raisonnements sexués: banalité fausse?
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 16/01/2006 à 16h42
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Question d'origine :
Bonjour cher Guichet !
Où en est on actuellement dans la neurologie (et pas dans la psychologie, l’éducation etc) dans la recherche de savoir pourquoi on utilise plutôt le cerveau gauche ou bien plutôt le cerveau droit pour avoir des idées, faire des raisonnements- pas forcément identiques-, selon le sexe de la personne qui raisonne.
Merci cordialement.
Réponse du Guichet

D'une certaine façon, votre question contient sa réponse : si le fonctionnement du cerveau est sexué, il l'est parce que les hommes et les femmes sont différents. La question n'est donc pas de savoir pourquoi le cerveau est sexué, mais pourquoi les hommes et les femmes sont différents. Par ailleurs, comme l'explique plus loin Catherine Vidal, neurobiologiste (voir en fin de réponse), il n'est pas possible de considérer le seul aspect biologique de cette question en excluant les aspects cognitifs : le cerveau est à la fois un organe biologique et un organe culturel.
Nous vous proposons de consulter en ligne cette conférence de Serge Ginger, psychoclinicien, fondateur de la Gestalt en France, sur Cerveau féminin / cerveau masculin. En voici un extrait :
• le cerveau gauche est plus développé chez les femmes
• et le cerveau droit, chez les hommes — contrairement à ce que pense encore le grand public (voire même certains thérapeutes !)(8) et cela sous l’influence directe des hormones sexuelles (testostérone, œstrogènes, etc.).
Ainsi, la femme est plus portée sur le partage verbal et la communication, tandis que l’homme est centré sur l’action et la compétition.
Par ex., dès l’école maternelle, sur 50 minutes de classe, les filles parlent 15 min et les garçons, 4 min — soit 4 fois moins.(9) Tandis que les garçons sont turbulents 10 fois plus (5 min au lieu de 30 sec).
À l’âge de 9 ans, les filles présentent, en moyenne, 18 mois d’avance verbale sur les garçons. À l’âge adulte, les femmes téléphonent en moyenne, 20 min par appel… contre 6 min pour les hommes. La femme a besoin de partager ses idées, ses sentiments, ses émotions, tandis que l’homme contrôle et retient les siens : il transmet des informations et cherche des solutions… et la femme ne se sent pas « écoutée » !
En résumé, la femme est moins émotive mais elle s’exprime davantage alors que l’homme est, en réalité plus émotif, mais il n’exprime pas ses émotions — ce qu’il importe de ne jamais perdre de vue, tant dans la vie conjugale qu’en psychothérapie.
• La femme est orientée dans le temps (cerveau gauche) ;
• L’homme est orienté dans l’espace (cerveau droit) : l’avantage des hommes dans les tests de rotation spatiale à trois dimensions est spectaculaire, dès l’enfance (10) .
• La femme « se repère » d’après des objets et des signes concrets : l’avantage des femmes dans les tests de remémoration et dénomination d’objets est très net.
• L’homme s’oriente dans une direction abstraite : il peut « couper par un raccourci », pour retrouver sa voiture ou son hôtel.
Globalement, la femme est beaucoup plus sensible :(11)
• Son ouïe est plus développée (d’où l’importance des mots doux, du timbre de la voix, de la musique)
• Son sens du toucher : les femmes possèdent jusqu’à 10 fois plus de récepteurs cutanés pour le contact ; l’ocytocine et la prolactine (hormones de l’attachement et des câlins) multiplient leur besoin de toucher et d’être touchées ;
• Son olfaction est plus fine : jusqu’à 100 fois, à certaines périodes du cycle.
• Son OVN (organe voméro-nasal, véritable sixième sens chimique et relationnel) perçoit les phéromones — qui traduisent plusieurs formes d’émotions : désir sexuel, colère, crainte, tristesse…Il serait aussi plus sensible chez les femmes (serait-ce là ce qu’on appelle « l’intuition »).
• Quant à la vue, elle est davantage développée — et érotisée — chez l’homme (d’où son intérêt et son excitation par les vêtements, le maquillage, les bijoux, l’érotisation du nu, son attirance pour les revues pornos…). Cependant, la femme dispose d’une meilleure mémoire visuelle (reconnaissance des visages et rangement des objets).
Les chercheurs expliquent ces nombreuses différences biologiques fondamentales entre hommes et femmes par la sélection naturelle tout au long de plus d’un million d’années de l’évolution de l’espèce humaine.(12) Cette évolution adaptative aurait modelé nos cerveaux et nos organes des sens, à travers l’action conjuguée des hormones et des neurotransmetteurs :
• L’homme s’est adapté à la chasse sur de grands espaces (ainsi qu’à la guerre entre clans et tribus) impliquant une poursuite muette du gibier pendant plusieurs jours, puis le retour vers la grotte (sens de l’orientation). Peu d’échanges verbaux : on a calculé, qu’au cours de toute sa vie, un homme préhistorique n’avait rencontré que 150 personnes environ.
• Le cerveau de la femme, pendant ce temps, s’est adapté à l’élevage de sa progéniture et au partage verbal, dans le cadre restreint de la grotte ;
Ainsi, sur le plan biologique, les hommes sont programmés pour la compétition, les femmes pour la coopération.
On voit que l’accompagnement psychothérapeutique de personnes en difficulté est une tâche biologiquement féminine! (13)
Ces orientations seraient donc liées à la biologie (hormones et neurotransmetteurs). Elles se constituent dès les premières semaines de la vie intra-utérine et sont relativement peu conditionnées par l’éducation ou la culture.
(...)
Ce texte comprend de très nombreuses références d'études auxquelles nous vous renvoyons si vous souhaitez approfondir ce sujet, ainsi qu'à cette conférence visualisable en ligne de la Cité des Sciences sur Garçons/ filles : quelles différences ?, par Catherine Vidal, Neurobiologiste, directrice de recherche à l’Institut Pasteur de Paris.
« Il n’y a pas de réponse simple à cette question, parce que le cerveau n’est pas un organe comme les autres, puisque c’est le siège de la pensée. À ce titre, le cerveau est à la fois un organe biologique et un organe culturel. En fait, derrière la question du sexe du cerveau, se profile celle, fondamentale, de déterminer la part de l’inné et de l’acquis dans les comportements humains. Dans ce débat, science et idéologie sont intimement liées. Idées reçues et fausses évidences prolifèrent. Les femmes, nous dit-on, seraient de par leur « nature biologique » bavardes et incapables de lire une carte routière… Les hommes, eux, seraient naturellement bons en maths et menteurs...
Je me propose de replacer le débat autour de la différence des sexes sur un terrain scientifique rigoureux, ce qui va nous permettre de distinguer, d’une part, les faits scientifiques dans leur réalité et, d’autre part, leurs interprétations, hélas trop souvent abusives. »
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