan : "
Sources :
Le Salut Public du vendredi 13 janvier 1939
Avis de vente du café de l’Harmonie, 9 rue Neuve par M.Serveran, limonadier demeurant à Lyon.Le Salut Public du mardi 19 janvier 1937
« Avis de vente du cafetier M. Ferrand Léon à la Demi-Lune, 9 place de l’horloge, du fonds de commerce de café qu’il exploitait, appelé « Café de l’Harmonie »
A priori, compte-tenu des immeubles à deux étages figurant à l'arrière plan sur la droite de l’image, le café Harmonie de la rue Neuve qui existe d’ailleurs toujours n’est pas la bonne piste car cette rue étroite de la Presqu’île a des immeubles hauts de 4 étages. Pour le café de l’Harmonie place de l’horloge à Tassin la demi-Lune, les immeubles semblent davantage correspondre mais rien ne garantit non plus que cette scène se passe à Lyon ou dans une commune de l'agglomération lyonnaise...
Un autre indice cependant : sur la vitrine du café, se trouve l'écriteau "Salle des sociétés". Il était assez courant à l'époque que les associations tiennent leur assemblées générales dans les cafés ou restaurants, façon commode et conviviale de réunir les membres : l'association du Prix de Gnafron au restaurant "Chez Rose", puis au "Pasteur" ; l'association du "Merle Blanc" au restaurant Farges des Cordeliers ; le Caveau Lyonnais et le Cercle Pierre-Dupont au Café Monnier de la place Bellecour, etc. S'agit-il des membres d'une association se réunissant dans ce café ? Peut-être. Ce qui pourrait expliquer la présence du cafetier sur l'image (2e à gauche, en tablier)...
Enfin, en parcourant Le Salut Public sur les années 1920-1930, on trouve la mention d'une société de secours mutuels créé en 1891 à Paris par Léon Guillot et intitulée "
Source : Michel Dreyfus, « Liberté, égalité, mutualité: la "Belle Époque" à travers une société de secours mutuels, La Boule de neige », La Vie sociale (Cahiers de la recherche sur le travail social), n°11-12, novembre-décembre 1991, p. 139-147.
Précisément, dans Le Salut Public du 27 juillet 1921, il est indiqué dans une rubrique Récompenses mutualistes : "La Société de secours mutuels, La boule de Neige, à Villeurbanne".
En 1905, la mutualité lyonnaise représente 285 sociétés en activité, regroupant plus de 50 000 personnes (plus de 10% de la population) : 41468 hommes et 10722 femmes. Ces très nombreuses sociétés se réunissent souvent dans les arrière-salles des cafés lyonnais. Le maire Edouard Herriot décide alors la construction d’un bâtiment spécifique pour les loger. Source : Archives municipales de Lyon – Le palais de la Mutualité
Il s’agit d’une piste à creuser car les sections locales de ces sociétés mutualistes organisaient également des bals de façon régulière, ce qui expliquerait la tenue folklorique de certaines personnes à l'arrière de la fourgonnette (qui ressemble d'ailleurs étrangement à un char de défilé).
Réponse du Guichet
Nous avons bien reçu votre complément d'information que nous citons ci-dessous :
Bonjour, le 15/01/2021 j'ai posé la question "
Je reviens vers vous sur ce même sujet car ayant eu de nouveau accès à l’original de la dite photo , j'y ai relevé une mention que j'avais omise la première fois.
Il s'agit de
Ce nouvel élément peut-il aider ? Merci pour l'attention que vous voudrez bien prêter à cette demande complémentaire.
Et vous ajoutez également à notre demande ces précisions :
Cette photo fait partie d'un lot de photos a caractère et sujet familial, détenu par une tante, que mon cousin a découvert lors du règlement de la succession.
De votre analyse j'ai retenu l'avis de la vente d'un "café de l'harmonie", sis à Tassin la Demi Lune notamment parce que certains de mes aïeuls ont habité à Tassin. Ne sachant pas comment accéder, via internet, à cette vente, voire à des photos du quartier concerné, je n'ai pas engagé de recherches.
Ce nouvel indice « Dame Blanche » nous amène sur deux pistes :
- celle de l’Opéra-comique « La Dame-Blanche » en trois actes, créé en 1825 par François-Adrien Boieldieu
- celle du mythe de la Dame-Blanche, le fantôme de la femme décédée drapé d’un voile blanc qui réapparaît à la nuit pour faire peur et qui serait annonciatrice de malédiction à qui le croiserait
Ce deuxième interprétation semble bien-sûr une hypothèse plutôt farfelue, même si sur votre photographie l’on peut voir aussi en arrière-plan en bas à droite l’image d’une jeune enfant habillée en blanc et également flouté dans son mouvement…
En revanche, en effectuant des recherches dans Le Salut Public de l’année 1936, nous trouvons mention de plusieurs soirées de reprise de l’
Toutefois en effectuant d’autres recherches dans la presse lyonnaise de l’époque telle que La Vie Lyonnaise, dans les pages Théâtre, nous n’avons pas trouvé de lien entre cette association et les représentations du Grand-Théâtre.
Si l’on revient précisément à votre photographie, on voit que les personnes formant un joyeux groupe installé à l’arrière du véhicule sont toutes déguisées. Aussi ne pourrait-on finalement imaginer qu’il pourrait s’agir d’une petite troupe de théâtre amateur qui aurait également et localement interprété la Dame-Blanche, au profit de l’association « la boule de neige » ?
Evidemment, tout cela reste du domaine de l'hypothèse, faute de source plus précises.
Aussi, puisque la piste du lieu de la prise de vue de cette photographie semble s’être dessinée du côté de Tassin-la Demi-Lune, nous vous proposons désormais de contacter le Groupe de Recherches Historiques de Tassin la Demi-Lune 04.78.34.46.39 / grhtdl69160@gmail.com