Question d'origine :
qu'elles sont les résultats des derniéres recherches sur les maladies de systéme et dans l'hépatite ?
MERCI
Réponse du Guichet
bml_san
- Département : Médiathèque du Bachut Santé
Le 03/01/2006 à 15h25
Pouvez-vous me préciser ce que vous désignez dans votre question par l'expression "maladies du système"?
Concernant votre question sur l'hépatite et les dernières recherches sur cette maladie virale :
En 2010, l'hépatite C pourrait être responsable de 10 à 15 000 décès annuels. Quelles sont les raisons d'une telle montée en puissance de cette épidémie ?
Maladie virale du foie, l'hépatite C est relativement fréquente puisqu'on estime que près de 1 % de la population française est atteinte. Au total, 500 000 à 650 000 personnes seraient ainsi concernées. De toutes les hépatites, ce virus est celui qui pose le plus de problème à l'organisme qui ne peut s'en débarrasser. Dans 80 % des cas, la maladie devient chronique et peut évoluer dans 20 % des cas vers une cirrhose, puis parfois un cancer.
L'un des principaux problèmes est l'absence de symptômes. Ainsi, seule la moitié des personnes touchées se sait affectée par ce mal. Mais cette absence de signes évocateurs ne traduit en rien un caractère inoffensif : l'hépatite C tue aujourd'hui en France 5 fois plus que le Sida.
Les perspectives d'évolution défavorables sont d'autant plus importantes que le dépistage est effectué tardivement. Actuellement, on estime que 200 000 à 300 000 personnes ignorent encore leur contamination. Pourtant, des traitements sont disponibles.
Après plusieurs années d'impuissance, les médecins disposent aujourd'hui de deux traitements qui permettent de guérir plus de la moitié des malade : l'interféron et la ribavirine. En fait, l'efficacité de cette bithérapie dépend du génotype du virus, c'est-à-dire de variants particuliers. Le taux de guérison dépasse les 80 % en cas d'infection par le virus de génotype 2 ou 3. Il est de 50 % en cas d'infection par les génotypes 1, 4 et 5. Depuis peu, une nouvelle forme d'interféron à libération lente (interféron pégylé) dont la prise est hebdomadaire a permis une plus grande efficacité avec une plus grande commodité (bien que les effets secondaires soient un peu plus importants). De plus, une nouvelle étude confirme que son association avec la ribavirine permet d'obtenir des taux de guérison légèrement supérieurs à l'association interféron (classique) + ribavirine1.
Mais ces progrès thérapeutiques sont en décalage avec la réalité de la prise en charge. Ainsi, le Syndicat national des biologistes rappelle que "5 000 à 6 000 nouvelles contaminations sont diagnostiquées chaque année et qu'aujourd'hui, seules 50 000 personnes ont reçu un traitement".2.
Première victime, le foie est également le principal site de production de virus de l'hépatite C. Les cellules du foie (hépatocytes) infectées présentent à leur surface des protéines virales. Le système immunitaire repère ces défauts et détruit impitoyablement ces cellules… mais pas assez rapidement pour mettre fin à l'infection. Ce cycle infection-destruction conduit au portage chronique de l'hépatite C et aux lésions inflammatoires du foie, qui peuvent induire une destruction massive des cellules ou fibrose.
Stade ultime de la fibrose, la cirrhose a longtemps été considérée comme irréversible. Mais ce dogme est aujourd'hui remis en cause par différentes études. Une des plus intéressantes a été réalisée par l'équipe du Pr. Poynard6. Les auteurs ont étudié plus de 3 000 patients traités par les diverses molécules développées et mises progressivement sur le marché depuis 1992 : interféron seul, interféron + ribavirine, interféron pégylé seul, interféron pégylé + ribavirine. Au terme de leur étude, les meilleurs résultats ont été obtenus par la dernière association, confirmant ainsi les conclusions de la conférence de consensus nationale de 2002.
"Plus étonnante a été la découverte d'un taux de régression important des cirrhoses chez quasiment 50 % des patients dont les meilleurs résultats sont obtenus avec Interféron pégylé + ribavirine. C'est un excellent exemple de la nécessité de dépister le plus tôt possible les patients avec une progression rapide de la fibrose. Dépistée tôt lorsqu'elle vient juste de se constituer, la cirrhose est probablement souvent réversible" souligne le Pr. Poynard.
Ces résultats soulignent l'intérêt pour le patient atteint d'hépatite C chronique de se faire traiter quel que soit le stade de la maladie, même tardif. "Cela lui permettant d'éviter un cancer du foie, qui lui, se développe à partir de cirrhose. Cela concerne approximativement 150 000 à 200 000 personnes" déclare le Pr. Poynard, qui ajoute que "La deuxième conséquence de cette étude est l'extrapolation de ces résultats à toutes les autres cirrhoses, y compris la cirrhose d'origine alcoolique, la plus fréquente en France".
Pour juger de la sévérité de la maladie et de l'impact des traitements sur sa progression, une biopsie du foie est nécessaire. Mais compte-tenu de l'appréhension des patients vis-à-vis de cet examen, les chercheurs sont en passe de proposer des alternatives moins "traumatisantes".
La ponction biopsie hépatique consiste en un prélèvement d'un tout petit échantillon du foie collecté grâce à une aiguille très fine. Pratiqué dans le cadre hospitalier sous anesthésie locale, cet examen donne lieu à une hospitalisation de 10 à 24 heures. On pratique en France 16 000 biopsies du foie par an, dont la moitié pour le suivi des patients atteints d'hépatite C. Mais ces chiffres sont très nettement insuffisants puisque près de 200 000 patients nécessiteraient un suivi. Pourquoi un tel décalage ? Outre l'impossibilité technique, l'appréhension de la biopsie constitue un frein. En raison de la douleur post-opératoire, un grand nombre de malades la refuse. "Dans la dernière étude réalisée en Auvergne sur le sujet, la proportion de réfractaires atteignait 59 % parmi les malades… et 20 % chez les médecins généralistes" précise le Dr Halfon, médecin biologiste.
Conscient de ce problème, les experts travaillent à la mise au point d'alternatives, parmi lesquelles un simple test sanguin développé par l'Assistance publique des hôpitaux de Paris. C'est l'équipe du Pr. Thierry Poynard qui publie les premiers résultats en avril 2001 du Fibrotest et Acitest7. Faisant aujourd'hui l'objet d'un brevet mondial propriété de l'AP-HP, Fibrostest/Actitest donne les mêmes résultats sur l'état histologique du foie (niveau de fibrose ou d'activité inflammatoire). "Avec un recul de plus de 2 000 tests, le pourcentage de bien classés par rapport à la biopsie est de 80 %" précise le Dr Philippe Halfon. Contrairement à la biopsie, cet examen a l'avantage d'être moins traumatisant et de pouvoir être répété aussi souvent que nécessaire.
"Le Fibrotest/Actitest n'est pas à ce jour généralisé à l'ensemble des biologistes en France pour des raisons techniques et administratives. D'un point de vue administratif, ce test n'est pas encore pris en charge par les caisses d'assurance maladie, ce qui limite sa large diffusion au sein des biologistes. Le coût est de 90 €uros, dont seulement 40 €uros sont remboursés" précise le Dr Philippe Halfon.
"Déjà 30 laboratoires sont agréés en France couvrant déjà une grande partie du territoire français et deux au Maroc. L'agrément du laboratoire est donné après certification par le biologiste que les automates et les réactifs utilisés pour estimer les 6 composants de Fibrotest et Acti test sont identiques à ceux validés par le laboratoire de référence. L'objectif est d'agréer 500 laboratoires en 2002" déclare le Pr. Poynard. Les applications de ce test devraient prochainement être étendues aux co-infections VIH/VHC (un article devrait bientôt paraître dans la revue AIDS), à l'hépatite B chronique (pour laquelle l'équipe du Pr. Poynard dispose déjà de résultats préliminaires), à la cirrhose alcoolique et à d'autres maladies fibrosantes du foie. En attendant cette généralisation, un site internet permet au grand public et aux professionnels de santé d'en savoir plus sur cette alternative à la biopsie.
Nous vous conseillons également de consulter :
- le dossier très complet sur l'hépatite C (voir en particulier rubrique actualités), caducee.net
- la rubrique actualité médicale du site de la fédération SOS hépatites
- les articles parus dans Hepatites actualités, association de recherche, de communication et d'action pour l'accès au traitement
- l'article "Hépatite C : quels espoirs? " , le biomagazine de la cité des sciences
- les essais thérapeutiques sur les hépatites virales , Agence nationale de recherche sur le sida, , hépatites virales B et C
- l'article l'inserm et l'arc s'associent dans l'hépatite C
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